Il y a des clubs qui sont en difficulté en ce début de saison et à la surprise des puristes, le Stade Malherbe de Caen est parmi les dernières équipes et dans le train des “décrochés” même si cela reste léger. Heureusement, l’équipe normande peut compter sur le soutien de ses nombreux supporters notamment Stéphane alias Huisgonde qui est un fidèle depuis le début des années 2000 et qui se confie à nous sur son club !
Présentation de l’équipe : Le Stade Malherbe Caen Calvados Basse Normandie a été fondé en 1913 et se nomme aussi “Stade Malherbe”, à la base on le caractérise comme étant un club omnisports. Dans l’entre deux-guerres, l’équipe s’impose comme une des meilleures de la région et en 1934, elle intègre le monde professionnel jusqu’en 1938 sur les traces du FC Rouen et du Havre AC. Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, le SMC intègre le tout nouveau championnat de France Amateur et va connaître pendant de nombreuses années ce statut.
C’est en 1985 que la délivrance arrive avec l’obtention du statut professionnel longtemps après leur première fois, 3 ans après ils seront dans l’élite de la Division 1. En 1992, le club normand est dans la première partie de tableau de la D1 et s’octroie même le plaisir d’accéder à la Coupe de l’UEFA en tirant le Real Saragosse (ESP) au premier tour qui se soldera par une défaite globale. Par la suite, l’équipe va jongler entre D1 et D2 et s’installe en Ligue 1 dans les années 2010 avant de redescendre en Ligue 2 en 2019. Rui Almeida a été limogé en cours de saison et remplacé par Pascal Dupraz pour “résultats insuffisants”, les Caennais sont pour l’instant 16èmes avec 11 points à leur actif
En agrément de cette présentation, découvrez l’interview de Huisgonde membre du Malherbe Normandy Kop et de Paris Drakkars qui nous parle de sa passion caennaise mais aussi de la situation actuelle de son club
Depuis quand supportes-tu le SM Caen et qu’est-ce qui t’a fait aimé cette équipe ?
Huisgonde : Je suis arrivé avec l’effet Coupe du Monde 98 quand j’ai appris qu’il y avait une équipe à Caen, j’ai commencé à m’y intéresser et à regarder des matches à partir de ce moment-là. Pendant mon enfance, je n’en avais rien à faire du foot, je suis de Normandie non loin de Caen et je trouvais ça intéressant de suivre l’équipe locale plutôt que comme tous ceux de la cour d’école à supporter Paris, Marseille voire la grande équipe lyonnaise du début des années 2000. Je trouvais ça plus drôle de supporter le club d’où je suis né, ça me fait un point commun avec mon grand-père qui était passionné du Stade Malherbe également. Au début, j’écoutais les matches à la radio sur France Bleu puis j’ai été au stade pour la première fois en 2003, j’ai mis du temps à y aller mais je me suis bien rattrapé depuis.
Selon toi, quelles valeurs ce club véhicule autour de lui ?
Huisgonde : On a l’habitude de parler du Stade Malherbe de Caen comme un club familial mais je pense que cela a été vrai pendant très longtemps et ça l’est peut-être un petit peu moins depuis les derniers changements de direction. C’est un club avec une continuité, une logique avec « Normands et Conquérants » comme devise qui va très bien au club puisque ça véhicule de la combativité. A Caen, on veut que les joueurs soient combatifs et qu’ils ne trichent pas, les résultats forcément sont là ou pas mais on a tout fait pour. Nous ne sommes pas en attente d’un résultat parfait mais on veut de la combativité, on a le droit de ne pas gagner mais nous n’avons pas le droit de ne pas donner le maximum sur le terrain.
Es-tu membre d’un groupe de supporters ? Quelle est l’identité de celui-ci ?
Huisgonde : Je suis membre de deux groupes de supporters ce qui est assez rare, ils fréquentent tous deux groupes la tribune Borrelli. Je suis membre du Malherbe Normandy Kop depuis 2003, c’est un groupe où j’ai pris mes responsabilités en étant président pendant deux ans. Je suis resté membre actif dans l’ombre depuis 2009 vu que j’habite à Paris, je vais moins au stade mais je fais le pont entre les deux groupes. Je suis également membre du Paris Drakkars qui est une association de parisiens qui supporte Caen mais on généralise à tous ceux qui ne sont plus dans la région caennaise. Le premier groupe a pour objectif d’animer la tribune Borrelli en faisant des tifos et en effectuant des déplacements ce qui demande beaucoup de travail à côté en terme de gestion des membres, il y en a 1000 ce qui est énorme pour de la Ligue 2.
Paris Drakkars c’est vingt membres actifs avec une cinquantaine d’adhésions en relation amicale pour avoir accès à certains matches. Nous ne sommes pas dans un seul domaine d’activité puisqu’on va voir des concerts, on fait du sport et on part en vacances ensemble parfois. On fait tout pour accueillir de nouveaux membres mais les deux associations ne sont pas concurrentes, elles sont complémentaires. Aucun des groupes caennais en général n’a été impliqué dans de la violence et on a toujours eu une bonne relation avec le club.
“Nous n’avons pas le droit de ne pas donner le maximum”
Quel rôle un supporter doit-il jouer dans un stade lorsqu’il encourage son équipe ?
