Il y a peu, le dernier tournoi qualificatif à Dubaï offrait la vingtième et dernière place pour la Coupe du Monde de Rugby 2023 en France. Et ce, dans le sillage de la Namibie, du Chili et des Tonga. Quatre équipes en lice pour un seul ticket : les États-Unis, le Portugal, le Kenya et Hong Kong. Au terme de ce tournoi, ce sont les Portugais qui ont tiré leur épingle du jeu, au goal-average favorable. Il s’agira du deuxième mondial disputé dans l’histoire du Portugal.
LE PORTUGAL ANNIHILE LES ÉTATS-UNIS

À l’issue de la dernière journée entre les États-Unis et le Portugal, ce sont les Portugais qui, grâce à leur match nul (16-16), sécurisent leur qualification pour le Mondial 2023. Sur le papier, les rugbymen américains partent favoris. Positionnés à la 19e place du classement mondial, les « Eagles » ont une plus grosse expérience dans les compétitions internationales. La nation a participé à toutes les coupes du monde, à l’exception d’une, en 1995.
Gary Gold, le sélectionneur américain, a envoyé son équipe en Afrique du Sud avant les qualifications, au travers d’un stage d’entraînement. Une préparation qui a permis de retrouver du temps de jeu. Les coéquipiers du Toulousain David Ainu’u ont perdu sur le fil cet été un barrage contre le Chili et ont alors tenté de se racheter face à un Portugal vaillant. « Pour moi, c’est comme si c’était un grand match et que c’était juste un autre match. Il s’agit de trouver l’équilibre entre les deux, de ne pas trop se concentrer sur l’enjeu de la rencontre », explique le capitaine. Une équipe pourtant mieux préparée et plus expérimentée a fait face à un petit poucet quelque peu attendu. Cependant, au rugby, le Portugal est sans véritable expérience, mais ne cesse de progresser.
La surprise s’est alors invitée. Au forceps, le Portugal renverse les États-Unis, au terme d’un scénario fou, mais sans véritable danger offensif. Étant menés 16 à 13, les Portugais poussent dans les dernières minutes. Une tentative de drop après la sirène (80+1) s’échoue sur le poteau, mais l’arbitre revient à l’avantage et offre une pénalité au Portugal. Le numéro 9 des Lobos (loups en français) s’octroie les 3 points. Toute son équipe exulte. Le demi de mêlée de Carcassonne n’a pas tremblé face à la pression du dernier coup de pied et a envoyé son équipe en Coupe du Monde. Le numéro 9 des Loups a été l’un des joueurs clés de cette « finale », en inscrivant 11 points sur 17 au pied. Le Portugal sera-t-il la surprise du groupe C en 2023 ? Rien n’est moins sûr. Le chemin s’annonce long, mais le défi ambitieux.
LE TOURNOI DE LA DERNIÈRE CHANCE

Dix-neuf qualifiés étaient déjà connus avant ce tournoi de qualification à Dubaï. Néanmoins, une seule équipe manquait à l’appel, soit le dernier ticket distribué. Du 6 au 18 novembre, ce tournoi a été intégralement disputé aux Émirats Arabes Unis, au Sevens Stadium. Le tout dans une formule « round robin », avec quatre équipes qui se sont affrontées (Portugal, Kenya, Hong Kong et États-Unis).
Sir Bill Beaumont, président de World Rugby, n’avait pas caché son enthousiasme à l’idée d’organiser cet événement. « Nous sommes ravis de nous associer à Dubaï pour cette étape importante. Dubaï et son Sevens Stadium sont un bastion emblématique du rugby et représentent un lieu idéal et neutre pour les équipes venant des quatre coins du monde », confiait le patron du rugby mondial. Un format quelque peu intéressant, mais qui a manqué légèrement de suspense, au vu des écarts de niveau. Cependant, derrière le Portugal et les États-Unis, le Kenya et Hong Kong ont semblé à la traîne, ce qui a atténué le spectacle.
UNE HISTOIRE PORTUGAISE EN CONSTRUCTION

Après 2007, le XV du Portugal fait son retour dans l’élite du rugby et parmi les vingt meilleures nations du monde. À l’époque, les Lobos avaient réussi à se qualifier de manière spectaculaire en battant l’Uruguay 24 à 23, au terme d’un match aller-retour. Aussi, ce match nul contre les États-Unis a suffi pour décrocher leur qualification. Les Portugais ont créé la surprise dans ce tournoi qualificatif. Lors des 1 et 2es journées, les hommes de Patrice Lagisquet ont montré un visage surprenant. Le jeu est en constante progression, tandis que leurs larges succès parlent pour eux.
Cette équipe rassemble de nombreux joueurs évoluant en France, notamment dans le championnat de Pro D2. Il peut être citée l’une des grandes figures de l’équipe, comme l’ailier de Béziers, Raffaele Costa Storti, meilleur marqueur d’essais de Pro D2. « Il y a plus d’un million de Portugais à Paris. Jouer une Coupe du monde de rugby en France serait extraordinaire », explique Tomàs Appleton, capitaine du Portugal. En nette progression, le XV portugais déploie de plus en plus un jeu de qualité et une grande efficacité offensive. À Dubaï, ce sont près de vingt essais qui ont été inscrits par les Loups. Surprenant.
Les Portugais ne gardent pas de bons souvenirs de leur première participation au Mondial en 2007. Balayés par la Nouvelle-Zélande de 108 points, ils sont l’une des six nations à avoir encaissé plus de cent points dans l’histoire de la Coupe du Monde de Rugby. Avec quatre défaites en poules, les Loups sont ressortis bredouille de leur expérience française. Aujourd’hui, le Portugal montre un nouveau visage au rugby.
Une deuxième participation à l’événement mondial est l’occasion de rendre visible la nation portugaise. En effet, le ballon ovale n’est pas le sport phare là-bas. « C’est beaucoup de fierté et de joie de s’être qualifié pour la Coupe du Monde 2023. C’est un rêve de gosse qui se concrétise. J’ai reçu plus de messages sur les réseaux sociaux, ce qu’on a fait est complètement dingue », explique Mike Tadjer, talonneur. Ainsi, cette qualification est une juste récompense pour une nation en difficulté ces dernières années. L’abnégation leur a permis de rebondir et d’être ici aujourd’hui. De ce fait, le Portugal se retrouve dans la poule C, aux côtés de l’Australie, des Pays de Galles, des Fidji et de la Géorgie. Certains observateurs parlent de poule de la mort, à juste titre. Le défi s’annonce palpitant en septembre 2023.