Au terme d’une première étape très calme avec une échappée bien contenue par le peloton, c’est l’irlandais Rory Townsend qui a réglé le sprint à Lesménils. Il devance Joe Pidcock et Axel Zingle. Au classement général, Idar Andersen conserve la tête pour un rien.
Un scénario classique et maîtrisé

Jeudi, le prologue dans les rues de Tomblaine inaugurait ce Tour de la Mirabelle et accouchait d’un classement général particulièrement resserré. Ce vendredi, la première étape en ligne entre Pont-à-Mousson et Lesménils était particulièrement attendue. Nul doute qu’elle allait affiner le général. En effet, le profil de l’étape et notamment le final pouvaient laisser entrevoir les forces en présence. La côte de Mousson (1,5 km à 10 %), dont le sommet est situé à quelques quatre kilomètres de l’arrivée, promettait beaucoup avec de jolies rampes pour faire des différences. Après une procession de près de 3,5 km lors de la transition entre le départ fictif et réel, Vojtech Repa (Equipo Kern Pharma) et Colin Chris Stüssi (Team Vorarlberg) passent à l’attaque et s’échappent pour de bon.
Quelques hectomètres plus tard, c’est Louis Coqueret (Léopard Pro Cycling) qui se greffe au duo de fuyards. Ce trio va donc animer autant que possible la première étape. Après dix kilomètres de fuite, le peloton laisse définitivement s’échapper le trio et entérine de fait l’échappée du jour. Avec une tentative de jonction avec le trio de la part de Brendan Le Cam (Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme), qui s’est avérée infructueuse, l’écart se stabilise à 3 minutes entre échappée et peloton à 120 unités de la ligne. Repa-Coqueret-Stüssi pour le premier sprint intermédiaire, Stüssi-Coqueret-Repa pour la première difficulté du jour (Côte de Vaux les Palameix ; 4e catégorie) : les trois échappés se partagent les points disputés dans les premiers kilomètres d’étape.

Avec une moyenne de 43km/h sur les deux premières heures de course, les trois hommes à l’avant comptent bien profiter d’une première moitié d’étape au profil très favorable pour creuser un écart conséquent. Cependant, quelques kilomètres après le sommet de Vaux les Palameix, l’écart passe sous la minute et fond progressivement à l’approche de l’emballage final, et ce malgré une bonne entente entre les trois fuyards qui parviennent à bien coordonner leurs efforts. Sous l’impulsion en tête de peloton des coureurs de l’Uno-X Pro Cycling Team et de ceux de Canyon-DHB-SunGod, l’écart atteint 2 minutes à 50 km de la ligne. Ce cap marque le début de l’emballage final, avec un Louis Coqueret qui passe des relais de plus en plus appuyés, avant de lâcher la tête et se retrouver coincé entre ses deux ex-compagnons d’échappée et le peloton. Après un premier regroupement général à 25 kilomètres de l’arrivée, deux nouveaux coureurs tentent de fausser compagnie au peloton : Iver Johan Knotten (Team NIPPO-Provence-PTS Conti) et Justin Wolf (Bike Aid). Les deux hommes n’ont jamais compté plus de 35 secondes de marge sur le peloton, un deuxième regroupement général a lieu au pied de la dernière difficulté du jour.
Le peloton est groupé, avant de se scinder en deux dans les quatre derniers kilomètres. C’est ainsi qu’à l’entrée de Lesménils, environ 25 coureurs étaient en mesure de remporter l’étape. A 100 mètres de la ligne, Rory Townsend (Canyon-DHB-SunGod) prend quelques longueurs sur Joe Pidcock (Groupama FDJ). On ne revoit plus l’Irlandais, trop puissant dans une arrivée particulièrement difficile, en sortie de virage. « Je me sens vraiment soulagé de ramener cette victoire » a-t-il réagi. « J’étais un peu désabusé après le prologue d’hier où j’ai terminé très près (NDLR : 3e à quelques centièmes de Andersen). Aujourd’hui, j’ai eu le soutien total de l’équipe donc j’étais très heureux de les récompenser pour ça en gagnant. Callum (Macleod) et Max (Stedman) ont été brillants. » Quatorzième du prologue de jeudi, Joe Pidcock a été battu par plus fort. Le Britannique de 19 ans se montrait tout de même satisfait. « Oui je pense que second est un bon résultat. C’est inespéré. Mon niveau s’améliore tout le temps, je ne pensais pas que c’était encore possible. »
Dans une arrivée au sprint, les coureurs ont pu compter sur l’appui de quelques spectateurs présents, et notamment de nombreux enfants. Les deux hommes en étaient ravi. « Évidemment c’est très bien d’avoir le retour de la foule. C’est très étrange de voir des courses sans le public. Ils sont une part importante du sport » estimait Pidcock. Le vainqueur ne boudait pas non plus son plaisir : « c’était tellement beau de revoir les gens lors des courses, et particulièrement les jeunes fans. Nous courrions à Cholet plus tôt dans l’année, et c’était la première fois depuis longtemps qui j’avais vu autant de monde pour nous voir, c’était une vraie ruée. »
La surprise du jour : Louis Coqueret (Léopard Pro Cycling)

