Accueil » Nos favoris pour le Tour de France 2020

Dans quelques jours, ce qui s’était arrêté brusquement et amèrement fera sa grande rentrée. Mais cette fois-ci, avec du retard. La Covid-19 n’a guère épargné le Tour de France. Prévu initialement du 27 juin au 19 juillet, il a été ajourné au moment de la rentrée scolaire, du 29 août au 20 septembre. Cette Grande Boucle aura le visage masqué de l’inédit. Elle ne sera toutefois pas inodore puisque pendant le confinement, certains organismes ont pu souffler et se préparer à la conquête de la belle toison d’or qui a fêté récemment ses 101 ans d’existence. Il ne nous reste plus qu’à attendre l’heure de départ. Bientôt, nous pourrons embarquer à bord du train et vibrer avec les acteurs. Aujourd’hui, Les Reporters Incrédules dressent une liste des différents favoris pour ce spectacle pré-automnal. Nombreux sont les prétendants au Graal et nombreux sont ceux qui voudront s’identifier dans cette foire des prétendants. Mais assis sur le trône depuis plus d’un an, le jeune Egan Bernal saura-t-il contenir cette vague conquérante ?

Thibaut Pinot, le déterminé

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Son jour de gloire est-il désormais arrivé ? Les années passent et semblent, au fond, se ressembler. Le Tour de France 2019 aurait pu raviver la flamme, mais l’orage, survenu en fin de parcours, l’a éteint d’une seule traite. Retour à la case départ. Mais Thibaut Pinot est un obstiné. Il ne lâche l’affaire que lorsqu’elle est inutile. Et pour le coup, ce n’est guère le cas. Comme l’an passé, il arrive sur la ligne de départ avec le statut de favori, et ses concurrents devraient l’observer des deux yeux. Il sera dans la course. Il ne laissera rien au hasard. Avec un parcours qui ne favorise pas l’attentisme, Pinot pourra mettre en œuvre son talent d’attaquant. C’est désormais devenu une évidence : c’est l’année ou jamais. Thibaut Pinot aura à cœur d’offrir aux Français ce qu’ils attendent impatiemment. Car pour ceux qui ont assisté au dernier sacre de Bernard Hinault, l’attente est longue.

Egan Bernal, l’imperturbable

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Pour aborder la Grande Boucle, il faudra demander conseil à Chris Froome. Mais, il faudra bien être à l’écoute et ne pas se tourner, par la suite, vers Geraint Thomas. Car pour défendre un titre, ce dernier n’est pas le meilleur des conseillers. Avant son départ pour la Israel Start-Up Nation, Chris Froome pourra bien révéler des anecdotes fondamentales à son poulain Egan Bernal. Ce serait la moindre des choses n’est-ce-pas ? Après tout, Bernal pourrait s’en passer. Il est jeune et, en tant que colombien, n’éprouve quasiment aucune difficulté face à un fort enchaînement montagneux. Si certains pensent que, sans la terrible blessure de Pinot, il n’aurait pas remporté le Tour de France, Egan Bernal a bien le portrait de l’homme voulant défendre ardemment son bien. Le parcours, tracé pour les purs grimpeurs, jouera à son avantage. Même si son équipe, tant métronomique que dévastatrice à certains instants, peut l’emmener sur les sommets, Bernal est aussi et surtout un solitaire. Et ce caractère a été brillamment mis en exergue l’an dernier.

Primoz Roglic, le contrepoids

4 (Le Soir)

Ce parcours à l’accent espagnol satisfera à coup sûr Primoz Roglic. Un parcours favorisant la moyenne montagne et les cols abrupts. Une Vuelta à la mode française en somme. Entre Roglic et l’Espagne, l’histoire d’amour a débuté récemment avec son tout premier sacre en grand tour, annonçant ainsi son arrivée formelle parmi les grands. Néanmoins, le Tour de France s’avère être le niveau supérieur, le niveau que de nombreux coureurs aimeraient dompter aisément. Roglic est-il fin prêt pour affronter cela ? Accompagné par Kruijswijk et Dumoulin, dont leur rôle reste encore à définir, le coureur slovène pourrait bien inverser la tendance et combattre valeureusement le Team Ineos, comme il a su le faire en 2018. Mais l’édition 2020, aussi atypique qu’elle soit, est au coeur de sa saison. Elle forme le point central de toute une carrière.
Parce que les années passent et que Roglic n’est plus de ceux qui sont à ignorer. Avec son bloc néerlandais jouant ainsi le contrepoids de l’hégémonie britannique, Primoz est depuis longtemps dans la cour des grands. Heureusement, il en a conscience et fera tout pour honorer son statut. Même si l’absence d’épreuves individuelles pourrait ouvrir une plaie, Roglic a cette capacité que peu de coureurs ont : il est complet. Hier, il ne lâchait jamais son arbalète. Aujourd’hui, il récupère les armes et le bouclier.

