Chaque année, et ce, depuis 1996, les sélections néo-zélandaise, sud-africaine et australienne se rencontrent afin d’être sacrée meilleure nation de l’hémisphère sud. À partir de 2012, l’Argentine, en raison de ces flatteuses performances, entre à son tour dans la compétition. Vainqueurs de l’édition 2019, puis de la Coupe du Monde la même année, les Springboks ont bousculé la hiérarchie internationale. Lors de la tournée automnale de 2021, les nations européennes ont mis au tapis leurs homologues du Sud. La Nouvelle-Zélande qui chute en Irlande et à Paris, l’Angleterre qui s’impose face à l’Afrique du Sud. Enfin, les Wallabies qui échouent par deux fois en grande Bretagne.
Cet été, la Nouvelle-Zélande n’a toujours pas trouvé la solution face aux Irlandais d’Andy Farell. Deux défaites historiques sur son propre sol et voilà les joueurs du Trèfle qui s’emparent de la première place internationale. De leurs côtés, les Springboks et les Pumas sont parvenus à dompter leurs homologues anglophones gallois et écossais. Quant au Quinze de la Rose, il remporte sa série en usant de sa puissance pour vaincre les Australiens de Dave Rennie.
Une fois les tests « amicaux » réalisés, le délai est très court pour basculer sur le Championship. Auteurs d’une saison pleine avec leurs provinces respectives, les joueurs enchaînent six rencontres d’une intensité sans équivalent. Pour débuter, les Springboks reçoivent l’armada néo-zélandaise qui compte bien renouer avec la victoire, tandis que les Wallabies vont en Argentine afin de défier le courage et le panache des Pumas.
LES PUMAS EN TÊTE APRÈS LA 2E JOURNÉE

Une première heure intéressante pour entamer le tournoi et un véritable récital lors du second match. En accueillant des Wallabies en plein doute et orphelins de leur capitaine Michael Hooper, rentré au pays pour raisons personnelles, les Argentins ne veulent pas laisser passer leur chance. Rapidement en tête au tableau d’affichage, les Pumas sont entreprenants et solidaires défensivement. L’indiscipline australienne permet à Emiliano Boffelli d’enchainer au pied. Dix pénalités concédées en l’espace de 40 minutes, les hommes de Dave Rennie sont bien loin des standards internationaux.
Au retour des vestiaires, les Wallabies perdent leur ouvreur star Quade Cooper pour cause de rupture du tendon d’Achille et encaissent ensuite un nouvel essai transformé. Au score, 26 à 17 en faveur des Pumas à l’heure de jeu. L’Australie ne semble pas en mesure de renverser son adversaire du jour. Pourtant, sous la houlette du pied de Reece Hodge, les Wallabies sont parvenus à inscrire 24 points en l’espace de 20 minutes. Profitant d’une supériorité numérique temporaire (carton jaune pour Matias Alemanno) et du nouvel élan des entrants, la défense argentine a subi jusqu’au coup de sifflet final. À la marque, 41 à 26 à l’issue de la rencontre. Le formidable finish australien leur permet même de signer une victoire à 5 points, puisque l’essai de Len Ikitau est le quatrième, synonyme de bonus offensif.
Pour le second choc, Michael Cheika n’a plus le choix. Le sélectionneur argentin doit impérativement sortir vainqueur de ce nouveau défi, sous peine d’être instantanément distancé dans la compétition. Certes, les Pumas ne produisent pas le jeu le plus alléchant, mais cette équipe a du cœur et davantage de détermination lorsqu’elle joue devant ses fervents supporters.
Un esprit de combativité irréprochable, des avants qui font plier, puis rompre la défense australienne. Emmenés par un Boffelli intraitable face aux perches, les Pumas font la course en tête pendant l’ensemble de la rencontre. En l’espace de six minutes, 14 à 0. Cette fois, ils ne comptent rien laisser aux Wallabies. La grinta qui leur est si propre leur permet d’inscrire de nombreux essais. Ils valident ainsi un succès amplement bonifié, puisqu’ils franchissent à sept reprises la ligne d’en-but. Pour la première fois depuis 2014, l’Argentine l’emporte face à l’Australie devant son public. Une victoire éclatante 48 à 17 (plus large succès face à l’Australie) qui non seulement leur redonne confiance dans le jeu, mais surtout leur permet de réaliser une belle opération au niveau du classement général.
SPRINGBOKS – ALL BLACKS : QUI EST SORTI GAGNANT ?

