Accueil » L’Open d’Orléans ne sourit pas aux Français, mais à la Suisse

Du 27 septembre au 3 octobre se déroulait l’Open d’Orléans. Cet ATP Challenger 125 se revendique comme le meilleur tournoi ATP Challenger du monde. Cette année, une chose est certaine, il ne pouvait pas décevoir sportivement tant le niveau des joueurs présents était élevé. Et pour le plus grand bonheur du public et de l’organisation, sept des huit têtes de séries étaient françaises.

Ugo Humbert, le n°1 Français et seul membre du top 25 mondial, était le favori du tournoi. Le Messin rencontrait au premier tour Quentin Halys qui n’est pas parvenu, quelques jours plus tôt, à passer les qualifications de l’ATP 250 de Metz. Revanchard et combatif, Halys ne fait que très peu de cadeaux à son adversaire. Le 158e mondial profite de son service agressif pour dominer la tête de série n°1. Il claque 12 aces et remporte plus de 80 % des points engagés sur sa première balle. Le premier set se termine à 14-12 dans le jeu décisif en faveur du Francilien. Humbert ne passe que 46 % de ses premières balles dans cette manche… Cependant, le 25e joueur ATP ne baisse pas les bras. Refusant de décevoir, il s’accroche tant bien que mal. Il est mené 3-1, puis 4-2 et revient tout de même à 4-4. Néanmoins, le jeu suivant, Halys vainc mentalement son compatriote en le breakant et termine par un jeu blanc. Comme à Metz, Ugo se fait donc éliminer au premier tour du tournoi, décevant ainsi le public.

Malheureusement pour le Francilien, il se retrouve au tour suivant confronté à Dennis Novak, qui restera en piste jusqu’au dernier jour. Le Français peine à jouer son jeu et a une première balle moins efficace que son adversaire cette fois-ci. Quentin Halys manque 11 balles de break durant le match, ce qui l’empêche totalement de prendre l’ascendant sur son adversaire. L’Autrichien se qualifie donc pour les quarts de finale (6-4/6-4).
Lors de ce tournoi était également présent l’ex-n°7 mondial espagnol, Fernando Verdasco. Pensant profiter d’un tirage au sort favorable, le joueur de 37 ans rencontre au premier tour Hugo Grenier, repêché des qualifications. Étonnamment, c’est bien le Français qui prend le dessus lors de la confrontation. Sans surjouer, mais en s’appliquant, Grenier remporte ce qu’il qualifie comme « l’une de ses plus belles victoires ». Son service déstabilise son adversaire et il le sait. « J’étais assez solide sur mon service. Il avait du mal à me retourner et le lire. […] J’ai eu la chance de breaker assez rapidement et j’ai senti qu’il était un peu découragé donc une fois que j’ai fait le double break, ça sentait bon » déclare-t-il après le match. Au tour suivant, c’est un compatriote qu’il devra battre et pas n’importe lequel, car Arthur Rinderknech réalise une très bonne saison.

En tant que fin stratège, Hugo Grenier insiste sur le revers de son adversaire dès le premier set, sachant que Rinderknech domine en gammes coup droit. Ce point de bascule fait craquer le Sudiste. En conférence de presse, Hugo le revendique : « j’ai essayé de le bloquer avec des balles basses côté revers et vu qu’il est assez grand, ça a fonctionné ». Seulement deux sets suffiront à Hugo Grenier pour réaliser le mini-exploit de se qualifier en quarts de finale de ce Challenger de prestige.
Et justement, en face de lui, c’est Corentin Moutet qui se dresse, une montagne à franchir pour mettre un pied dans le dernier carré. Plus de 100 places ATP les différencient, mais cela n’a pas empêché un duel de haut niveau entre les deux hommes. Moutet, tête de série n°6 et 87e joueur mondial, ne domine que légèrement le match. Le score reflète cette neutralisation (6-4/7-6). Il rejoint ainsi Dennis Novak, à un pas de la finale de l’Open d’Orléans, satisfait de ce qu’il qualifie son « tournoi de reprise » (son premier après US Open).

Après avoir éliminé Kyrian Jacquet, Roman Safiullin et Hugo Grenier, c’est donc face au tombeur de Quentin Halys et Grégoire Barrère qu’il vient se frotter. Cependant, le 111e mondial ne se laisse pas impressionner par l’assurance du Français. Dans chaque set, Novak breake tôt et fait vaciller son adversaire. Les deux premiers sets se clôturant par des tie-breaks, les deux hommes parviennent difficilement à prendre le dessus l’un sur l’autre. Mais en grande partie grâce à l’inefficacité de la deuxième balle de Corentin Moutet, c’est l’Autrichien qui s’impose 6 jeux à 4 dans la dernière manche (6-7/7-6/6-4).
En plus de la contre-performance décevante d’Ugo Humbert, les Français ont plutôt déçu au cours de ce tournoi. La dure loi du tirage au sort a confronté Grégoire Barrère à plus fort que lui dès le premier tour, et celui-ci n’a pas réussi à trouver la clé pour s’en sortir. En parlant de déception française, on ne peut passer à côté des têtes de série françaises qui n’ont pas été à la hauteur de l’événement. Gilles Simon, tête de série n°7, se fait exclure en une heure de jeu par Holger Rune, 6-4/6-0…

