L’ESEG Douai (Entente Sportive des Enfants de Gayant) se démarque en étant une équipe incontournable de la formation des cyclistes nordistes. Dans une région bien fournie en équipes évoluant en Division Nationale, cette structure connaît beaucoup de succès. Dirigée par Laurent Pillon, l’équipe évolue en deuxième division nationale (N2) et participe à des courses de renommée internationale, à l’image du Grand Prix de Lillers (1.2) auquel nous nous sommes rendus.
UNE STRUCTURE GLOBALE ET VARIÉE

Présidé par Lucie Delrue, le club de Douai est une véritable institution du cyclisme nordiste. Avec son équipe de haut niveau et ses nombreux licenciés et adhérents, ce club se démarque dans la région par des résultats prolifiques et une formation fructueuse, tout en restant dans une ambiance familiale. À partir des poussins, le club accueille des champions en herbe pour « apprendre le métier » et trouver un environnement sain pour découvrir cette pratique épanouissante, mais qui présente aussi des dangers. Douai, ce n’est pas que l’équipe en Nationale 2, c’est aussi environ 60 coureurs licenciés qui sont présents pour prendre du plaisir, d’autres pour se mesurer aux meilleurs de la région et lever les bras les dimanches de courses.
De plus, la formation douaisienne ne laisse pas à désirer. De nombreux coureurs passés dans leur rang chez les amateurs ont eu l’occasion de devenir cyclistes professionnels, à l’image de Samuel Leroux, actuellement sociétaire de la formation locale Xeliss-Roubaix Lille Métropole. À mentionner également Anthony Colin, qui a été sacré champion de France amateur en 2010. Romain Pillon qui a comme beau palmarès une 2ᵉ place sur le Tour du Piémont Vosgien, qui se nomme désormais le Tour de la Mirabelle, épreuve qui sera couverte par Les Reporters Incrédules cette année.
À travers ces illustres exemples, Douai se démarque comme une place du cyclisme nordiste et un élément de dynamique avec ses multiples courses organisées dans la région et son équipe qui impressionne par sa régularité.
LA N2 SURFE SUR LA LONGÉVITÉ

La régularité de l’équipe vitrine de l’ESEG Douai, co-dirigée par Laurent Pillon et Aurélien Priat, n’est plus à démontrer. L’équipe d’Élite nationale est présente à cet échelon depuis 18 ans, que ce soit en division 1, 2 ou 3. Laurent Pillon est une figure du cyclisme régional, lui qui a disputé des grands tours dans les années 1990 en étant notamment poisson pilote de l’illustre sprinteur italien Mario Cipollini. C’est peu dire qu’il a de l’expérience au plus haut niveau mondial.
Depuis 21 ans, il met à disposition ses compétences et son investissement sans faille pour faire progresser et apprendre ses coureurs. Il les suit quand ils vont s’entraîner en groupe, c’est selon lui « un bon moyen de motiver tout le monde à aller s’entraîner » et de suivre la forme des autres au fur et à mesure des semaines. Des groupes de cyclistes se font en fonction de la proximité géographique, ces rassemblements sont très importants pour la cohésion d’équipe ainsi que pour le directeur sportif qui surveille l’assiduité de ses coureurs, ainsi que leur investissement au quotidien. Surtout que l’équipe de N2 est le théâtre d’une très forte concurrence. Il y a 14 cyclistes pour six places en Coupe de France, cette concurrence est « nécessaire »selon Laurent Pillon, un effectif conséquent permettant également de pallier les blessures des uns et des autres.

Il est impossible de présenter cette équipe sans parler du drame qui a touché les Douaisiens lorsque Baptiste Paillard, alors qu’il s’entraînait chez lui, a été victime d’un accident de la route et y a laissé la vie. Il était alors âgé de 20 ans et se démarquait comme un espoir du cyclisme douaisien. Laurent Pillon l’évoque avec émotion et philosophie. « Ça a été dur, c’est toujours dur. On relativise quand on rate la course, car on sait que ça peut s’arrêter du jour au lendemain ». Depuis 2021, année du décès du coureur, le club organise en son honneur une randonnée cyclosportive à Fruges, la ville dont il était originaire, début février.
LE GRAND PRIX DE LILLERS : DES DÉCEPTIONS, MAIS DE L’APPRENTISSAGE

Le dimanche 6 mars, il s’agissait de la rentrée du circuit international dans les Hauts de France, plus précisément dans le Pas-de-Calais à Lillers. L’ESEG Douai était invitée sur cette course dans laquelle ils allaient affronter des formations continentales et même une formation ProTeam, en la personne de Bingoal.
Au contact de l’équipe, l’investissement saute aux yeux autour des coureurs de la part de différents assistants, mécaniciens et même un kiné présent pour masser les acteurs avant le départ de la course. Alors que le départ n’est qu’à midi, Florian, le mécanicien, s’affaire déjà à la préparation des vélos des coureurs dès 10 heures. Installation des transpondeurs, des roues de course ainsi que des plaques de cadre, tout doit être parfait pour l’arrivée des coureurs. Pendant ce temps, les deux assistants Grégory et Dominique préparent le ravitaillement avec des petits sandwichs et des bidons primordiaux pour l’hydratation sur une première journée de chaleur dans le Pas-de-Calais.

Les coureurs arrivent au fur et à mesure, Laurent Pillon leur fait un briefing en indiquant les dangers et l’état d’esprit à adopter. « Il faut être impliqué et motivé sur une course UCI en montrant le maillot » leur dit-il. Le départ est donné sur un circuit de 25 km à parcourir huit fois. Dès le premier tour, une échappée à trois se forme. Par chance, le coureur le plus en vue de l’ESEG Douai, Léandre Huck, se trouve dedans. La joie est indescriptible dans la voiture au fur et à mesure que Radio Tour annonçait l’écart qui grandit. Tout aurait pu être parfait, mais au détour d’un virage mal négocié par son compagnon d’échappée, Huck n’a rien pu faire d’autre que d’aller à terre, tous les espoirs d’échappée s’envolent. L’ascenseur émotionnel dans la voiture a été immense, symbole de ce que représente une échappée sur une course aussi réputée que le Grand Prix de Lillers pour une formation comme Douai. La déception, l’incompréhension et la colère pouvaient se distinguer dans la voix de Laurent Pillon. La course se décante lors du dernier tour, sans les coureurs de l’ESEG Douai,piégés dans un coup de bordure des formations professionnelles. La dure loi du cyclisme de haut-niveau.
Pillon leur a fait remarquer, non sans colère lors du débriefing : « les pros vous endorment ». La journée aurait pu être plus belle pour les amateurs de Douai, mais l’expérience engrangée est non négligeable. Le directeur sportif réagit à la course à froid sur cette journée. « En participant à des courses UCI, on espère montrer le maillot, malheureusement il y a cette chute. On ne peut pas trop espérer, c’est quand même le haut niveau. Normalement, ça doit payer les weekends d’après » confie-t-il. L’objectif de l’ESEG Douai sera de bien figurer sur les coupes de France, avec comme objectif annoncé un top 10 au classement. « Remporter une épreuve d’élite nationale serait génial pour nous aussi » indique Laurent Pillon.
Quoi qu’il en soit, les Douai de la route sont bien installés dans le Nord et vont continuer à montrer le maillot jaune fluo pour rendre fier tout un club qui s’investit avec passion pour leur réussite.
Crédits photos : Emile Pawlik et Daily Advent