Accueil » PDS n°2 : Le Mans FC, une fidélité à toutes épreuves

Après un premier numéro réussi avec le Valenciennes FC, notre rubrique consacrée aux supporters des clubs français continue avec aujourd’hui un nouveau club de Domino’s Ligue 2 et le Mans FC à l’honneur. De la descente aux enfers au retour dans le monde pro, découvrez ce club avec Clément Coulon qui nous en parle et un historique !

Présentation de l’équipe : Le Mans Union Club a été fondé en 1985 puis modifié en 2010 devenant le Mans FC, il est né de la fusion de l’Union Sportive du Mans et du Stade Olympique du Maine. Evoluant au stade Léon Bollée, les mucistes s’installent rapidement dans le paysage du football français avec dès 1988 une montée en Division 2 (actuelle Ligue 2) puis les années suivantes une installation à cet échelon qui durera plus de 10 ans. Christian Gourcuff aura contribué à cette montée et des joueurs tels que Patrick Van Kets, Christian Penaud et Régis Beunardeau étaient les icônes mucistes de l’époque.
En 2003, le Mans accède au graal de la Ligue 1 avec une génération de joueurs formés au club avec entre autres Laurent Bonnart, Yohann Pelé ou encore Frédéric Thomas. Cependant, le club n’y restera malheureusement qu’un an avant d’y retourner l’année suivante pour s’y maintenir durant cinq années avec le “11 d’or” avec notamment Marko Basa, Gervinho ou encore Romaric. Le bal des entraîneurs continuera avec Frédéric Hantz qui aura maintenu le club dans l’élite à plusieurs reprises et Rudi Garcia qui aura également été entraîneur. Cependant en 2011, après avoir investi le nouveau stade du MMArena, le Mans se retrouve en proie à de grandes difficultés financières et est placé en liquidation judiciaire en 2013 avec 14,4 millions d’euros de dette. Le club est relégué en Division d’Honneur (D6 française) et enchaîne les remontées successives pour finalement revenir en Domino’s Ligue 2 cette année après une victoire en barrages de National/Ligue 2. Une des figures du football mondial en la personne de l’ivoirien Didier Drogba a été formée au Mans à l’époque avec un très bon centre de formation. Actuellement, les mucistes pointent 17èmes après 6 journées de championnat et comptent 3 points.

En deuxième partie, voici l’interview de Clément Coulon qui est co-président du “Support’R Club” du Mans FC qui nous parle de son supportariat, de la situation du club ou encore du mercato estival

Depuis quand supportes-tu le Mans FC et qu’est-ce qui t’a fait aimer cette équipe ?

Clément : J’ai commencé le football à l’âge de 5 ans et étant né au Mans, j’ai eu l’occasion d’aller voir quelques matchs au stade Léon Bollée avec mes parents. Je me suis très rapidement attaché au club de ma ville et j’ai eu mon premier abonnement en 1999-2000. Dès la première montée en Ligue 1 en 2003, mon attachement à mes couleurs s’est confirmé. Le Mans m’a rapidement séduit par l’ambiance au stade, le jeu produit et bien d’autres aspects, il n’y a pas une seule année où je n’ai pas pris mon abonnement !

Selon toi, quelles valeurs ce club véhicule autour de lui ?

Clément : Les valeurs que véhiculent notre club sont les mêmes que j’essaye de porter au sein de nos supporters, c’est-à-dire la convivialité, la simplicité et la proximité, il n’y a pas de distance entre le club et nous. Lorsque nous sommes montés pour la première fois en Ligue 1 et que le PSG est venu à Léon Bollée, les supporters parisiens chantaient à notre égard « paysans, paysans ! » en raison de notre mythique sponsor maillot (NDLR : les poulets de Loué). Le club manceau a toujours été attaché à ses racines locales, autre exemple avec le naming du stade MMArena (Mutuelles du Mans Assurances). L’une des forces du club est que nous avons réussi à avoir un gros centre de formation comme le montre notre succès en Coupe Gambardella en 2004 qui récompense les clubs formateurs. Par la suite, beaucoup ont pu jouer sous le maillot sang et or après avoir effectué l’ensemble de leur cursus au sein du centre. Beaucoup étaient manceaux, d’autres non à l’image de Didier Drogba qui s’est formé au Mans.

Es-tu membre d’un groupe de supporters ? Quelle est l’identité de celui-ci ?

