Exclusivité les Reporters avec aujourd’hui une grande nouveauté. En effet, ce ne sont pas forcément les joueurs qui ont leur place ici mais aussi ceux qui agissent et qui prennent les décisions ! C’est donc pour cela que Bernard Giudicelli, président de la FFT depuis peu, a accepté de répondre à nos questions. Nous allons donc vous présenter un petit portrait de lui pour ceux qui ne le connaissent pas encore !
Portrait : Bernard Giudicelli est né le 20 Février 1958 à Marseille. Il est actuellement président de la Fédération Française de Tennis, tête de liste donc aux dernières élections. Depuis 1991, celui-ci est président de la Ligue de Tennis Corse. En 1993, il intègre les têtes fortes de la fédération en devenant vice président adjoint mais 2 ans plus tard, il est démis de ses fonctions.
En 2009, avec Jean Gachassin à la tête de la FFT, il devient vice président délégué et est chargé de conduire le projet de modernisation de Roland Garros, actuellement en réalisation. L’année suivante, il intègre la commission olympique et participe à l’organisation des Jeux de Londres 2012 donc de l’épreuve tennis. Les postes s’enchaînent pour Giudicelli car 1 an après les JO, il devient secrétaire général de la FFT et sur le plan international en 2015, il est élu au Board de l’ITF puis président du comité de la Coupe Davis, 1er français par ailleurs à occuper cette fonction dans l’histoire de l’épreuve.
Puis le grand jour arrive car le 18 Février 2017, Giudicelli est élu président de la FFT, succédant ainsi à Jean Gachassin, avec 51,9% des suffrages.
Il n’a jamais percé dans le tennis de haut niveau mais cependant, il est proche de Yannick Noah et Amélie Mauresmo et collabore avec eux. Mais il a été un bénévole très actif : initiateur, juge-arbitre, dirigeant de club, de ligue etc… Il aura tout fait !
Et maintenant, deuxième partie du portrait avec une interview de l’intéressé qui parle notamment de ses 1ères réformes, de son élection et de ses ambitions.
Bonjour Bernard, merci d’avoir accepté notre invitation.
Si vous deviez vous décrire en 3 mots…
Bernard : Honnête, gagneur et résiliant.
Comment avez-vous réagi après votre victoire à l’élection pour la présidence de la FFT?
Bernard : Tout d’abord, je précise que je ne me suis pas présenté à la Présidence mais j’ai conduit une liste qui portait un projet sportif. C’est sûrement ce qui a fait la différence. Depuis le début, nous disions avoir une majorité, celle-ci était notre socle dur. Comme l’a souvent répété pendant la campagne Alain Fischer, aujourd’hui mon secrétaire général, il fallait préserver notre socle dur. Non seulement nous l’avons préservé mais nous l’avons soudé par notre conduite aussi au moment de la victoire, je m’attendais à avoir 894 voix, j’en ai obtenu 897. Je n’étais donc pas énormément surpris, ce qui explique qu’il n’y ait pas eu d’effusion de joie mais il est vrai une intense, très intense satisfaction.
Quel est la raison qui vous a poussé à déposer votre candidature? Etait-ce prémédité depuis longtemps?
Bernard : Prémédité n’est pas le mot mais j’avais toujours ce rêve dans un coin de ma tête. Il a pris corps quand Gilbert Ysern, le 28 Mars 2014, m’a incité fortement à me présenter à la Présidence de la Fédération car il ne souhaitait pas que Jean Pierre Dartevelle accède à ce poste. Cela m’a donné à réfléchir et ce sont les présidents de comités départementaux lors d’un congrès inter-régional à Tours en Septembre 2014 qui sont venus les premiers me solliciter. Non, ce n’était pas prémédité depuis longtemps.
“L’image d’une fédération qui gagne”
Aujourd’hui, certains sont inquiets concernant la ligne que vous voulez adopter pour la fédération. Que leur répondez-vous?
Bernard : Inquiets de quoi ? j’ai été élu sur des bases claires, révolutionner un système qui ne gagne plus de titres majeurs. Je leur dirais que je comprends leurs motifs d’inquiétude mais ils doivent comprendre à leur tour les motifs d’inquiétude des présidents de clubs qui voient leur fédération s’éloigner de leurs préoccupations quotidiennes. Je suis aujourd’hui le représentant des présidents de clubs avant tout. Alors c’est vrai, il va falloir sortir de la zone de confort dans laquelle tout le monde s’est installé depuis des années. Il va falloir revenir à la source, écouter les clubs, les accompagner ? Il va falloir comme je le dis souvent de façon un peu imagée sortir de la matrix dans laquelle nous nous sommes installés depuis de trop longues années.
