Accueil » Le chaos bahreïni sacre King Lewis

Il y a de ces moments où le temps semble s’arrêter, où le temps semble se suspendre. Dimanche dernier, après le départ du grand prix de Bahreïn, lorsque la Haas de Romain Grosjean est venue percuter le rail de sécurité et a pris feu, seul la voix des commentateurs et le va-et-vient des monoplaces a pu combler le froid des foyers devant l’incrédulité de l’accident. Retour sur un GP aussi dangereux que captivant avec un Hamilton toujours en très grande forme, même après sa septième couronne mondiale.

28 secondes dans les flammes de l’enfer

La veille au soir du grand prix, les qualifications ont vu Lewis Hamilton prendre la pôle position, suivi de 0,289 secondes par Bottas. Verstappen, Albon, Perez et Ricciardo sont derrière le finlandais, alors qu’Ocon, Gasly, Norris et Kvyat comblent le top 10. Romain Grosjean démarrera 19e. Le départ donné et les feux éteints, les scintillantes monoplaces s’élancent dans la nuit bahreïnie. Hamilton conserve la tête de la course alors que son coéquipier, une nouvelle malheureuse fois, connaît un départ difficile. Les deux Red Bull ainsi que Perez prennent un très bon envol, aucun incident majeur au premier virage. Si seulement la situation était restée telle quelle…
Les voitures sortent des virages 2 et 3 et c’est au sortir de ce dernier que Grosjean essaye de se rabattre sur la droite. Pour cause, l’espace gauche de la piste est embouteillé et un espace pour la Haas semble se dégager sur la droite. À plus de 220 km/h, la roue arrière droite se prend dans l’aileron avant de Kvyat et projette Romain Grosjean dans le rail de sécurité. En quelques fractions de secondes, le choc intervient : la monoplace se fait couper en deux par le rail, le réservoir explose et voilà le pilote français piégé au centre d’un incident rarissime en F1. Un incident qui fait tout de suite écho au crash incendier de Lauda au Nürburgring en 1976, où la légende autrichienne s’est retrouvée piégée et brûlée gravement. « Je ne voulais pas finir comme lui » a même déclaré Grosjean à Canal+ à la sortie de l’hôpital mardi dernier.

Aussi fou que cela puisse paraître mais pour notre plus grand soulagement, le français sort de l’incendie après avoir encaissé un choc de 53 G, soit une percussion où il a été collé au fond de sa monoplace par 53 fois son poids, ce qui correspond à un peu moins de 4 tonnes. Aidé par les médecins de la Medical Car qui ont magnifiquement bien suivi le départ et qui sont arrivés très promptement sur les lieux de l’accident, Grosjean s’en sort avec des brûlures aux poignets et aux chevilles et avec, témoin de la dangerosité de l’événement, un casque en train de fondre.
Il sort épaulé par les médecins ainsi que les « Marshalls », leur dévouement étant exemplaire et d’une valeur incommensurable en s’approchant de l’incendie, jusqu’à sentir la combinaison fondre pour attraper le bras du pilote et le sortir d’affaire. Un autre sauveur, cette fois-ci une invention, a préservé la vie du pilote Haas. Son nom réside en quatre lettres mais son importance est capitale et vitale : le halo. Cet arc métallique, partie intégrante de la monoplace qui a, à elle seule, permis à Grosjean de rester en vie. Il est seulement un peu plus de 15 h 10, et déjà le grand prix nous a offert une belle frayeur. Le drapeau rouge est naturellement déployé après l’incident : la course est neutralisée et les monoplaces doivent rentrer aux stands le temps d’éteindre le feu, de sortir la carcasse de la voiture et de réparer le rail de sécurité.

Le film de la course

Après quasiment une heure de drapeau rouge, un nouveau départ intervient. Hamilton garde sa position et Bottas perd de nouveaux de précieuses places. Verstappen est second et Perez pointe troisième, alors qu’après seulement quelques tours de roues, Kvyat tente un dépassement bien trop compliqué sur Stroll et fait se retourner la monoplace de ce dernier. Un incident qui rappelle quelque peu celui d’Hulkenberg en 2018 à Abu Dhabi. La Safety Car est déployée, alors que Valtteri Bottas rentre aux stands pour cause de crevaison. Sur un circuit de Sakhir où les pneumatiques se dégradent énormément, les stratégies ont beaucoup compté ce dimanche soir. Pendant ces tours sous régime de Safety Car, Vettel en profite pour pester contre son coéquipier Leclerc pour ne pas lui avoir laissé assez d’espace lors du deuxième départ.
Leclerc, justement, a essuyé un merveilleux dépassement de Carlos Sainz au 12e tour alors qu’il se battait pour la septième place. Ce-dernier opère une magnifique remontée depuis le fond de grille et enchaîne les dépassements. À trois tours de la fin, alors que Perez semblait voir la troisième place du podium lui tendre les bras, son moteur rend l’âme et contraint le mexicain à abandonner. Le malheur des uns fait le bonheur des autres en Formule 1, Albon profite pleinement de la situation pour finir 3e et accrocher son second podium. Verstappen finit deuxième et Hamilton, impeccable et intouchable, remporte le grand prix de Bahreïn.

