Accueil » La résurrection de Williams en 5 points

Prenez une écurie légendaire, ajoutez-y de folles statistiques et des pilotes d’exception et mélangez tout cela avec les moments de grande tristesse, mais aussi de succès époustouflants. Couronnez le tout avec l’aspect familial que l’on retrouve dans les fondements mêmes de l’écurie : voilà une ébauche ressemblant à l’écurie Williams. Une écurie qui a connu les plus hauts, certes, mais aussi une des écuries à qui le 21e siècle a fait le plus de mal. Après la pluie, le beau temps vient-il vraiment ? En cinq points chronologiques, quels sont les acteurs et facteurs qui commencent à faire reprendre des couleurs à cette écurie historique ?

Au départ, une écurie à reconstruire

Qu’elle a été dure cette entame de la décennie 2010 pour l’équipe anglaise basée à Grove. Hormis 2014 et 2015, les autres saisons voient Williams se retrouver à l’arrière du peloton. Parfois dans le ventre mou de la grille et parfois même à la dernière place du classement, comme en 2018, 2019 et 2020. Pour cause, un budget limité se reflétant dans une monoplace aux performances limitées et qui peine à aller chercher des points, jusqu’à livrer même des saisons vierges. Il est également arrivé que l’organisation ne puisse pas tenir les échéances, comme en 2019 où Williams n’a pas pu prendre part au début des essais hivernaux, ratant ainsi les précieuses heures de tests des premiers jours. Pour cause, certaines pièces de la monoplace n’étaient pas encore arrivées à Barcelone, mettant ainsi en retard l’assemblage final de la voiture.
Passé le côté technique et interne, les pilotes en ont été la facette sur la piste. Passé la saison 2018 où Lance Stroll et Sergey Sirotkin prennent le volant sous l’influence de Lawrence Stroll, père de Lance, qui apporte un précieux soutien financier. La logique change en 2019. Pourquoi miser sur la jeunesse et l’expérience ? Le premier en la présence de George Russell, champion de GP3 puis de Formule 2 en 2018 et Robert Kubica, qui, talentueux et prometteur lors de ses débuts en Formule 1, a été affaibli par un grave accident de rallye en 2011 et fait son grand retour en tant que pilote titulaire en F1.

Le tournant 2020, mais aussi la dernière de la famille Williams à la maison

En 2020 et 2021, Russell deviendra le véritable pilote numéro 1 de l’écurie, tout en étant associé à Nicholas Latifi. Dès le second grand prix de la saison 2020, un nouveau et premier cap est passé par l’écurie. Russell réussit à se qualifier en Q2 et pointe douzième. L’exploit sera réédité à bon nombre de reprises dans la saison, pour une écurie qui a souffert économiquement de la crise sanitaire. Ce manque conduira même la famille Williams à prendre une très grande décision.
C’est en ce sens que la fille Williams et team principal de l’équipe, Claire, annonce que l’écurie est rachetée par le fonds d’investissements Dorilton Capital. La famille se retire donc de la Formule 1 après le GP d’Italie. Si la nouvelle a pu être étouffée par le succès de Pierre Gasly, le tournant, lui, est réel. Ce sont plus de 43 ans d’une page d’histoire sportivo-familiale qui se tourne. Le fond d’investissement américain, lui, conserve le nom, l’emplacement ainsi que les infrastructures de l’entité Williams, mais place ses hommes à la direction de l’équipe.

Imola, terre d’espoir malgré la casse

Après s’être rassuré quelque peu en qualifications, un nouvel objectif est à décrocher : les points. À deux reprises, l’occasion d’en marquer s’est présentée sur le circuit d’Imola… Sans succès. En 2020, le pilote britannique est dans les points. Seulement, derrière la Safety Car, il fait chauffer ses pneus, perd le contrôle de l’engin et envoie sa monoplace dans le mur. Assis sur le bord de la piste, le pilote est inconsolable, visière baissée, mais probablement le regard dans le vide à ressasser. L’année suivante, sur ce même tracé rapide, le pilote est encore en très bonne position. À la lutte avec la Mercedes de Valtteri Bottas pour la 9e place, il tente de dépasser le finlandais par l’extérieur. Seulement, ses deux roues droites passent sur l’herbe et sur une piste encore mouillée, il perd le contrôle de la voiture qui vient s’encastrer dans la Mercedes. Encore une fois, Imola aura eu raison de Williams.
Nous avons ensuite pensé que le Red Bull Ring allait délivrer ses premiers points au britannique, mais la malchance due aux problèmes techniques ont fait que la monoplace, pourtant dans le top 10, abandonne. Malgré des points qui tardent à arriver, Williams irait donc mieux ? Ce même week-end d’Imola 2021, les deux Williams se retrouvent en Q2 dont Russell est maintenant figure permanente, à tel point d’entrer en Q3 de temps à autre. La voiture, équipée d’un moteur Mercedes, semble gagner en compétitivité et les onzièmes ou douzièmes places deviennent récurrentes.

