Accueil » Le jour où… Romain Grosjean a connu son premier podium en Formule 1

C’était le 22 avril 2012, le jeune français Romain Grosjean goûtait pour la première fois au champagne sur un podium de Formule 1. Dans cette après-midi bahreïnie ensoleillée, sa Lotus ayant ronronné à la perfection sur le bitume du Sakhir, il accroche la troisième place, juste derrière son coéquipier d’époque Kimi Raïkkönen. Pour celui qui se fait surnommer le Phoenix après être sorti et avoir miraculeusement survécu aux flammes de sa monoplace sur ce même circuit qui l’avait béni 8 ans plus tôt, hommage et retour dans le passé, à l’époque où le moteur V8 frappait nos tympans pour notre plus grand bonheur.

Les pilotes, le circuit et la saison 2012

Pour cette huitième édition du GP de Bahreïn, il s’agit de la 4e manche du championnat 2012, pour un grand prix qui ne se courait pas encore de nuit à cette époque. La Formule 1 revient sur le circuit de Sakhir après un an sans activité. Le début des années 2010 étant marqué par la domination de Red Bull et de son pilote phare Sebastian Vettel, c’est lui qui sera sacré, tout comme son écurie, en 2012.
À la fin de la saison, Vettel sera suivi de 3 petits points par Fernando Alonso et sa Ferrari. Raïkkönen, lui, pointera à la troisième place avec 74 points de retard sur l’allemand. Hamilton finit quatrième, suivi de Button, Webber, Massa et Grosjean, septième. L’avance du champion constructeur aura été un peu plus conséquente que son pilote avec 60 unités d’écart sur Ferrari au profit de Red Bull. Lotus termine 4e, juste derrière McLaren.

Jusqu’à ce week-end bahreïni, la manche d’ouverture avait été placée sous l’étendard britannique avec une pôle position d’Hamilton, pour une victoire de Jenson Button. Même cas de figure en Malaisie, où Hamilton ne voit pas sa pôle récompensée d’une victoire. C’est Alonso qui s’empare des 25 points, alors que Rosberg signe la pôle position et la victoire en Chine, quelques semaines avant que le petit monde de la Formule 1 ne pose ses valises à Bahreïn.
La veille du grand prix, c’est Sebastian Vettel qui signe sa première pôle position de la saison. Derrière lui, Hamilton, Webber, Button et Rosberg tiennent dans la même seconde. Un très bon résultat de Grosjean lui permet de se placer 7e, alors que Kimi Raïkkönen n’est pas passé en Q3 et a dû se contenter d’une 11e place.

Le grand prix

Le départ donné, Vettel conserve la tête et aucun incident majeur n’est à déclarer, si ce n’est quelques mauvais départs dans le milieu de peloton. Dès les premiers tours, les Lotus de Grosjean et Raïkkönen semblent trouver un rythme de course convaincant et réalisent une série de dépassements : le français double successivement Mark Webber et Lewis Hamilton, alors que le finlandais fait de même en prenant le dessus sur Massa, Button et Alonso. Après avoir signé le meilleur tour en course, qu’il ne saura garder jusqu’à la fin des 57 tours que comptent l’étape, Grosjean est deuxième. Aux abords du 10e tour, le micmac des arrêts aux stands opère. Lewis Hamilton rencontre un problème avec sa roue arrière gauche et perd beaucoup de temps une fois en piste. S’il y en a bien un à qui les pit-stop profitent, c’est Raïkkönen : Kimi se trouve sur une stratégie décalée et chausse des pneus tendres qu’il a pu économiser, du fait de sa non-participation à la Q3. Les pneumatiques lui confèrent un véritable avantage, toutes les autres monoplaces sortant en gommes dures. Il dépasse donc sans problème Webber pour le gain de la troisième place.
Aux abords du 18e tour, Vettel est premier, Grosjean second et Raïkkönen, troisième. Les Lotus se permettent même de remonter sur le leader. Pour le finlandais, il s’agit plus de rattraper son coéquipier que de prendre la tête de la course. Le français, lui, ne tiendra pas bien longtemps face à son homologue finlandais et se retrouve troisième.

