Accueil » Portrait de Romain Feillu

En pleine trêve hivernale, le monde du cyclisme prépare la nouvelle saison 2020 qui se profile mais il y en a un qui ne reprendra pas la route en la personne de Romain Feillu. Sa retraite, ses projets pour l’avenir ou encore ses souvenirs en jaune, il a accepté de se confier à nous !

Portrait : Romain Feillu est un ancien cycliste professionnel né en 1984 à Châteaudun, il est âgé de 35 ans. Il débute sa carrière chez les amateurs en 2003 du côté de l’UC Châteauroux-Fenioux puis chez Agritubel-Loudun 86 l’année suivante. Un des tournants de son parcours intervient en 2005 lorsqu’il rejoint le CC Nogent sur Oise réputé pour la formation de jeunes talents, mais aussi lorsqu’en fin d’année il effectue un stage chez Agritubel. Par la suite, il signe son premier contrat professionnel dans cette même équipe en 2007 ce qui s’est avéré être un choix payant puisqu’il remporte les Boucles de l’Aulne, le général du Tour de Grande-Bretagne ou encore Paris-Bourges.
Après une sélection aux mondiaux de Stuttgart, il dispute son premier Tour de France en 2008 où il se verra porter le maillot jaune à la suite d’une échappée décisive à Nantes lors de la troisième étape. Cela ne durera que 24 heures mais c’est une ligne importante de son palmarès. Agritubel s’arrête mais Romain rebondit chez Vacansoleil où il va étoffer sa besace notamment en 2011 avec 7 victoires dont le général du Tour de Picardie. En 2014, il rejoint Bretagne Séché Environnement avec un succès sur la Route Adélie de Vitré l’année suivante. Sa dernière équipe se nomme HP BTP-Auber 93, c’est là-bas qu’il achève sa carrière de 2016 à cette année sans grandes étincelles mais avec la passion du vélo et la reconnaissance qu’il mérite.

En complément de ce petit portrait, voici son interview où il revient sur sa retraite, ses projets pour le futur ou encore ses débuts dans le cyclisme

Si tu devais te décrire en 3 adjectifs…

Romain : Généreux, taquin et passionné.

Quelle est ta plus belle victoire et en quoi est-elle spéciale à tes yeux ?

Romain : C’était la victoire au classement général du Tour de Grande-Bretagne en 2007 car c’était sur une course d’une semaine, ça n’a jamais vraiment été ma spécialité mais j’avais réussi à être présent durant 8 étapes.

Tu as récemment pris ta retraite en même temps que ton frère Brice, est ce que la décision a été difficile à prendre ?

Romain : Pour moi pas forcément parce que cela faisait 2 ans que j’y pensais, j’étais presque prêt à la prendre mais j’avais fait durer un petit peu le plaisir. Récemment c’était devenu un peu galère au niveau des performances sportives, beaucoup de sacrifices que je n’avais plus forcément envie de faire.

2 (Ouest France)

Quelles émotions peut-on ressentir lorsque l’on porte le maillot jaune comme tu l’as fait lors du Tour de France 2008 ?

Romain : C’est de la fierté, j’étais ému et fier. C’était grand car je me sentais porté par le public pendant le contre-la-montre (NDLR : le lendemain de la prise du maillot jaune) même si j’étais très fatigué des efforts de la veille.

Le vélo a-t-il toujours été ton centre d’intérêt principal et pensais-tu en faire un jour ton métier ?

Romain : Depuis tout petit ça a toujours été mon rêve, si on ressort ce que les enfants disent à leur maîtresse lorsqu’elle leur demande ce qu’ils veulent faire plus tard, moi c’était cycliste professionnel ou alors marchand de cycles. Ça c’était quand j’étais jeune et rêveur, j’y ai moins cru quand j’avais une dizaine d’années parce que j’ai compris qu’il n’y avait qu’une minorité qui y arrivait. Je n’ai jamais baissé les bras et j’ai toujours fait ce qu’il fallait, après on avait la chance Brice et moi d’être dans une famille qui avait les moyens.

TDF-2008-FRA-CYCLING-TIME-TRIAL-FEILLU

“Ça a toujours été mon rêve”

Quels sont tes projets pour les prochaines années ?

Romain : Les gros titres avaient annoncé que je prendrai un poste de directeur sportif mais c’est faux. Je vais organiser des stages cyclistes axés sur le tourisme, les petits plaisirs de la vie liés au vélo et au patrimoine avec des hébergements sympas, insolites et de charme. Ce sera plutôt du côté de chez moi en Corrèze, en Dordogne et dans le Lot.

Avais-tu envisagé ta reconversion ? Le vélo est-il devenu une drogue ?

Romain : J’ai tissé des liens avec pas mal de gens du vélo, il y en a avec qui j’ai envie de garder contact et ça me donne envie de retourner sur des courses et graviter autour. Pratiquer le vélo c’est ce sentiment de liberté, être dans la nature avec les cheveux au vent, je trouve ça incroyable comme sensation.

4 (La Nouvelle République)

Comment as-tu vécu ta dernière course qui fut Paris Bourges ? Quelle émotion cela fait de se retrouver en famille ?

Romain : Mon frère a terminé 3 jours après mais ce fut ma dernière course chez moi. De plus, c’était ma 4ème victoire lors de ma première année chez les professionnels et j’adorais cet endroit, il y avait les supporters qui étaient venu. C’était un sentiment spécial toute la journée, j’avais limite les larmes aux yeux car j’étais nostalgique de ma carrière et des images qui défilaient de ma carrière. Je n’avais pas forcément de tristesse, juste un peu de nostalgie mais je savais que je partais vers quelque chose de différent et que je serai heureux dans ces nouveaux projets.

Quand as-tu débuté le vélo et est-ce que ce sport t’as tout de suite plu ?

Romain : Ça m’a toujours plu car avec mon frère c’était notre moyen de locomotion, c’était génial car on pouvait partir loin grâce au vélo, même en étant jeunes nous étions libres à la campagne. On partait fréquemment à 10, 15 ou 20 kilomètres de chez nous même avant d’avoir 10 ans, c’est vraiment associé au sentiment de liberté.

As-tu des conseils pour les jeunes cyclistes qui souhaitent devenir professionnels ?

Romain : Se faire plaisir, s’entraîner dur mais sans oublier les études car c’est un bon équilibre. Le vélo est un sport où le sérieux paye assez fréquemment, il faut également écouter ceux qui sont disposés à donner de bons conseils et qui ont des formations pour bien s’orienter. Maintenant, plus on progresse et plus il y a des CTR (conseillers techniques régionaux) ou des bonnes rencontres à faire. Il faut se faire plaisir et persévérer, il n’y a pas que la technique mais aussi l’entraînement. Quand d’autres commencent à sortir et aller boire des coups le samedi soir, c’est là qu’il faut résister et même avec des petits moyens on arrive à s’en sortir.

Merci Romain pour le temps accordé, bonne continuation dans tes nouveaux projets !

Crédits photos : Le Télégramme, Ouest France, Europe 1 et la Nouvelle République

 

Matthias Larmet – 4 Décembre

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