Quant à la tête de série n°2, Benjamin Bonzi, il passe sans difficulté le premier tour, mais se confronte dès le tour suivant à Henri Laaksonen. Le choc fut intense, seulement un jeu décisif et un break les départagera. C’est le Suisse grâce à son service efficace (13 aces et 80 % de points gagnés sur première balle) qui triomphe (7-6/6-4). Bonzi ne manquera pas de féliciter en conférence de presse son adversaire qui a eu « très peu de déchet ». C’est également dès le deuxième tour qu’Arthur Rinderknech, tête de série n°3, se fait éliminer du tournoi. Après avoir été obligé de batailler face à Antoine Hoang lors de son entrée en lice, le Français se fait piéger par Hugo Grenier, son compatriote. Le 72e mondial passe littéralement à côté de son match et offre un billet pour les quarts à son adversaire.

Déception également en simple pour Pierre-Hugues Herbert qui était pourtant tête de série n°8. Dès le premier tour, il est fragile et laisse un set au 233e mondial, Daniel Masur, également un excellent serveur. Néanmoins, P2H sort « satisfait » de ce match et de sa qualification au tour suivant, où l’attend déjà le belge Ruben Bemelmans. Le Français s’étant blessé au dos la semaine passée lors d’un échauffement, sa longue « bataille » face à Masur ne lui fait pas du bien physiquement. C’est donc diminué qu’Herbert s’incline au bout de deux heures de combat face à Ruben Bemelmans (3-6/7-5/6-4). Mentions spéciales à Lucas Pouille et Richard Gasquet, qui, sans briller, ont toutefois assuré et n’ont pas déçu. Nous pouvions tout de même nous attendre à un peu mieux venant de l’ex-n°7 mondial de 35 ans qui quitte le tournoi en quart de finale. Cependant, les deux matchs précédents de trois sets l’ont affaibli et il le dit lui-même, il n’a « plus 20 ans ». Il se fait donc éliminer au bout de 2 h 43 par Jiri Vesely, la tête de série n°5 tchèque, qui lui inflige 19 aces. Le Biterrois ne parviendra pas à breaker du match…
Concernant Lucas Pouille, il s’impose au premier tour face à Elias Ymer (grand frère de Mikael). La bataille fut plus longue que prévu, le Français aurait pu s’imposer aisément, mais laisse filer la deuxième manche alors qu’il menait 2-0. Le poulain d’un certain Robin Söderling a donné du fil à retordre à Pouille. Il affirme avoir gagné grâce à « sa solidité dans le troisième set » et son « coup droit très performant ». Malheureusement pour lui, son ami Richie au tour suivant connaît ses failles et le break juste après que Pouille ait réussi à prendre un set, ce qui le déstabilise fortement et lui fait perdre le match. Néanmoins, pour un retour, le Nordiste s’en sort plutôt bien lors de l’Open d’Orléans.

La victoire de Laaksonen est sans doute la surprise de ce tournoi, lui qui n’a encore aucun titre sur le circuit professionnel. Le joueur suisse a tout de même déjà brillé cette année à Roland-Garros où il atteint le troisième tour en éliminant Roberto Bautista-Agut, tête de série n°11 du tournoi. Même parcours à l’US Open en sortant cette fois-ci des qualifications. Il parvient à vaincre le chilien Cristian Garin (tête de série n°16 du tournoi). Henri Laaksonen n’était cependant pas sur la liste des favoris lors du Challenger d’Orléans. Il ne fait qu’une bouchée de Zizou Bergs au premier tour (6-3/6-1). La surprise arrive au tour suivant où il sort l’un des favoris du tournoi, Benjamin Bonzi (évoqué plus tôt). Le Suisse déroule ensuite face à Rune, ainsi que face au vainqueur de Gasquet, Jiri Vesely. Surfant sur une étonnante vague, Laaksonen ne perd aucun set face à ses adversaires jusqu’à la finale. C’est donc inviolé qu’il se confronte à Dennis Novak le dimanche 3 octobre.
La confrontation est rude, les deux hommes sont en grande forme tennistique. Cependant, le Suisse le sait, il est « plus frais » que son adversaire et a plus de ressources à sa disposition. Henri Laaksonen remporte la finale en 3 sets (6-1/2-6/6-2), ce dernier sortant fier de son match et de ses variations de jeu qui lui ont permis d’évoluer et de déstabiliser son adversaire au cours du match. En outre, pour le joueur suisse, remporter cet important challenger lui permet de mettre enfin un pied dans le top 100, ce qu’il attendait depuis longtemps. Une chose est sure, comme tous les joueurs l’ont signifié, l’ambiance du tournoi était parfaite, le public a répondu présent et était très respectueux, donc Laaksonen fera tout son possible pour revenir mettre en jeu son titre, l’an prochain.

Crédits photos : Philippe Montigny Photographe

Nils Gobardhan – 13 octobre

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