Accueil » Martin Fourcade, un roi devenu légende

Il vous a fait pleurer, vibrer ou encore vous a surpris, Martin Fourcade a tiré sa révérence à Kontiolahti en Finlande après de nombreuses années de carrière et des titres à profusion. Il restera dans l’histoire de son sport mais aussi du sport français par son charisme, sa générosité mais surtout son caractère hargneux qui l’a tant aidé pour remporter des courses. Retour de manière chronologique sur tous ses accomplissements de 2007 à 2020.

Une précocité qui tape dans l’œil

2 (Eurosport)

Son nom apparaît pour la première fois en 2007 à l’occasion des championnats du monde junior où il décroche la médaille de bronze avec le relais masculin, c’est d’ailleurs ce résultat qui lui permettra de décrocher une place en coupe du monde dès l’année suivante à Oslo. Pour la petite anecdote, il terminera 61e du sprint avec un 6/10 au tir, le début d’une longue aventure pour Fourcade au niveau international. Avant le début de saison 2008-2009, il rejoint l’équipe de l’Armée de Terre dont il fait toujours partie aujourd’hui, un moyen de préparer l’après-carrière mais aussi d’avoir le soutien d’une structure dans son projet sportif. C’est d’ailleurs cette année-là qu’il commence à pointer le bout de son nez avec deux top 10 et une 24e place au classement général, cette saison signera son avènement en équipe de France et la naissance d’un grand biathlète.
C’est le moment de l’année olympique qui prendra place à Vancouver au Canada (2010 pour rappel), tout commence pour le mieux pour Martin Fourcade qui se montre en forme dès le début avec plusieurs tops 10 malgré son jeune âge. Aux JO d’hiver, il réalise des performances honorables mais surtout il crée la sensation en terminant 2e de la mass-start avec la médaille d’argent acquise. La même saison, il décroche son premier podium en coupe du monde, un certain 13 mars 2010 sur le sprint de Kontiolahti ce qui restera une date marquante de sa carrière. Par la suite, il se retrouve à remporter trois courses et même à faire la course au gros globe de cristal, en vain puisqu’il terminera finalement cinquième du classement général avec 719 points.

Après sa deuxième saison complète en coupe du monde, les espoirs placés en lui sont désormais plus grands et cela ne va pas tarder à se confirmer ! Trois victoires mondiales cette année-là et une 3e place dans la quête du gros globe de cristal caractérisent sa saison, si ce n’est un détail qui marque à son âge. En effet, Fourcade est tonitruant aux championnats du monde et remporte même la poursuite devant Emil Svendsen (NOR) et son compatriote Tarjei Boe tout aussi précoce que le français à l’époque. Dans le même temps, il décroche 2 autres médailles sur le sprint et le relais mixte, deux courses où sa pointe de vitesse sur les skis lui permet d’être un redoutable adversaire.
Sa progression est exponentielle, il ne cesse de devenir de plus en plus fort et affiche même ses ambitions en voulant remporter le gros globe de cristal en 2012. Sa tâche s’annonce ardue mais il s’en acquitte avec dès le début de saison des succès notamment à Östersund (SWE), il est en condition optimale à la veille des mondiaux de Ruhpolding en Allemagne. Face à Svendsen sur le sprint, il est moins habile à la carabine mais pulvérise ses standards en ski et l’emporte avec 15 secondes d’avance, un titre qui en appelle d’autres. En effet, il réalise le triplé sprint/poursuite/mass-start et devient ainsi le troisième biathlète de l’histoire à obtenir une telle performance après son compatriote Raphaël Poirée et Ole Einar Bjorndalen (NOR). Pour finir en apothéose, il brille en Russie et rafle deux globes de spécialités en plus du gros globe, carton plein pour Martin !