Un cas en particulier a agité le monde du tennis français : la sélection nationale. Considérez-vous qu’elle est primordiale à vos yeux? Comment comptez-vous agir pour remédier à cette situation?
Bernard : Je veux remplacer la république des joueurs par la république française. En effet, la Constitution a donné à la Nation qui ont donné 2 attributs qui sont le drapeau et la Marseillaise. Pour représenter la France, l’article L131-15 du Code du Sport qualifie les fédérations délégataires dans leur capacité à composer les sélections nationales. Il n’y a donc pas à mon avis aujourd’hui d’autres solutions que d’appliquer la loi de la République. En tant que président de la FFT, je suis dépositaire d’un pouvoir qui m’est donné par le gouvernement, j’assume donc cette responsabilité. Remédier à cette situation en rappelant à notre élite, à nos meilleurs licenciés, dans une lettre recommandée avec avis de réception, de se tenir à la réception de la Fédération.
Vous venez de publier une liste de joueurs qui seront obligés d’accepter la sélection sinon ils seront sanctionnés. Question simple : pensez-vous que c’était nécessaire d’y mettre Alizé Lim ou encore Adrian Mannarino, jamais sélectionnés? Et pourquoi?
Bernard : Avant d’établir la liste, j’ai interrogé le capitaine des deux équipes de France. Yannick Noah est confirmé à ce poste, c’est pour nous un énorme privilège d’avoir à la tête de notre élite celui qui connaît le mieux le haut niveau. Yannick Noah est aujourd’hui non seulement un capitaine, c’est aussi celui avec qui je partage des rêves depuis longtemps, des rêves de conquête mais le plus beau de nos rêves est d’avoir, de retrouver la légende des Mousquetaires en alignant sur le trophée de la Coupe Davis plusieurs fois le mot France. Yannick Noah m’a demandé de mettre sur la liste nos 8 meilleurs garçons et les 6 meilleures filles au classement ATP à la date où nous l’avons établi et les 4 meilleurs joueurs de double et joueur de simple. Adrian Mannarino ou Alizé Lim sont des joueurs qui figurent dans ce classement et ce n’est pas un hasard. Il y a donc à mes yeux avant tout, une marque de considération et donc de respect pour le travail que ces deux licenciés accomplissent. Je n’ai pas à commenter le reste.
A l’avenir, quelle image de la fédération voulez-vous donner?
Bernard : L’image d’une fédération qui gagne. Je veux passer d’une fédération qui cherche vainement à gagner un grand chelem à une génération de joueuses et de joueurs qui soulèvent des trophées majeurs sur tous les courts du monde.
Sur le dossier Roland Garros, vous confirmez que le toit sur le Court Philippe Chatrier sera bien construit?
Bernard : Oui, je confirme.
Très critiqué car accusé de dénaturer le paysage dans les Jardins d’Auteuil, le projet “Nouveau Roland Garros” est donc plutôt controversé. Que répondez-vous à ces accusations?
Bernard : J’ai déjà répondu à ces questions à de nombreuses reprises. Aussi, pour y répondre de façon plus positive et plus synthétique, je dirais que nous allons faire le plus beau jardin de Paris, le plus beau court du monde, que nous allons faire un court dans un jardin ou un jardin dans un court.
Aravane Rezai fait part de son intention de revenir cette année. Allez-vous l’aider dans son come-back notamment à Roland Garros et dans les aides fédérales?
Bernard : C’est une bonne nouvelle pour elle mais elle devra d’abord retrouver un niveau de performance. Aravane va fêter ses 30 ans le 14 mars et elle pourra jouer les tournois français pour tenter de monter dans le classement, qui servira à désigner les wild-cards pour Roland-Garros 2018.
Et enfin, comment voyez vous la suite?
Bernard : Première réponse : s’il s’agit de Roland Garros, la suite est sans doute très simple. Nous allons inaugurer le bâtiment de l’organisation en 2018, le Court dans les Serres en 2019 et le Court Philippe Chatrier avec un toit en 2020.
Deuxième réponse possible : si la suite concerne l’ensemble de la fédération, la réponse est la suivante : je vois notre fédération comme un énorme navire, un porte-avions, avec à sa tête le président qui coordonne l’action d’un comité exécutif de 17 personnes, lesquels sont en lien avec les directeurs de la Fédération et les chefs de projet que nous allons lancer.
Merci beaucoup Bernard pour toute l’attention portée à ce portrait et votre collaboration. Bonne continuation !
Nous remercierons également l’organisation de la FFT pour sa participation et nous lui souhaitons un avenir radieux.
Crédits photos : Bernard Giudicelli, Fédération Française de Tennis
Les Reporters Incrédules – 10 Mars