En mode rouleau compresseur dans un Stadium de Toulouse comblé, les All-Blacks avaient à cœur de se rassurer après la déconvenue face aux Bleus. Rythme, spectacle et qualité à profusion : le collectif namibien n’évoluait pas dans le même monde. Le contrat est rempli par les hommes de Ian Foster avec un bonus offensif empoché et une farandole d’essai pour l’agrémenter.
Le fil du match
Après un tonitruant Kapa O Pango, le ton est donné et les hostilités peuvent débuter. À la baguette, une charnière inédite qui va très rapidement faire exploser le rideau namibien. Avec son numéro neuf, le jeune Cameron Roigard est intenable et fait vivre le ballon avec beaucoup de clairvoyance. Entouré d’un pack ultra-dominateur et du phénomène Damian McKenzie à l’ouverture. Le joueur des Hurricanes n’a que l’embarras du choix lorsqu’il s’agit de faire la différence.
Après dix minutes de jeu, le demi de mêlée a déjà inscrit un doublé (2e ; 8e). Tiaan Swanepeol lui répond en passant une pénalité (12-3). Plutôt intéressant face au Japon la semaine dernière, l’ouvreur namibien est totalement passé à côté de son match face aux Blacks. À l’inverse, son vis-à-vis du soir se régale dans une telle fragilité défensive. Passes sautées magnifiques, offloads, transversales pour les ailiers, McKenzie a impressionné le Stadium en animant le jeu de ses partenaires à la perfection.

À la 25e minute, le bonus offensif est déjà en poche après la conclusion du futur joueur du Rugby Club Toulonnais, Leicester Fainga’anaku (24-3). Ainsi, le calvaire namibien se poursuivra jusqu’au coup de sifflet final. D’autre part, un doublé pour McKenzie juste avant la pause et un superbe effort d’Anton Lienert-Brown (35e) permettent de rentrer au vestiaire avec une avance plus que confortable (38-3). Au cours du second acte, Ethan De Groot va rapidement se faire remarquer. Le pilier des Highlanders inscrit le septième essai de son équipe alors qu’il vient de suppléer à Ofa Tu’ungafasi (43-3).
Par ailleurs, après les réalisations de Dalton Papali’i (53e), David Havili (59e) et de Caleb Clarke (67e), le jeune numéro 17 se voit sanctionné d’un carton jaune. À dix minutes du terme, De Groot ne se baisse pas au plaquage et vient percuter la tête d’Adriaan Booysen. De fait, le carton va se muer au rouge après l’intervention de l’arbitrage vidéo. En supériorité, la Namibie va pousser, mais la défense des All-Blacks tient bon. Finalement, sur une énième différence de Fainga’anaku, Rieko Ioane vient parachever le succès néo-zélandais (77e). Score final : 71 à 3. L’addition est quasi identique à celle encaissée il y a quatre ans au Japon (71-9). Sans pitié, la Nouvelle-Zélande est prête et attend l’Italie.
Le tournant du match

Fait peu surprenant : pas le moindre tournant dans ce match à sens unique. En revanche, une rencontre minutieusement préparée par la Nouvelle-Zélande. Un niveau de jeu qui a permis de faire la différence dès les premiers lancements. Favoris sur le papier, les All-Blacks ont dominé les débats contre des Namibiens bien loin des standards des “top équipes”. À l’image de Beauden Barrett, McKenzie ou Roigard, les artistes étaient au rendez-vous. En bref, changements de rythme, prises d’intervalles, offloads et transversales au pied. La palette technique néo-zélandaise est un vrai régal pour les yeux. Ainsi, les Namibiens n’ont fait que courir après un tableau d’affichage qui s’est bien trop vite envolé. C’est un début de coupe du monde compliqué côté namibien avec 123 points encaissés en deux journées et un seul essai inscrit.
Les top players

Cameron Roigard : Auteur d’une superbe saison avec les Hurricanes, le demi de mêlée de 23 ans a su saisir sa chance dans les dernières échéances afin de faire partie de l’aventure en France. En l’honneur de sa première en coupe du monde, le numéro 9 s’est révélé devant les yeux admiratifs des supporters présents à Toulouse. Un doublé en dix minutes, des passes décisives, une animation juste, rapide et efficace. Une telle ligne de statistiques ne peut que mériter une ovation du Stadium et un trophée d’homme du match afin de saluer sa performance.
Damian McKenzie : Accompagnateur privilégié de son demi de mêlée, l’ouvreur des Waikato Chiefs a beaucoup créé à l’intention de ses partenaires. Il en a également profité en inscrivant un doublé et 16 points au pied. Des diagonales parfaites en direction de Clarke et Fainga’anaku, des appuis dévastateurs et une facilité déconcertante à rester debout. Il a laissé l’ouverture à Richie Mo’unga en fin de rencontre et a tenu son rang à l’arrière. Ainsi, que ce soit avec le 10 ou le 15, McKenzie a répondu présent et se tient prêt pour une possible place à prendre dans les 23.
Leicester Fainga’anaku : La nouvelle pépite du RC Toulon est un vrai poison pour les défenses. Utilisé comme point d’ancrage au cœur de nombreux lancements, l’ailier met constamment son équipe dans l’avancée. En outre, dix franchissements, 124 mètres parcourus ballons en mains, deux passes décisives et un essai. La ligne de statistiques est phénoménale et souligne l’importance de l’ailier des Crusaders au niveau du score final.
La déclaration
“L’échange de maillot fait partie du jeu, comme partager une bière ou un verre”
Ardie Savea, capitaine des All-Blacks
Au cœur des valeurs de l’ovalie, le respect était de la partie lors de cet affrontement. Au moment de préparer le match, sur le terrain et une nouvelle fois après le coup de sifflet final, l’évènement s’est déroulé autour d’un très bon état d’esprit. Le capitaine l’a rappelé à plusieurs reprises. “Nous avons clairement travaillé pour nous permettre de bien jouer ce soir. Je suis impressionné et ravi du résultat”, confie-t-il à l’issue de la rencontre. Ainsi, le capital confiance est reboosté avant un prochain match crucial pour les phases finales. Désormais, rendez-vous vendredi 29 septembre face une Italie au repos ce week-end et qui aspire toujours à jouer les troubles fêtes.
Bel article!
Au plaisir de vous relire