Accueil » Olivier Dall’Oglio, le génie incompris

Il y a des soirs où les fans de football sont agacés, des soirs où on ne comprend pas pourquoi les joueurs n’ont pas fermé la boutique, pourtant conscients des risques. Pour certains, « spectacle » et « victoire » représentent l’exemple type de l’antagonisme, un fantasme illusoire. Pour d’autres, les assembler en est un devoir. Olivier Dall’Oglio, natif d’Alès, est l’un des leurs, de ceux qui jouent avec le cœur. Magicien et grand technicien, découvrez ses talents d’artiste.

QUI EST DALL’OGLIO ?

Dès son nom de famille, ODO comme on l’abrège, fait dans l’originalité. En 1982, le sudiste dévoile déjà ses valeurs en s’engageant dans son club de cœur. L’Olympique d’Alès anime les week-ends de cette ville de 39 500 habitants dont il a été acteur pendant huit ans. Latéral droit, il marque quatre fois en 212 matchs, dont 197 en Ligue 2, que l’on appelait D2 à cette époque. L’Olivier perd alors son soleil natal et s’installe en Alsace. Il participe à 64 rencontres à Strasbourg avant de revenir en terre promise, à Perpignan. Mais à partir de 1993, l’heure de concrétiser le talent démontré a sonné. Dall’Oglio signe à Rennes et connaît 27 titularisations achevées par une promotion, le SRFC retrouve l’élite du football français. L’exigence monte d’un cran, ODO passe sur le banc, devancé par un certain Patrice Carteron qu’il recroisera à Dijon. Le 30 mars 1996, c’est à Nice que le joker breton fait connaissance avec les risques du métier. À 32 ans, retour à la case départ. Les ligaments croisés ont lâché, Alès pour le relancer. Une carrière singulière, au destin incertain. 
De 1997 à 2008, cet amoureux du football vit sa passion autrement, par l’entraînement. Passé par la réserve d’Alès, de Nîmes, de Troyes, il éclot finalement à Dijon, adjoint d’un certain Carteron. En 2012, il prend les commandes du DFCO qui vient de descendre en Ligue 2. Des années à travailler, à créer, à progresser. En 2016, au terme d’une saison de tous les records pour le club, il fait remonter Dijon et est élu meilleur entraîneur de Ligue 2. Puis, après deux maintiens dont l’un haut la main, ODO est licencié le 31 décembre au soir. Un coach qui avait apporté joie, ambitions et humanité, qui la veille du premier janvier, a cessé d’exercer. Preuve du lien tissé avec les supporters, ce sont plusieurs dizaines de Lingon’s Boys qui déploient le 26 octobre 2019, une banderole de remerciements, sous la pluie de Brest, dont il est devenu l’entraîneur. Fidèle à sa philosophie de jeu, beaucoup tombent amoureux de cet homme ambitieux en quête de la perfection. Mais après deux saisons, l’amour ne résonne plus à l’unisson. Après avoir maintenu Brest de justesse, il se rapproche d’Alès, sa tendre forteresse. À l’été 2021, il signe à Montpellier où il en fait encore succomber.

LA PASSION DU BALLON

Son histoire, c’est finalement celle d’un passionné, galvanisé par son passé. Un homme qui souhaite donner à ses joueurs tout le bonheur que le destin lui a retiré. Auprès du média dijonnais Le Dijon Show, il confiait : « J’ai tout donné pour être footballeur professionnel. Depuis tout petit, je ne pensais qu’à ça ». C’est à partir de ce vide qu’est né l’homme lucide. L’homme capable de faire d’un surveillant de cour d’école, un milieu titulaire de l’OGC Nice (Pierre Lees-Melou). L’homme capable de recevoir les louanges d’un joueur passé sous les ordres de Didier Deschamps, de Jürgen Klopp et qui dit « apprendre beaucoup de lui » (Mamadou Sakho). Si vous lui demandez pourquoi il ne se présente pas avec un bloc bas face au PSG en Coupe de France avec Brest, il vous répondra que ce n’est pas sa vision du football. Pour Dall’Oglio, football rime avec spectacle. Poète footballistique, il impose la rythmique du pressing de son équipe. Mettre en lumière les attaquants, voici son passe-temps. À Dijon, Brest et Montpellier, c’est sous son charme que les supporters sont tombés. Lors de la saison 2017/2018, le « tiki-taka » était d’actualité au DFCO et l’expérimenté Christian Gourcuff l’avait déjà compris en 2016, après une défaite trois buts à zéro à Gaston-Gérard. Il ne pèse pas ses mots : « J’ai eu l’impression de jouer contre Barcelone ». Dès le début, le Finistère en est fier. Dans un contexte épineux, il s’est aventuré chez eux. Après trois ans sous Jean-Marc Furlan, Brest fait sa mue, à peine promu. Maintien validé, à six points du septième, un certain OL. Au MHSC, il devait exceller. Enfin les moyens, merci Nicollin. ODO répond aux attentes et à la mi-saison, offre une belle cinquième place à Montpellier. A chaque contexte, il adapte le texte. Pour chaque région, il a une chanson. Partout où il passe, il laisse une trace. Mais Dall’Oglio, c’est aussi du spectacle face aux gros.
Soucieux de toujours jouer au ballon, il aime la possession. Attaché au public, il offre un jeu atypique. Un jeu offensif, même quand l’ennemi sort les griffes. Ce n’est pas pour rien si sa première victoire en Ligue 1 a lieu face à un ogre qui partait serein. Avec Dijon, il s’offre les trois premiers points face à Lyon sur le score de 4 à 2. En 2018, il l’emporte 3-2 contre Nice et Bordeaux. Il obtient un match nul à domicile sur l’AS Monaco, futur champion et bouscule l’OM en décrochant le match nul au Vélodrome. Enfin, il montre son œuvre au grand public face au Paris Saint-Germain en 2017, où Dijon s’incline 2-1, mais en ayant tiré 15 fois au but et en ayant subi le plus de fautes. Avec Brest, il tient Lyon en échec à Francis le Blé, s’impose au Vélodrome et tient tête au PSG, malgré une défaite 4 buts à 2. À la Mosson, Montpellier offre un match spectaculaire à ses supporters, en l’emportant 3 à 2, au bout du suspense face à Monaco. Un jeu porté vers l’avant qui fait naître des talents, mais un jeu osé qui a aussi ses mauvais côtés.

