Après une saison 2020/2021 riche en émotions, les skieurs se sont élancés, le 23 octobre dernier à Sölden, dans une nouvelle saison de ski alpin. C’est l’Américaine Mikaela Shiffrin qui a ouvert le portillon de départ et donné le coup d’envoi de la saison 2021/2022 de ski alpin, qui promet de régaler tous les amateurs de la discipline et qui le fait déjà.
LA RENAISSANCE D’UN CIRCUIT

C’est à plus de 3000 m d’altitude, sur le glacier du Rettenbach à Sölden, que s’est ouverte la nouvelle saison de ski alpin. Pour ce retour à la compétition, c’est Mikaela Shiffrin qui s’est imposée. Chez les messieurs, Marco Odermatt, véritable pépite suisse, remporte la première course de la saison. Les descendeurs ont ensuite pleinement plongé sur le circuit de la Coupe du Monde qui, après une année de crise sanitaire, où la FIS a été contrainte de réduire le parcours exclusivement en Europe, retrouve toute sa splendeur. Les skieurs peuvent s’exprimer sur un circuit complet, à souligner entre autres avec le retour fin novembre du circuit nord-américain. Les athlètes sont actuellement sur le vieux continent, avant de s’envoler de l’autre côté du globe, en Chine, pour les Jeux Olympiques de Pékin en février. À peine le temps de souffler, que les skieurs feront déjà face aux finales de la Coupe du Monde, qui se tiendront en France à Courchevel/Méribel, pour le plus grand bonheur des athlètes français. Camille Cerutti, membre de l’équipe de France B féminine, nous confie : « Le fait que ce soit chez nous, forcément ça fait plaisir, le public est là pour nous soutenir, quelques fois ça peut mettre la pression ». Les Tricolores auront à cœur d’exceller chez eux et de finir en beauté une saison qui est toujours marquée par la pandémie de Covid-19. Les athlètes devront présenter un test PCR négatif avant chaque épreuve. La skieuse de 22 ans nous confiait sur ces impératifs sanitaires qu’« à chaque test, on a un peu la pression que ça revienne positif, mais le protocole a été bien pensé et on se laisse porter ». Malgré ces restrictions, l’essentiel est ailleurs pour les sportifs, après une année à huis-clos, ils sont à nouveau acclamés par le public le long des pistes. « L’année dernière, j’ai vécu mon entrée en coupe du monde sans public. À Sölden (en octobre 2021), j’ai compris le principe de vraie coupe du monde avec du public de partout et une ambiance vraiment sympa ».
PÉKIN EN POINT D’ORGUE D’UNE SAISON OLYMPIQUE

Pour la seconde olympiade d’affilée, les Jeux Olympiques d’hiver se tiendront en Asie (Pyeongchang en Corée du Sud en 2018 et Pékin en 2022), région où la culture du ski alpin ne déchaîne pas les passions. Les skieurs ne retrouveront donc pas les ambiances qu’ils côtoient lors des coupes du monde en Europe. D’autant plus que pour les spectateurs européens, les courses se tiendront très tôt dans la nuit à cause du décalage horaire, rendant les épreuves difficilement visionnables en direct. Ce manque d’enthousiasme n’entrave néanmoins pas l’importance de l’évènement, ce sont les Jeux Olympiques, qui font rêver petits et grands. C’est un évènement rare dans la vie de tout sportif de haut niveau et il y aura des médailles olympiques à aller chercher pour les athlètes sur les 11 épreuves proposées (5 pour les messieurs et les dames et un parallèle mixte). « Moi, je n’ai pas ma place pour le moment, il faudra la gagner » explique Camille Cerutti.
Lors des dernières olympiades, en 2018, l’équipe de France avait ramené trois médailles (deux pour Alexis Pinturault, en argent et en bronze, et une dernière en bronze pour Victor Muffat-Jeandet). Ces nouvelles olympiades permettront peut-être à un Français de succéder à Antoine Dénériaz, dernier français champion olympique en ski alpin, titré lors des Jeux Olympiques de Turin en 2006. Avant de prétendre au titre olympique, il faudra pour les skieurs prouver qu’ils ont leur place dans la délégation française qui s’envolera pour Pékin. Camille Cerutti nous explique que « à la coupe du monde, tout le monde pense aux jeux. Moi, je n’ai pas ma place pour le moment il faudra la gagner sur la saison. C’est un rêve pour tout le monde et c’est tellement rare, comparé aux autres circuits que tout le monde se prépare dans l’optique du jour J. ».
APRÈS L’OR OLYMPIQUE, LE GLOBE DE CRISTAL ?

