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Il est cinq heures, Paris s’éveille ! Dans ce contexte de crise sanitaire et de retombées économiques mondiales, la fin de saison tennistique approche à grand pas et nous gratifie des deux derniers tournois de la saison : Le Rolex Paris Masters et le légendaire Masters alias Nitto ATP Finals, qui fait ses valises une dernière fois sous la manche pour aller se loger dans la botte italienne (Turin) dès l’année prochaine. Un peu moins d’un mois après la fin de Roland-Garros et le début des tournois indoor pour les meilleurs joueurs du moment, ce master 1000 avait de quoi nous mettre l’eau à la bouche. Entre le retour du joueur le plus capé de l’histoire sur un même tournoi (Rafael Nadal), la nouvelle génération de Français qui a désormais les caméras braquées sur elle (Ugo Humbert, Hugo Gaston) et les deux joueurs en concurrence dans la course au ticket d’or vers Londres (Schwartzman et Berrettini), le spectacle s’annonçait dingue. Les occasions de briller à Paris ne manquaient pas. Sans Djokovic et Thiem, les têtes de séries Tsitsipas, Medvedev, Zverev ou encore le transcendant Rublev comptaient bien tirer leurs épingles du jeu. Qui a fait étinceler la tour Eiffel ? Qui a succombé à la grande ville ? Il est temps d’y voir plus clair.

Les tops : Daniil le plus français des Russes, Ugo presque Humberméable

« Une grosse discussion qui a fait écho dans la tête de Daniil avant le tournoi a déterminé de quel côté il voulait se diriger », tels sont les mots de Gilles Cervara, l’entraîneur du russe dans l’émission Dip Impact. Celui qui aurait pu être français à deux jours près avait bien besoin d’un coup de boost pour se relancer. Depuis avril 2019, Medvedev pointe à 13 % de victoires (1 succès en 8 matches) sur les autres catégories de tournoi. Concernant les Masters 1000, c’est une autre paire de manche. Sur la même période, le russe a remporté 9 de ses 10 rencontres face à des membres du top 10. Il n’a pas dérogé à son excellent ratio en s’imposant consécutivement contre Schwartzman (8), Raonic (10) et Zverev (4). Pour venir à bout de l’allemand qui restait sur une performance majuscule en demi-finale face à Nadal, Medvedev a sorti l’artillerie lourde.
Pourtant, réussissant le break à 6-5 signifiant le gain de la première manche, on pouvait être en droit de se dire que Zverev allait surfer sur son alignement successif de 12 succès. Que nenni. Le russe, qui est décidément un fin tacticien, change de stratégie en faisant jouer Zverev de plus en plus pour l’obliger à ne plus avoir d’angle d’attaque et ainsi se fatiguer petit-à-petit dans les diagonales. Medvedev trouve la faille dans la seconde manche (4-4) grâce notamment à une splendide amortie qui scotche sur place Alexander Zverev. Dans le 3e set, le tsar ne lâche jamais sa proie en breakant d’entrée et en conservant ses mises en jeu avec une solidité implacable. Le scénario qui confirme que l’allemand craque mentalement quand le match dure plus d’une heure 30 se répète et sur une double faute, il laisse Daniil Medvedev empocher son troisième master 1000.

En pleine ascension et progression, la force tranquille, Ugo Humbert abordait ce Paris Bercy avec envie et férocité. Ayant désormais à son palmarès deux titres ATP (Anvers au mois d’octobre et Auckland en janvier), le jeune messin de 22 ans a parfaitement su tirer profit de sa dynamique. Le joueur à la patte gauche exceptionnelle a éliminé Casper Ruud, Marin Cilic (ancien numéro 3 mondial) et le guerrier grec Stefanos Tsitisipas (qui n’a pas encore réussi à parfaitement digérer le changement de surface). S’inclinant d’un petit point au tie break décisif face au redoutable serveur Milos Raonic (CAN), le français se dit satisfait de sa belle progression qui le voit rejoindre le top 30. Humble et lucide, il sait qu’il dispose d’une belle marge de progression pour réaliser de plus amples performances. Désormais, c’est un repos bien mérité qui l’attend, avec en ligne de mire l’Open d’Australie 2021 pour faire rêver encore plus haut, avec un statut de tête de série.