Clément : Je suis membre du « Support’R Club » depuis le début car lors de mes tous premiers matchs, j’étais intrigué par la ferveur et cela m’a fasciné au delà de l’échelle muciste. J’ai intégré le conseil d’administration en 2008 à l’âge de 14-15 ans, j’ai gravi petit à petit les échelons pour devenir responsable des jeunes, puis par la suite de l’animation du KOP pour ensuite devenir porte parole de l’association. Lors de notre retour en DH, je suis devenu co-président de mon association, je suis assez polyvalent car je participe toujours à la communication et à l’animation (capo du KOP). C’est une association née en 1985 en même temps que la création du MUC 72, j’ai pris la succession de Joël Archenault qui est l’actuel président d’honneur du Support’R Club, association qu’il a crée et présidée jusqu’en 2013. On tient à l’esprit famille puisqu’on a des couples, des grands parents et les petits enfants et c’est important de mélanger les générations. On a une grande diversité sociale avec des chefs d’entreprises comme des personnes au chômage, le football a cette capacité de réunir. Quand un attaquant commence à déborder sur le côté, on va tous avoir la même sensation et vibrer de la même manière quel que soit le statut social de la personne. On a tous le logo sur le maillot et dans le cœur, la convivialité est notre maître mot avec beaucoup de réunions en dehors des matchs et des soirées comme notre traditionnel cochon grillé. L’année dernière, nous avons réuni d’anciens joueurs du Mans notamment Patrick Van Kets, on essaye de mettre en valeur ces moments-là et c’est ce qui nous a permis de tenir lorsque nous sommes descendus en DH. A cette période, le nombre de supporters a dégringolé et nous en sommes revenus à un noyau dur et pour réussir à le maintenir, il fallait avoir des moments de retrouvailles hors du stade pour conserver cette fidélité des supporters.

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“Le football a cette capacité de réunir”

Quel rôle un supporter doit-il jouer dans un stade lorsqu’il encourage son équipe ?

Clément : Il n’y a pas de manière d’être supporter, quand on a des jeunes de 15 à 35 ans en tribune, on sait qu’ils seront les plus actifs et ce dans tous les stades de France. En revanche, je mets un point d’honneur sur le fait que les plus jeunes et dynamiques respectent ceux qui le sont un peu moins comme les 50-60 ans, je leur rappelle souvent que ces personnes animaient la tribune au milieu des années 80. C’est important de ne pas oublier cela et aussi que les 15-35 ans n’auront pas forcément toujours cette ferveur et cette manière de supporter en eux, il y a de la place pour tous et toutes les manières de supporter. Quand on est présents et que les joueurs voient un stade plein, ils se disent qu’ils ont un soutien énorme. Mon rôle est d’encourager les supporters à encourager l’équipe. Ces derniers temps, le Mans FC a été en difficulté mais nous n’avons rien lâché, je n’ai pas trouvé normale la déferlante de haine sur les réseaux sociaux. Tout le monde en a pris pour son grade, et ce sont des « footix » qui n’étaient pas là en DH et qui se ré-intéressent seulement au club depuis cette année. C’est lâche d’insulter sur les réseaux sociaux. J’ai d’ailleurs fait un communiqué de soutien à l’équipe pour se désolidariser du comportement de certains. Un joueur est notamment venu me voir après avoir lu ce dernier pour me remercier, les joueurs ont besoin de nous dans la difficulté et il faut lutter contre les “footix” qui découragent plus qu’ils n’encouragent.

D’ailleurs, que penses-tu de l’actualité concernant les supporters ?

Clément : Au niveau du comportement, je ne suis pas un fervent des chants injurieux car on perd du temps et de l’énergie, ça n’apporte rien et les joueurs ne sont pas forcément contents d’entendre ces propos. L’essentiel est de soutenir l’équipe, on ne censure pas car tout le monde peut s’exprimer sans offenses et sans insultes. Par rapport à la polémique actuelle dans les stades, je suis furieux de voir certains politiques faire du buzz sur le sujet sans connaître ni la culture ni les codes du football. Lorsque je sens de la tension monter au sein des supporters, je lance des chants au mégaphone pour soutenir le Mans et passer à autre chose. L’homophobie est un vrai sujet, un combat à mener mais sans caricature. Arrêter un match, c’est aussi prendre le risque qu’un joueur ayant des crampes voit ses propres supporters lancer des chants considérés comme homophobes, histoire que le match soit arrêté et qu’il bénéficie d’un temps de repos. Nous pouvons aussi évoquer le cas de l’alcool dans les stades qui est particulièrement mal géré par certains politiques. En effet, je ne vois pas en quoi la consommation d’alcool est un problème puisqu’elle fait partie de la culture populaire et engendre de nouveaux revenus pour les clubs de football. Ce n’est pas l’alcool qu’il faut interdire dans les stades, mais le comportement de certains supporters en état d’ivresse.

