La 46ème Copa América de l’histoire prenait place sur la terre promise du football : le Brésil. Cette édition demeurait au départ très ouverte entre plusieurs nations comme le pays hôte, l’Argentine, le Chili, l’Uruguay ou encore la Colombie qui convoitaient cette compétition prestigieuse. Retour sur cette compétition échelon par échelon ici !
Un Brésil démonstratif, une Argentine inerte
Le Brésil disposa d’un groupe plutôt abordable étant donné ses capacités offensives et malgré l’absence de Neymar, la Seleção domina sans forcer la phase préliminaire avec notamment deux victoires cinglantes (3-0 contre la Bolivie, puis un 5-0 contre le Pérou). Les brésiliens étaient attendus au tournant lors de cette Copa América, trophée qui leur échappe depuis 2007 désormais. Mais cette phase de poules a plutôt distingué deux équipes : la Colombie et l’Uruguay, qui ont globalement dominé des groupes bien mieux composés que celui de la Seleção. Lors du premier match, la Colombie était confrontée à l’Argentine et remporta facilement le match 2-0 dans une rencontre maîtrisée de bout en bout. Du côté des Argentins, l’heure était déjà à la remise en question avec une défaite mais surtout à cause d’une prestation plus qu’alarmante. Emmenée par un James Rodriguez des grands jours, la « Tricolor » se postait clairement comme un favori de la compétition.
Pour ce qui est de l’Uruguay, il fallait faire face au double tenant du titre qu’est le Chili, mais aussi à l’Équateur et au Japon qui se plaçaient en outsiders de la poule C. La Celeste s’empara facilement de la première place du groupe avec notamment une gifle infligée à l’Équateur (4-0). Luis Suarez et Edinson Cavani totalisaient déjà deux buts chacun à la fin de la phase de poules, ce qui annonçait une suite de compétition très intéressante. Le Chili, double tenant du titre mais pas forcément considéré comme favori, termina deuxième derrière l’Uruguay avec deux victoires au compteur dont un succès 4-0 face à la future équipe olympique japonaise. Les coéquipiers d’Alexis Sanchez ou encore Arturo Vidal accédaient donc aux quarts de finale pour affronter la Colombie.
Il fallait aborder évidemment le cas de l’Argentine lors de la phase de poules puisque l’Albiceleste emmenée par le légendaire Messi n’a jamais montré une once de sérénité et de puissance lors de ses 3 matchs. Chaque rencontre était poussive et les argentins étaient en manque d’inspiration, incapables de se projeter vers l’avant. Et pourtant, les joueurs composant cette sélection excellent dans les plus grands clubs européens : Dybala à la Juventus, Di Maria au Paris-Saint-Germain, Aguero à Manchester City, Messi à Barcelone… Le sélectionneur « bricolait » à chaque match pour tenter de tirer l’équipe vers l’avant, prenant même des décisions très fortes en reléguant Lo Celso et Di Maria au banc des remplaçants, laissant par ailleurs le si talentueux Dybala hors-jeu. Bref, ce n’était pas de bon augure pour le reste de la compétition !
Des éliminations surprenantes
Les quarts de finale furent un véritable tournant dans la compétition, allant de surprise en surprise ! Malgré les difficultés lors des phases de poule, l’Argentine a battu tranquillement le Vénézuela 2 à 0 avec un but de Lautaro Martinez qui prenait du galon au fur et à mesure de la compétition, puis Lo Celso. Le choc de ces quarts de finale était Chili-Colombie, mais il se termina par un triste 0-0. Les Chiliens se qualifièrent donc à l’issue de l’épreuve des tirs aux buts, éliminant la prometteuse Colombie contrainte à renoncer au titre.
L’Uruguay était confronté quant à lui au Pérou, qui avait fini meilleur troisième de la poule du Brésil. Rescapés grâce au règlement de la compétition, les Péruviens avaient à cœur de démontrer leurs qualités suite à la démonstration que leur avait infligé la Seleção quelques jours avant. Lors de ce quart de finale, l’Uruguay se voit refuser trois buts pour certains litigieux par le biais de l’assistance vidéo VAR. Le match se solda par un 0-0 pour diriger les protagonistes vers la séance de tirs aux buts. Le Pérou se qualifia au terme d’une séance insoutenable, et c’est Luis Suarez qui rata son penalty après un tir trop faible pour battre le gardien. Le joueur du FC Barcelone s’effondra en larmes au terme du match et la Celeste qui paraissait l’équipe la mieux composée dans tous les compartiments du jeu, était éliminée prématurément !