SPECTACLE APPRÉCIÉ, CONSÉQUENCES ASSUMÉES

Poussé par l’envie de bousculer les logiques, ODO accepte de faire des concessions afin de faire du ballon, une œuvre à embellir match après match. En 2018, Dijon est la pire défense de Ligue 1, mais aussi la quatrième équipe la plus offensive. En 2021, Brest est la meilleure attaque à domicile, mais l’une des pires défenses du championnat. Enfin, Montpellier est la formation qui subit le plus de tirs cette saison, mais elle est l’une des cinq meilleures attaques de Ligue 1. Une philosophie de jeu qui lui vaut d’être nommé au trophée UNFP du meilleur coach de l’année aux côtés d’Unai Emery, Rudi Garcia et Leonardo Jardim, après la 11eplace obtenue avec Dijon au classement.
Des tribunes, il en fait lever. Des joueurs, il en fait se surpasser. Naïm Sliti, Romain Perraud, Christopher Julien, Florent Mollet, Elye Wahi ou encore Téji Savanier. Tous ces joueurs ont connu des moments de grâce sous Dall’Oglio. Alors oui, ODO c’est aussi celui qui a encaissé huit buts au Parc des Princes avec Dijon, celui qui ne faisait plus l’unanimité dans le vestiaire brestois et surtout au sein des supporters après la saison 2020/2021. Mais ODO est la preuve qu’en France aussi, il y a de très bons entraîneurs de football. Un leader technique, un capitaine de caractère, une occupation large du terrain, des latéraux offensifs, et un jeu en une ou deux touches de balle dans les trente derniers mètres, voilà le jeu prôné par Monsieur Olivier. Il n’y a pas que lui, mais il en fait partie. Alors n’oublions pas que Pascal Gastien, Laurent Battles, Jean-Marc Furlan, Christophe Galtier, Julien Stéphan, Franck Haise et plein d’autres sont des amoureux du beau jeu, des travailleurs acharnés qui n’ont qu’une envie : gagner et faire vibrer les passionnés.

Le débat divisant les adeptes du spectacle aux défenseurs du résultat assuré n’est sans doute pas refermé. Mais, au moins, l’hommage qui devait être rendu à ses artistes existe. Souhaitons qu’Olivier Dall’Oglio, qui occupe son temps libre à peindre, continuera de faire des matchs de Montpellier des tableaux envoûtants.

Crédits photos : Eurosport, Le Télégramme, Midi Libre et Le Dijon Show

Nathéo Dillenseger – 25 janvier

(2 commentaires)

  1. Génial me gêne et doit le gêner aussi. C est un professionnel très compétent, qui base sa stratégie de jeu sur une analyse très pointue. Regardez ses yeux sur un terrain et ailleurs ,écoutez ses silences et quantifiez ses paroles et leur justesse, leur atteinte ciblee. J ai eu la chance de le connaître un peu. C est une richesse très pure. Trop sans doute. Je suis persuadé que s il veut bien ressembler un peu plus, au bon moment aux taureaux qu il peint , dont un est dans mon bureau…..les titres vont fleurir …..je t ai toujours dis en plaisantant qu il faudrait que tu joues au rugby…..conti.ue le foot….cet esprit me fait aimer ton ballon….Pas assez ovale…LOL.

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