Appelez-le monseigneur ou sire

3 (Le Figaro)

Rien ne l’arrête plus puisque de 2012 à 2018, il va s’adjuger sept fois d’affilée le classement général de la coupe du monde, il devient le recordman et établit une série consécutive stratosphérique qui a de quoi impressionner ! Entre temps, il s’essaye au ski de fond fin 2012 pour tenter de se qualifier pour les championnats du monde, il arrive à se qualifier mais décide finalement de ne pas y aller. Sans rentrer dans les détails, que retenir de Martin Fourcade pendant son règne écrasant ? Des émotions comme lors de l’individuel des mondiaux en 2013 qu’il remporte avec 24 secondes d’avance ou encore son grand chelem parfait avec tous les globes possibles remportés qui le fait rentrer encore un peu plus dans l’histoire et un cercle fermé de 4 biathlètes ayant déjà réalisé cette prouesse.
Nouvelle année olympique en 2014 avec des objectifs de médailles d’or à Sotchi (RUS). En grandissime favori, Martin Fourcade ne déroge pas à la règle mais débute mal avec une 6e place sur le sprint qui lui laisse un goût amer et un désir de revanche. C’est sans compter sur son mental de champion et sa hargne qui lui permettent de décrocher la poursuite avec brio, le poing levé vers son entraîneur Siegfried Mazet et son premier titre olympique à 25 ans ! Par la même occasion, il égale le descendeur Jean-Claude Killy qui lui aussi avait remporté deux titres en une olympiade, lui qui s’était adjugé deux médailles d’or à Grenoble en 1968. C’est avec l’individuel qu’il remporte son deuxième titre olympique et un 19/20 à la carabine, il distance sur la piste Erik Lesser (GER) et Evgeny Garanichev (RUS). Au total, il cumule quatre médailles aux Jeux Olympiques d’Hiver et devient ainsi le sportif français le plus médaillé de l’histoire des olympiades hivernales. En fin de saison, il s’adjuge encore un nouveau globe de cristal qui récompense une saison qu’il a dominé de la tête et des épaules.

Lors de l’année 2014-2015, il est victime d’une mononucléose au sortir de l’été mais revient en forme par la suite et fin prêt pour la reprise de la coupe du monde de biathlon. Mais ce n’est pas une blessure comme celle-là qui va l’arrêter, il court vers son 4e gros globe et devient le seul biathlète de toute l’histoire à en remporter quatre de suite. La saison est suivante est d’autant plus belle que c’est à ce moment-là qu’il signe un second grand chelem ô combien mérité après des performances solides aussi bien sur les skis qu’au tir qui laissent sans voix ses principaux adversaires. Il égale à l’âge de 27 ans le record de 44 victoires en coupe du monde de son ami Raphaël Poirée, record qu’il va pouvoir améliorer pendant de longues années encore et notamment à l’issu des championnats du monde d’Oslo en 2016. En Norvège, il réalise le quadruplé et abasourdit Tarjei Boe à domicile qui se retrouve dominé et impuissant face au règne du français même sur des terres qui lui sont « hostiles ».

Parti par la grande porte

4 (L'Est Républicain)

Son règne se poursuit mais se stoppe en 2019, l’insolent et jeune Johannes Boe interrompt sa série folle de sept globes de cristal consécutifs. Pourtant, Fourcade l’avait vu venir dès 2017, lui qui commençait à se mêler à la lutte et à poser quelques problèmes au français même si ce dernier reste indomptable et toujours le meilleur. La « roue tourne » comme l’on pourrait dire et le vent souffle en direction de la Norvège, la saison 2018 est très disputée et voit le petit frère de Tarjei Boe lui disputer le classement général jusqu’au bout. Les victoires s’accumulent pour le norvégien mais Fourcade conserve la tête et établit une série incroyable de 15 podiums en 15 courses sur une saison et 18 à cheval sur la précédente, de quoi entamer avec enthousiasme les Jeux Olympiques de Pyeongchang en Corée du Sud !
Ces JO d’hiver vont s’avérer bons mais difficiles dans un premier temps avec un sprint raté et de nombreuses fautes sur le pas de tir, Arnd Peiffer (GER) est sacré et Fourcade laisse éclater sa frustration, il ne peut que remonter à la surface ! Dès le lendemain, il triomphe sur la poursuite avec un 19/20 et brandit le poing vers le clan français, rassuré mais pas rassasié car il ne fait « qu’égaliser » Jean-Claude Killy avec 3 sacres olympiques en carrière. Nouvel échec sur l’individuel avec une 5e place et la victoire de son plus grand rival Johannes Boe (NOR) ce qui lui laisse un goût amer important. Néanmoins, il sonne le glas sur la mass-start et doit jeter son ski pour battre Simon Schempp (GER) pour seulement 14 centimètres ! Cinquième titre aux Jeux pour lui en comptant le succès sur le relais mixte et un nouveau record français aux JO d’hiver, il se classe également dans le top 3 de médailles d’or Jeux d’hiver et d’été confondus. Il s’avère que ce sont ces derniers JO après l’annonce de sa retraite en 2020…