Cinquième nation mondiale au moment du coup d’envoi, la Nouvelle-Zélande en crise. Ian Foster poussé vers la sortie, le capitaine Sam Cane pointés du doigt par les médias : cette édition du Rugby Championship pourrait bien marquer un véritable tournant dans l’histoire des All Blacks. De leur côté, les Springboks sont sortis du piège gallois. Pourtant invisible au cours de la saison à Montpellier, Handre Pollard est à la baguette de la pragmatique animation sud-africaine. Du jeu au pied de pression, des ballons portés après les touches, des avants dotés d’une incroyable force physique, l’assemblage de tous ces aspects forme la réussite springbok.
Dans de tels affrontements, rien n’est laissé au hasard. Lors de la première rencontre, les avants sud-africains ont marqué au fer rouge leurs homologues néo-zélandais. Toujours dans l’avancée, les phases de conquêtes maitrisées et une défense qui semble infranchissable. En difficulté sous les coups de pieds de pression ou d’occupation, imprécis lors de leurs rares incursions dans le camp adverse, les All Blacks ne sont pas parvenus à renouer avec le succès. Une défaite 26 à 10 qui traduit l’attitude d’un sélectionneur et d’un groupe en plein doute.
Cependant, les fondamentaux ne s’oublient pas et avec de telles individualités, le rugby néo-zélandais ne peut disparaitre aussi rapidement. C’est pourquoi les hommes d’Ian Foster parviennent à s’imposer à l’Ellis Park de Johannesburg. Une victoire 35 à 23, acquise non sans mal, mais qui donne de l’air et de la satisfaction à la fédération néo-zélandaise. En effet, quelques jours plus tard, on apprend qu’Ian Foster est prolongé jusqu’à la Coupe du Monde 2023 et qu’il sera épaulé de Joe Schmidt qui prendra en charge l’attaque des Blacks.
LES JOUEURS PHARES

Près de 94 mètres gagnés, neuf plaquages réalisés, trois défenseurs battus : Rieko Ioane a crevé l’écran lors du second match l’opposant à l’Afrique du Sud. Auteur d’une relance folle en fin de rencontre qui permet à ses partenaires d’inscrire un essai décisif, le trois-quarts centre All Blacks continue de porter sa sélection. À l’image de Ioane derrière, Ardie Savea en état de grâce est un vrai régal pour les amateurs de rugby. Des grattages à répétition, infranchissable en défense, explosif et surpuissant offensivement : le fer de lance All Blacks est en partie responsable du succès néo-zélandais.
De l’autre côté, Damian Willemse. Installé à l’arrière depuis l’été, le demi d’ouverture de formation est une réelle aubaine pour les Springboks. Il a parfaitement intégré le plan de jeu sud-africain, tout en étant capable d’apporter sa touche personnelle en envoyant une magnifique passe sautée ou en allant défier la défense adverse par ses appuis ou son accélération.
Pour la troisième journée, l’Argentine s’en va défier les Blacks sur leurs terres, tandis que l’Australie accueillera les champions du monde sud-africains. À noter le retour de Bernard Foley, absent du groupe Wallabies depuis 2019. À l’ouverture, aux côtés du jeune Noah Lolesio, il sera responsable de l’animation australienne pour la prochaine double confrontation.
Crédits photos : Sport TV, Ouest France, RMC Sport et Rugby Pass
Super l’article 👏🏽
Moi qui n’avait pas pu suivre le tournoi cette année, toujours autant de plaisir à lire ce passionné.
Merci les reporters incrédules