Monza a toujours aimé nous proposer des courses folles concluant sur cette victoire inattendue pour certains, pleine de sens pour d’autres. Cette année, elle est pour Daniel Ricciardo. Lui qui était en difficulté et parfois même « au fond du trou » cette saison, a pu nous offrir un nouveau « shoey » de la victoire. Profitant des faits de course, mais aussi en pilotant brillamment : « It’s redemption day for Daniel. »
Une qualif’, puis une qualif’ sprint au temple de la vitesse

D’ordinaire, ça va vite à Monza, très vite même. Cette année encore plus. Au temple de la vitesse, le nouveau format de qualifications a été testé pour la seconde fois cette saison après Silverstone. Une fois de plus, le duel Hamilton-Verstappen était attendu pour la pôle position du vendredi, mais elle est revenue à Valtteri Bottas. Bien que l’officialisation de George Russell à sa place l’an prochain ait enfin eu lieu, c’est bien lui qui signe le meilleur de la Q3 en 1.19.555. Est-ce un pilote libéré que nous voyons là ? Un pilote qui conduit désormais sans la boule au ventre ? Il se peut oui et sa performance du samedi après-midi tend à le confirmer. Suivi d’Hamilton, de Verstappen puis des deux McLaren sur la grille, il est l’auteur d’un « mini grand-prix » impeccable. Dix-huit tours menés d’une baguette de maître, sans accrocs. Le plus gros des accrocs, lui, vient après. Dès le début du week-end, Mercedes avait annoncé que le finlandais prendrait une pénalité moteur en vue de la course dominicale. Premier, mais dernier, il laisse la première place sur la grille à Max Verstappen, suivi de Daniel Ricciardo, Lando Norris, Lewis Hamilton et des Ferrari.
Plusieurs contacts, Hamilton et Verstappen au tapis

À l’extinction des feux, Ricciardo est le plus rapide et vire en tête. Max Verstappen, relégué à la seconde position, est proche du contact avec Hamilton à la Variante della Roggia. Le britannique, voyant qu’il n’y a pas d’espace, court-circuite le virage : premier avertissement pour les deux hommes. Antonio Giovinazzi fait de même, mais revient trop brusquement sur la piste, contact avec Sainz et aileron avant désintégré pour l’italien. Décidément, ce virage de Roggia sera le théâtre de plusieurs accrocs. Alors qu’Hamilton peine à passer Norris, la bataille fait rage entre Esteban Ocon et Sebastian Vettel. Le français, sur la zone de freinage, ne laisse pas assez d’espace et touche l’allemand. Il écopera de 5 secondes de pénalité.
Au 24e tour, Verstappen rentre aux stands. Seulement, des complications surviennent et son arrêt dure plus de 11 secondes. Deux tours plus tard, quand Hamilton sort des stands, les deux rivaux pour le championnat sont côte à côte à l’amorce du premier virage. Aucun des deux ne faiblit, ni ne laisse la place et le contact, inévitable, se produit. Après une petite impulsion sur le vibreur intérieur, la Red Bull se surélève et vient terminer son virage non pas contre, mais sur la Mercedes. Le grand prix s’arrête là pour les deux rivaux. Verstappen écope d’une pénalité de trois places sur la grille au prochain GP et, bien entendu, le débat fait rage. Une chose est certaine néanmoins, le halo a une fois de plus montré son importance, lorsque la roue arrière droite de la Red Bull, en escaladant la Mercedes, a touché le casque de Lewis. Autre fait marquant de la course, Sergio Perez double Charles Leclerc en coupant la chicane Della Roggia et ne rend pas la place. Il écopera d’une pénalité de 5 secondes. Sur la fin du grand prix, il essayera de garder sa place malgré Bottas sur ses trousses. Cette bataille permet aux deux McLaren de s’échapper. Victoire de Ricciardo et « one-two » McLaren avec Norris deuxième. Bottas, parti dernier, finit troisième.
McLaren n’a pas seulement bénéficié des faits de course

