Le deuxième triple header de la saison s’est clôturé à l’arrivée du GP du Qatar pour sa première fois au calendrier de la F1. Alors que la fin de saison est proche, le circuit de Losail a entamé la tournée en péninsule arabe. À seulement trois grands-prix de la fin de saison, Lewis Hamilton remporte la première victoire en terre qatarie dans l’histoire de la Formule 1.
Pourquoi en attendre si peu quand on en a autant ?

Mais de quoi parle-t-on ? Du spectacle ! Le circuit international de Losail, construit en 2004, est connu pour son accueil régulier en Moto GP. Après en avoir fait le plus grand site permanent sportif éclairé du monde, le Qatar a accueilli la première course de nuit de l’histoire de la Moto GP en mars 2008. Conçu principalement pour les courses de motos, ce circuit fut une surprise lors de son arrivée au calendrier 2021. Pour cause, Losail, long de 5,4 km, est un tracé rapide et fluide, où les virages à moyenne et grande vitesse prédominent. Or, les monoplaces modernes actuelles ne sont pas faites pour se suivre dans ce type de circuit, le dirty air faisant perdre de l’adhérence aux voitures quand elles se suivent. Ainsi, dans les parties « sinueuses », dans le sens hors ligne droite, les monoplaces ne peuvent se suivre et quand elles arrivent dans la ligne droite, sont trop loin pour tenter quelque chose. Cercle vicieux qui n’apporte pas de spectacle, mais pour autant, les fans ont eu droit à de beaux dépassements grâce à la longue ligne droite de plus d’un kilomètre qui mène au premier virage. Hâte de retrouver le circuit de Losail en 2023, après une pause sous le signe de la Coupe du Monde l’automne prochain.
Après la qualification, direction les commissaires sportifs

Le rendez-vous du samedi a tenu toutes ses promesses. La Q1, sans trop de surprise, élimine Kimi Räikkönen, Nicholas Latifi, Antonio Giovinazzi, Mick Schumacher et Nikita Mazepin. La sensation vient en deuxième séance de qualifications avec l’élimination pour tout de même deux dixièmes de Sergio Perez, 11e après une qualification désastreuse et des problèmes récurrents d’aileron arrière chez les Red Bull. La Q2 fut aussi marquée par le désespoir de Charles Leclerc, qui, relégué à la 13e place et à quatre dixièmes de son coéquipier, ne voit pas ce qu’il pouvait faire de mieux, ce qui est rare. Les autres éliminés sont Lance Stroll, Daniel Ricciardo et enfin George Russell. Ainsi, on retrouve parmi les dix pilotes restants, les deux Alpha Tauri et les deux Alpine qui, à égalité de points, se battent pour la 5e place du championnat constructeur.
Mis à part quelques-uns, les pilotes n’auront fait qu’une seule tentative en Q3, la faute à Pierre Gasly qui casse son aileron avant sur le vibreur de l’avant-dernier virage, obligeant les pilotes à ralentir. Mais tout le monde n’est pas bon élève. N’est-ce pas Max ? Alors que les deux Alpha Tauri se placent devant leurs rivaux respectivement quatrièmes et huitièmes, Max Verstappen s’est intercalé entre les deux Mercedes. Lewis Hamilton en pole position et Bottas troisième, constituait une opportunité en or pour l’écurie allemande. Or, après avoir été convoqué par les commissaires sportifs le dimanche, le Néerlandais écope d’une pénalité de cinq places sur la grille pour non-respect d’un double drapeau jaune. Bottas et Carlos Sainz sont également convoqués. Mais seul le premier se voit attribuer une sanction, cette fois-ci de trois places de pénalité sur la grille pour non-respect de simple drapeau jaune. Ce qui donne sur la grille dans l’ordre : Hamilton, Gasly (en première ligne pour la première fois de sa carrière), Alonso, Norris, Sainz, Bottas, Verstappen ou encore Tsunoda.
Sir Lewis, pilote engagé qui sait répondre sur la piste

