Accueil » Le GP d’Espagne marque-t-il le tournant de la saison ?

Après le show à l’américaine dans la ville floridienne de Miami, le paddock est retourné sur l’ancien continent afin d’enchaîner deux week-ends de course, en commençant par la capitale catalane qu’est Barcelone. L’Espagne puis la Principauté, des circuits mythiques de la F1 qui offrent du beau spectacle à chaque fois. Cette année n’aura pas dérogé à la règle. Entre controverses et retournement de situation, la 52e édition du Spanish GP n’aura pas été terne.

UNE RED BULL VERTE ?

L’extra-sportif a encore fait parler de lui. L’équipe de Lawrence Stroll avait annoncé apporter une nouvelle voiture pour le fiston, Lance. Finalement, les deux équipiers ont bénéficié du nouveau package. Or, à la découverte de cette AMR22 « B », des similitudes flagrantes entre la RB18 de l’écurie autrichienne et la nouvelle Aston Martin ont déchiré les chroniques. Anciennement Racing Point en 2020, la même écurie était déjà au cœur d’un scandale, celui des « Mercedes roses ». Équipées des moteurs allemands, les Racing Point étaient des copies conformes de la Mercedes W10 de 2019. Le règlement avait changé après la première affaire, décrétant qu’aucune information ne pouvait être transférée entre les équipes. En effet, les allées et venues d’employés dans le paddock pouvaient permettre de voler des données entre les équipes. C’est en cela que l’affaire s’est approfondie, puisque certains cadres de Red Bull ont été recrutés par l’équipe anglaise ces derniers mois, dont Dan Fallows, ancien responsable du département aérodynamique à Milton Keynes (usine Red Bull).
Toutefois, la FIA a enquêté et a annoncé que le règlement n’avait pas été enfreint. Peu surpris, Christian Horner a déclaré que « l’imitation est la plus grande flatterie ». Or, des vols de données ont été évoqués par l’équipe au taureau rouge qui a confirmé qu’elle enquêtait en interne. Pourtant, cette « Red Bull verte » n’a pas performé en Espagne, puisque les deux pilotes ont été éliminés en Q1. Sebastian Vettel, qui n’attendait pas « un bond en avant immédiat », a échoué à la porte des points. Les nouveaux pontons, particulièrement ressemblants à la Red Bull, n’auront pas suffi à redresser l’écurie de Silverstone à Barcelone. La chaleur pourrait être la cause de la non-renaissance des Aston Martin.

FERRARI SOMBRE, RED BULL EN TÊTE

Le week-end commençait très bien pour les Rouges, avec Leclerc en tête des trois séances d’essais libres. Il est logiquement poleman pour la 13e fois de sa carrière en 1:18.750, à 323 millièmes de Max Verstappen, tout en mettant fin à la série de neuf poles de Mercedes à Barcelone depuis 2013. Carlos Sainz se place en guetteur derrière le Néerlandais. L’Espagnol loupe son départ, fait une erreur et laisse Leclerc en tête. Ce-dernier ne s’en sort pas trop mal, 1er avec une dizaine de secondes d’avance. Mais ce n’est que de courte durée… Le 27e des 66 tours de l’épreuve catalane est fatal à Ferrari. Sans signe avant-coureur, l’unité de puissance lâche.
Chez les taureaux rouges, tout va pour le mieux. Après un début de saison complexe avec des problèmes de fiabilité, le clan Red Bull bataille pour la victoire. Sur la grille, Verstappen est en embuscade derrière le Monégasque, alors que Perez est 5e. Au 9e tour, Verstappen perd deux places en réalisant la même erreur que Sainz au virage n°4. D’après l’équipe, un coup de vent aurait déstabilisé le train arrière. S’ensuit un jeu d’équipe pour dépasser Russell qui mène la course à la suite de l’abandon de Leclerc. D’autant plus que Verstappen rencontre des problèmes d’ouverture de DRS (déjà présents en qualifications), cette technologie qui permet de dépasser un pilote quand celui-ci est à moins d’une seconde. Finalement, l’usine de Milton Keynes peut être contente pour son équipe. Puisque quoi de mieux qu’un doublé avec le meilleur tour pour Perez ? En prime, ils reprennent la tête des championnats pilotes avec « Super Max » ainsi constructeurs, au nez et à la barbe de Ferrari. Quasi inespéré pour les Red Bull qui ont failli ne pas participer, puisqu’elles ont pris la piste 8 secondes avant la fermeture des stands. En raison des basses températures du carburant.

