Grand retour du Grand Prix du Canada au calendrier de la Formule 1. Après les débâcles sanitaires, 2019 demeurait la dernière étape canadienne, mais l’attente fût enfin révolue. Sur le circuit Gilles Villeneuve, ce sont successivement le soleil et les intempéries qui ont fait la pluie et le beau temps. Verstappen en pôle, Verstappen victorieux. Le bilan du week-end aurait pu s’arrêter là, très peu pour nous.
LA PLUIE, LE BEAU TEMPS : LES LOUBARDS SONT DE SORTIE

Un week-end de course, pour les pilotes, ne débute jamais réellement le vendredi. Dès le jeudi, traditionnelle journée des médias, ils sont au circuit. Chaque pays réserve un accueil différent pour ce rendez-vous. Cadeau de bienvenue du jeudi ? Des trombes d’eau, une pitlane inondée et deux pilotes Alfa Romeo qui font une story Instagram sous la pluie, témoignant de l’intensité des gouttes qui ne permettent pas de voir à plus de 5 mètres. Bienvenue à Montréal ! Le vendredi, premier jour des essais, pas de pluie à déclarer, si ce n’est la multitude de nuages sombres qui s’abaisse sur le circuit à la fin de la seconde séance d’essais libres. Le samedi, par contre, la pluie refait surface et la piste est de nouveau détrempée.
Une piste où la jeune génération a peu roulé, ainsi que des conditions changeantes, que demander de plus pour les anciens du plateau ? Parfait pour faire parler leur expérience. Ainsi, dès la première séance d’essais libres, Fernando Alonso prend ses aises et finit troisième. Le pilote Alpine poursuit sur sa bonne lancée et finit cinquième puis premier à l’issue de la dernière séance. Pourtant fâché avec le circuit après sa pénalité en 2019, Sebastian Vettel a mis à profit ses impressionnantes statistiques sur le tracé canadien pour monter en puissance. Neuvième, quatrième puis troisième, il semblerait qu’il faille compter sur les champions du monde à l’aube des qualifications.
LES SURPRISES DU WEEK-END

Ça n’aura pas raté pour Fernando Alonso. L’Espagnol se positionne aux avants postes pour le GP. Dans le même temps, Sebastian Vettel est éliminé dès la Q1 avec un 17e temps insuffisant pour poursuivre en Q2. Nicholas Latifi et Lance Stroll, les deux locaux, ne la verront pas non plus. Tous gagneront une place avec la pénalité moteur de Charles Leclerc, qui s’élancera 19e. Il faut remonter sur la grille pour voir des surprises. Alexander Albon et sa Williams sont en douzième position, alors que Sergio Perez et sa Red Bull s’étant fait piéger, s’élanceront juste derrière eux. Devant Albon, les deux Alfa Romeo se classent onzième et dixième, synonyme de Q3 pour le rookie Guanyu Zhou. Très bon week-end de la part des hommes de Frédéric Vasseur qui marqueront tous deux des points.
Du côté de McLaren, Daniel Ricciardo surclasse Lando Norris en qualifications. Résultat rare et déterminant pour l’Australien, dont les rumeurs vont bon train concernant son avenir. Neuvième sur la grille, ni lui, ni son coéquipier ne marqueront cependant de points le dimanche. En remontant un peu plus la grille, comment passer au travers des deux Haas ? Sixième et cinquième, Magnussen devant Schumacher : voilà que les monoplaces américaines s’extirpent parfaitement de la pluie canadienne du samedi après-midi. À l’avant, Max Verstappen est en pôle position, talonné par Fernando Alonso, Carlos Sainz et Lewis Hamilton.
LECLERC S’EFFACE ET LAISSE LE DUEL À SAINZ