« Aujourd’hui, j’avais ma carte à jouer pour prendre une échappée. » Louis Coqueret, jeune coureur de 20 ans, s’est fait plaisir ce jeudi sur la route en direction de Lesménils. Le champion du Grand-Est 2020 en catégorie Espoir, qui a rejoint cette année la formation continentale luxembourgeoise Léopard Pro Cycling, prend tout ce qu’il peut et emmagasine un maximum d’expérience. « J’essaie d’apprendre, de voir à quoi ressemble le niveau. C’est très intéressant. Au niveau de l’équipe, on a notre néerlandais Jan Mass qui tourne bien ces derniers temps. On va essayer de tout faire pour le mettre dans les meilleures conditions. » Jeudi, lors du prologue, l’Ardennais a terminé au-delà de la 80e place. « Je n’étais pas forcément content de moi. Je préfère les chronos un petit peu plus longs et un peu moins techniques. »
Ce vendredi, Coqueret a pu retrouver un terrain de jeu plus propice à ses qualités. « Ce n’était pas forcément prévu que je sorte. Depuis hier et le briefing, j’étais un peu libre. J’ai vu que ça partait à deux et que derrière, personne n’y allait. Je suis rentré assez vite, ça s’est fait comme ça » nous expliquait le jeune français au terme de l’étape. Les quelques 125 kilomètres à l’avant ont satisfait le seul tricolore de la formation luxembourgeoise. Il a réussi à se glisser dans une échappée avec deux compères d’un jour particulièrement expérimentés et rodés à l’exercice. De bon augure pour la suite, même si Louis Coqueret ne se fixe pas d’objectif. Il garde toutefois un œil sur les classements de meilleur grimpeur et meilleur sprinter, pour lesquels il a glané quelques points aujourd’hui et est à présent placé. « On verra bien en fonction des jambes » tempère-t-il.
L’étape reine au programme samedi

Aujourd’hui, deuxième étape avec au programme 177,4 kilomètres entre Neufchâteau et Saint-Amarin pour cette traversée des Vosges. La première moitié de l’étape devrait être plutôt calme avec seuls deux sprints intermédiaires au programme. Puis, les 75 derniers kilomètres promettent beaucoup dans ce qui est considéré par les suiveurs, coureurs et staffs que nous avons pu rencontrer, comme l’étape reine de ce Tour de la Mirabelle 2021. En effet, vont s’enchaîner à un rythme effréné plusieurs difficultés majeures : le Plateau de Chamdray (2e catégorie ; 5 km à 5,1 %), le Col du Haut du Tôt (2e catégorie ; 5 km à 6,6 %), le Col de la Croix des Moinats (1ère catégorie ; 8 km à 6,1 %) et enfin le Col de Bramont (2e catégorie ; 4,7 km à 5,3 %).
Cette ultime ascension devrait vraisemblablement livrer le verdict de cette étape pour baroudeurs, mais de laquelle pourrait s’extirper un grimpeur efficace en descente. En effet, il restera 22 kilomètres de descente pour plonger vers Saint-Amarin et s’offrir une victoire de prestige. Il faudra donc garder suffisamment de jus et de lucidité pour bien gérer la portion. L’homme en tête au sommet de Bramont (toit du Tour de la Mirabelle 2021 avec son sommet situé à 956 m d’altitude) aura en effet de bonnes chances de lever les bras sur la ligne. Reste maintenant à savoir si une échappée pourra aller au bout ou si la grande bataille entre favoris viendra dynamiter la course. À noter une arrivée d’étape sinueuse avec quelques virages et un rond-point à appréhender dans les 3 derniers kilomètres, des conditions qui pourraient favoriser le cas échéant un homme seul en tête.
Crédits photos : David Jaunet Photographie