Nairo Quintana, le conquérant

5 (Le Progrès)

Il se sent tout à son aise dans la belle Bretagne. Dans le calme, dans la quasi-solitude et dans la sérénité. Il semble s’être refait une seconde jeunesse. Le Quintana d’il y a quelques années semble désormais être de retour. Celui qui avait tant brillé sur les routes du Tour, mais aussi sur celles du Giro et de la Vuelta, se relève après ses dernières années difficiles au sein du controversé et conflictuel Team Movistar. Avant que la Covid-19 ravage le monde entier, Nairo Quintana brillait. Mais un confinement plus loin, le doute plane. Est-il encore sur cette lancée ? Peut-il être un grand acteur de la prochaine Grande Boucle ? À Nice, Nairo Quintana devra se préparer à affronter ce qu’il y a de plus ambitieux devant lui. Cet objectif qu’il n’a toujours pas réussi à s’approprier. Oui, le Tour de France sera la grande statue de sa saison particulière. Et pour y parvenir, il sera sérieusement épaulé par son équipe, Arkéa Samsic. Elle sera vouée à sa cause, répondra présente dans les mauvais moments et se pliera à ses moindres désirs. Pour Nairo, cette configuration est assez inédite…

Et les “autres” alors ?

6 (La Dépêche)

Ne retenir que ces quatre personnalités serait une erreur. L’an dernier, Buchmann est parvenu à accrocher un top 5 tandis que Steve Kruijswijk terminait sur la troisième marche du podium. Pour ces deux-là, il faudra confirmer lors du cru 2020. Mais Kruijswijk sera-t-il dans les mêmes conditions ? Aucunement. Roglic est présenté comme la carte principale de l’émergent Team Jumbo Visma. Tom Dumoulin sera, lui aussi, dans les parages. Et compte tenu de ses dernières performances, sa présence en France ne sera guère fantomatique. Ou du moins, fantomatique dans le sens le plus terrifiant et méfiant du terme. Car la Jumbo n’est pas au Tour de France pour faire des randonnées à la montagne. Et encore moins pour acheter une Tour Eiffel en miniature. Il sera présent, plus armé que jamais, pour gagner. Et seul le maillot jaune constituera le butin de guerre.
Cependant, le Tour de France ne se résumera pas à une confrontation bilatérale Jumbo-INEOS. D’autres équipes seront présentes. Un an après avoir testé timidement le Paris-Nice, Miguel Angel Lopez retentera sa chance avec la France. Il tentera vaillamment d’effacer des performances de 2019, en deçà des attentes. Des performances qui ont été notamment troublées en Espagne par l’essor fulgurant du jeune et intrépide Tadej Pogacar. Ce dernier sera d’ailleurs présent sur la ligne de départ à Nice. Après être monté sur la troisième du podium lors de la Vuelta, Pogacar ne voudra pas en descendre, même pour la logique de la Grande Boucle. Dans la pire des situations, il pourrait effectivement faire le choix… De monter.

Alors qu’il voulait boycotter la Grande Boucle, Romain Bardet fait du rétropédalage et s’engage de nouveau à combattre pour ses couleurs. Julian Alaphilippe aura la lourde tâche de faire mieux que l’an dernier. La tâche s’annonce pour le moins rude et fastidieuse. Car s’il souhaite réellement mieux faire, il devra remporter cette Grande Boucle. Assez compliqué tout de même, mais l’espoir fait vivre dira-t-on.
La Movistar devra amorcer son nouveau départ. Avec Valverde comme éternel chef de file, la formation espagnole va montrer un nouveau visage. Quel seront néanmoins ses traits ? Seront-ils rajeunissants ou vieillissants ? Une question, une seule réponse. Et pour ce qui démarrera dans quelques jours, la sérénade demeure similaire dans la forme. Le Tour sera-t-il passionnant ou simplement assommant ? Son vainqueur changera-t-il de visage ? Pourrait-il refléter avec ceux qui se sont illustrés durant la dernière décennie ? De nombreuses questions donc. Les réponses ne vont pas réellement de soi. Mais au fond, ce qui a toujours été comme un dogme ne sera en aucun cas renversé par le changement de décennie. Car ce dogme est inébranlable et acquis par tous. Parce qu’il est simple et sans emphase. Il est ainsi posé sur la table. Et Christian Prudhomme, du haut de sa chaise d’arbitre, ne tardera pas de le rappeler. C’est sa fierté. C’est notre fierté. Lorsqu’un Tour commence, une histoire s’écrit.

Crédits photos : L’Est Républicain, Francetv sport, Cyclingnews, Le Soir, Le Progrès et La Dépêche

 

Antonin Fromentel – 15 août

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