Après un lancement de la compétition via les qualifications ce vendredi, l’heure était au tableau final le lendemain avec 64 épéistes tous plus motivés que jamais à glaner le trophée du Challenge Monal. Dans une ambiance de folie à Coubertin, les protagonistes ont voulu tenir leur rang et les surprises notamment tricolores se faire une place parmi ces grands noms. Qui pour succéder au coréen Sangyoung Park, dernier vainqueur en 2019 ? Nelson Lopez-Pourtier.
Un dénouement inattendu

Tout au long de cette journée, de nombreux résultats ont été totalement dénués de logique, et ce, dès le début du tableau final. D’entrée, Yannick Borel, 11e mondial, est éliminé. Le Tricolore, champion olympique en 2016, est impuissant face au belge Loyola (15-12). Trois autres cadors se feront éliminer un tour plus tard, en 1/16 de finale : Sangyoung Park, tenant du titre coréen, Andrea Santarelli, tête de série n°3, ainsi que Gergely Siklosi, le hongrois n°4 mondial et surtout adversaire malheureux de Romain Cannone aux JO de Tokyo 2020. Ces éliminations successives rebattent directement les cartes du Challenge Monal, qui apparaît plus ouvert.
Au stade des 1/8 de finale, il reste encore 4 Français en lice, soit un quart du plateau. En haut du tableau, le n°2 mondial Ruben Limardo Gascon (VEN) est surpris par le hongrois Koch, qui se hissera jusqu’en demies et ne sera arrêté que par Nelson Lopez-Pourtier, véritable surprise de cette édition 2022. En bas de tableau, Coubertin s’emballe avec un ¼ de finale entre Romain Cannone et Alexandre Bardenet, amis dans la vie et compagnons de chambre, qui doivent faire abstraction de toute amitié sur la piste. Finalement, 15 à 14 pour Bardenet, et surtout un match improbable, tant les deux hommes se connaissent par cœur.
Le kazakh Ruslan Kurbanov éliminera néanmoins le tombeur de Cannone pour affronter la grande attraction de cette fin de journée, l’épatant Lopez-Pourtier. Avec un public gonflé à bloc par le speaker et l’enjeu d’une victoire française, le 225e mondial est prêt pour l’exploit. Parfois mené, mais étincelant dans le final, Nelson Lopez-Pourtier remporte le Challenge Monal face à Kurbanov (KAZ) et succède ainsi à Gauthier Grumier, dernier français vainqueur à Paris en 2016, soit six ans après.
Les Français ont répondu présent

Outre l’élimination en ¼ de finale du n°1 mondial Romain Cannone, ce qui demeure une performance honorable malgré tout, beaucoup de surprises côté tricolore ont eu lieu. À commencer par Paul Allègre, champion du monde U23 d’épée en 2019. Ce dernier a su se hisser jusqu’en huitièmes de finale en ne s’inclinant que contre Mohammed Elsayed, prodige égyptien de 19 ans membre du Top 15 mondial. Issu des qualifications, le Neversois de 25 ans a réalisé une belle compétition.
Ce fut moins le cas pour Romain Cannone, grandissime favori en arrivant à Paris, avec un récent nouveau statut de leader mondial. « Les sensations étaient plutôt bonnes, beaucoup de pression vis-à-vis des médias avec nouveau rythme de vie et un nouveau travail, ça vient tout chambouler » confie le champion olympique. Ce dernier s’incline face à un de ses amis, Alexandre Bardenet, au terme d’un combat intense (15-14) et d’un total régal pour le public. Romain avoue « avoir loupé de peu dans ce match, alors que ça ne se jouait à rien ». Il aura malgré tout ravi les jeunes présents pour l’encourager.

Le régulier de la compétition n’est autre qu’Alexandre Bardenet, qui termine à chaque échéance internationale a minima dans le Top 10 cette saison, et notamment sixième à Sochi en février. « La maturité arrive sur le tard depuis 2017-2018, j’ai un jeu complet qui peut déranger une grande majorité d’adversaires » explique-t-il à notre micro. Il décroche son premier podium à Paris et a fait preuve de solidité, affirmant ainsi son rôle important au sein de l’équipe de France. Sans pour autant éclipser les autres résultats, le sacre de Nelson Lopez-Pourtier fait beaucoup parler, aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur.
Classé 225e au classement FIE avant le Challenge Monal, aucun signe prémonitoire n’annonçait un tel résultat, même si tout s’est précipité pour lui au fil de la journée. « J’ai fait mon petit bonhomme de chemin, touche après touche. J’étais dans le ventre mou du tableau, et surtout j’ai fait preuve de rigueur pour me qualifier le vendredi » admet Nelson, qui d’entrée élimine Masaru Yamada, tête de série n°5. La suite ne s’explique pas, elle s’admire, tant le public a encouragé le Français de 26 ans à repousser ses limites pour franchir les paliers, et finalement s’imposer en finale pour son premier podium et son premier succès en coupe du monde.
Qui est Nelson Lopez-Pourtier ?

C’est un nom qui ne vous dit probablement rien et pour cause, cette victoire au Challenge Monal lui redonne une seconde jeunesse. À 26 ans, Nelson Lopez-Pourtier a connu plusieurs étapes dans sa carrière, à commencer par une expérience à l’INSEP avant l’épidémie de Covid-19. Depuis plus de 2 ans, il s’entraîne du côté de Saint-Gratien avec Benoît Janvier, son maître d’armes, lui-même ancien épéiste et champion du monde par équipes en 2002. Il confie cependant « vouloir redevenir membre de l’INSEP », le trophée du Monal pourrait en être l’occasion.
Sur la piste, il ne le cache pas, il est « un peu showman ». En effet, si l’on observe ses matchs et les nombreux 15-14 qu’il y a eu au score, il est allé chercher à plusieurs reprises un supplément d’âme grâce au public et en allant jouer avec lui. « Je me suis fait peur, la famille également, on va préparer des défibrillateurs pour eux », taquin avec ses proches. Une chose est certaine, son nouveau classement (48e mondial) va lui redonner un nouvel élan dans sa carrière, surtout dans l’optique de Paris 2024.
Crédits photos : Eva Pavia / FFE
(1 commentaire)