À Fukuoka, la natation française a connu un moment d’histoire. Quatre médailles d’or individuelles en une édition : un record. L’artefact de ce succès est un jeune homme de 21 ans qu’est Léon Marchand. Celui qui a décroché 3 titres individuels rentre dans l’histoire de la natation. À ses côtés, Maxime Grousset s’est lui aussi imposé pour décrocher son premier titre international. Toutefois, derrière ces performances, d’autres Tricolores ont éprouvé davantage de peine à se démarquer. Plongeon dans cette semaine unique pour la natation française.
Une semaine mémorable pour Léon Marchand

Les observateurs réguliers le connaissait déjà, les autres l’ont découvert. Une chose est sûre, Léon Marchand sur le monde de la natation, mais aussi sur celui du sport français. Vainqueur des trois courses sur lesquelles il était engagé, le jeune homme de 21 ans a arrosé la planète natation de son talent. Sur le 400 m 4 nages, il bat le dernier record en activité de la légende Michael Phelps. Un record vieux de 2008. La couronne a changé de tête et la natation a un nouveau roi. Mais résumer les mondiaux de Léon Marchand à cette performance serait une grosse erreur. Il ne faut en aucun cas omettre ses deux autres exploits sur 200 m papillon et 4 nages. Deux épreuves sur lesquelles il s’est imposé.
En l’absence de Kristof Milák, recordman du monde sur 200 m papillon, le champ était libre pour le Français. Sans que la voie lui soit royale pour autant. Opposé à des adversaires du calibre de Tomoru Honda (JAP), Léon a dû s’employer et s’est appuyé sur son point fort pour gagner, à savoir ses coulées. Celles-ci lui permettent de reprendre de l’avance sur ses adversaires à chaque virage. Cet avantage notable lui donne l’opportunité de tirer son épingle du jeu. Depuis qu’il a rejoint Bob Bowman, ex-mentor de Michael Phelps, Marchand travaille davantage cette phase de nage. Par ailleurs, cela lui forge quelques ressemblances avec la légende de la natation, sans pour autant en devenir la copie conforme.
Dans les pas de Phelps, Marchand trace sa route
Les deux athlètes ont également leur lot de dissimilitudes. Là où l’Américain arborait un physique plus large et nageait plus en force, le jeune Français est lui plus fin et plutôt technique. La brasse, qui est la nage la plus technique, illustre parfaitement cela. Michael Phelps a toujours éprouvé plus de difficulté sur cette nage qui requiert de la technique, tandis que c’est celle de prédilection du Toulousain. En brasse, Marchand a profité de l’expertise de Bob Bowman pour la transformer en une véritable arme. Pour illustrer cette théorie, il suffit d’observer les chronos réalisés par les deux athlètes sur la partie brasse du 400 m 4 nages. En 1:07.6, le nageur de 21 ans colle près de 3 secondes au record de Phelps (1:10.5). Un écart important sur seulement 100 m.
C’est grâce également à cette nage que Léon Marchand a remporté le 200 m 4 nages. Au même niveau que ses adversaires directs aux 100 m, il se détache lors du 50 m brasse et file vers la victoire. Son 3è titre de ces mondiaux, le cinquième de sa carrière. Le couronnement d’un nouveau roi. À seulement 21 ans, il nage dans les vagues de la légende de son sport, tout en traçant lui-même la sienne.
Maxime Grousset confirme sur le 100 m nage libre …

Il ne faut pas pour autant associer les championnats du monde des Tricolores uniquement à Léon Marchand. À ses côtés, Maxime Grousset a également brillé. Le Néo-calédonien rentre du Japon avec trois médailles dans ses bagages dont une en or. Une première pour lui. D’abord sur le 50 m papillon où il domine les series et demi-finales, avant de terminer seulement troisième. Une déception pour le protégé de Michel Chrétien.
Après un parcours moins aisé sur l’épreuve reine, le 100 m nage libre, Grousset arrive en finale avec le 7e temps. Exilé sur la ligne extérieure, il fait sa course seul, sans se soucier de ses rivaux, et termine de nouveau troisième. Même métal, mais saveur différente. Cette fois, le nageur de 24 ans savoure sa breloque. À un an des Jeux Olympiques, il est sur le podium mondial du 100 m nage libre qui est une épreuve olympique, contrairement au 50 m papillon qui ne l’est pas. Mais son véritable coup d’éclat reste le 100 m papillon.
… et s’affirme sur le 100 m papillon
Alors qu’il n’avait jamais réellement disputé cette épreuve au niveau internationale, Maxime Grousset s’aligne sur cette distance aux championnats de France en juin. À ce moment-là, personne ne s’attend à le voir décrocher son ticket pour les Mondiaux, encore moins de réaliser la 2e meilleure performance mondiale de la saison. À Fukuoka, il doit se décider entre le 100 m papillon et le 50 m nage libre, deux épreuves sur lesquelles il est engagé. Or, afin de maximiser ses chances, il doit faire un choix et ne nager qu’une seule de ces 2 distances. Certes deuxième meilleur performeur de la saison sur 100 m papillon, il est aussi médaillé des derniers championnats du monde sur l’aller simple (3e). Son choix se porte finalement sur l’aller-retour en papillon. Osé, étant donné qu’il n’a jamais performé sur cette distance au niveau mondial.
Finalement, il montre qu’il avait raison en s’imposant avec la cinquième meilleure performance mondiale de tous les temps. Son premier titre international après avoir été un habitué des places et médailles d’honneur. Une confirmation qui le place parmi les athlètes à surveiller l’été prochain aux Jeux Olympiques de Paris 2024.
Les déceptions individuelles
Toutefois, tout n’a pas été parfait pour l’équipe de France lors de ces Mondiaux. À commencer par les résultats chez les femmes. Seulement trois finales individuelles avec comme meilleur résultat une quatrième place pour Anastasiia Kirpitchnikova sur le 1500 m nage libre. Vice-championne du monde du 100 m papillon l’été précédent, Marie Wattel n’aura pas fait mieux qu’une sixième place sur la distance. Mais la nageuse se concentre déjà sur les Jeux Olympiques l’année prochaine. Sa compatriote Mélanie Hénique, également médaillée d’argent des derniers Mondiaux, termine 8e du 50 m papillon. Un résultat compliqué pour l’une des capitaines de l’équipe de France.
Un autre capitaine qui est passé au travers : Florent Manaudou. Pourtant auteur du meilleur chrono de la saison sur 50 m nage libre aux championnats de France, il se saborde en demi-finale et termine 12e. Un échec pour le triple médaillé olympique qui visera mieux que cela l’été prochain à Paris à l’occasion de sa quatrième olympiade.
Les relais en manque de profondeur

Les relais auront également connu un passage à vide. Pas de podium et seulement trois finales au compteur. Le meilleur résultat reste la 4e place du relais 4×100 m 4 nages messieurs, porté par Maxime Grousset sur le papillon. Mais sur l’épreuve reine des relais, le 4×100, ni les équipes masculines, ni féminines tricolores ne se sont qualifiées pour la finale. Elles ratent par la même une occasion d’assurer leur place aux Jeux Olympiques de Paris l’été prochain.
Ces résultats en dents de scie reflètent un des enjeux de cette équipe de France : le manque de profondeur. Là où des nations comme les États-Unis ou l’Australie peuvent se permettre de se passer de leurs nageurs phares en séries, les remplaçants de l’équipe de France ne sont pas au même niveau. Ce manque de nageurs au niveau est la raison pour laquelle il y avait peu de relais français en finale. Un point à améliorer avant la répétition tant attendue dans un an à Paris.