Huisgonde : Il doit encourager c’est la base, on n’est pas là pour critiquer ou pour siffler même si bien sûr des fois un supporter peut exprimer son mécontentement que ce soit avec une banderole ou avec des sifflets, mais il ne faut pas que ce soit la base ni le point d’orgue. Certaines personnes malheureusement y compris chez nous à Caen font ça systématiquement, je trouve ça dommage car le supporter doit se faire plaisir aussi. Il doit participer à l’ambiance car il y a une chose que j’ai du mal à supporter, ce sont les personnes qui se plaignent de l’ambiance mais qui n’y participent pas. Il faut pousser les joueurs au maximum car la solution peut aussi venir de là, c’est toujours plus motivant pour les joueurs et pour le club car les supporters qui sont à côté du Kop peuvent être entraînés par tout cela. J’ai beaucoup de mal avec les personnes qui insultent les joueurs et les dirigeants pendant tout le match, on a toujours à côté de nous ce type de personne qui insulte et c’est contre-productif car le stade n’est pas un lieu de défouloir.
Le début de championnat a été très compliqué pour le SMC mais depuis le départ de Rui Almeida cela va un peu mieux. Crois-tu que l’effet Dupraz peut durer dans le temps ?
Huisgonde : Oui et pour une raison toute simple c’est que l’équipe joue différemment, on vient de gagner dans un match assez compliqué mais c’est une belle victoire avec des buts (2-4) et c’est notre grand problème depuis le début de la saison : trouver le chemin des filets. Mais il y a du mieux depuis l’arrivée de Dupraz malgré deux matches nuls décevants par rapport aux résultats, le contenu est complètement différent maintenant car on a du jeu et à Caen c’est ce que l’on recherche. Je pense que le système et la mentalité qu’il essaye d’instaurer par rapport à Rui Almeida ça se ressent sur le terrain que ce soit chez les supporters ou chez les joueurs. C’est un renouveau et une nouvelle saison même si l’on a pris quelques mois de retard, je pense que cette dynamique va se poursuivre et que l’on va remonter la pente. De là à jouer les cinq premières places peut-être pas vu que l’on a pris beaucoup de retard, mais au moins faire une saison qui pourrait préparer la prochaine.
Peut-on encore parler de retour en Ligue 1 Conforama dès l’année prochaine pour les caennais ou le début de saison se paiera-t-il au bout d’un moment ?
Huisgonde : Il se paie déjà car on a déjà beaucoup de retard, nous sommes en bas de classement même si on connaît aussi la Ligue 2 et que cela peut aller très vite dans un sens comme dans l’autre. On sait que les cinq premières places sont synonymes de barrages et on a vu l’année dernière que le 5ème de Ligue 2 a joué en barrages contre le 18ème de Ligue 1. Rien n’est impossible mais avec le début de saison que l’on a fait, il faudra compter sur une série magnifique pour recoller les premières places. A titre personnel, je ne suis pas sûr d’y croire vraiment après peut-être que dans quelques mois on se dira « et si… » mais pour les dirigeants, l’objectif reste la montée. Quand Dupraz est arrivé, ils disaient que lorsqu’il était à Toulouse il avait plus de points à rattraper qu’à Caen, ils pensent que cela va être plus facile et je trouve que c’est de la méthode coué.
Les clubs français licencient souvent leurs entraîneurs en cours de saison, crois-tu que les dirigeants sont trop sévères ou pressés parfois ?
Huisgonde : On découvre ça à Caen car on ne change d’entraîneur que depuis deux-trois ans. Avant, on avait eu Dumas pendant sept ans et Garande que l’on a gardé pendant six ans sous la présidence de Jean-François Fortin et nous n’étions pas un club qui virait ses entraîneurs. Je ne sais pas si les dirigeants sont trop sévères ou pas car il y a des clubs qui sont plus médiatiques que le nôtre et qui sont plus dans l’instantanéité des résultats. A Caen, les entraîneurs ont plus le temps de travailler, cela faisait longtemps qu’un entraîneur ne s’était pas fait virer en cours de saison (ndlr. Patrick Rémy en 2005) et là c’est arrivé cette année avec Rui Almeida. Dans certaines équipes, je ne comprends pas la logique de changer tous les deux mois car on ne peut pas avoir de stabilité dans tout ça. Notre changement de technicien était nécessaire, après on ne sait jamais car peut-être que l’on aurait gagné 12 matches d’affilées avec Rui Almeida, on ne pourra jamais savoir. Après on se sait pas comment cela se passe avec le président et le staff, pour Mercadal le choix de le conserver n’était pas si mauvais que cela et puis avec l’arrivée de Rolland Courbis qui l’a épaulé on allait mieux. Cette décision n’était pas si mauvaise puisque l’on n’était pas loin de se sauver, on descend lors de la dernière journée et cela se joue sur des détails. On ne sait pas ce qui ce serait passer si les choses avaient été autrement, cela aurait pu être pire ou mieux mais on peut refaire l’histoire ou le match comme disait feu-Eugène Saccomano, il faut se concentrer sur l’activité à court terme. A Caen, on veut retrouver la D1 car on s’y amuse un peu plus qu’en D2.
Un mot pour terminer ?
Huisgonde : Je remercie la communauté caennaise et tous les amis que je me suis fait au Stade Malherbe de Caen que ce soit par le MNK 96 ou par le Paris Drakkars. Il y a bien sûr We Are Malherbe (ndlr. près de 50 000 followers sur Twitter), c’est un collectif qui fréquente la tribune Borrelli. La communauté caennaise est riche et je les remercie tous pour ce qu’ils font pour le club.
Merci Huisgonde pour le temps consacré, bonne saison à toi et à l’équipe !
Crédits photos : Benoit Caen