Les Manceaux ont obtenu leurs premiers points récemment en Domino’s Ligue 2, commençais-tu à t’inquiéter pendant tout ce temps en attente d’une victoire ?

Clément : M’inquiéter je ne sais pas, les 3 premiers matchs à domicile ont montré le Mans dominateur avec de la percussion et de l’envie, mais la finition nous a manquée. Il y a toujours un besoin d’adaptation surtout avec pas mal de recrues, on a invité les joueurs à un sursaut d’orgueil car je pense que c’est important de se sortir de cette spirale négative. Le doute peut s’installer et ils peuvent jouer avec la peur au ventre alors il fallait réagir et mon rôle a été de mobiliser sans cesse les supporters. Quand je sens qu’ils sont un peu désespérés car ils tiennent à leur club, j’essaye de toujours maintenir le côté positif et mobilisation pour transformer cette énergie négative en énergie positive.

La saison est encore longue et nous sommes à la trêve internationale, quelles seront les clés pour pouvoir se maintenir dans le monde professionnel ?

Clément : Il y a quelque chose d’important qui est de jouer chaque match en ayant aucun point à perdre comme un match de coupe, une qualification permanente. Il faut essayer de s’éloigner de cette zone de relégation pour par la suite ne pas regretter les points manqués en fin de saison, j’ai confiance en l’équipe et en la direction du club qui a enregistré encore des recrues sur le secteur offensif. Pour l’instant il est encore un peu tôt pour juger, les automatismes ne sont pas encore en place pour tout le monde, mieux vaut assurer le maintien plutôt que de partir à fond pour avoir un trou noir en milieu de saison. L’équipe monte crescendo, on a un centre de formation qui va voir des jeunes monter au fur à mesure et c’est assez positif. Malgré tout, le groupe compte des anciens qui ont « mangé du pain noir » et ils savent d’où ils viennent, ils connaissent l’histoire du club et c’est l’une des raisons qui fait qu’ils pourront se battre sur le terrain et se mobiliser pour se maintenir en professionnel, ils en connaissent le prix.

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Le mercato s’est achevé lundi soir, es-tu satisfait des transactions et des recrues effectuées par ton club ?

Clément : Dans l’ensemble je suis plutôt satisfait, on a su renforcer tous les secteurs de jeu surtout au niveau de l’attaque où on voyait un manque de finition dans le dernier geste. J’attends de voir les deux nouvelles recrues à l’oeuvre, j’aurais tendance à faire confiance aux dirigeants qui gèrent bien les mercatos. On a aussi des jeunes qui ont l’envie et des plus expérimentés qui pourront transmettre à ces derniers et les encadrer, notamment en équipe B.

Un mot pour terminer ?

Clément : J’ai une petite anecdote sympathique à raconter concernant un déplacement, la chose la plus folle que j’ai faite pour le club par passion. C’était à l’Île de la Réunion et des clubs comme Marseille et Paris ne peuvent pas se targuer d’avoir un soutien aussi lointain, nous sommes allés là bas à 10 000 kilomètres de chez nous. On a joué contre l’Excelsior Saint Joseph et je m’y suis rendu, c’était pour le compte de la Coupe de France en décembre 2017 lorsque nous étions en Nationale 2. A l’arrivée nous avons gagné, nous étions 6 à les supporter et nous sommes partis 3 jours seulement pour le match. Cela fait partie de ces moments forts que j’ai vécu pour le club, pouvoir mettre une banderole Support’R Club du Mans FC à 10 000 kilomètres c’est énorme, les joueurs ont été marqués et nous avons été reçu dignement. C’est un moment qui restera à jamais gravé, nous sommes animés par la passion et le blason sang et or qui fait partie de notre vie !

Merci Clément pour tes belles confidences, RDV mercredi prochain pour un 3ème numéro de PDS !

Crédits photos : David Vallée et le Mans FC
Design : Maël Baudé

 

Pavel Clauzard – 4 Septembre

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