Accueil » Portrait de Benoît Sinner

Continuons avec le cyclisme et des personnalités fortes du monde amateur avec au programme cette fois-ci Benoît Sinner, le “papy de Nantes” comme on le surnomme, qui va bientôt raccrocher le cycle et préparer son avenir professionnel ! Une belle rencontre humaine à vivre chez les Reporters Incrédules ! Bonne lecture !

Portrait : Benoît Sinner est un cycliste français âge de 32 ans et originaire de Fontenay les Roses. Il aura fréquenté 3 équipes professionnelles : Agritubel (2006-2008), Besson Chaussures (2009) et Armée de Terre (2015-2016). Depuis le début, il fait partie de cette équipe de l’armée avec donc double projet vous aurez l’occasion de le découvrir dans son interview et aujourd’hui, il peut voir une évolution spectaculaire pour cette équipe !

La course qui marque son palmarès est le Championnat d’Europe sur route Espoirs en 2006 qu’il remporte brillamment, cela reste sa plus belle victoire sur le plan sportif et international. Actuellement membre de l’UC Nantes Atlantique en amateur, il est le doyen de cette équipe, le “père” de tous même s’il raccroche le vélo en fin de saison.

Et maintenant, place à l’interview de Benoît très enrichissante où il revient sur son titre en espoirs, le monde cycliste amateur et bien d’autres choses.

Bonjour Benoît, merci d’avoir accepté notre invitation

Si tu devais te décrire en 3 mots…

Benoît : Je dirais généreux, déterminé et fiable.

Quelle est ta plus belle victoire dans ta carrière ? Décris nous là :

Benoît : Déjà mon Championnat d’Europe en 2006, c’est surtout celle qui marque le plus mon palmarès en tout cas. C’était un peu une victoire collective avec toute l’équipe de France qui avait travaillée ce jour-là pour moi. C’était une victoire qui était quasiment dessinée sur 2 saisons car c’était tout un groupe qui travaillait ensemble, donc cette victoire a été la consécration.

Tu as disputé les Championnats de France Amateurs à Saint Omer et tu termines 9ème. Comment analyses-tu ce résultat et en es-tu satisfait ?

Benoît : Déjà, c’est une déception car j’étais venu pour gagner, j’avais bien préparé et ça s’était vu sur le Tour du Nivernais donc j’étais en très bonne forme, annoncé dans les favoris. Quand tu débarques sur un championnat et que t’es favori, c’est toujours pareil, c’est compliqué. Il y a eu pas mal de réflexions pendant la course où certains coureurs parlaient de moi, comme quoi j’étais le favori et que c’était une course taillée pour moi. Après, on avait décidé de ne pas sacrifier l’équipe pour moi, j’avais demandé à ce que ça se passe comme ça en tout cas car les jeunes méritent autant de gagner que moi. J’avais dit que pour ne pas les cloisonner au rôle d’équipier, c’était priorité à l’offensive et à ceux qui étaient devants. Avant le dernier tour de la course, on avait prédit Guillou devant, mais malheureusement pour nous dans la dernière bosse, il a sauté.
J’ai pas réussi à faire le « jump » comme Romain Seigle a pu le faire et puis malheureusement on est pas rentrés dans le final et dans le sprint, quand j’ai vu qu’on ne rentrerait plus, à 100 mètres de l’arrivée j’étais déçu, j’avais arrêter de pédaler la déception avait pris le dessus et que je fasses 6ème, 9ème ou 15ème, c’était pareil pour moi. J’étais là pour gagner, je visais ça. Je ne regrette pas que l’équipe ne se soit pas mise à mon service.

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“Le temps est venu de descendre du vélo”

Depuis cette année, tu es un cycliste amateur. Dès que tu es arrivé, quelles différences as-tu pu remarquer avec le monde professionnel ?

Benoît : Le monde amateur reste avant tout du plaisir même s’il y a du haut niveau, on est là pour s’amuser sur le vélo. Chez les professionnels, pour beaucoup c’est un travail, des rôles prédéfinis. On vient sur une course, on est équipier ou leader, on a un rôle bien défini. Chez les amateurs, ça reste du plaisir, du partage et de la convivialité entre nous. L’une des fins, c’est sûr, c’est de passer professionnel et d’avoir des résultats, mais pour moi la base du cyclisme surtout en amateur, c’est de s’amuser sur le vélo.
La structure n’est pas la même, les moyens non plus même si chez les amateurs, on tente de se professionnaliser un maximum mais ça reste perfectible par rapport au monde professionnel j’ai envie de dire. On arrive pas 2-3 jours avant les courses, avec un bus, on a pas de douches à l’arrivée, on se lave avec un gant de toilette et de l’eau de cologne. Ca reste de l’amateurisme et un cyclisme du peuple.

Espères-tu réintégrer le monde professionnel l’année prochaine et as-tu déjà des pistes ?

