Alors que le Giro était sur le point de s’achever et le Critérium du Dauphiné sur le point de débuter, une course à étapes prenait place en Lorraine avec un plateau sportif plus que prometteur. En effet, le Tour de la Mirabelle a ravi les puristes et les populations locales, ces dernières ayant répondu présent au bord de la route. Présentation de cette épreuve et retour sur l’édition 2021.
Une initiative réussie

Auparavant dans le top 100 des courses cyclistes françaises, le Tour de la Mirabelle fait désormais partie des 25 plus grandes, une fierté que tient à souligner le speaker, Nicolas Caille, à l’occasion du dernier podium protocolaire. Tout a commencé en 2002 à l’origine avec le Tour du Piémont Vosgien, créé par Laurent Goglione en hommage à son grand-père faïencier. Pour la petite anecdote, la course du dimanche s’appelait le Grand Prix des Faïenciers. Dès lors, l’épreuve s’est développée jusqu’à devenir en 2012 une course inscrite au calendrier fédéral. Plusieurs noms passés par le Tour du Piémont Vosgien sont devenus professionnels par la suite, par exemple Gert Joeäär (ex-Cofidis) ou encore de nombreux belges comme Dimitri Claeys (ex-Wanty).
Au fil du temps, la volonté de Laurent Goglione, directeur général, a été de devenir de plus en plus ambitieux pour ainsi envisager une intégration de l’épreuve au calendrier UCI Europe Tour (2.2 entre autres). C’est chose faite en 2019, ce qui permet naturellement d’attirer un plateau plus solide et plus international, de par la diversité des nationalités. Le palmarès s’étoffe et voit des Suisses ou encore des Norvégiens cette année inscrire leur nom parmi les archives des vainqueurs. Aussi, la taille du Tour de la Mirabelle, renommé ainsi il y a trois ans, s’est agrandie, passant à 4 étapes à ce moment-là.

« Nous avons le même cahier des charges que le Tour de France, que ce soit le barriérage, le fléchage ou encore la sécurité » souligne Fanny Cardot, coordinatrice opérationnelle et chargée de la communication. Tout est fait pour animer cette course, au travers de concerts, de stands, de visites culturelles ou de mise en valeur du terroir, sauf en cette période de coronavirus. Prochaine étape ? « Faire grandir l’épreuve davantage sportivement et qu’elle devienne télévisée » affirme Fanny Cardot, tout en rappelant que cette année, 70 équipes ont postulé pour participer à l’édition 2021 auprès de Cédric Delandre, qui se charge de la sélection finale. Ainsi, des formations comme Black Spoke, originaire de Nouvelle-Zélande (c.f photo, avec leur coureur James Fouché), sont sélectionnées afin d’ouvrir l’épreuve au monde, mais aussi d’effectuer des paris qui peuvent s’avérer payants avec des résultats à la clé. Les années à venir s’annoncent passionnantes pour le Tour de la Mirabelle.
Le Team Macadam’s Cowboys au cœur du système

Que serait cette course sans cette équipe atypique de National 2 ? Les puristes de cyclisme amateur français la connaissent, les autres non et pourtant. Cette formation est la seule qui possède à la fois deux formations en N2 et qui, en parallèle, organise une compétition UCI. « L’ambition de Laurent (Goglione) et de sa garde rapprochée est de faire évoluer le club, simultanément au Tour » confie Fanny Cardot. Cette dernière en sait quelque chose, elle qui est chez les Cowboys depuis 8-9 ans, d’abord à la voiture balai, puis depuis quelques années coorganisatrice du Tour de la Mirabelle. « Depuis quelques années, on cherche à développer la communication avec notamment des dossiers de presse, nous sommes tous bénévoles donc constamment dans l’apprentissage » nous confie-t-elle.
Sportivement, le Team Macadam’s Cowboys est la plus petite équipe du plateau sportif, mais elle se bat avec ses armes et des talents comme Bruno Chardon, champion du Grand-Est. Doté d’un budget de 80 000 euros, le club veut faire monter son équipe féminine en N1 et promouvoir la Mirabelle Classic, son épreuve pour les femmes et qui ambitionne de passer UCI, en compagnie de toutes les plus belles courses françaises. Laurent Goglione, fondateur de l’équipe, évoque aussi un coureur en particulier. « Francis (Juneau) brille particulièrement pour sa troisième saison chez nous. Il a été approché par Israël Cycling Academy (NDLR : en World Tour) et a des chances de passer professionnel chez eux s’il fait des résultats ». Ce dernier a par ailleurs terminé meilleur coureur de sa formation en se plaçant à la 25e place du général, à seulement 1’58 du vainqueur norvégien. Une chose est certaine, c’est que cette équipe n’est pas là que pour organiser, elle bataille et compte peser plus fortement si celle-ci évolue !
Idar Andersen sacré en 2021

Nous évoquions plus tôt l’ouverture internationale du Tour de la Mirabelle, celle-ci s’est confirmée cette année puisque le vainqueur n’est autre qu’un norvégien. Âgé de 22 ans, le coureur de la formation Uno X Cycling n’a jamais perdu le maillot jaune, qu’il conquit dès le prologue pour seulement trois centièmes, aux dépens de Théry Schir (Swiss Racing Academy). Rien ne semble perturber Idar Andersen, à tel point que dès le lendemain, il s’occupe lui-même du tempo de son groupe, alors que ses coéquipiers sont distancés. Même chose sur l’étape 2, dite juge de paix, puisqu’il est rapidement esseulé, mais parvient à tenir face aux assauts de Sjoerd Bax (Metec) ou encore de Laurence Pithie (Conti FDJ). Avec son équipe Uno X, il s’offre même le luxe d’éclater le peloton en mille morceaux lors de la dernière étape, après un long travail de la Swiss Racing Academy. Ses coéquipiers roulent fort dans la plaine, le maillot jaune est assuré et Erlend Blikra s’offre même le succès, carton plein norvégien en Lorraine !

Côté français, Arnaud Pfrimmer est le mieux classé au classement général et pointe en 13e position à 1’31 du leader. Aucune victoire tricolore n’est à relever, néanmoins des promesses, à commencer par Axel Zingle. Futur coureur du Team Delko (Continental Pro), le pensionnaire du CC Etupes (N1) a failli s’illustrer lors de la dernière étape, battu d’un rien par Erlend Blikra. Zingle se disait ici pour « préparer la Route d’Occitanie », c’est chose faite avec des jambes qui répondent bien et un collectif soudé. Si l’on parle d’équipe française, la Groupama-FDJ Continental s’est montrée à l’avant sur chaque étape, échouant de peu à Lesménils (Joseph Pidcock, 2e) ou à Saint-Amarin (Laurence Pithie, 2e). À noter également le top 15 de Joris Delbove du SCO Dijon, « sur une bonne dynamique depuis quelques semaines » selon ses dires, il sera à surveiller dans les prochaines années.
Malgré la pandémie de Covid-19, le Tour de la Mirabelle a su s’adapter et faire vivre son événement avec du public au bord des routes et une ambiance chaleureuse, tout en sélectionnant un plateau sportif qui a permis d’assister à de belles luttes. C’est un événement qui tend à se développer, et qui deviendra très certainement un rendez-vous incontournable.
Crédits photos : David Jaunet Photographie et Chloé Haverlant