Le GP du Canada a eu un petit goût azéri pour Charles Leclerc… Comme un goût de reste. En réalité, il a complètement été terni par son problème mécanique à Bakou. Restait à savoir l’étendue des dégâts. Changer le turbo ne coûterait que dix places de pénalité, alors que changer l’entièreté du bloc contraindrait le Monégasque à s’élancer du fond de grille. À Montréal, la première préoccupation du paddock a vite été résumée ainsi : remplacement complet ou pas remplacement complet ? La Scuderia a tranché et l’entièreté du bloc a été changée. S’élançant de la dernière ligne sur la grille, ce n’est donc pas l’habituel duel Verstappen – Leclerc qui a eu lieu, mais plutôt Verstappen – Sainz. Ayant éliminé Alonso quelques tours de roues seulement après le départ, voilà où allait se situer la clé du grand prix.
Sainz et la Scuderia auront tout tenté. De stratégie décalée en stratégie décalée, le pilote Ferrari ne s’est pas arrêté comme Verstappen lors de la première Virtual Safety Car causée par Sergio Perez, dont la monoplace a rendu l’âme au 8e tour de course. Au jeu des arrêts aux stands, Verstappen finit par reprendre la tête du GP. Nouvelle opportunité pour Carlos Sainz au 49e tour, lorsque Yuki Tsunoda tire tout droit à la sortie des stands. Pneus froids, manque de jugeote et contact avec le mur : la Safety Car est de mise. Le pilote hollandais s’étant arrêté au 44e tour, il s’agit du bon moment pour Carlos Sainz afin d’effectuer son deuxième arrêt. De la relance de la Safety Car au drapeau à damiers et malgré des pneus plus frais, Carlos Sainz n’y arrivera pas et verra Max Verstappen s’imposer par un peu plus d’une seconde. Charles Leclerc, lui, termine cinquième.
LEWIS IS BACK ON THE PODIUM

Angela Cullen et Lewis Hamilton sont au bord du fleuve, qui tombe à l’eau ? Angela Cullen, la physiothérapeute du septuple champion du monde, qui avait promis de sauter dans le fleuve Saint-Laurent qui borde le circuit en cas de podium du pilote Mercedes à Montréal. Ce podium-là fait du bien. Après un début de saison compliqué où Toto Wolff en est même arrivé à déclarer à la radio, « nous sommes désolés Lewis, nous savons que ce n’est pas la voiture que tu mérites », l’heure était aux sourires pendant la cérémonie protocolaire du podium. À la suite d’un grand prix d’Azerbaïdjan pénible physiquement et mentalement pour Lewis Hamilton, le doute a un temps plané sur sa présence au Canada. Du fait de réelles douleurs au dos ressenties à Bakou, il s’agissait bien plus d’une stratégie de communication de la part du clan Mercedes pour pousser la FIA à agir et à réguler le phénomène de marsouinage.
Lewis est bien là, il est 4e sur la grille et troisième à l’arrivée. Une course maîtrisée et ponctuée de dépassements : le dimanche fût bon. Dans la zone des médias, les mots sont simples, gorgés de joie, avec un grand sourire aux lèvres quand il en vient à Hamilton de donner ses impressions. « Honnêtement, c’est une des meilleures sensations de la saison d’être de retour, surtout à Montréal, où j’ai eu ma première victoire. Être de retour là-haut et sentir l’atmosphère avec les fans était spécial ».
DES REGRETS POUR HAAS ET ALPINE

Deux pilotes dans le Top 7 à l’issue des qualifications, mais peu ou pas de points à l’arrivée. Il peut y avoir des regrets dans les équipes du midfield que sont Haas et Alpine. Pour l’écurie de Gunther Steiner, qui a annoncé repousser les premiers et uniques aménagements de la saison pour Budapest et non Le Castellet, c’est un zéro pointé au drapeau à damiers. Pourtant, sur la grille, Kevin Magnussen s’élançait cinquième, juste devant Mick Schumacher. Comme souvent, la perte de rythme des Haas en course couplée à une certaine malchance ont plombé le dimanche de l’écurie. Le Danois finit 17e, quand l’Allemand, toujours en quête de ses premiers points en Formule 1, abandonne pour souci technique. « On a eu un problème de puissance, ce qui est malheureux parce qu’on faisait une très bonne course jusque-là », s’empresse d’expliquer Mick Schumacher devant les caméras.
Du côté français du clan Alpine, Fernando Alonso, qui s’élançait deuxième, n’a pas pu « attaquer Max dès le premier virage » comme il l’avait envisagé au sortir même de sa monoplace le samedi après-midi. Plus dur encore, il est vite dépassé par ses concurrents. En fin de course, une pénalité lui est infligée pour avoir changé à de trop nombreuses reprises et trop violemment sa trajectoire quand Valtteri Bottas tentait de le dépasser. Il finit 9e et inscrit deux points. Quant à lui, Esteban Ocon s’élançait septième et termine la course dominicale en sixième position. Course appréciable et maîtrisée, qui suscite la satisfaction du pilote.
Max Verstappen creuse toujours un peu plus l’écart au championnat des pilotes, quand son écurie fait de même du côté de la classification en équipes. À Silverstone, terre de « drama » l’an passé, la révolte Ferrari devra être franche et motivée pour contrer les offensives du clan Horner. See you in Silverstone.
Crédits photos : Ouest France, Racing News, News 24, Motors Inside, Formula 1 News et Motorsport