Quant au pays hôte, le Brésil affrontait le Paraguay mais a eu des difficultés à déverrouiller la défense paraguayenne. Malgré une domination très forte, la Seleção était elle aussi contrainte à jouer son destin à travers la séance de tirs aux buts. Cette dernière ne lui était plus favorable depuis longtemps, avec notamment deux éliminations par ce biais en 2011 et 2015. Mais les Brésiliens sont parvenus à vaincre la malédiction et ils éliminèrent le Paraguay pour se qualifier en demi-finale. Hasard du tableau, la prochaine affiche des demi-finales annonçait un Superclasico : le Brésil allait affronter l’Argentine dans le stade de Belo Horizonte, là où le Brésil reçut la pire humiliation de son histoire en 2014 face à l’Allemagne, 7-1 en demi-finale de Coupe du Monde à domicile. Les quarts de finale furent assez pauvres en buts mais très intenses en terme de suspens et d’équipes pas forcément attendues comme le Pérou.
Pas la passe de 3 pour le Chili
La seconde affiche des demi-finales opposait le Pérou au Chili, une rencontre beaucoup moins attrayante que l’autre ½. A Porto Alegre, le match fut le théâtre d’une surprise inattendue puisque le Pérou infligea une véritable correction au double tenant du titre, avec un 3-0 ! Avec des réalisations de Flores, Yotun et le vétéran Guerrero, les Péruviens validaient leur ticket pour la finale de la Copa América en ayant terminé 3ème de leur poule ! 44 ans plus tard, le Pérou qui n’a gagné que deux fois la compétition se mettait à rêver. Le Chili sombra dans cette rencontre, pourtant abordable sur le papier mais qui s’avéra être un véritable piège pour les partenaires de Medel.
Mais la rencontre la plus attendue était bien évidemment celle qui allait opposer le Brésil à l’Argentine ! Cela fait depuis la finale de la Copa América remportée 3-0 par le Brésil en 2007, que les deux équipes ne s’étaient pas affrontées dans un tournoi officiel, autant dire que le match était très attendu par les fans de football et par l’Amérique du Sud. Le Brésil partait légèrement favori mais il fallait compter sur les coéquipiers de Messi pour bouleverser la tendance, les brésiliens conservaient une composition plus offensive avec notamment Gabriel Jesus, Firmino, Coutinho et Everton pour animer l’attaque. Dès la 19ème minute de jeu, suite à une superbe excursion du capitaine Daniel Alves, Gabriel Jesus ouvrait le score avec une passe merveilleuse de Firmino. Les hostilités étaient lancées dès les premières minutes, un match d’une rare intensité qu’il fallait voir – et il fallait attendre pour se coucher, car diffusé à 2h30 en France !
L’Argentine se montrait dangereuse à plusieurs reprises mais tombait sur le gardien de Liverpool Alisson en très grande forme. A nouveau, l’assistance vidéo VAR a fait débat. Mais suite à un cafouillage dans la surface brésilienne, Gabriel Jesus lança une contre-attaque cinglante et déposa plusieurs défenseurs argentins avant d’offrir une offrande à Firmino qui poussa le ballon au fond des filets. 2-0 à la 71ème minute, le match était plié et le Brésil trop solide. Malgré l’impact de Messi qui se résignait constamment à descendre au poste de relayeur, l’Albiceleste ne parvenait pas à réduire la marque. Ce match était certainement le plus beau de la compétition en terme d’intensité, de rivalité, de spectacle et de suspens. Beaucoup de gestes de grande classe ont marqué cette rencontre, avec en particulier un Daniel Alves des grands soirs qui transcenda ses partenaires par sa vista et sa combativité. Le Brésil allait donc accueillir pour la finale dans son enceinte mythique du Maracana le Pérou, invité surprise dans cette finale de Copa América !
Le Brésil concrétise
Cette finale s’annonçait très déséquilibrée surtout que les deux adversaires du jour s’étaient déjà affrontés lors de la phase de poules avec une victoire retentissante pour la Seleção, mais les Péruviens et son capitaine Guerrero étaient déterminés pour bouleverser les plans des coéquipiers de Daniel Alves. Le Brésil domina les débats très rapidement en s’accaparant la possession du ballon, puis sur un centre de Gabriel Jesus, Everton ouvre le score libre de tout marquage dès la 15ème minute ! Le Maracana explose et les joueurs brésiliens laissent éclater leur joie, mais le Pérou n’était pas là pour faire de la figuration et il obtint un penalty assez litigieux suite à une main de Thiago Silva.