L’autre enjeu important de cette saison est la course au gros globe de cristal, récompensant le coureur ayant marqué le plus de points sur une saison, qui est plus équilibrée. Le circuit de cette nouvelle saison promet en effet, une véritable équité entre skieurs et skieuses. Le nombre d’épreuves de vitesse (Super-G et Descente) et de technique (Slalom et Géant) est désormais le même, 18 de part et d’autre. Cette nouvelle répartition doit permettre aux descendeurs, désavantagés ces dernières années, de se mêler à la course au gros globe. Chez les femmes, Mikaela Shiffrin est actuellement en tête du classement, mais elle devra tenir pour remporter le classement général face à une Petra Vlhova agressive. Elle devra se défaire de l’adversité de ses dauphines.
Chez les hommes, c’est le prodige de Courchevel, Alexis Pinturault qui s’est emparé du gros globe de cristal l’an dernier. Avec déjà plus de 400 points de retard fin décembre, le Français a d’ores et déjà abandonné ses chances de doublé cette année. Marco Odermatt, dauphin de Pinturault l’an dernier, est l’actuel patron du classement général, avec de nombreuses victoires et 845 points au compteur. Le Suisse semble sur la bonne voie pour remporter son premier gros globe. Avec la répartition des épreuves, les spécialistes de la « vitesse »viennent aussi se mêler à la lutte, à l’image d’Aleksander Aamodt Kilde, vainqueur du gros globe 2020 et longtemps dauphin de Pinturault l’an dernier, avant de se blesser au genou. Le Norvégien, est actuellement second du classement général avec 376 points de retard sur le Suisse. Matthias Mayer et Vincent Kriechmayr sont respectivement 3 et 5es du classement général.
UNE ÉQUIPE DE FRANCE À SUIVRE DE PRES

Outre Alexis Pinturault qui a abandonné ses objectifs de classement général, les arguments ne manquent pas du côté des Français pour vivre une très belle deuxième partie de saison. Le niçois Mathieu Faivre, double champion du monde l’an dernier à Cortina d’Ampezzo (parallèle et slalom géant), se présente comme un acteur important côté français. Malgré un début de saison compliqué avec une 8e place comme meilleur résultat, le Français a sûrement, après ses deux titres de champion du monde, l’envie d’être champion olympique à Pékin. Un autre français à suivre de près cette saison : Clément Noël, le skieur de 24 ans, peut rêver d’aller accrocher une médaille olympique, lui qui avait épaté lors des Jeux de Pyeongchang en terminant à une très belle 4e place dans sa discipline de prédilection, le slalom. Spécialité dans laquelle il a terminé trois fois d’affilée second dans la course au globe de la discipline. Cette saison, il a remporté le premier slalom et était en passe de faire coup double, avant de chuter et de manquer la dernière porte alors qu’il comptait 1 seconde d’avance sur ses poursuivants. On pense aussi aux spécialistes français de la vitesse : Brice Roger, Blaise Giezendanner ou encore Johan Clarey pour offrir pourquoi pas de belles surprises.

Chez les femmes, il faut compter sur la géantiste Tessa Worley, vainqueur du géant de Lienz le 28 décembre. La française peut espérer aller chercher une première médaille olympique, l’un des derniers trophées manquant à son très beau palmarès. La deuxième tricolore au classement mondial l’an dernier était Tiffany Gautier (53e), régulièrement dans le top 10 en Super G, peut espérer continuer sur sa lancée. On pense aussi à la slalomeuse Nastasia Noens qui a terminé dans le top 10 lors des finales. Et derrière ces athlètes, des jeunes viennent se frayer une place en coupe du monde, à l’image de Camille Cerutti, la française qui a débuté en Coupe du Monde en janvier 2021, dispute sa deuxième saison en Coupe du Monde après 4 saisons en Coupe d’Europe. « Cette année, j’aimerais me concentrer sur la Coupe du Monde, je suis déjà partie à Sölden et actuellement je suis aux États-Unis pour préparer les premières Coupes du Monde à Lake Louise (Canada). Faire les deux programmes (NDLR : Coupe du monde et Coupe d’Europe), c’est presque impossible surtout quand on fait plusieurs disciplines. ». La skieuse qui a obtenu pour meilleur résultat une belle 11e place lors du Super G de Val d’Isère, en décembre, annonce : « pour être honnête je pars beaucoup plus confiante que les autres années. L’année dernière, je suis passée à côté du top 30 tout l’hiver. Cette année, j’espère que ce sera différent, en tout cas on a mis les choses en place pour que ça marche ». L’équipe de France compte donc à nouveau cette saison de nombreux arguments pour nous faire vivre une année haute en couleurs et pas n’importe lesquelles : bleu, blanc, rouge.
Crédits photos : Top Ski News, Tyrol Autriche, France Bleu, L’Express, Alpes 1 Radio et Ski Chrono