Après les arrêts aux stands des 24e et 25e tours, Pastor Maldonado part en tête-à-queue et crève, tandis que beaucoup de pilotes rentrent aux stands. Peu à peu, Raïkkönen remonte sur la Red Bull de Vettel, l’écart se stabilise puis s’amoindrit, à tel point que le finlandais active son DRS, alors que son homologue allemand constate un problème avec son système de récupération d’énergie cinétique. Cette bataille pour la victoire fait les affaires de Romain Grosjean qui, distancé de dix secondes, reprend trois secondes aux deux hommes de tête. Dans les derniers tours, Button est malchanceux, car victime d’une crevaison lente. Après avoir chaussé un nouveau jeu de pneus, il est contraint d’abandonner pour cause de problème technique.
Tout au long des 57 tours que comptaient le rendez-vous bahreïni, une lutte sévère s’est livrée entre les pilotes du milieu de peloton. À deux reprises, Nico Rosberg tasse Lewis Hamilton pour le dépasser. Manœuvre à la limite qui aura fait pester Fernando Alonso dans sa Ferrari à la deuxième reprise : poussé vers l’extérieur de la piste par le pilote Mercedes, il pestera : « He pushed me off the track ! All the time you have to leave a space ! »
Néanmoins, cette lutte n’influe pas le podium à l’arrivée. Sebastian Vettel monte sur la plus haute marche, tandis que Kimi est deuxième et compte son premier podium depuis son retour en Formule 1. Romain Grosjean, troisième, connaît, pour la première fois de sa jeune carrière, le goût du champagne et le son de Toreadores. Une belle journée et de très bons points inscrits par Lotus, récompensant ainsi une bonne gestion des pneus, une bonne stratégie et une adaptation des monoplaces à la chaleur à la hauteur des températures connues dans le désert du Sakhir.

Le chiffre à retenir : 1

Outre le fait qu’il s’agisse de son premier podium en Formule 1, il s’agit également de la première saison pleine du français dans la catégorie, ainsi que de son premier tour en tête d’un grand prix. Certes, il avait connu ses 7 premiers GP de Formule 1 en 2009 en remplaçant Nelson Piquet Junior chez Renault, mais n’avait pas pu faire ses preuves avec l’écurie, alors en pleine crise du crashgate. Aucun point en une demi-saison et aucun contrat en Formule 1 pour la suite, il faut donc attendre 2012 pour le voir revenir en F1 et connaître sa première saison pleine : Lotus lui fait désormais confiance.
Aussi, pendant un petit tour, il aura été le premier du peloton, le pilote en tête, celui qui n’a personne devant, mais tout le monde derrière, un petit plaisir qu’il doit au jeu des arrêts aux stands. À la fin, bien que troisième, il connaîtra son premier podium, le premier des 10 que comptent sa carrière.

Quels enseignements en tirer ?

Au vu de sa fin de carrière compliquée chez Haas et le portrait peu flatteur qu’a ébauché Netflix à son sujet, nombreux sont ceux qui ont oublié, ou n’ont jamais su, que Romain Grosjean est un pilote talentueux, doué et persévérant dans l’effort, et ce, dès le début de ces années Lotus. Avec cette équipe, nombreux ont été les points marqués, les preuves de talent et les très bonnes courses concrétisées par le français, comme en soulignent ces 10 podiums, tous au volant d’une monoplace Lotus et à sa huitième puis septième place au classement général en 2012 puis 2013.
Seulement, il est vrai que de nombreux faits marquants ont quelque peu entaché sa carrière comme en cette même saison 2012, où il est à l’origine d’un crash de grande ampleur au GP de Belgique qui lui vaudra une course de suspension, ou encore son crash sous safety car à Bakou sous les couleurs de Haas, alors que des points très importants pouvaient être décrochés.
Il s’agit donc d’un clap de fin sur un parcours français en Formule 1, et quelle carrière ce fût ! De ses premiers tours avec Renault, premier podium avec Lotus, mais aussi ses mésaventures avec Haas et son terrible accident en fin de saison 2020, Romain Grosjean aura représenté les couleurs tricolores avec panache et humilité. Il est maintenant l’heure de s’envoler pour de nouvelles aventures : direction les Etats-Unis où il courra en IndyCar au sein de l’écurie Dale Coyne Racing lors des courses hors-pistes ovales. Bon vent à lui.

Crédits photos : Reddit, DNA, Wikimedia Commons, Le Figaro et F1i

Solal Pestana – 16 avril

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