Après une semaine d’absence, Parole de Supporters revient pour son 5ème numéro cette fois-ci sur un club qui est présent dans le paysage du football français depuis fort longtemps. En effet, la Berrichonne de Châteauroux a été crée il y a près de 130 ans et s’est toujours maintenue dans le haut du panier, Steven nous en parle à travers sa passion pour le club ici !
Présentation de l’équipe : La Berrichonne de Châteauroux a été fondée en 1883 mais la section football n’apparaît qu’en 1916 ce qui fait de ce club l’un des plus anciens en France mais loin derrière le Havre AC et les Girondins de Bordeaux. Châteauroux a connu ses plus belles années après la 2nde guerre mondiale notamment à partir de 1970 avec leur première accession en Division 2 (Domino’s Ligue 2 aujourd’hui) pour y rester un peu plus de 10 ans sans jamais descendre. Cependant, les Castelroussins connaissent deux relégations de suite entre 1984 et 1986 pour se retrouver en D4 ce qui les obligera à devoir restructurer le club pour revenir en D2 quelques temps après.
A la fin des années 90, Andrzej Szarmach qui fut second meilleur buteur du mondial 1974, prend les rênes et permet à son équipe de remonter en Division 2 alors que Michel Denisot devient dans le même temps président de la Berrichonne. En 1990, le club obtient le statut professionnel et se restructure, ce qui contribuera en grande partie au titre en D2 en 1997 qui a permis à Châteauroux d’accéder en Division 1 pour la première fois de son histoire. Autre fait marquant en 2004, suite à sa finale perdue face au PSG en Coupe de France, la formation castelroussine accède à la Coupe UEFA (C3) mais doit s’incliner face au FC Bruges dès le 1er tour. On retiendra également leur longévité en Ligue 2 avec en 2014 une 16ème saison d’affilée achevée dans cette division ce qui fut un record. Des personnalités tels que Sébastien Roudet ou Jean-Pierre Papin sont passées par ce club respectivement en tant que joueur et entraîneur. Actuellement, la Berrichonne de Châteauroux se classe 18ème de Domino’s Ligue 2 avec 6 points à son actif et à la place de barragiste.
Pour nous parler de son club, Steven a été interviewé en qualité de président du groupe de supporters Red Blue Angels et fervent passionné de la Berrichonne. Il nous parle de son supportariat mais aussi de la saison actuelle de son équipe
Depuis quand supportes-tu la Berrichonne de Châteauroux et qu’est-ce qui t’a fait aimé cette équipe ?
Steven : La Berrichonne ne m’intéressait pas du tout au début et c’est par hasard il y a 10 ans en 2009 que je l’ai découverte. On m’avait donné des places pour aller voir un match et depuis ce jour-là, je n’ai pas loupé une seule rencontre à domicile sauf deux à cause du travail. Le premier match que je suis allé voir était une victoire contre Brest 5 à 1 en Ligue 2, une des plus grosses victoires que j’ai vu depuis que j’y vais. L’ambiance du stade, les buts et le public m’ont fait adhérer, ce fut automatique. Les émotions étaient décuplées par rapport à ce que l’on voit à la télévision, et depuis ce match je supporte le club dans les bons comme dans les mauvais moments.
Selon toi, quelles valeurs ce club véhicule-t-il autour de lui ?
Steven : Pour moi et comme tout le monde le pense, c’est un club familial mais pas facile à supporter car dans une région et une ville très vieillissante ce qui nous donne une image de « paysans » mais qui n’est que l’avis d’autres clubs. La Berrichonne est un des clubs les plus anciens de Ligue 2 et des clubs professionnels derrière le Havre et Bordeaux, un club qui a 120 ans et qui n’a pas souvent été mis en lumière pour ses parcours dans les différentes compétitions. On a eu de grandes épopées mais nous sommes toujours présents en Domino’s Ligue 2 avec le plus grand nombre de matchs dans cette division cette année ce qui nous donne une réputation à tenir. Châteauroux est une équipe qui n’a pas beaucoup de problèmes financiers, qui ne fait pas de bruit et qui travaille en silence, médiatiquement nous ne sommes jamais diffusés mais globalement on s’en sort bien. À côté de ça, c’est un club beaucoup plus tourné vers la formation que vers les résultats, il privilégie plus les jeunes que la conservation de bons éléments pour essayer de faire de bons résultats par la suite.
Es-tu membre d’un groupe de supporters ? Quelle est l’identité de celui-ci ?
Steven : Je fais partie du groupe Red Blue Angels qui s’est formé en 2012 (7 ans qu’il existe), je suis président du club de supporters depuis janvier et nous sommes une quarantaine. Tout comme l’équipe, nous sommes un club familial où tout le monde est le bienvenu. Ce qui nous différencie, c’est que nous ne sommes pas revendiqués comme ultras car c’est une facette du foot qui est mal vue par les spectateurs et dès que ça commence à bouger un peu trop, ça ne va pas. Nous qui avons du mal à recruter des membres pour notre groupe et y compris à faire venir du monde sur nos déplacements, si l’on devient ultras tu peux être sûr qu’il n’y aurait personne dans notre groupe. Un groupe ultra aurait sûrement eu sa place à Châteauroux comme dans les autres clubs mais il y aurait eu des problèmes avec les spectateurs déjà présents.
“Pas toujours facile de différencier supporters et spectateurs”
Quel rôle un supporter doit-il jouer dans un stade lorsqu’il encourage son équipe ?