Hamilton, Red Bull et McLaren en tops, Ferrari et Racing Point en flops

Contrairement à l’année dernière, Lewis Hamilton n’a absolument pas relâché ses efforts après son sacre mondial. Lui qui avait concédé au Brésil la pôle position à Verstappen en se classant troisième, et avait hérité d’une pénalité pour avoir accroché Albon, le privant ainsi de son premier podium, n’a pas réédité ce fait pourtant compréhensible après une année de dur labeur. En effectuant un tour lunaire et sans erreurs en qualifications pour signer la pôle position et en étant impitoyable et irréprochable tout au long de la soirée bahreïnie, le pilote a signé sa 98e victoire et pourrait bien décrocher sa centième s’il remporte les deux derniers grands prix. Ce fut un excellent week-end pour deux écuries : Red Bull et McLaren. À commencer par l’écurie de Christian Horner. Ses pilotes ont occupé la seconde ligne de la grille au terme des qualifications samedi soir. Non seulement les deux départs ont été réussis pour eux, mais la course a été maîtrisée à la perfection, profitant même de la malchance mécanique de Perez pour se hisser, toutes les deux, sur le podium.
McLaren a aussi fait le plein de points alors que la course à la troisième place du championnat constructeur est relevée et nous anime depuis bien des semaines. Tout ne se présentait pourtant pas si bien. Au début de la deuxième partie des qualifications, Carlos Sainz voit, au terme de la grande ligne droite de début d’arrivée, ses roues arrière se bloquer. Il est dans l’incapacité de reprendre le fil de la session et abandonne sa monoplace aux Marshalls. Norris, lui, n’a pu faire mieux que 9e sur la grille. Pourtant, en course, les McLaren semblent à l’aise. Sainz est l’auteur d’une fulgurante remontée comme il en a fait de nombreuses la saison passée et franchit la ligne d’arrivée en cinquième position. Son homologue et grand ami britannique termine quatrième. Douze et dix qui font vingt-deux, c’est un total de 22 points pour les monoplaces orangées de Zack Brown qui prennent la troisième place au classement constructeur.
A contrario, dans cette intense bataille pour la troisième place, Racing Point ne marque pas un seul point. Soumis aux dommages collatéraux de Stroll et à l’abandon de Perez, la future écurie Aston Martin a perdu gros. Elle qui était troisième a perdu une place et est dorénavant distancée de 17 points. Tout comme cette dernière, Ferrari n’a pas brillé. Rien que la saison passée, Charles Leclerc avait signé la pôle position et Vettel comblait la première ligne sur la grille, cela va sans parler des précédents succès de la Scuderia au cœur du désert. L’équipe a perdu quelque deux secondes en l’espace d’un an au Sakhir, statistique qui confirme les places finales de Leclerc (10e) et Vettel (13e). Ils peuvent à présent dire adieu à la troisième place aux constructeurs, que certains évoquaient après le week-end turc.

Ce week-end encore, la F1 fera de nouveau retentir les bruits de moteur au Sakhir. Seulement, il s’agira du tracé externe du circuit, habituellement destiné aux courses d’endurance. Très peu de virages et de nombreuses lignes droites, tel est le programme pour cette fin de semaine. À savoir si Bahreïn va rester aux couleurs de Mercedes en l’absence d’Hamilton, testé positif au coronavirus. Georges Russell prend sa place et ce dernier verra sa Williams occupée par Jack Aitken. Dans les sports de monoplaces depuis 2012 et en Formule 2 depuis 2018, il était actuellement 14e. Néanmoins, il ne sera pas le seul rookie ce week-end. Il y aura aussi Pietro Fittipaldi, petit-fils du double champion du monde Emerson Fittipaldi, qui remplace Grosjean chez Haas pour les raisons que l’on connaît. Il a réalisé une saison en Super Formula, connue comme étant une des nombreuses antichambres de la F1 et est engagé en F3 Asian Series.
Dans les catégories inférieures, il s’agira des ultimes manches de Formule 2. Le suspens dure quant à savoir si Mick Schumacher, fils de la légende et dont l’officialisation chez Haas en 2021 aux côtés de Mazepin a été prononcée, sera sacré champion ou non.

Crédits photos : Essentially Sports, Eurosport, Formula 1 et Auto Moto

Solal Pestana – 4 décembre

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