Le 16 novembre dernier, la ville de Saint-Flour a vécu un moment unique en son genre avec la qualification de son équipe pour le 8ème tour de la Coupe de France avec un triomphe à domicile contre l’AC Ajaccio 3 buts à 1. Avant un déplacement à Angoulême samedi prochain, petit focus sur ce club de National 3 avec son histoire mais aussi l’interview d’un des “héros” du dernier match !
Présentation : L’Union Sportive Sanfloraine a été crée en 1937 et évolue actuellement en National 3 où elle se classe dernière avec 6 points après 10 journées. Dôté d’environ 200 000 euros, l’USS possède le plus petit budget de N3 mais s’accroche pour espérer se maintenir en fin de saison. Cette année, l’équipe a vécu 2 événements historique avec la première montée de leur histoire en National 3 mais aussi la qualification pour le 8ème tour de Coupe de France après un succès contre Ajaccio (3-1).
Pourtant, Saint-Flour a été tout proche de l’élimination au 5ème tour en devant aller jusqu’au tirs aux buts pour se défaire de l’US Ennezat (Départementale 1) sur le score de 3 T.AB à 1. La prochaine rencontre se jouera à Angoulême contre une National 2 samedi prochain pour tenter pourquoi pas de poursuivre cette magnifique épopée et ainsi renforcer le charme de la Coupe de France.
Pour compléter cette petite présentation, voici l’interview d’un des buteurs face à l’ACA en la personne de Sébastien Jusserandot qui revient sur ce moment unique pour lui mais aussi sur sa vie de joueur de N3 et tout ce que ça implique derrière
Si tu devais nous donner 3 adjectifs pour te décrire…
Sébastien : Simplicité, gentillesse et passionné.
Quelle est la plus belle émotion que tu as vécu sur un terrain de football et pourquoi celle-ci et pas une autre ?
Sébastien : Le match contre Ajaccio bien sûr. Car d’une part il y a 11 ans quand on a joué contre Montpellier qui était en Ligue 2 à l’époque en Coupe de France, j’étais dans les tribunes. Face à Ajaccio, je me retrouve sur le terrain et de plus dans la semaine, j’ai malheureusement perdu ma mère donc lorsque j’ai marqué c’était vraiment indescriptible. J’ai vraiment tout ressenti et pour lui rendre un dernier hommage, c’était vraiment incroyable. Après le match, j’ai vu mon frère et mon père qui sont venus sur le terrain et ils étaient en pleurs, ça dépassait vraiment le cadre du football.
Saint Flour a crée l’exploit en renversant l’AC Ajaccio au 7ème tour de Coupe de France. Que ressent-on dans ce genre de match surtout en ayant marqué un but ?
Sébastien : On ressent de la fierté car il y avait 2500 spectateurs, je m’en suis rendu compte qu’après le coup de sifflet final puis j’ai reçu énormément de messages quand j’ai allumé mon téléphone, c’est vraiment de la fierté. Tu vois que tout le monde te soutient et te félicite et on se dit qu’on la fait !
Ce match s’est joué à domicile pour vous, quelles émotions as-tu vécu lorsque tu as vu un stade plein et une telle ambiance ?
Sébastien : J’en parlais avec le gardien et ça nous transcende vraiment. On se doit de tout donner pour tous les gens qui nous supportent et pour tout le stade, c’est pour vivre des moments comme ça qu’on pratique le football. De plus, il faut en profiter car c’est rare que le stade soit aussi plein, par exemple le match qui précédait Ajaccio il devait y avoir 500 spectateurs. Quand on a vu tout le monde autour du terrain et la tribune pleine, c’était quelque chose de fou.
L’équipe est en difficulté dans son groupe de National 3, comment avez-vous fait pour vous remobiliser pour la coupe malgré des temps compliqués en championnat ?
Sébastien : Certes en championnat ce n’est pas facile mais après on fait quand même bien les choses. C’était un peu compliqué car il y a eu un changement de coach (NDLR : l’arrivée de Cyril Vigier ancien du SO Cholet), le club s’est un peu plus professionnalisé et tout le monde va de l’avant car cette année le coach ne fait vraiment pas de cadeaux. Tu es en difficulté ? Tu ne joues pas le week-end alors que si tu es plutôt bon tu joues tout simplement. On est tout de même concernés mais là c’est le charme de la Coupe de France car on joue une Ligue 2 à la maison, une seule personne a vécu le match d’il y a 11 ans dans le groupe actuel. Ce sont des moments qu’on ne vivra pas deux fois, c’est très rare donc ça transcende encore plus. Il ne fallait pas se prendre la tête et jouer le match, ça reste du football et aucun d’entre nous n’était stressé. Tout le monde était concentré sur la rencontre, le coach nous avait mis dans les conditions et nous savions tous ce qu’on avait à accomplir. Le but était de leur faire mal et jouer sur leurs faiblesses tout simplement, nous avons eu un peu de chance mais c’est passé et c’est le principal.