Comme dans la plupart des grands prix, des faits de course profitent à certains et nuisent à d’autres. Seulement, à Monza, McLaren ne s’est pas, surtout pas reposé sur ces-derniers : la performance était tout simplement là. Elle a commencé par les qualifications du vendredi et samedi. En début de week-end, les deux monoplaces oranges se placent derrière le duo infernal Mercedes – Red Bull, Norris est quatrième et Ricciardo cinquième. La course sprint, elle, a été très fructueuse puisque, pénalités prises en compte, Ricciardo est second et Norris troisième.
La première étape pour la victoire était de réussir son départ, voilà chose faite pour Ricciardo qui vire en tête. La seconde était de réussir la stratégie puis de s’échapper, mission de même réussie. Surtout, il s’agissait tout au long du week-end d’avoir une monoplace performante, là est sûrement la clé de la réussite. Une des armes fortes de l’écurie britannique cette saison est sa vitesse de pointe. Il s’agit ici aussi d’un des atouts sur un circuit rapide comme Monza. Si l’on compare la vitesse sur la ligne d’arrivée, qu’il s’agisse du pic de vitesse ou la moyenne, les monoplaces couleur papaye devancent Mercedes et Red Bull parfois même d’une dizaine de km/h.
Ce n’est pas tout. L’un des réels paris de l’écurie était de choisir un réglage différent d’aileron arrière. Alors quand Red Bull et Mercedes misaient tout sur la vitesse, McLaren gardait un peu d’appuis aérodynamiques. Ainsi, dans les virages tout en appuis de la Variante Ascari, l’équipe se voyait avantagée et regagner un peu de temps sur ses concurrents, permettant ainsi de creuser quelque peu l’écart jusqu’à la parabolique pour ensuite se protéger de la zone de DRS suivante. En F1, les détails comptent et McLaren en a aligné la majeure partie.
« Redemption day » pour Daniel et McLaren

Daniel Ricciardo. Entre le super pilote qui a connu coup sur coup deux transferts et la figure la plus souriante du paddock, l’australien ne s’y retrouvait lui-même plus : « J’ai été au fond du trou », « je manque de rythme » ou encore « l’Australie me manque. » Seulement, après la dernière pause estivale, c’est un tout autre Daniel qui se profile : « la pause estivale m’a fait du bien et je viens en Italie avec un objectif clair : avoir mon premier podium à Monza. » Non seulement il aura son premier podium sur le tracé, mais il sera surtout sur la plus haute marche de ce-dernier. Sa dernière victoire datant de Monaco en 2018, il s’empresse de manifester sa joie à la radio avant d’ajouter, avec un ton vengeur sur ses démons des dernières saisons : « Je ne suis jamais parti, je me suis juste mis de côté ! »
Si Ricciardo fait peau neuve avec ce succès, il témoigne aussi de la renaissance de McLaren, une renaissance aboutie. Elle paraît loin l’époque du fond de grille, l’époque où Fernando Alonso se plaignait d’un « moteur de Formule 2 » entre autres. Avec Brown, PDG depuis 2016, et Seidl, directeur depuis 2019, aux commandes, la firme a connu un vrai renouveau. Depuis 2019, et ce, au sortir de deux saisons où McLaren s’est classé neuvième puis sixième, elle a réussi coup sur coup ses transferts, avec Norris, Sainz puis Ricciardo, mais aussi ses monoplaces en faisant une des plus performantes du plateau. Un réel projet qui peut faire espérer à l’équipe de Woking de retrouver ses sommets par la suite.
AlphaTauri broie du noir à la Casa, Ferrari renoue avec Monza

Des souvenirs de succès au goût amer et du goût amer à de meilleurs souvenirs. C’est ainsi que peut être résumé le week-end d’AlphaTauri et de Ferrari. La première des deux firmes italiennes avait vu Gasly triompher sur ce tracé l’an passé, avant de le voir abandonner consécutivement en qualification sprint puis en grand prix. Le week-end avait pourtant bien débuté. Qualifié sixième, de gros points étaient espérés. Seulement, son aileron avant touche une McLaren au départ du sprint, avant de se rompre et de passer sous la monoplace : Gasly est dans le mur. En GP, le pilote s’élançait de la voie des stands après avoir changé des composantes moteur. Seulement, un problème sur le système électronique l’oblige à se retirer.
Même sort pour son coéquipier Yuki Tsunoda. Après s’être qualifié 17e puis 15e, pénalités appliquées, son système de freinage lui fait défaut et l’oblige à abandonner. Week-end vierge pour l’écurie de Faenza. À l’inverse, Ferrari, qui avait vu ses deux monoplaces abandonner à Monza, les a vues cette fois franchir le drapeau à damiers pour se classer au pied du podium. Qualifiés septième, huitième puis cinquième et sixième, il fût un temps où Charles se battait pour la seconde position avant de finir quatrième juste devant son coéquipier « en manque de rythme ». Pour les Tifosi, traumatisés l’an dernier, ils ont pu repartir avec des souvenirs plus légers cette fois-ci.
Crédits photos : Newsclay, France Info, Sud Ouest, Motorsport, Remonews et F1 Only