Et c’est l’éternel Guerrero qui le transforma pour égaliser avant le retour aux vestiaires, mais cela piqua au vif les Brésiliens qui reprirent l’avantage par Gabriel Jesus une minute après ! Le match se calma petit à petit en seconde mi-temps jusqu’à l’expulsion de Gabriel Jesus pour un second carton jaune, une décision à nouveau décriée par le staff brésilien mais qui pouvait bien changer la physionomie du match à 20 minutes de la fin. Les Péruviens tentèrent quelques excursions en vain, puisque Everton s’effondra dans la surface suite à une percée individuelle à la 90ème minute. L’arbitre siffla penalty sur une décision à nouveau discutable, il est transformé par Richarlison ce qui porte à 3-1 le score final. Le Brésil peut à nouveau soulever cette compétition qui lui échappait depuis trois éditions !
La Seleçao taille patron
Si l’on devait donner la distinction du meilleur joueur pour cette Copa América, ce serait le capitaine du Brésil Daniel Alves du haut de ses 36 ans. Sur un nuage contre l’Argentine, véritable métronome depuis son côté droit, le joueur le plus titré de l’histoire a dompté tous ses adversaires directs et a été la source d’inspiration de son équipe. Il décroche là son 40ème trophée de sa carrière ! Alves est certainement à l’apogée de sa carrière, lui qui va quitter le Paris-Saint-Germain d’où il sort d’une saison mitigée, on pourrait citer également Gabriel Jesus qui lors de la phase éliminatoire a été impliqué dans chaque but en demi-finale et en finale, totalisant ainsi 2 buts et 2 passes décisives. Mais surtout, il faut sortir du lot le gardien de Liverpool Alisson plein de sérénité sur chacune de ses interventions, on retiendra de sa part un arrêt sur un coup franc de Messi sous la barre, le portier capta la balle sans broncher signe d’une assurance inébranlable !
La révélation de cette Copa América est encore à distinguer du côté du Brésil : Everton, le joueur de Gremio. Dans les phases de poule, il était remplaçant dans la hiérarchie des ailiers derrière David Neres, Richarlison ou encore le virevoltant joueur de Chelsea Willian, mais par ses entrées fracassantes il s’est installé durablement sur le côté gauche de l’attaque de la Seleção. Pour parachever ses prestations, il ouvrira le score durant la finale contre le Pérou et il ne devrait pas rester très longtemps dans son club formateur, lui qui a été élu joueur de la finale et meilleur buteur de cette édition. Au rang des déceptions, certains joueurs se sont avérés transparents ou peu efficaces. On peut parler de l’équipe d’Argentine dans sa globalité ou encore de Falcao le colombien qui n’a pas marqué le moindre but.
Une prochaine Copa prometteuse
Pour conclure cette 46ème édition de la Copa América, le Brésil a remporté logiquement ce trophée avec un parcours assez abordable mais qu’ils ont réussi à maîtriser avec brio. Les Brésiliens avaient à cœur de laver l’affront subi en 2014 sur leurs terres durant la Coupe du Monde, de reconquérir la ferveur populaire qui leur faisait défaut depuis un certain temps, mission accomplie ! Il faudra très certainement compter sur la Seleção dans les années à venir et un certain Neymar devrait se faire du souci de voir de nouvelles pépites émerger si rapidement, et s’imposer si facilement dans le collectif.
L’année prochaine aura lieu une nouvelle Copa América afin d’organiser cette compétition les années paires comme l’Euro de football, en Argentine et en Colombie. L’Australie sera invitée pour la première fois tandis que le Qatar fera à nouveau son apparition dans la compétition. La prochaine Copa América sera aussi relevée que la précédente avec des équipes qui auront l’envie de prendre leur revanche sur la déception de cette année. On peut penser à l’Uruguay dont la génération dorée commence à prendre de l’âge, ou encore la Colombie qui voit certains de ses métronomes sur le déclin. Mais surtout, on en attendra beaucoup plus de l’Argentine qui serait l’opportunité pour Messi et ses pairs d’enfin glaner ce titre qui leur échappe depuis 1993 ! Cela sera une des dernières opportunités pour Messi de décrocher un trophée avec sa sélection nationale, lui qui se dirige vers ses 33 ans.
Cependant, Messi a déclaré dans la presse que la compétition était corrompue. Cela n’a pas plu aux dirigeants de l’instance CONMEBOL et le quintuple Ballon d’Or pourrait écoper d’une suspension de 2 ans…affaire à suivre ! 2020 sera une année riche en football entre l’Euro de football, la Copa América et les Jeux Olympiques, ainsi que la saison régulière des clubs, il y aura de quoi profiter de certains grands joueurs de ce sport peut être une énième fois sous les couleurs de leurs sélections nationales !
Crédits photos : le Monde, Football, Europe 1, Eurosport, Mercato 365, BFM TV et So Foot