Après l’assassinat de Georges Floyd et la renaissance du mouvement Black Lives Matter, on a pu voir chez les pilotes un gros soutien. Mais le plus engagé reste Lewis Hamilton, par son implication non seulement pour lutter contre le racisme, mais aussi pour soutenir la cause LGBT. Ce week-end a été une nouvelle démonstration de courage et de dévouement de la légende du sport automobile. Dans un pays nouveau en F1 où les lois sur l’orientation sexuelle sont parmi les plus rudes dans le monde, le pilote britannique a cherché à sensibiliser sur ces violations des droits humains, les actes sexuels entre adultes consentants de même sexe étant punis de la peine de mort. Ce n’est pas le premier à arborer les couleurs du « Rainbow flag », Sebastian Vettel l’avait déjà fait en Hongrie où les lois anti-LGBT sont durcies par le régime de Viktor Orbán.
Si Sir Lewis n’est pas juste un pilote engagé, c’est une légende du sport automobile détenant le record de grand prix remportés, de pole position et de titres au même niveau que Michael Schumacher (7). Cette année n’est pas une année de disette pour le Britannique qui se bat pour un 8e titre, sans ménagement face à Max Verstappen. Le GP du Brésil a marqué son retour après deux victoires consécutives pour le Néerlandais, avant de répondre par une victoire des plus soignées au Qatar. Au départ de ce dernier grand-prix, Lewis conserve sa première place et malgré un très bon départ de Verstappen qui se retrouve 4e à la fin du premier tour et deuxième au 5e tour. Sans trop d’inquiétude, Hamilton remporte le premier GP du Qatar de l’histoire, empochant 25 points et laissant le Néerlandais récupérer le meilleur tour. Les comptes faits, le pilote Mercedes revient à 8 points de Verstappen, tandis que l’écurie allemande, de par l’abandon de Bottas, perd du terrain sur des Red Bull qui ne sont plus qu’à 5 points au championnat constructeurs.
Pscht, Pscht ! Des pneus qui souffrent en terre qatarie

Pirelli avait ramené sa gamme de pneus la plus dure pour le GP du Qatar qui s’annonçait non sans repos pour les écuries. Malgré cela, les pneus jaunes et blancs souffrent et … Crevaison au 34e tour pour le pilote finlandais de Mercedes qui, déjà en difficulté avec ses pneus jaunes en dépit de sa remontée, doit rentrer au stand. Faute de pouvoir marquer des points, abandonne au 51e tour pour préserver sa monoplace. Dans le même tour, son futur successeur Russell crève également à l’avant gauche, mais avec des pneus blancs. C’est donc de l’usure qui apparaît sur ces pneus qui semblent très fragiles. Au tour suivant, rebelote pour le coéquipier de Russell, Latifi, qui crève de nouveau à l’avant gauche, devant même s’immobiliser entraînant une « virtual safety car ». Avant les Williams, Lando Norris avait également crevé dans la 24e boucle de son relais, mais est parvenu à sauver une belle 9e place. Les quatre crevaisons laissent planer des doutes sur les pilotes étant sur une stratégie à un arrêt.
Coup de massue signé Alpine

Alpine et Alpha Tauri, à égalité de points avant le grand-prix, avaient une attention toute particulière pour les Français. L’écurie tricolore face à l’équipe italienne relève aussi d’une bataille entre les deux seuls représentants français du paddock. Le samedi n’a pas dérogé à cette bataille, puisque Pierre Gasly se qualifie en 4e position devant Fernando Alonso, tandis que son coéquipier, Yuki Tsunoda, 8e, devance Esteban Ocon. Grâce aux pénalités de Verstappen et Bottas, Gasly est second sur la grille, toujours devant Alonso. De quoi espérer une belle bataille entre les deux. Néanmoins, malgré un rythme d’anthologie en essais et en qualifs’, les Alphas manquent grandement de rythme en course. Alonso qui a dépassé Gasly en début de course est menacé par un retour progressif de Perez, puis de Bottas. Mais le premier choisit la mauvaise stratégie en rentrant trop tôt, alors que ses gommes médiums tenaient encore la route et que Fernando était encore en piste avec ses pneus tendres. Le second crève puis abandonne.
Les Alpines fonctionnent bien de par leur gestion des pneus des plus soigneuses et se dirigent vers une stratégie à un seul arrêt. Perez s’arrête une deuxième fois au 44e tour, entamant une remontée sur les monoplaces bleu et blanc, dans le but de décrocher un podium. Mais l’écurie française, très soudée, se soutient et Ocon va retenir quelques tours le mexicain comme l’a demandé son coéquipier à la radio : « Dites à Esteban de défendre comme un lion ». La virtual safety car causée par Latifi permet également de le freiner. Alonso obtient ainsi son premier podium depuis le grand prix de Hongrie 2014 lorsqu’il était avec Ferrari. Ocon termine cinquième. Les Alpha Tauri ne marquent pas de points, permettant à leurs rivaux de prendre le large, voire d’asséner le coup fatal à seulement deux grands-prix de la fin de la saison et avec 25 points d’avance au championnat constructeur.
Prochain rendez-vous le 5 décembre à Djeddah pour accueillir encore un petit nouveau au calendrier de la F1. Le grand prix d’Arabie Saoudite pourrait sacrer Max Verstappen ou laisser Abu Dhabi décider du sort de ces champions. Cela promet encore plus de spectacle pour le plus grand plaisir des passionnés !
Crédits photos : F1, Sport Auto, Eurosport, Fugues, Next Gen Auto et Alpine F1 Team