À 21 ans, Marie-Julie Bonnin fait partie des très grands espoirs du saut à la perche féminin français. La vice-championne d’Europe junior 2019 s’est révélée lors de la saison estivale 2022 en remportant le championnat de France espoirs et en terminant à la deuxième place des France élite. Sans oublier les championnats d’Europe à Munich, où elle s’est qualifiée en finale et est allée, « chez les grands », chercher une 6e place et un record personnel à 4,55 m. Ces performances en 2022 lui auront permis d’entrer dans une nouvelle dimension. Une athlète à suivre de près.
« Une année de taré »

C’est grâce à ses copines que Marie-Julie Bonnin a commencé le saut à la perche. La perchiste de 21 ans s’est inscrite en classe de troisième, dans le club qui est toujours le sien aujourd’hui, le Stade Bordelais Athlétisme. « Je suis allée passer les tests en me disant que c’est fun. Toutes mes copines voulaient passer les tests. Moi, à aucun moment, je n’ai rêvé de faire du saut à la perche », raconte-t-elle. Déjà sportive, aujourd’hui en première année de master en école de commerce, elle s’est laissé prendre au jeu et a été sélectionnée.
Le début d’une belle aventure, même si elle n’imaginait pas où ça la mènerait. « Je me suis demandé dans quoi je m’embarque. Je vais sauter avec un bâton, ok pas de soucis », confie la perchiste. Avant de crever l’écran, « MJ », comme on la surnomme, aura connu des difficultés avant d’atteindre son meilleur niveau. « Au début, j’étais vraiment nulle, car je ne suis pas quelqu’un de technique, ça m’a pris du temps avant de pouvoir mettre en place quelque chose », explique-t-elle.
En 2022, Marie-Julie Bonnin vivra « une année de taré », comme elle l’affirme. Pourtant, elle débute par une saison en salle sans véritables coups d’éclats. Mais derrière ses résultats timides se cachent une longue préparation hivernale pour mieux briller en été. « Je pense que tout s’est mis en place l’hiver, j’ai changé de coach, je suis passé avec Damiel Dossevi et l’objectif était de reprendre de la confiance », admet MJ. Avec une amélioration de son record personnel à 4,21 m lors de la saison hivernale, et après avoir peiné quelques années à 4,16 m, « MJ » s’est révélée lors de la saison estivale. « L’été, tout a explosé. J’ai acheté de nouvelles perches et là, tout a été tellement plus simple », concède la Française.
Puis, tout s’est très vite enchainé pour la jeune Bordelaise avec les France Elite en juin, sans oublier les championnats d’Europe à Munich, en août. De fait, Marie-Julie Bonnin est la première surprise de cette folle ascension. « Si tu m’avais dit l’hiver dernier que j’allais finir en finale des championnats d’Europe, alors là, je t’aurais ri au nez », admet-elle. Des résultats fantastiques qui sont les bienvenus après quelques années difficiles, et qui ont une saveur bien particulière.
2023, de quoi faire encore mieux ?

À Roubaix, Marie-Julie Bonnin termine à la quatrième place du concours féminin. Le tout, avec un nouveau record personnel en salle fixé à 4,45 m. Un résultat qui ne la satisfait pas pleinement. « Franchement, c’est cool ! Mais ce n’est pas encore ça. Le problème, c’est que je me suis blessée à la cheville à la toute fin décembre et ça m’a complètement coupé dans ma prépa, alors que j’étais très bien. Je pense que j’aurais pu faire un truc bien plus haut », comme l’explique la perchiste.
Malgré cette blessure avant le début de la saison hivernale, « MJ » semblait monter progressivement en puissance durant le mois de janvier. D’abord avec une barre à 4,23 m au Star Perche de Bordeaux, le 15 janvier. Sans oublier, bien sûr, 4,35 m à Valence, le 22 janvier, aux championnats de la Méditerranée U23 en salle. D’ailleurs, ce concours a été conclu à une belle et formatrice deuxième place pour Marie-Julie Bonnin. « Je pense que mentalement, j’ai plus appris à Valence que tout l’été dernier. L’été dernier, c’était tellement facile et là, j’ai galéré. Ça fait du bien aussi, car j’ai kiffé », admet-elle.
Du plaisir, elle en a pris aussi à Roubaix avec sa quatrième place. « Au Perche en Or, j’ai kiffé. C’est le premier concours de la saison où j’ai kiffé. Des sauts où je ne maitrise rien, mais bon, ça passe, ça me fait du bien », explique la Française.
Les JO, un rêve si proche

« MJ » peut compter sur les autres perchistes françaises pour se surpasser. « On se tire vraiment vers le haut, on a toutes envie de donner le meilleur de nous-mêmes et on sait que ça nous fait du bien à toutes d’avoir des filles avec ce niveau-là », explique-t-elle. Des concurrentes sur la piste, mais qui restent de bonnes amies en dehors. Celles-ci ont toutes les yeux rivés vers un même objectif : les JO de Paris, dans un peu plus d’un an. Mais les Jeux sont déjà au bout de la perche pour Marie-Julie Bonnin, qui compte bien profiter de 2023 pour se préparer au mieux. « C’est l’occasion de prendre de l’expérience. Ce genre de concours, je n’en ai pas fait 36 000. Maintenant, il faut vraiment travailler pour les JO », confie Marie-Julie.
« Franchement, en France, on n’est pas à plaindre, au niveau ambiance, je sais que ça va être dingue » – Marie-Julie Bonnin
Après avoir goûté à sa première grande compétition internationale, à Munich, pour les championnats d’Europe, la Bordelaise se projette déjà sur les JO, à la maison. « Franchement, quand j’étais à Munich, j’ai vu tout l’engouement qu’il y avait autour des Allemands et c’est là que je me suis dit que c’est ça que je veux. C’était tellement fou, tout le stade était en folie et à Paris, ça risque d’être ça, vraiment ! », espère la perchiste. « MJ » compte bien jouer sa qualification pour Paris 2024, mais sait d’ores et déjà que les minimas vont être élevés et qu’il va peut-être falloir jouer sa place au classement. En tout cas, une chose est certaine, Marie-Julie Bonnin va mettre toutes les chances de son côté pour y arriver.