Accueil » Ludovic Pouillart (BC Orchies) : « La Pro B ? Je ne m’interdis rien ! »

Arrivé après le départ de Jimmy Ploegaerts du BC Orchies, Ludovic Pouillart n’a pas mis longtemps à s’adapter. Ancien entraîneur de Gries, cela fait plusieurs mois qu’il coache les Orchésiens. Après un début de saison très intéressant, focus sur un technicien passionné par le basket et adepte du dépassement de soi.

Âgé de 46 ans, l’Arrageois de naissance, qui a notamment entraîné Gries, Cergy et Rouen auparavant, possède un palmarès déjà bien fourni, avec plusieurs accessions à son actif. Ludovic Pouillart a été de 2011 à 2015 entraîneur des Spartiates de Cergy-Pontoise. Par la suite, il a emmené l’actuelle Alliance Sport Alsace (ex-Gries) vers les sommets de 2015 à 2021. En passant de la Nationale 2 aux play-offs de Pro B avec ce club, il a écrit une grande partie de son histoire.
Appelé début 2022 par le Rouen Métropole Basket, il répond présent. Les Rouennais pointaient alors bons derniers de Pro B, en grande difficulté. Pouillart a voulu relever le défi, en vain. Dès lors, le BC Orchies veut s’attacher ses services et officialise son nouvel entraîneur en mai dernier pour cette saison. Entre ambition, souvenirs et perspectives de carrière, Ludovic Pouillart s’est confié, quelques mois après son retour dans le Nord.

Si tu devais te décrire en 3 mots…

Ludovic Pouillart : Exigeant, ça tout le monde me le dit (sourire), ambitieux et humble.

Quelle est ta plus belle victoire en tant qu’entraîneur et en quoi est-elle atypique ?

L.P : J’hésite entre deux très bons souvenirs. Il y a le titre que l’on gagne avec Cergy (champion de NM2 en 2013), car c’était une équipe de quartier où j’ai connu Glenn Duro notamment. Humainement, c’était magnifique, parce qu’on a réuni tout un quartier avec une belle mixité de population. Sinon, c’est l’année historique avec Gries (2018), où l’on bat le record de Monaco en ne perdant que trois fois sur toute la saison. Avec la montée en Pro B qui s’est ajoutée, c’était fantastique humainement.

Tu as rejoint cette saison le BC Orchies après une expérience à Rouen. Pourquoi avoir choisi ce projet ?

L.P : Parce que c’est chez moi et que cela faisait vingt ans que j’étais parti loin de ma famille. Mon rêve et ma volonté ont toujours été de revenir dans ma région pour faire mon travail. À la base, je devais partir en Allemagne, mais je ne voulais pas pénaliser mon fils scolairement parlant en partant à l’étranger. Les planètes se sont alignées au moment où l’opportunité s’est présentée et que le président m’a appelé. De plus, ici, c’est quand même une terre de basket. Il faut construire les choses sportivement, mais le club a une puissance énorme. C’était hyper important dans mon choix d’essayer d’aider ce club-là à avancer.

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Ludovic Pouillart avec ses joueurs au temps mort – Photo : Doriane Michalak

Ton destin avait failli être lié au BCO lorsque tu étais joueur à Liévin…

L.P : C’est aussi pour cela que la décision n’a pas été difficile à prendre. Depuis que j’ai coaché en Pro B, je m’étais toujours refusé de redescendre en Nationale 1. Maintenant, l’occasion a fait que l’on a pu venir l’un vers l’autre et j’en suis très content.

Depuis plusieurs années, Orchies évolue au même niveau, en Nationale 1. Comment peux-tu contribuer à améliorer ce collectif ?

L.P : Mon travail, c’est d’essayer de leur amener cette construction du haut niveau du basket. On voit que c’est compliqué, car il y a énormément de paramètres à prendre en compte dans le basket d’aujourd’hui. J’essaye de leur inculquer ce basket qui fait que tu peux aller vers le niveau du dessus. Alors c’est vrai, on est repartis à zéro avec certains joueurs. Mais on s’entraîne beaucoup, on essaye de mettre des codes de jeu dans cette division. Cela prend du temps à mettre en place.
C’est pourquoi je pense que cette équipe va monter en puissance au fil du temps. Le but est d’arriver en fin d’année avec une puissance absolue, pour qu’on puisse aller chercher ce que l’on vise. Je savais que sportivement, il allait y avoir beaucoup de travail, mais je suis quelqu’un de nature très optimiste et je ne lâche jamais rien. On va essayer de tout construire, marche après marche. Quand les joueurs restitueront parfaitement ce que je leur demande, on trouvera cette fluidité pour aller titiller le très haut de tableau.