Steven : Pour moi un supporter n’est pas forcement celui qui va le plus souvent au stade ni celui qui est le plus derrière son équipe, pour moi c’est celui qui va véhiculer l’image du club et qui va porter les couleurs de son club à domicile comme à l’extérieur. Mais un supporter est aussi quelqu’un qui véhicule une image qui va montrer l’exemple aux jeunes pour leur donner envie de continuer à jouer au football. Ce n’est pas toujours facile de différencier les supporters et les spectateurs même ceux-ci sont plus proches du club que les spectateurs, ils vont faire les animations et c’est le seul moyen direct avec le club pour les représenter en France. Nous organisons très souvent des déplacements avec chaque saison 5 à 10 bus au vu de notre nombre de supporters, parfois certains d’entre nous font des déplacements individuels si la distance est trop longue. On essaye beaucoup de communiquer avec les banderoles notamment lors de grands matchs de derbys comme Orléans mais aussi Tours il y a quelques années qui n’est plus d’actualité aujourd’hui.
Châteauroux retrouve une petite forme intéressante et sort de la zone rouge pour se placer barragiste. Qu’est-ce qui selon toi a été le déclic récemment pour que cette équipe se reprenne en main ?
Steven : C’est une victoire un peu inespérée pour moi même si en tant que supporter on espère le succès à chaque match. Là nous n’avions pas connu une victoire depuis la fin de saison dernière soit une bonne dizaine de matchs. Lors des rencontres amicales nous n’avons pas gagné une seule confrontation et réalisé seulement un nul, c’est une très mauvaise préparation par rapport aux résultats. Le début de championnat n’a été guère meilleur avec énormément de suspendus, de blessés et donc plus de la moitié de l’équipe qui était indisponible. Le déclic pour moi a été face à Lens il y a 2 semaines, sur cette rencontre nous avons eu une équipe beaucoup plus soudée et défensive que d’habitude c’est-à-dire avec moins d’erreurs défensives et du collectif. Même si au bout du compte nous avons perdu le match je pense que c’est à ce moment-là qu’il y a eu le déclic, lors d’une défaite constructive. Il y a 2 semaines, nous avons fait un bon match nul contre Grenoble où nous aurions pu l’emporter selon moi mais le problème dans tous les cas est offensif, on ne peut pas attendre 7 matchs pour marquer un seul but. C’est une équipe qui cadre pas mal et qui fait les mauvais choix devant les cages adverses avec aussi beaucoup d’erreurs défensives, d’approximations offensives et aucun meneur de jeu défini ce qui ne permet pas à l’équipe d’être mieux classée. Il va falloir conclure contre Caen vendredi dans un match qui sera très important.
A quelle année doit-on s’attendre pour la Berrichonne et pourquoi ?
Steven : Pour moi je vois la Berrichonne se maintenir même si je ne vais pas dire qu’elle descend, mais ce sera difficile et je les vois bien finir 15 ou 16èmes. Sur le terrain, il y a de bons joueurs mais on va dire que l’on n’aime pas vraiment jouer à domicile car à l’extérieur, on arrive toujours à gratter des points à droite à gauche depuis plusieurs années mais c’est tout le temps pareil. On a perdu beaucoup de cadres l’année dernière et recruté beaucoup de joueurs qui n’ont pas l’habitude de jouer ensemble et qui ne viennent pas du même championnat. On va dire que les joueurs sont bons individuellement mais collectivement il est difficile d’avoir une base stable avec autant de blessés et de suspendus. On est dans la même continuité de ce que je vois depuis 10 ans, on aimerait un beau parcours en coupe de France car c’est ça qui pourrait faire revenir du monde au stade, un engouement autour de l’équipe et que le club soit un peu plus attractif. On a fait quelque belles performances en Coupe de la Ligue mais aussi en Coupe de France, en général les supporters boycottent cette première par rapport au message qu’elle véhicule en ne sélectionnant que les clubs professionnels. Concernant notre entraîneur, c’est un entraîneur très discret mais qui reste l’écoute, il travaille dans l’ombre et est beaucoup moins prévisible que ce que nous avons eu par le passé. Il est très défensif dans ses compositions et fait beaucoup confiance aux jeunes en les lançant très tôt ce qui peut justifier le manque d’expérience de l’équipe dans les grands matchs.
Il y a quelques semaines, le mercato d’été s’était achevé. Es-tu satisfait avec du recul des transactions effectuées et des nouveaux arrivants ?
Steven : Je suis satisfait que l’on ai réussi à garder un ou deux joueurs notamment Rémi Pillot le gardien, beaucoup de gens pensaient qu’il allait être rétrogradé numéro 2 mais il s’est battu ces dernières années pour conserver sa place. Pas mal de jeunes ont signés au club, mais je suis assez déçu concernant un attaquant qui a signé à la Berrichonne en provenance de Tours et qui s’appelle Keny Philippe Paulin. Contrairement au reste de l’équipe, il a fait une bonne préparation et de bons matchs amicaux mais administrativement il ne peut pas jouer avec le club, il n’a pas joué avec sa sélection nationale donc la démarche est bloquée mais je ne comprends pas cette situation. On ne peut pas l’aligner alors que nous avons des problèmes offensifs et c’est assez embêtant, il est censé être notre point d’appui. La meilleure recrue est Romain Grange, il revient au club une dizaine d’années après nous avoir quitté et représente les valeurs du club avec énormément de combativité, il donne tout pour l’équipe ce qui est un exemple pour les jeunes.
Un mot pour terminer ?
Steven : J’aimerais que les gens arrêtent de se prendre la tête lorsqu’ils viennent voir un match, qu’ils viennent en famille tranquillement supporter leur club et leur ville. Tout est contrôlé dans les stades, c’est plus une corvée de venir qu’autre chose à certains moments et il faudrait assouplir tout cela pour que toutes les générations confondues se retrouvent pour profiter d’une passion commune. Le business a tué ce principe.
Crédits photos : Red Blue Angels