Samedi, à 7 h 20, heure française, le XV de France féminin avait rendez-vous avec son destin. Une nouvelle fois présentes dans le dernier carré de la compétition, les Bleues affrontaient les redoutables Néo-Zélandaises. Les joueuses de Thomas Darracq avaient alors 80 minutes ou plus pour aller chercher une première place en finale de Coupe du Monde et se donner le droit de rêver. Un moment que le rugby féminin attend depuis 1991.
LE FIL DU MATCH

Après leur large succès une semaine auparavant en quart de finale face aux Italiennes (39-3), l’équipe de France retrouvait un adversaire connu de toutes. Il s’agit de la Nouvelle-Zélande, chez elle, à Auckland. En conclusion du match face aux Transalpines, le sélectionneur Thomas Darracq affirmait que “c’était un des premiers objectifs d’aller jouer dans ce dernier carré, c’est chose faite. Maintenant, on va travailler pour le week-end prochain, ce sera un autre match”. Ainsi envisageait-il déjà les prémices du choc de ces demies. La France, meilleure défense de la compétition, face aux Néo-Zélandaises, meilleure attaque.
Dès l’entame de match, les Bleues font comprendre leurs intentions à leurs adversaires avec un plan de jeu agressif et des courses offensives. De leur côté, les Néo-Zélandaises sont prises de court et enchaînent les fautes. Cela permet à l’ouvreuse Caroline Drouin d’inscrire les premiers points français au bout de cinq minutes. De plus, le XV de France demeure dominatrice dans les conquêtes et victorieuse dans les duels pendant les vingt premières minutes. Ces ingrédients sont récompensés par un essai de la troisième ligne Romane Ménager. La joueuse faisait son retour après une commotion cérébrale contre les Anglaises. Les Bleues mènent 10 à 0 peu après la vingtième minute et semblent marcher sur les joueuses de Wayne Smith.
Les All Blacks, jusque-là hésitantes, inversent la tendance et commencent à prendre les rênes de ce match. Le XV de France subit et encaisse son premier essai dans ce match à la 34e minute par Fluhler. Les deux équipes reviennent à égalité, tout est à refaire pour les coéquipières de Gaëlle Hermet.
Pourtant, ces joueuses ont du caractère et ne se laissent pas abattre. Elles sont déterminées à aller chercher cette première finale qui leur échappe depuis tant d’années. Juste avant la pause, au terme d’une course tranchante, Gabrielle Vernier vient aplatir le deuxième essai des Bleues. Ce qui permet de redonner le plein de confiance à l’ensemble de l’équipe (17-10).
LE TOURNANT

Au retour des vestiaires, le XV de France mène de sept points, mais se fait surprendre, dès l’entame de cette dernière, par l’ailière expérimentée Ruby Tui. Essai casquette encaissé par les Françaises, les Blacks décident de jouer sur les ailes. L’arrière Holmes adresse un coup de pied rasant dans le dos de la défense française qui surprend Émilie Boulard et laisse filer Ruby Tui dans l’en-but. Les quintuples championnes du monde reviennent sereinement dans le match. Elles laissent dans le même temps le doute s’installer dans le camp français. S’ensuit alors un déferlement de vagues néo-zélandaises qui s’abattent sur le mur bleu. Cela finit par craquer peu avant l’heure de jeu par l’intermédiaire de Fitzpatrick.
C’est un sursaut d’orgueil que provoque cet essai black, car les Bleues et notamment la troisième ligne Romane Menager répondent par un essai tout en puissance pour revenir à un point (25-24). Le tout, alors qu’il reste encore un quart d’heure à jouer. C’est toute la puissance de la joueuse formée à Villeneuve d’Ascq (Nord) qui permet de creuser l’écart et d’installer le doute chez les “Black Ferns”. Tous les regards sont alors braqués sur cette équipe bleue. Une victoire héroïque est à aller chercher au fond de chaque joueuse.
LES PROTAGONISTES

Menée d’un point, l’équipe de France ne pouvait plus compter que sur le pied droit de la Rennaise Caroline Drouin. Les centaines de supporters tricolores retiennent leur souffle, comme pour compenser les sifflets assourdissants de l’Eden Park. Néanmoins, cela ne suffit pas. Après avoir passé 80 minutes sur le terrain, Drouin manque sa pénalité et les Blacks n’ont plus qu’à dégager en touche pour sceller leur victoire.
Après la rencontre, ses partenaires se sont succédées pour la décharger de la culpabilité qu’elle ne manque pas de s’imposer. “À aucun moment la défaite ne repose sur Caro. On n’a pas fait le taf avant, on aurait dû tuer le match, porter plus le ballon. On a fait trop d’erreurs”, tranche la centre Gabrielle Vernier. Ce n’est pas Annaëlle Deshaye, pilier, qui va la contredire. “Ce n’est pas la faute de Caro. Elle nous en met dix la semaine dernière, là elle nous en manque une, on ne peut pas lui en vouloir. On gagne ensemble, on perd ensemble”, explique-t-elle.
Enfin, pour le sélectionneur Thomas Darracq, qui vient de prendre les rênes de l’équipe quelques mois auparavant, “c’est très frustrant, la place en finale y était vraiment”. De leur côté, les Canadiennes n’ont pas non plus démérité face aux Anglaises (26-19). Les Bleues, tâcheront au mieux d’aller chercher une troisième place qu’elles affectionnent depuis maintenant tant d’années. Ce sera dans quelques jours, contre ces dernières.
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