Accueil » Passation de pouvoir et affirmation de la jeunesse à Monte-Carlo

L’édition 2021 du Master 1000 de Monte-Carlo s’est terminée dimanche dernier. Le tournoi a réservé de nombreuses surprises aux téléspectateurs uniquement, contexte sanitaire oblige. Le soleil de la Principauté a vu défiler des bras de fer intenses entre habitués déchus des Masters et novices impressionnants en la matière.

Duel de jeunes au sommet

Symbole de la Next Gen, Andrey Rublev, 23 ans, s’impose de plus en plus dans le paysage du tennis mondial. Ses victoires méritées face aux espagnols Bautista-Agut et Nadal ne peuvent que le mettre en confiance pour sa saison sur terre battue. Le russe se qualifie pour sa première finale en Master 1000, après avoir surmonté de nombreux obstacles et éliminé le surprenant Casper Ruud au tour précédent. Néanmoins, sa confiance va être remise en cause par une autre étoile montante de ce sport qui n’a pas encore concédé le moindre set sur ce tournoi : Stefanos Tsitsipas. Le choc était difficile à prévoir, au vu des poids lourds qui participaient au tournoi, mais l’affiche reste pourtant très alléchante.
Tsitsipas prend le dessus dès l’entame du match en breakant (pour la seule fois du set) grâce à des points bien construits. La deuxième balle du jeune russe le fragilise énormément. Il n’a remporté qu’un point sur trois engagés sur sa deuxième balle, lorsque Tsitsipas en a remporté plus de deux sur trois. C’est logiquement le Grec, n°5 mondial, qui s’impose, lui qui n’avait déjà pas rencontré de grandes difficultés lors des tours précédents. Stefanos Tsitsipas repart de Monte-Carlo vainqueur de son premier M1000, sans avoir vacillé. La finale n’aura été qu’une démonstration de puissance (6-3/6-3). Les deux jeunes joueurs sont les stars du moment qu’il faut suivre, et qui doivent encore confirmer leur statut.

Les patrons dans le dur

Les hommes les plus en formes du moment s’étaient donné rendez-vous au Rolex Monte-Carlo Masters. Ces privilégiées têtes de séries ne sont rentrées qu’en 1/16e de finale. Cependant, ce tour a été fatal à quelques-unes. Hubert Hurkacz (n°13), Diego Schwartzman (n°7) et Matteo Berrettini (n°8) sont éliminés d’entrée de jeu, sans remporter ne serait-ce qu’une seule manche. Si l’on additionne à cela les absences de Federer, Thiem et Medvedev, le tableau devient opportun pour certains outsiders. De plus, Alexander Zverev se fait sortir rapidement. L’allemand, 6e mondial, s’incline face à David Goffin (BEL). Après avoir remporté le premier tour aisément face à Lorenzo Sonego, le jeune allemand doit se battre, mais s’avoue vaincu face à David Goffin (6-4/7-6). Il reste néanmoins toujours les deux légendes : Novak Djokovic et Rafael Nadal.
Après n’avoir concédé que 5 jeux en deux matchs, le n°3 mondial était LE favori. Le spécialiste de la terre battue, Rafael Nadal, n’a fait qu’une bouchée de Federico Delbonis et de Grigor Dimitrov. Sur sa route s’est dressé Andrey Rublev. Le russe, pourtant peu enchanté de rencontrer le maître de la terre battue en ¼ de finale, ne s’est pas laissé défaire aisément. Rublev a su profiter des nombreuses erreurs commises par l’espagnol qui n’était pas dans un bon jour, jamais Nadal n’avait démontré un tel agacement sur le court. Insatisfait de sa performance, Rafa, habituellement très peu expressif, en vient à s’énerver, en criant sur le court, contre lui-même. Il est auteur de sept doubles fautes dans le match, dont cinq dans la première manche. Le service, pourtant réformé par Carlos Moya, n’a pas été une arme pour le majorcain, qui ne remporte que 50 % de ses points engagés. La vivacité du russe paye et lui permet de s’imposer dans le troisième set en 2 h 33, soit plus de temps qu’avait passé Nadal sur le court lors de ses deux matchs précédents cumulés…
Cette surprise n’était pas la seule au menu de cette semaine. Novak Djokovic, n°1 mondial, s’était peu avant laissé surprendre par Daniel Evans. Le serbe avait pourtant fait bonne impression face à Jannik Sinner (ITA) au tour précédent. L’entrée en matière sur terre battue de Nole s’annonçait compliquée. Il rencontre dès le premier tour une étoile montante du tennis mondial. Jannik Sinner, âgé de 19 ans et déjà 22e au classement ATP, revient de Miami où il s’est révélé en atteignant la finale du Master 1000. Sûrement trop peu expérimenté, il cède face à Djokovic (6-4/6-2). Le serbe rencontre au tour suivant le britannique Dan Evans, qui sera son bourreau. En deux manches, il vient à bout du meilleur joueur mondial, alors que rien n’indiquait un statut de favori.

