Nous avons pour habitude de vous présenter des sportifs en interview, et bien cette fois nous changeons d’horizon et nous dirigeons vers la photographie sportive, élément primordial qui nous permet notamment d’illustrer nos articles et nos interviews ! Pour en parler, Eric Cremois, photographe “officiel” du FC Chambly Oise, qui répond à nos questions !
Petit portrait : Depuis des années, Eric est le photographe du FCCO et en parallèle de cela, il dirige sa petite entreprise de graphisme et de design et travaille aussi dans une usine automobile, toutes ces activités font qu’il a un programme très chargé ! A noter qu’il est bénévole au club et ne perçoit pas de rémunération, mais il a la chance de vivre des émotions incroyables comme l’épopée folle de Chambly en Coupe de France l’année dernière, avec la 1/2 finale à Nantes notamment face aux Herbiers.
Maintenant, découvrez l’interview d’Eric où il revient sur sa passion pour la photo et le football, les émotions qu’il vit mais aussi toutes ses activités
Bonjour Eric, merci d’avoir accepté notre demande
Si tu devais te décrire en 3 mots…
Eric : Passionné, professionnel et têtu.
Depuis combien de temps tu es dans le monde de la photo ? Qu’est ce qui t’a motivé a être là-dedans ?
Eric : Je suis dans la photo maintenant depuis une vingtaine d’années, au début c’était juste à titre amateur, je faisais quelques portraits en famille puis par la suite, je me suis mis au sport. J’ai arrêté le sport d’une et ensuite l’idée est que pendant ma carrière de footballeur, 15 ans que j’ai joué au football, je n’ai jamais eu une photos de moi et l’idée m’est venue de justement créer des albums. Au début, c’était sur un site internet parce qu’il n’y avait pas Facebook et Twitter donc maintenant avec la présence des réseaux sociaux c’est plus facile.
Le fait que tu n’ai pas été pris en photo fait que tu as envie que les autres ne connaissent pas ce regret de ne pas avoir de photos d’eux c’est cela ?
Eric : Voila c’est ça, que les jeunes maintenant puissent après leur match avoir le plaisir d’aller sur ma page récupérer leur photos et la mettre en photo de profil, c’est un plaisir pour moi.
En quoi on peut considérer selon toi que la photo est tout un art ? As-tu des techniques, quelque chose de spécial que tu fais ?
Eric : Ce que j’ai moi c’est que j’ai joué au foot donc j’anticipe énormément sur l’action, je sais à quel moment le gars doit faire une tête quand il doit la faire et pareil pour le tacle, ça m’aide énormément. Vous avez des photographes de sport qui n’ont jamais joué au foot et vous voyez que leurs photos sont totalement différentes, eux ils misent plus sur l’esthétisme de la photo que sur l’action en elle-même. On peut avoir de très belles photographies de sports qui sont des chef d’œuvres, ça existe aussi.
Comment es-tu arrivé au FC Chambly, comment cela s’est fait ?
Eric : Le premier match que j’ai fait au FC Chambly, c’est une finale de Coupe de L’Oise, c’était à Pierre Brisson (à Beauvais) contre Chantilly, je faisais cette finale à titre personnel pour agrémenter un album et c’est là que j’ai fait la connaissance du FCCO et de ses dirigeants. Par la suite, je suis venu faire tous les matchs ici pendant une saison et la saison d’après ils m’ont invité gentiment à faire partie du staff pratiquement et à accéder à tout l’intérieur du club.
“C’est mon plaisir d’être avec eux”
Est-ce important pour toi de faire cela bénévolement ? C’est une valeur importante à tes yeux ?
Eric : C’est hyper important, étant depuis 30 ans dans le domaine associatif, je sais énormément ce dont les associations ont besoin, parce que l’argent est une chose mais un club ne peut pas payer 50 employés c’est impossible, donc il y a énormément besoin de bénévoles et c’est pour ça que moi je le fais avec plaisir. Après c’est donnant donnant, moi c’est mon plaisir d’être avec eux, eux je leurs rend service et ils me permettent de vivre quelque chose que j’ai toujours eu envie de faire, j’ai toujours rêvé de faire ce job là. Aussi, il est important de préciser que je consacre 80% de mes congés au bénévolat dans le club.
En dehors de la photo, tu as un métier à côté qui te permet de subsister à tes besoins ?
Eric : Oui c’est ça. Mon emploi principal est que je suis technicien robotique dans une société automobile, ce qui me prend 35 heures par semaine. Après, j’ai ma société de graphisme et design qui me prend aussi un peu de temps, 3 à 4 heures par jour, j’ajoute les heures de bénévolat au FC Chambly ce qui représente environ une bonne vingtaine d’heures par semaine.
Est-ce que ta société te rapporte de l’argent ? Combien te coûte ton matériel de travail environ ?
Eric : C’est un complément, c’est-à-dire que ma société me permet de vivre ma passion parce qu’avec les bénéfices que je me fait, je peux m’acheter du matériel pour faire de la photo. Actuellement, un boîtier compétitif pour le sport se situe dans les 2000€ et un objectif compétitif dans le sport c’est dans les 3000€, c’est un investissement mais vu que je sors 600 photos par matchs, c’est rentabilisé et justifié.
Humainement, c’est aussi une expérience pour toi, comment la vis-tu ? Est-ce que l’épopée du club en Coupe de France a été une grande émotion, que ressens-tu derrière ton appareil ?
Eric : C’est différent, je les ressens différemment parce que moi je vois le match autrement, à travers mon appareil photo et concentré. Petite anecdote lors de Chambly-Les Herbiers à Nantes, j’étais devant le KOP des Herbiers, j’ai pris une pression phénoménale sur les épaules mais c’est quelque chose que tu vis très rarement, avec l’intensité du match et tout ce peuple rouge qui pousse derrière toi. Le décès de « Pépé » (Walter Luzi, ancien président du club) nous a énormément affecté car c’était un grand-père pour tous, et le fait que sa mort intervienne à la fin du match qui nous emmène en ½ finales, c’est une défaite mais une grosse victoire pour Chambly qui a pu se faire connaître dans toute la France.
Comme on dit, « tout humain n’est pas éternel », te vois-tu rester encore longtemps dans la photographie ? Est-ce que quand la santé va, tout va ?
Eric : Oui je pense, je me projette déjà, j’ai 52 ans et encore de belles années à travailler encore dans le privé, mais je pense que je me vois faire de la photo jusqu’au bout. C’est une passion, ce n’est pas fatiguant dans le sens où faire des photos ne fatigue pas, sauf les déplacements à l’extérieur où je prends l’exemple d’une semaine où nous sommes allés à Laval puis Pau, c’est exigeant.
Merci Eric d’avoir témoigné à notre micro sur tous ces sujets, à très bientôt !
Crédits photos : Eric Cremois
Pavel Clauzard/Mathis Both – 4 Novembre