“Des moments qu’on ne vivra pas deux fois”
Au prochain tour début Décembre toi et tes coéquipiers affronterez l’AS Angoulême en National 2, dans quel état d’esprit êtes-vous après l’annonce de ce tirage ?
Sébastien : On est tous dégoûtés de ne pas recevoir, ça aurait été une nouvelle fête à la maison et on aurait tous voulu ça avec tout le soutien qu’on a eu contre Ajaccio, il y a juste ça qui est vraiment embêtant mais c’est le tirage. Angoulême est une bonne équipe car elle vient de monter (en N2), ça reste un match de football qui se joue pendant 90 minutes. Il faudra y aller conquérant, on doit y aller pour passer mais surtout nous n’avons pas le droit d’être dégoûtés de jouer à Angoulême. Il faudra être sur le terrain pour tout donner pour rejoindre les 32èmes de finale et pourquoi pas accueillir un match d’exception contre une Ligue 1 !
A quel âge as-tu débuté le football et comment en es-tu arrivé jusqu’ici ?
Sébastien : J’ai commencé à 6 ans à l’école de foot de Saint-Flour, j’ai suivi toutes les catégories de jeunes et tout se passait très bien. Quand je suis arrivé en seniors, j’ai débuté en tant que remplaçant de l’équipe réserve et j’ai réussi à m’imposer en équipe réserve pour finir l’année avec la une en tant que remplaçant là aussi où j’ai disputé quelques matchs. Puis l’année suivante, j’ai intégré l’équipe première qui était en DH à l’époque (actuel Régional 1). Au départ, j’étais quelqu’un de timide et le médecin avait dit à ma mère qu’il fallait que je pratique un sport collectif pour m’extérioriser. Mon meilleur pote s’inscrivait au foot à ce moment-là et je me suis inscris aussi, puis tout s’est bien passé par la suite.
Aujourd’hui, quelles sont les avantages et les inconvénients d’être un joueur de N3 dans la vie de tous les jours ?
Sébastien : L’avantage c’est qu’on est 4 voire 5 fois par semaine sur le terrain donc vu que je suis passionné par le football, je prends du plaisir sur le terrain et c’est un kiff. On vit des émotions avec un groupe qui s’apparente à une famille, tu prends plaisir à être avec les copains aussi. La N3 est plus exigeante car il faut toujours aller de l’avant et ne pas s’arrêter sur ce que tu as fait le week-end précédent. Evidemment, il faut être exigeant avec soi-même car c’est important dans la vie de tous les jours. Quand nous sommes montés en N3, c’était plus difficile d’un point de vue physique puis avec l’arrivée du nouveau coach il y a une professionnalisation. On a les GPS en match et aux entraînements on fait des séances vidéos, je n’aurais jamais pensé vivre tout ça. Les inconvénients seraient qu’on n’a pas vraiment le temps de faire des loisirs en dehors du foot, les journées passent très vite car je travaille en usine quand je ne suis pas au football.
Quel est ton rêve absolu ?
Sébastien : En tant que footballeur, ce serait de jouer contre une équipe de Ligue 1 comme Paris, ce serait mon rêve. Après je me vois rester à Saint-Flour même si j’ai déjà reçu des propositions pour jouer plus haut, j’ai 27 ans et je ne sais pas si j’en aurais d’autres mais je ne me monte pas la tête. Je suis vraiment quelqu’un de modeste et je ne me fais vraiment pas d’illusions si un club va m’appeler ou pas.
Si tu avais un conseil à donner aux jeunes footballeurs, quel serait-il ?
Sébastien : Il faut croire en soi et toujours prendre du plaisir sur le terrain, dès que tu rentres sur le terrain tu es là pour t’amuser. Il faut être exigeant mais à la fois prendre du plaisir comme si tu étais dans la cour de récréation ou dans la cour du collège. Le football à la base, c’est une passion pour tous ces jeunes qui sont en centre de formation ou pas. Si tu ne prends pas de plaisir à aller à l’entraînement ou sur le terrain, tu n’as plus qu’à arrêter et j’ai toujours pensé comme ça.
Merci Sébastien pour ce témoignage touchant, bon courage pour Angoulême !
Crédits photos : JF Ferraton Photographe
Pavel Clauzard&Lenny Lussot – 1 Décembre