Les deux dernières courses ont été fructueuses

Après avoir connu un nouveau changement de direction en cours de saison avec l’arrivée de Jost Capito, les monoplaces montent en puissance et marquer des points devient sérieusement envisageable. En Hongrie puis en Belgique, le lourd fardeau est enfin tombé. Dans les deux grands prix, un scénario rocambolesque délivre Williams. En Hongrie tout d’abord, Latifi termine huitième, tandis que son coéquipier passe le drapeau à damiers en neuvième position. Les points sont là ! Ils seront encore plus importants après la disqualification de Vettel, second. Chaque pilote gagne donc une place et Williams rapporte 6 points à la maison. Nous savons ô combien ces points comptent pour l’écurie et George Russell. En larmes face à la presse en évoquant sa neuvième place, il avait même proposé de sacrifier sa course pour aider Latifi à en encaisser de son côté.
La pause estivale et l’émotion hongroise passées, voilà Spa-Francorchamps. Dans un week-end pluvieux où le fameux virage a vu bon nombre d’accidents violents et a été au cœur de vastes débats, Russell a encore une fois repoussé les limites de sa monoplace. Sur une piste détrempée, il qualifie sa monoplace deuxième sur la grille de départ. Les onboards du tour, eux, sont saisissants. Pour lui qui était même en avance pendant un temps sur le chrono de Verstappen, la confiance dans la voiture est complète et l’engagement est de l’ordre des 100 %. Latifi, lui, au jeu des pénalités sur la grille appliquées aux autres pilotes, pointe neuvième. Les positions restent inchangées puisque sous le déluge du dimanche, il n’y aura que deux tours derrière la Safety Car. De nouveaux points, malgré que ces derniers ne soient que de moitié après les conditions extrêmes du dimanche, et Williams enchaîne sur un deuxième week-end de course consécutif avec ses pilotes dans le top 10 et le grand retour de l’équipe sur le podium.

L’horizon 2022 ou le coche à ne pas manquer

En 2022, la Formule 1 connaîtra ce qui est considéré comme une « grande révolution. » Les règlements et monoplaces ont été revues pour que le niveau entre les différentes écuries soient encore plus resserré. Ainsi, il ne faudra pas manquer le train de ce grand tournant du sport, où l’équipe pourrait avoir l’occasion de s’imposer encore plus dans le fond de grille et pourquoi pas de se rapprocher du milieu de peloton. À l’image du McLaren de Ross Brawn, le Williams de Jost Capito doit sûrement songer à un tel redressement de l’écurie avec les résultats qui accompagnent une telle ascension. Du côté des pilotes, George Russell ne sera sûrement pas de la partie. Sous le giron Mercedes depuis son arrivée en Formule 1, il est depuis deux ans annoncé comme le grand remplaçant de Valtteri Bottas chez Mercedes. Il ne s’agirait donc que d’une question de temps avant de voir le prodige anglais au volant de la Mercedes. Mais qui pour le remplacer ?
Dans les formules de promotion, Dan Ticktum enchaînait les bonnes prestations en Formule 2. Membre de l’académie Williams, il a été déchu de l’appui de l’équipe après s’en être pris à Nicholas Latifi sur son live Twitch. Il semble donc difficile de retrouver Ticktum en Formule 1 l’année prochaine. Bottas, lui, a souvent été annoncé soit du côté de Grove, soit du côté d’Alfa Romeo, et il semblerait bien que ces derniers l’engagent pour pallier la retraite de Kimi Raïkkönen. Avant de futures annonces, à savoir notamment si Latifi prolonge, deux noms semblent en pôle position pour au moins un baquet Williams : Nick De Vries, champion en titre de Formule E et pilote sous giron Mercedes, ainsi qu’Alex Albon. Pilote Red Bull en 2020, il s’est retrouvé sans baquet après que Christian Horner et Helmut Marko aient décidé de ne pas le prolonger.

Tout va donc très vite en Formule 1. Les voitures, certes, mais aussi les résultats. Si Williams semble se relever petit à petit de ses saisons noires, vigilance tout de même face à cette future saison 2022 qui pourrait servir à de nombreuses autres écuries.

Crédits photos : Motors Inside, Financial Times, F1 Lead, Pilote de course, Marca et Motorsport

Solal Pestana – 4 septembre

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