La lutte se poursuit à Lille et une seule question se pose : qui pour soulever le trophée dimanche ? Il est un peu prématuré pour le moment pour y répondre, néanmoins quelques indications sont perceptibles avec un Grégoire Barrere qui semble en jambes, la surprise Zizou Bergs ou encore la promesse du jeune Lilian Marmousez. Retour sur cette journée de mercredi.
Et pourquoi pas le triplé Barrere ?

Il est sans nul doute la principale attraction de cette semaine grâce à son histoire avec le Play In, mais également son statut de tête de série 1 du tableau. Après avoir concédé un set à Vaclav Safranek lors du 1er tour, son match suivant fut plus rapide, mais presque tout aussi piégeux, face au fantasque allemand Dustin Brown. Par le passé, les deux joueurs s’étaient déjà affrontés avec un léger avantage pour l’allemand (2 victoires à 1). Ce dernier n’a d’ailleurs pas dérogé à la règle de son jeu atypique, tentant de nombreuses montées au filet et des amorties toutes aussi lunaires les unes que les autres.
Néanmoins, tout joueur de ce calibre possède des failles parfois impardonnables, comme ici la régularité puisque Dustin Brown a eu des moments de doute sur son service avec des prises de risques contrées par Grégoire Barrere. Finalement, après s’être fait rejoindre à 5-5 dans le second set, le français a breaké puis servi pour le match avec succès (6-3/7-5) pour rallier les ¼ de finale. « Dustin Brown est fantasque, il fait des coups hors du commun et bien souvent il les réussit, donc il faut réussir à ne pas sortir du match et rester concentré. […] Je savais à quoi m’attendre et je l’ai agressé pour ne pas le laisser jouer. » Rien ne semble arrêter Grégoire Barrere, l’esprit tranquille, mais surtout non loin d’un 3e titre ici à Lille. « Les gens sont super gentils avec moi, ils m’encouragent et je commence à connaître du monde ici dans l’organisation. […] Je dirais que je suis chez moi si je gagne le troisième ! » Après avoir battu Jonas Forejtek (CZE), rendez-vous en demi-finale pour peut-être s’octroyer une nouvelle finale.
Une première en Challenger aboutie pour Marmousez

Ce jeune clermontois (Clermont de l’Oise) a récemment intégré le top 1000 à seulement 19 ans et s’est vu attribué une wild-card pour le tableau final du Play In Challenger. Il s’agissait là de sa première expérience à ce niveau, globalement réussie. La performance qui sera à retenir est évidemment son succès sur Baptiste Crepatte, membre du top 500 et issu des qualifications (6-2/6-4). « Je suis très satisfait de la manière dont j’ai procédé, car ce n’est pas évident de jouer un adversaire assez émotif. Je suis resté concentré sur moi-même et mes objectifs » nous explique-t-il. Face à un opposant très expressif, Lilian a su garder son calme et ainsi faire preuve d’une belle maturité pour un joueur de son âge.
Cependant, sa jeunesse ne semble pas influencer sur ses ambitions qui restent très hautes. « C’est mon premier Challenger donc je suis un peu excité, mais je ne suis pas impressionné, je ne suis pas mis dans un mood spécial, je garde ma ligne de conduite et j’ai l’impression que ça me réussit. […] Les qualifications de Roland Garros ? C’est un objectif, j’aimerais bien les jouer par le biais d’une wild card, c’est un objectif de la saison » confie-t-il. Face à Quentin Halys au second tour, il fut résistant, en vain (6-3/7-5), néanmoins de quoi lui donner de l’espoir vu le niveau de jeu affiché ainsi que l’opportunité saisie ici à Lille. Retenez bien son nom, vous risquez d’en entendre parler à l’avenir.
Quelles conditions d’accueil pour les joueurs ?

Que serait une organisation s’il n’y avait aucun coordinateur ? Antoine Baudry, étudiant en Master STAPS gestion et stratégie du sport, en sait quelque chose. Effectuant ses études à Lille, il s’est vu confié deux missions primordiales sur le Play In Challenger. « La première est de veiller à ce que les navettes entre le club, l’hôtel, les gares et l’aéroport se déroulent correctement pour les joueurs et les arbitres » nous explique Antoine, qui est en somme responsable des chauffeurs. « La seconde est de bien gérer la répartition des terrains de practice pour les entraînements afin de garantir une certaine équité. »
Finalement, ces fonctions se rassemblent en un lieu qu’est le « player’s desk », endroit d’ailleurs très apprécié, aussi bien par les joueurs eux-mêmes que les entraîneurs. « Le contact avec les joueurs me plaît, communiquer avec eux alors que normalement tu les vois à la télévision, c’est génial » confie-t-il. De par cette semaine, Antoine acquiert de l’expérience pour la suite avec des fonctions managériales. « Elles sont utiles pour mes études, il y a 2 ans, j’étais chauffeur et désormais je gère cette équipe », une expérience qui restera gravée certainement dans les mémoires des membres du player’s desk, à savoir Pauline, Coralie, Thomas, Lucile et Antoine. À savoir que certains ont pu échauffer certains joueurs comme Maxime Janvier ou Andrea Arnaboldi, le privilège des dieux.
Un coup de gueule aux allures de cri d’alerte

Il y a de ces propos qui ne sont que trop méconnus et pourtant, ce sont des réalités du monde du tennis. Se sentant non considéré, une partie du tennis secondaire et le tennis tertiaire dans sa globalité vit des temps difficiles, aggravés par la situation sanitaire actuelle. À l’occasion du Play In, Baptiste Crepatte (26 ans, 416e mondial) s’est exprimé à ce sujet et explique concrètement en quoi le système de répartition des points s’avère inégalitaire. « En futures, si tu gagnes un 15 000 $ tu remportes 10 points et si c’est un 25 000 $ c’est 20 points. Par contre, en Challenger, si tu passes un tour, c’est 8 points et deux, c’est 17, alors que pour remporter un future tu dois gagner 5 matchs. Certes ce n’est pas le même niveau, mais la redistribution des points en dessous dans les futures n’est pas égalitaire » affirme-t-il.
Dans son cas, son aventure lilloise lui a rapporté 5 points puisqu’il s’est extirpé des qualifications en remportant deux matchs. « Ici à Lille, j’ai gagné 2 matchs et 5 points ce qui correspond à une demi-finale en futures, soit 4 matchs à remporter. Les titres ou même les victoires ne sont pas forcément valorisés en futures, il faudrait combler un peu d’écart » selon lui. À ne pas oublier aussi que le classement actuellement gelé à l’ATP complique la situation puisqu’il faut nécessairement plus de points pour gagner des places et ainsi accéder à des tableaux plus prestigieux. Ce problème mis à nouveau sur le devant de la scène dans le monde du tennis fera très certainement encore parler un certain temps.
Crédits photos : © Laurent Sanson – Play In Challenger Lille