Quel est ton objectif cette saison avec cette équipe ?

L.P : Perdre le moins de matchs possible. Gagner, donc, et jouer quelque chose dans ce championnat. J’aimerais bien aller le plus loin où il nous sera permis d’aller. C’est pour cela qu’en début de saison, je n’ai jamais réellement d’objectif. Les objectifs collectifs, c’est à nous d’aller les chercher par rapport à ce que l’on produira sur le terrain. En l’occurrence, il faut quand même être ambitieux. On verra jusqu’où le travail et l’ambition nous mèneront.

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Dynamique sur son banc, l’entraîneur orchésien pousse constamment ses joueurs – Photo : Doriane Michalak

“Cette équipe va monter en puissance”

Ludovic Pouillart, entraîneur du BC Orchies

Et pourquoi pas la Pro B ?

L.P : Je suis prêt à les pousser là où ils sont prêts à aller. À voir s’ils sont capables de pousser encore plus loin leurs capacités mentales et physiques. En tout cas, de mon côté, il n’y a pas de problèmes, je peux les pousser encore plus loin (sourire). Maintenant, il faut aussi faire attention à ce que tout le monde suive. Il faut trouver le juste milieu, mais s’ils sont prêts, on essaiera de pousser le plus haut possible et de s’ouvrir le plus de portes possibles. Je ne m’interdis rien !

Est-ce qu’il y a des formations que tu crains plus que d’autres dans ce championnat de NM1 ?

L.P : Craindre, non. Là où je peux être inquiet et me méfier, c’est que cela fait 6-7 ans que je suis parti de Nationale 1, donc il y a pas mal de joueurs que je ne connais pas. C’est embêtant, parce que j’aime bien le fait que quand mes joueurs arrivent sur le terrain, ils connaissent parfaitement l’adversaire et qu’il n’y ait pas de hasard. Il y a vraiment des joueurs dont je n’avais jamais entendu parler. Mon plus gros problème aujourd’hui, ça va être de me refaire une vraie bibliothèque des joueurs et des coachs adverses. On sait que certains entraîneurs ont une certaine identité, une philosophie de jeu. Du coup, il me faut beaucoup de temps et de travail pour me remettre au niveau.
Chaque équipe va avoir ses forces et ses faiblesses, qu’elles soient individuelles et collectives. À nous de trouver les solutions pour les amener dans leurs faiblesses. C’est pour cela que c’est très important de connaître ses adversaires. Ça passe par beaucoup de séances vidéo. Avec cette connaissance, je peux préparer mes joueurs à réagir et à être opérationnels le plus vite possible. C’est un réapprentissage de la division, mais je ne peux pas dire craindre, car moi-même, je demande à mes joueurs de ne pas craindre les adversaires.

L’année dernière, tu es arrivé à Rouen en mission sauvetage, en vain. As-tu des regrets sur le fait d’avoir accepté cette aventure ?

L.P : Pas du tout, c’était super enrichissant humainement parlant. Au contraire même, je n’en tire que du positif. De toute façon, quand je suis arrivé, il y avait 99,9 % de chances que le club descende. C’était sûrement bien trop tard pour essayer de faire quelque chose, mais la fin de saison a été hyper positive pour les joueurs et pour le club. J’ai redoré leur image et cela m’a permis aussi de rencontrer de nouveaux joueurs, et au-delà de ça, même des personnes. D’ailleurs, je suis encore très proche de certains, parce que l’on a passé de bons moments ensemble. 
Cela s’est également super bien passé avec le président, mais aussi les gens dans les bureaux. On s’entendait bien, on rigolait ensemble et cela faisait du bien dans une période sportivement compliquée. Le tout, même si tout le monde était conscient que la descente entraînerait une catastrophe économique pour le club. J’ai tissé des liens qui sont encore présents aujourd’hui, que ce soit avec les dirigeants ou les joueurs.
Enfin, en Pro B, je n’avais connu que le club de Gries, avec sa petite structure, sa petite salle. Le fait d’arriver à Rouen, cela m’a permis de voir un club d’une autre envergure, avec un budget avoisinant les 3 millions d’euros. J’ai pu découvrir l’envers du décor d’un « gros » club, avec ce qui allait et ce qui n’allait pas. Rien que pour cela, c’était hyper enrichissant.