La même année il réalise le grand chelem et s’adjuge son 7e gros globe de cristal, cependant ce sera son dernier avec l’avènement de Johannes Boe et des méformes physiques à répétition. En 2019, le norvégien renverse la situation et possède même 117 points d’avance sur Martin Fourcade au classement général à la mi-décembre ! Le mal est tellement profond pour le français qu’il repartira bredouille des mondiaux d’Östersund (SWE) avec aucun podium et des déceptions intenses qu’il ne sera pas près d’oublier. Logiquement, Boe réalise le grand chelem et relègue Fourcade très loin, ce dernier s’interroge sur son avenir mais décide de prolonger. En 2020, il brise néanmoins la malédiction avec un succès sur l’individuel d’Östersund fin 2019, plus d’un an après son dernier succès en coupe du monde. Après sa victoire sur la mass-start d’Oberhof (GER), il reprend le dossard jaune de leader au général en l’absence de Boe qui est auprès de sa femme qui va accoucher. Pendant son absence, Martin Fourcade sème et récolte les victoires pour prendre une option sur le gros globe de cristal après l’avoir concédé l’année précédente.
Mais Boe est tonitruant dès son retour et revient très proche du français, lui qui annonce sa retraite sportive la veille de la mass-start de Kontiolahti (FIN) à huis clos pour cause de pandémie. Cela lui permet d’être plus serein et le jeu en valait la chandelle : succès pour Martin Fourcade qui part non seulement par la grande porte mais surtout qui laisse une trace indélébile dans son sport à l’échelle française et mondiale ! Johannes Boe remporte le général pour 2 petits points mais l’essentiel n’est pas là, Fourcade ne part pas dans l’ombre et s’offre un dernier jubilé en Finlande, 10 ans après sa première victoire ici même.

Que retenir du mythe Fourcade ?

5 (Paris Match)

Martin Fourcade, c’est celui qui a permis à la médiatisation et la démocratisation du biathlon en France notamment avec la Chaîne l’Equipe qui a mis en place un dispositif de plus en plus important autour de la coupe du monde. De plus, il est celui qui a quitté un podium en 2017 à Hochfilzen (AUT) car le russe Alexander Loginov y était, lui qui revenait de suspension pour dopage ce que le français n’a guère apprécié. Sa renommée a contribué à la création d’une étape mondiale à Annecy-Le Grand Bornand qui s’est avérée être un réel succès dans le temps renouvelé dorénavant assez régulièrement.
À qui doit-il sa réussite ? Son entourage le plus proche à commencer par son frère Simon Fourcade, toujours là pour lui et avec qui il a vécu de grandes émotions mais aussi son staff et Siegfried Mazet, aujourd’hui avec la Norvège mais qui a été présent dans de nombreux moments forts de la carrière de Martin. Maintenant, le français doit s’atteler à une reconversion mais une chose est sûre, sa légende perdurera et son mythe restera gravé !

Crédits photos : RTL, Eurosport, Le Figaro, L’Est Républicain et Paris Match

 

Pavel Clauzard – 6 avril

(1 commentaire)

  1. Il ne faut pas oublier la médaille d’or qu’il devrait avoir sur les JO de Vancouver le russe ayant été contrôlé positif, le dommage c’est que ça prenne autant de temps pour s’en apercevoir. Jamais je n’oublierai Martin qui m’a fait découvrir le biahlon , je suis devenue accro. 😁😁😁

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