LE COMEBACK DES FLÈCHES D’ARGENT

Du côté des flèches d’argent, c’est un résultat tant attendu : un podium et une 5e place. Non pas que les pilotes ne marquent pas de gros points, mais surtout que le rythme est difficile à trouver depuis le début de la saison. Mercedes semble réellement de retour aux affaires, alors qu’Hamilton a glissé l’idée à son équipe qu’il devrait abandonner après son accrochage avec Magnussen au 1er tour. Néanmoins, il a réalisé une remontée des plus dignes, lui valant le titre de pilote du jour. Son compatriote et coéquipier qui le devance depuis le début de la saison finit 3e. George Russell conserve sa 4e place au championnat pilote. Très régulier, il est le seul pilote dans le Top 5 à chaque course cette saison. Pour l’anecdote, il réalise le même schéma de classement à l’arrivée en 2022 : 4/5/3 et 4/5/3. Selon Sky Sports Germany, Hamilton n’aurait été qu’à 1 dixième du rythme du vainqueur. Va-t-il y avoir une bataille légendaire à trois cette saison ?

COURSE CONTRASTÉE POUR LES ESPAGNOLS

Deux Espagnols couraient à domicile. L’un est Madrilène, Carlos Sainz, l’autre est Asturien, Fernando Alonso. Stars dans leur pays, les compatriotes savent faire lever les foules en terre catalane. Double champion du monde espagnol, Alonso n’a pas réussi sa qualification suite à une incompréhension avec son équipe. Seulement 17e, rien de mieux que d’exploiter cette mauvaise position en changeant de moteur. Peu enthousiaste le samedi en prévenant qu’à Barcelone, il n’y avait pas beaucoup de dépassements et que la dégradation était énorme, surtout en roulant derrière quelqu’un. Dès le premier tour, Alonso grappille cinq places. Le pilote Alpine décroche deux points précieux pour son team en gratifiant son public d’une très belle remontée.
Performance en contraste avec celle de son compatriote. En effet, Carlos Sainz est sur une mauvaise passe en ayant abandonné deux fois consécutivement à Melbourne et Imola. Cependant, après son podium à Miami, le pilote Ferrari comptait bien ravir son public à domicile. Troisième des qualifications à moins d’un dixième de Verstappen, second. Au départ, quasi-calage du local, qui rate complètement son envol. Devancé par Russell et les deux Red Bull, il commet une erreur au virage n°4 du 7tour. Perte de l’arrière, la F1-75 dans le gravier. En sortant du gravier, il s’accroche presque avec Yuki Tsunoda. À la fin du tour, dégringolade au classement, puisqu’il pointe 11e. Sainz est condamné à remonter, ce qu’il fait. Décidément, c’était opération remontée pour les Espagnols. Il ne faut pas sous-estimer une 4e place, mais en voyant son erreur et la performance d’une Ferrari aussi puissante, cela tâche son GP à domicile.

LE POINT FRENCHIES

Tous deux vainqueurs de Grand Prix de Formule 1, les deux Français ont, à l’image des deux Espagnols, eu une course contrastée. L’ancien pilote Red Bull qu’est Pierre Gasly vit un passage difficile avec son Alpha Tauri. Parti 14e, arrivé 13e. Gasly, qui prétend à un baquet de plus grande classe, devra prouver qu’il peut surpasser, comme l’année dernière, sa monoplace. Le pilote Alpine a lui réalisé un week-end solide. Très satisfait, il décrit sa 7e place comme un « podium ou une victoire ». Parti douzième, Esteban Ocon a su dépasser les pilotes qui le précédaient. Neuvième au championnat pilotes avec 30 points, Ocon tient son équipe. Cette année, elle a les moyens de se battre pour une 4e place au championnat constructeur (6eactuellement). Petit bonus Made in France avec la victoire de Martins en F3 dans la course principale qui accentue son avance au championnat, alors que son compatriote Isack Hadjar termine sur le podium.
Ce week-end en terre catalane aura vu pour la première fois un drone filmer la course et pas moins de 300 000 spectateurs sur trois jours. Néanmoins, le circuit n’était pas prêt pour accueillir un tel public. Malgré de longues files d’attente, des embouteillages et sous un temps caniculaire, le spectacle a quand même battu son plein. Entre Red Bull en tête des deux championnats, Ferrari qui sombre et une possible renaissance de Mercedes, l’Espagne sera-t-elle le tournant de la saison ?

Crédits photos : Red Bull, Auto Sport, DHNet, Auto Live, F1 Only et Auto Hebdo

Valentin Valette – 2 juin

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