Benoît : Pour moi, le monde professionnel, c’est terminé. J’ai fait une croix dessus car j’ai d’autres priorités maintenant, j’ai eu 2 expériences en pro et ça fait 15 ans que je suis au haut niveau sportif. Maintenant, ma priorité, ça va être mon fils qui va naître dans 1 mois et surtout mes formations militaires qui vont me permettre d’être officier militaire du sport des armées dans un an et demi donc professionnellement, j’ai une autre voie. Le vélo, j’aurais aimé en vivre encore plus longtemps mais un moment il faut savoir tourner la page et avancer et avoir d’autres objectifs.
Quand j’ai intégré l’Armée de Terre en 2010, c’était avec cet objectif-là qu’on m’a proposé. Je vais avoir 33 ans et le temps est venu de descendre du vélo et d’avancer professionnellement. Ma fin de carrière est prévue à la fin de cette saison mais si l’année prochaine j’ai un peu de temps, pourquoi pas refaire une année, pas forcément au même niveau que cette année car avec mes formations et mes contraintes pro ça va être compliqué mais il y a des chances que à la fin de l’année, je termine le sport de haut niveau pour me consacrer au sport loisir.

Racontes-nous ton planning dans une semaine. Le trouves-tu plutôt chargé ou détendu ?

Benoît : C’est pas compliqué, c’est toujours militaire, je travaille toujours pour l’équipe cycliste de l’Armée de Terre. Actuellement, le planning est très simple. Le matin, entraînement, ils me laissent pas mal de créneaux pour m’entraîner et être au niveau que je suis actuellement et l’après-midi, soit je me repose car ils n’ont pas besoin de moi au bureau ou alors quand ils ont besoin c’est une après-midi bureau pour moi, pas mal d’administratif et de secrétariat, des contraintes militaires à remplir, des obligations administratives dont je m’occupe avec le directeur sportif de l’équipe. Par exemple donc planification des voyages, réservation des billets d’avion et des hôtels etc… Ca ce sont les après-midi puis le week end ce sont les compétitions et ça devrait pas tarder à changer car j’ai des tests sportifs à préparer pour Septembre pour l’armée, là-dedans il va falloir que j’intègre 2 à 3 séances d’adaptation hebdomadaires voir plus en Août, donc ça va forcément me diminuer mes séances d’entraînement en vélo. Dans 1 an et demi, j’ai 2 options. La première qui est privilégiée, c’est d’intégrer le staff de l’équipe en tant que directeur sportif ou entraîneur, une discussion qu’on mène actuellement, une place serait réservée pour moi. Et ensuite, je me laisse l’opportunité de poursuivre ma carrière militaire à 100% et d’intégrer un bureau des Sports.

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Quelle est ta force sur un vélo et pourquoi ?

Benoît : Je pense que je fais à peu près tout. Je suis un bon sprinteur, un puncheur correct, je roule pas trop mal. Par contre, je suis pas très bon grimpeur mais quand les cols ne font que 5-6km et ne sont pas très longs, je passe pas trop mal. La différence que je vois par rapport à beaucoup aujourd’hui sur le vélo, c’est que j’ai pas peur de me faire mal et je sais me faire très mal pour arriver à ce que je veux. Mon point fort, ce serait le mental et je suis un peu reconnu pour ça.

Tu as vécu dans cette équipe de l’Armée de Terre durant plusieurs années. Selon toi, qu’à-t-elle de différent par rapport à une autre équipe ?

Benoît : Alors on a mis un petit temps à en profiter mais il a fallu qu’on passe par des formations militaires pour s’en rendre compte. L’esprit de groupe, tout le monde tire dans le même sens pour le même objectif, et c’est un peu cet esprit de fraternité qui nous a amené là où on est maintenant. Mais le côté professionnel fait que c’est plus compliqué d’avoir à réunir tout le monde autour d’une formation militaire, c’est un critère obligatoire on va dire.
Mais dans le fond, cet esprit est toujours là car l’encadrement c’est le même, malgré qu’il y ait eu du renouvellement parmi les coureurs, beaucoup sont encore là, moi-même j’en fais partie, je suis avec eux aux stages et aux réunions. La grosse force de l’équipe, c’est cette structure militaire qui nous a inculqué le collectif et l’esprit de sacrifice pour les autres.

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A 32 ans, as-tu encore un rêve que tu voudrais réaliser ?

Benoît : Il s’est raté hier (rires, lors des France à St Omer), j’aurais aimé ramener ce maillot bleu-blanc-rouge, c’est ce que j’avais dit au briefing la veille. Moi, il n’y a qu’une seule course qui me fait vibrer et c’était celle-là. Maintenant, je ne pense pas reprendre le départ d’un Championnat de France, mais il y en aura certainement d’autres qui prendront le dessus notamment mon petit garçon prévu pour début Août donc j’ai d’autres envies qui vont apparaître.

Comment vois-tu la suite et fin de ta carrière ?

Benoît : Faire une belle fin de saison mais maintenant ça va être compliqué de faire du vélo à 100% avec mes tests militaires qui arrivent. Faire de belles courses, quelques manches de Coupe de France où j’aimerais bien briller notamment deux en particulier qui sont dans mes cordes. Et après ce que je veux, c’est m’amuser une dernière fois avec la bande de jeunes qui m’entoure à l’UC Nantes Atlantique. Ce sera vraiment le côté plaisir et partage avec ces jeunes, c’est la raison pour laquelle je continue cette année, prendre du plaisir au vélo.

Merci Benoît pour ta pertinence et tes réponses. A très bientôt !

Crédits photos : Benoît Sinner, Adeline Harvis

Les Reporters Incrédules – 30 Juillet

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