Des Français invisibles

Touché à un mollet, le meilleur joueur français et futur marié (avec une certaine Elina Svitolina), Gaël Monfils, n’était pas présent lors du premier tournoi important sur terre battue de la saison. Cinq de ses compatriotes ont toutefois bien participé au tournoi du Rocher. Néanmoins, aucun n’a su régaler les téléspectateurs. Les trois joueurs français les mieux classés à l’ATP que sont Ugo Humbert, Adrian Mannarino et Benoît Paire, n’ont même pas vu la couleur du deuxième tour. Ce dernier a toutefois su amuser ses détracteurs préférés, en déclarant en conférence de presse, suite à sa défaite : « J’en ai rien à branler de ce match. J’habite à deux heures de route. Je fais le double et je me casse. » Outre ses propos choquants retranscrits par Var-Matin, le Français dénonce le manque de public dans les gradins, « d’une tristesse absolue alors que d’habitude, c’est le meilleur tournoi du monde. »
Deux tricolores se sont frayés un chemin dans le tableau principal. Jérémy Chardy a remporté son premier tour difficilement, au terme de trois sets face à Alexander Bublik. Malgré qu’il ait concédé une manche sans parvenir à remporter un jeu, le Français s’impose finalement (6-4/0-6/7-5) et rejoint Grigor Dimitrov, tête de série n°14, au tour suivant. Le bulgare ne fait aucun cadeau au Palois de 34 ans, qui s’accroche tout de même, et ce, malgré un revers défectueux. Chardy peut profiter d’une première balle efficace quand elle passe (76 % de points gagnés), mais celle-ci ne passe pas presque une fois sur deux pendant le match. Dimitrov se débarrasse de Chardy en deux sets et rejoint Nadal en 1/8e de finale.
Le français qui est allé le plus loin dans cette compétition n’est autre que Lucas Pouille. Bénéficiant d’une wild card, le Nordiste parvient à 2 reprises à se qualifier face à un adversaire mieux classé. Guido Pella (ARG) et Alexei Popyrin (AUS) se font éliminer par Pouille. C’est finalement Alejandro Davidovich Fokina (ESP) qui met fin au parcours du français. Ce dernier aura tout de même poussé son adversaire jusqu’au tie-break de la deuxième manche. Néanmoins, l’espagnol est plus solide et remporte le match au terme d’un jeu décisif où il ne concède que deux petits points. Grâce à cette performance, Lucas Pouille grimpe de 14 places au classement ATP ce lundi. Le retour tant attendu du Nordiste au top niveau se fera sûrement prochainement.

Les révélations de la semaine

Le tableau a pu profiter à de nombreux joueurs qu’on ne pouvait prévoir. Le belge David Goffin s’est illustré dès le premier tour en infligeant un 6-0 dans la dernière manche à l’ex-n°3 mondial, Marin Cilic. Puis le Liégeois se qualifie assez aisément en finissant également sur une bulle face à Marco Cecchinato (ITA). Il rencontre au tour suivant la tête de série n°5, évoquée précédemment, Alexander Zverev (GER), qu’il va contre toute attente, éliminé en deux sets. La précision des coups, particulièrement de son coup droit, ainsi que l’endurance de Goffin, lui permettent de combler le manque de régularité de son service (55 % de fautes sur première balle). En quart de finale, le 12e ATP se fait surprendre par Dan Evans, tout comme le n°1 mondial. Leur confrontation fut tendue et incertaine jusqu’au bout. Le britannique s’impose en breakant au dernier moment, suite à un jeu long et décisif remporté à 4-4 (5-7/6-3/6-4). Dan Evans élimine Goffin en transformant sa première balle de match et se qualifie donc pour les demies.
La présence de ce britannique de 30 ans en demi-finale en a surpris plus d’un, en commençant par Dusan Lajovic au premier tour. Le compatriote de Djokovic aura beau s’accrocher, Evans reste lucide et parvient à se qualifier (6-3/6-7/6-2) en sauvant 9 balles de break sur 10. Au tour suivant, la surprise continue, c’est au tour d’Hubert Hurkacz, 13e tête de série, de se faire dominer et ne pas pouvoir déployer son jeu convenablement. En effet, Evans ne laisse pas respirer son adversaire et vainc 6-4/6-1. La suite est connue, elle est composée de Novak Djokovic et de David Goffin, deux exploits réalisés par Dan Evans. Ce dernier finit sa course face à Stefanos Tsitsipas qui ne lui fait aucun cadeau et prend le dessus d’entrée de match. Il ne lui laisse comme lot de consolation que 3 petits jeux. Evans se fait sortir en demies alors qu’il n’avait jamais passé le 2e tour d’un Master 1000. La performance est d’autant plus impressionnante, que jamais Evans n’avait passé un tour lors d’un grand rendez-vous sur terre battue, que ce soir Roland-Garros, Rome, Madrid ou encore Monte-Carlo. La fatigue accumulée par ses batailles en simples et sa progression parallèle sur le tableau de doubles avec son compatriote Neal Skupski (finalistes) ont contribué à son essoufflement face au grec.
Un norvégien s’est également invité dans le dernier carré du tournoi. Inattendu, Casper Ruud élimine Diego Schwartzman (ARG) dès le deuxième tour. L’exploit se répète face à Pablo Carreno-Busta (ESP), sûrement le match le plus intense et le plus serré de la semaine. Ruud élimine l’espagnol en presque trois heures (7-6/5-7/7-5). Au tour suivant, en pleine confiance, le scandinave ne fait qu’une bouchée du tenant du titre Fabio Fognini (ITA), qui ne parvient qu’à une seule reprise à prendre le jeu de service de Ruud. Ce dernier, qui avouait avoir fait des cauchemars en 2019, la nuit précédant sa rencontre face à Federer, a bien pris en maturité et se propulse pour sa deuxième demi-finale en Master 1000. Cette fois-ci, ce n’est pas Djokovic qui lui indique la porte de sortie comme il y a un an à Rome, mais Andrey Rublev, le fameux finaliste.

Crédits photos : L’Alsace, La Provence, Eurosport, Tennis Majors et Paris Normandie

Nils Gobardhan – 23 avril

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