« Living in America, Got to have a celebration ». À l’instar des paroles de la chanson phare de James Brown, c’était la fête à Miami. Un show à l’américaine, à base de superstars, de fausse marina ou encore d’escorte policière jusqu’au podium, a animé le dernier week-end de course. Premier grand prix sous les palmiers de Miami et seconde victoire d’affilée de Verstappen après Imola, le week-end fût mouvementé de l’autre côté de l’Atlantique.
« IT’S MIAMI BABY » : LES SPÉCIFICITÉS DU PETIT NOUVEAU DU CALENDRIER

C’est autour du Hard Rock Stadium, domicile des Miami Dolphins en football américain, qu’a émergé l’Autodrome International de Miami. Sous les palmiers de la ville américaine, le tracé se caractérise par un dernier secteur particulièrement sinueux et passant même sous l’autoroute, avant que le tour ne s’achève par une grande ligne droite. Dans les stands, une chicane oblige les pilotes à ralentir à leur entrée dans la voie. Si les organisateurs ont voulu impressionner avec le tracé, pas assez pour Valtteri Bottas qui déclarait que « rien n’égalerait jamais Monaco », les innovations sont aussi hors-piste. Par exemple, des yachts ont été regroupés et disposés autour du circuit, non pas sur de l’eau, mais sur une toile à motif aquatique, constituant ainsi une fausse marina. Aussi, des télécabines survolent non pas une vallée enneigée, mais bien la piste.
Les stars, dont la liste des invités VIP a rarement été aussi longue, faisaient également partie de l’attractivité du lieu. David Beckham, Michael Jordan, Tom Brady, Blaise Matuidi, les sœurs Williams ou encore Pharell Williams, c’est bel et bien DJ Khaled qui a le mieux résumé l’ambiance du lieu au micro de la télévision anglaise. « Ici, c’est Miami baby ! On est chez moi. On a le soleil, de très grandes stars, de la F1 : c’est un magnifique évènement ». Le cadre est posé, place au spectacle en piste où les pilotes ont dû faire abstraction de la cohue du paddock.
LECLERC ET VERSTAPPEN DE NOUVEAU À LA BATAILLE

Ces deux-là sont bien partis pour se battre à chaque GP. Cela n’a pas manqué à Miami. Avantage à Charles Leclerc, qui, avec un temps de 1:28.796, signe la pôle position. Il est suivi de son coéquipier Carlos Sainz. Max Verstappen, qui s’est raté dans son dernier tour lancé, s’élance troisième devant Sergio Perez. La première ligne est donc 100 % Ferrari, la seconde est 100 % Red Bull. Dès les qualifications, les deux Ferrari réussissent à déjouer le principal pronostic en leur défaveur : la vitesse de pointe nécessaire dans la grande ligne droite du circuit. Depuis le début de saison, la vitesse de pointe de la Red Bull étant supérieure à la monoplace italienne, voilà que les Ferrari se décomplexent et s’installent en première ligne. À partir de là, le plan établi par la Scuderia est aisément devinable : Carlos Sainz doit protéger Charles Leclerc pour que celui-ci s’échappe et crée un écart suffisant avec les Red Bull.
Seulement, au départ, Max Verstappen dépasse Carlos Sainz dès le premier virage. Puis, dès le neuvième tour de course, il s’en prend au pilote monégasque et s’empare de la tête de la course. Rien, ni même le retour dans la zone de DRS de Charles Leclerc après l’effacement de la Safety Car, ne délogera Max Verstappen de sa première place. Privé de boisson durant la course, déshydraté à l’arrivée et ayant perdu trois kilos sur les 57 tours que comptait le grand prix, c’est un pilote exténué qui enfile son casque de football américain et monte sur le podium en vainqueur. Seconde victoire d’affilée pour le Hollandais à la suite d’Imola. Leclerc est second, Sainz est troisième.
JUSQU’AU DRAPEAU À DAMIERS, UNE FIN DE COURSE MOUVEMENTÉE

La fin de semaine américaine débutait pourtant bien pour Lando Norris. Le pilote britannique avait amusé les réseaux sociaux en présentant un casque spécialement conçu pour l’étape aux USA. À l’effigie d’un ballon de basketball en temps de playoffs NBA, les internautes et fans de Formule 1 ont apprécié le brin de folie du sportif. Seulement, sa course prit fin prématurément. À 16 tours de l’arrivée, Lando Norris est à la bataille dans le peloton. Visiblement en perdition, Pierre Gasly s’écarte de la trajectoire au virage 18. Incompréhension ou inattention partagée des deux pilotes, voilà que la roue avant gauche de l’AlphaTauri vient percuter la roue arrière droite de la McLaren. La roue se voile, le pneu s’arrache et s’en va rouler sur la piste. Abandon immédiat pour le Britannique, plus tard imité par le Français. La Safety Car est de sortie.
À la relance, c’est le bon coup qui se profile pour Sergio Perez. Quatrième, il a les deux Ferrari devant lui avec des pneus hard usés, quand lui est rentré aux stands pour en chausser des softs toutes neuves. L’affaire reste du moins difficile et pousse Sergio Perez à retarder son freinage au premier virage du 52e tour. C’en est trop. Il tire tout droit et le contact est miraculeusement évité avec Carlos Sainz. Il terminera derrière les deux Ferrari. Quelques tours plus tard, le contact ne peut être évité entre Vettel et Schumacher. Le pilote Haas semble apercevoir une ouverture au premier virage et s’y engouffre. Mauvaise opération puisque Vettel, ne s’y attendant pas, utilise la trajectoire ordinaire. Contact entre les deux amis. Le fond plat de l’Aston Martin est sérieusement endommagé et pousse le quadruple champion du monde à abandonner.
LES MERCEDES SE BATTENT EN PISTE, QUAND ALPINE ACCUSE LE COUP