Les flops : 1000 et deux vies pour le taureau, Hugo n’entame pas d’autre baston

La voie était ouverte : pas de Novak Djokovic et Dominic Thiem préférant se concentrer sur le Master de Londres, une confiance extrême due à son 13ᵉ sacre du côté de Porte d’Auteuil ou encore un physique au top grâce à une saison entachée par la crise sanitaire. Les planètes étaient alignées pour que Rafael Nadal soulève son premier Rolex Paris Masters en 2020. Mais quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Un début de tournoi compliqué face à son compatriote créatif Feliciano Lopez, peut mettre la puce à l’oreille. Néanmoins, l’espagnol battant et guerrier décroche une 1000e victoire sur le circuit, de quoi le booster encore plus pour aller décrocher le Graal. Malgré sa ténacité et la qualité de son service pour s’imposer face à Carreno-Busta, l’espagnol se cherche continuellement sur le court en multipliant les positionnements, notamment au retour. Dans l’incapacité de prendre la balle tôt et de bouger son adversaire du jour Alexander Zverev, il s’incline logiquement en demi-finale sur une faute directe en coup droit. Revanchard et orgueilleux, Nadal aura à cœur de bien figurer au tournoi qui regroupe les 8 meilleurs joueurs mondiaux de l’année.

Il semble difficile de classer Hugo Gaston dans cette catégorie au vu de la logique implacable du résultat. Une surface différente, des conditions de jeux radicalement opposées et un public absent, la tâche semblait déjà bien mal embarquée pour le jeune français face au métronome espagnol Carreno-Busta. Cependant, les médias y croyaient et voulaient à nouveau pouvoir faire la une d’un nouvel exploit, encore une fois à Paris. En panne d’inspiration, et ne s’habituant jamais vraiment à la rapidité de l’indoor et la lourdeur des frappes de l’espagnol, Hugo quitte Bercy par la petite porte en s’inclinant sèchement (6-3 6-2). Il semble nécessaire et primordial de ne pas mettre la pression à ce jeune prometteur, en attendant des résultats toujours plus exceptionnels. Laissons-lui le temps pour s’améliorer dans tous les compartiments du jeu pour devenir régulier sur le Tour et prétendre à de plus belles victoires.

Mentions honorables : La paire Felix Auger-Aliassime et Hubert Hurkacz (CAN-POL) s’impose face à la paire tête de série numéro 2, composée de Bruno Soares et Mate Pavic (BRA-CRO), sur le score de 6-7/7-6/10-2. Diego Schwartzman décroche son billet pour Londres en se hissant en quart de finale et rentre dans le cercle fermé des Argentins à se qualifier pour le plus prestigieux des Masters.

Quelle expérience pour les ramasseurs de balles ?

Tels des animaux se camouflant dans leurs espaces naturels, ils se fondent dans le décor des caméras et des stades. On sait qu’ils sont là, on les voit, on les entend mais on ne les observe pas vraiment. Notre œil est focalisé au centre, on veut voir les artistes s’exprimer sauf que sans coordinateurs, pas de spectacle parfaitement bien organisé. Eux ce sont les acteurs de l’ombre, les marionnettes qui tire les ficelles, ce sont les ramasseurs de balles. Nathanaël s’est livré à nous sur son expérience au Rolex Paris Masters.
« La rigueur, l’expérience du terrain et l’esprit d’équipe sont indispensables ! Il faut également rester émotionnellement impassible et se positionner en professionnel même quand on entend à quelques mètres de nous le souffle de nos plus grandes idoles » nous confie-t-il. Ce jeune ramasseur originaire de Marseille a tout fait pour mériter sa place. « Ceux qui sont pris pour ce tournoi sont les meilleurs ramasseurs à Roland Garros mais également ceux qui ont un comportement exemplaire sur et en dehors du court, néanmoins en raison de cette année si particulière, ce sont aussi les meilleurs de l’édition 2019 qui ont été repêchés sur les mêmes critères évoqués juste avant. » Malgré le manque de public et une ambiance qui s’en est retrouvée grandement affectée, Nathanaël gardera une belle anecdote en tête. « Personnellement, ramasser Ugo Humbert dans ce tournoi a été exceptionnel au vu de sa gentillesse à notre égard, de sa combativité et de son niveau de jeu. On collecte beaucoup de souvenirs à force d’être au plus près des joueurs ! » Le licencié du Tennis Club d’Aubagne conservera un souvenir indélébile de cette aventure malgré un contexte pensant, une émotion unique dans une vie d’adolescent.

Crédits photos : Essentially Sports, Eurosport, Le Parisien, CNews, Actu.fr et Nathanaël Seropian

Florian Ignace – 13 novembre

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