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Le bilan de Ludovic Pouillart en ce début de saison est prometteur – Photo : Doriane Michalak

Qu’est que cela t’a apporté dans ta façon de coacher ?

L.P : Il fallait laisser les joueurs dans une motivation pour jouer les matchs, car ce n’est pas toujours facile quand on sait que l’on va descendre. Et pourtant, tout le temps où j’ai été là, ils n’ont rien lâché et ont tout donné. Ils ont toujours eu cette forme de respect envers moi, et j’ai essayé de leur rendre du mieux possible. On a tissé de vrais bons liens, c’était super positif en tant qu’entraîneur.

Depuis combien de temps es-tu entraîneur et qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer ?

L.P : Cela fait 15 ans que j’entraîne. Quand j’étais joueur, on me disait que j’étais un entraîneur sur le terrain. J’ai toujours aimé réfléchir le basket. Je trouve que c’est un sport très riche dans sa globalité, où on peut y faire beaucoup de choses. Mon choix d’entraîner s’est fait naturellement. J’ai arrêté ma carrière de joueur à 29 ans, car je n’étais plus en adéquation avec mes entraîneurs. J’avais déjà ma propre vision du basket. Quand on n’allait pas dans mon sens, j’avais le sentiment de tricher avec mes coéquipiers et mes entraîneurs. J’ai décidé de franchir le cap et de devenir entraîneur à ce moment-là. Je suis très content d’avoir pris cette décision, car c’était une certitude au fond de moi et j’ai pu mettre en place mes idées sur le terrain.

As-tu encore un rêve et si oui, quel est-il ?

L.P : J’adorerais coacher en Euro League. C’est à mes yeux la compétition référence, je pense qu’il n’y a pas meilleur basket au monde. J’aimerais coacher à l’étranger, c’est également quelque chose de très fort en moi. Je souhaiterais me confronter à des entraîneurs étrangers, même si je l’ai déjà fait par le passé en Pro B. Ce sont les deux rêves qui m’habitent vraiment. Je ne sais pas si c’est accessible, mais je l’ai dans un coin de ma tête. Après, j’en suis encore très loin, mais dans le sport d’aujourd’hui, la place de l’entraîneur n’est pas uniquement axée sur le sport.
Les spots d’entraîneurs sont très politisés, donc finalement, il n’y a pas que la valeur basket qui est prise en compte. J’ai déjà eu plusieurs propositions à l’étranger, en Allemagne, en Suisse et dans les pays de l’Est. Il se trouve que dans ma vie familiale, ce n’était pas le bon moment par rapport aux études et au développement de mes enfants (ils ont 11 et 14 ans). Je les ai priorisés dans mon choix de carrière, car ils font beaucoup de sacrifices, ils sont énormément exposés de par mon travail. Ce fut ma façon de leur donner quelque chose en retour. Je n’ai aucun regret, mais j’espère qu’un jour ou l’autre, le train repassera et que je saisirai cette opportunité.

En dernier lieu, cela serait de rencontrer celui qui est pour moi le Saint Graal des entraîneurs, Željko Obradović (actuellement entraîneur du Partizan Belgrade, et a notamment coaché Fenerbahçe, le Réal Madrid ou encore le Panathinaïkos). Si un jour, j’ai l’occasion de pouvoir échanger avec lui ne serait-ce qu’une heure, cela ferait de moi l’homme le plus heureux. C’est une vraie source d’inspiration pour moi. Je le vois comme au-dessus de tout le monde, car il invente des choses en permanence.

À Orchies, Pavel Clauzard avec Mathis Landais

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