Malgré son élimination en Q2 et sa 12e place, le pari gagnant de George Russell en course lui a permis de remonter à hauteur de son coéquipier Lewis Hamilton. Le choix de chausser des pneus hard et d’aller le plus loin possible avec, avant de s’arrêter aux stands, était donc la stratégie du côté de George Russell. Il ne tarde pas même à prendre la radio pour proposer d’aller encore plus loin dans son premier relais : « Pourquoi est-ce qu’on ne continuerait pas comme ça en attendant une Virtual Safety Car ou une Safety Car ? ». Une vision partagée avec la passerelle de commandement Mercedes et voilà que le pari se concrétise quand Norris et Gasly s’accrochent, faisant entrer en piste la Safety Car. À la relance, c’est donc une lutte pour la cinquième place qui s’entame entre les deux coéquipiers Mercedes, duel assez rare en ce début de saison. Très vite, Russell se rapproche puis double une première fois le septuple champion du monde. Il doit néanmoins rendre la position car le début de son dépassement était au-delà des limites de la piste. Ensuite, le jeune pilote récidive et dépasse enfin son coéquipier. À l’arrivée, il est cinquième et devient ainsi le seul pilote à avoir systématiquement terminé dans le Top 5 depuis le début de la saison.
Du côté d’Alpine, le sentiment est mitigé. Fernando Alonso a d’abord été visé par une pénalité de 5 secondes pour avoir, à la mi-course, tenté un dépassement trop impromptu sur Pierre Gasly. Malgré sa défense à la radio, (« Je crois qu’il a fermé la porte trop tard »), il écope de la sanction. Puis, à la fin du grand prix, il reçoit de nouveau une pénalité de 5 secondes pour avoir gagné du temps en coupant deux virages. Une seconde sanction « difficile à accepter » pour Laurent Rossi, qui regrette ne pas voir ses deux monoplaces dans les points et pointe du doigt le manque de chance de l’Espagnol. Il peut néanmoins se consoler du fantastique résultat d’Esteban Ocon. Parti dernier, après n’avoir pu prendre part aux séances de qualifications du fait d’une monoplace trop endommagée le matin même, le Normand est remonté pour finir huitième.
STEINER DÉÇU, ALBON ET STROLL SATISFAITS

« On était en mauvaise place en qualifications. Tout le monde s’est ressaisi, mais à dix tours du final, tout est parti en fumée. On aurait pu mettre les deux voitures dans les points et c’est une opportunité gâchée. Je suis très déçu ». Ce sont les mots de Günther Steiner, team principal de Haas à l’arrivée du GP de Miami. Après un début de saison fantastique où l’écurie a bien performé, surtout quand l’on sait les difficultés qu’elle éprouvait en 2021, le coche est difficile à maintenir pour ses deux pilotes. L’entièreté des points ayant été inscrits par Kevin Magnussen, Mick Schumacher aurait pu inscrire ses premiers points ce week-end-là. C’est d’ailleurs ce qui allait se passer sans l’accrochage avec Vettel. Pour lui qui témoignait son impatience d’ouvrir son compteur en F1, il devra attendre encore un peu.
Du côté de Williams et d’Aston Martin, l’heure est à la fête. Parti 18e et arrivé 9e, Alexander Albon a eu gain de cause en se colorant les cheveux en rouge. Une très bonne course de sa part qui permet, comme en Australie, de décrocher quelques unités de manière inattendue. Pour Lance Stroll et son Aston Martin, voilà le second week-end consécutif où les points sont inscrits. Après Imola, c’est à Miami qu’il finit dixième, après être parti quinzième.
Miami sera de retour en 2023 avec, comme l’ont déjà affirmé les organisateurs, plusieurs évolutions comme l’asphalte, principale plainte des pilotes au début du week-end, en plus d’une sécurité pouvant être améliorée. C’est un double-header qui attend maintenant la Formule 1 avec l’enchaînement Barcelone – Monaco. D’ici là, nos vemos en Barcelona !
Crédits photos : Motors Inside, Motorsport, DHnet, Independant, Eurosport et F1 Network