Accueil » Suspense et surprises, la Ligue 2, cette terre promise

Cette année encore, la Ligue 2 a impressionné par son suspense, son spectacle et ses enjeux. Entre espoir de renaissance des clubs historiques, réadaptation rapide des enjeux pour d’autres et confirmation d’un travail de longue haleine pour certains, il ne fallait pas laisser le moindre point. Retour sur cette saison surprenante.

LA SAISON 2021/2022, UNE SAISON À DEUX VITESSES

Il n’aura fallu que cinq journées pour constater que le classement serait séparé en deux parties bien distinctes. Leader avec cinq points d’avance sur le 7e, Toulouse démarre sur les chapeaux de roue. De l’autre côté, Nancy, Dijon et Dunkerque n’ont récolté qu’un seul petit point… Prémices de la saison des caprices pour l’ASNL.
Moins de dix journées après le début de la saison, les premières têtes tombent. Régis Brouard prend les commandes à Bastia et cela fonctionne : 13 points récoltés en 10 matchs, contre 7 points en 9 matchs pour son prédécesseur. Benoît Pedretti assure l’intérim à Nancy, tandis qu’Olivier Guégan est limogé à Valenciennes. Le VAFC est la 19défense de Ligue 2.

À la J19, Ajaccio est leader avec une défense impressionnante : seulement 8 buts concédés à la mi-saison. Toulouse, dauphin, est de loin la meilleure attaque et impressionne par sa régularité. Bien que moins étincelant, le Paris FC de Thierry Laurey vient compléter le podium. Dans le top 10, la course aux play-offs est loin d’être terminée. Douzième, Nîmes est décroché, Pedretti à Nancy est remercié.
L’hiver a été glacial du côté de Quevilly-Rouen. Coup de tonnerre lorsque Bruno Irlès décide de rejoindre Troyes en Ligue 1. Classés 11es avec 24 points, les Normands réalisaient une saison remarquable pour un promu. Fabien Mercadal lui succède. Footballistiquement parlant, les suiveurs de la Ligue 2 sont certainement tombés amoureux de Jean-Marc Furlan qui offre encore du spectacle et du jeu, cette fois-ci avec Auxerre. Les Palois, qui encaissent autant de buts qu’ils n’en marquent, s’invitent dans la course au Top 5. Côté maintien, rien ne va à Nancy. Les supporters manifestent leur mécontentement, les lourdes défaites s’enchaînent dont un revers 6 buts à 1 à Valenciennes.

Au fur et à mesure que la fin de saison approche, le Paris FC se faufile sur le podium. Le 4-1-4-1 de Laurey, à défaut d’être séduisant, est efficace, surtout contre les « gros » du championnat. À dix journées de la fin, le top 5 est figé, mais seulement quatre équipes tiennent le rythme infernal. En effet, les Parisiens ne prennent « que » 15 points sur 27 possibles lors des 9 derniers matchs et perdent toute leur avance. Sochaux s’accroche et le Stade Bonal renoue avec des tribunes pleines. En bas du classement, le départ d’Irlès fait mal à Quevilly qui bataille avec Dunkerque et Rodez.
Le dénouement, chacun l’appréhende. Ainsi, les esprits se tendent. Toulouse valide (enfin !) son retour dans l’élite lors de la 35e journée devant 24 000 spectateurs. Le titre de champion est fêté deux journées plus tard. Dans le même temps, la victoire d’Auxerre sur Dunkerque condamne ces derniers à la relégation, tandis que Rodez réalise l’exploit d’être la seule équipe, avec l’EA Guingamp, à avoir gagné à Furiani. Ajaccio monte finalement en Ligue 1 lors de l’ultime journée. Le mérite revient aux Guingampais qui obtiennent le 6e rang après une fin de championnat très réussie : 22 points sur 27 possibles.

La saison des licenciements, du jeu offensif et du retour des supporters semble réussie. Celle-ci s’achève par la victoire méritante de l’AJA contre Saint-Etienne lors des barrages.

LE TOP : TOULOUSE VOIT LA VIE EN ROSE

Comment qualifier l’exercice 2021/2022 des Violets ? Il serait prétentieux de dire qu’il a été parfait… Mais quel pied ! L’enthousiasme s’empare d’abord des supporters lorsque Philippe Montanier est annoncé entraîneur. L’ancien coach lensois bénéficie alors d’individualités très talentueuses qu’il a associé de manière délicieuse. Cette aventure commence par un mercato intelligent : Rafael Ratõ de Slovaquie, Rasmus Nicolaisen de Midtjylland, pour ne citer qu’eux.
D’abord adepte du 3-5-2, Philippe Montanier a davantage utilisé le 4-2-3-1 par la suite en positionnant Denis Genreau en numéro 10. Néanmoins, cette équipe a donné l’impression de pouvoir s’adapter à n’importe quel système de jeu tout au long de la saison. À partir du mois de janvier, le 4-3-3 s’impose. À chaque poste, la profondeur de banc permet de ne pas déstabiliser le collectif en cas d’indisponibilité d’un cadre. Bafodé Diakité complétait à merveille la paire Anthony Rouault/Nicolaisen en cas de blessure.

Toujours très justes techniquement avec cette volonté d’aller de l’avant, les Toulousains n’ont perdu que cinq fois cette saison et ont enchaîné 10 confrontations sans la moindre défaite. Pour accéder à l’Élite, il ne faut négliger aucun domaine. C’est le cas, grâce aux coups de pieds arrêtés redoutables de Branco Van Den Boomen. Rhys Healey finit lui meilleur buteur de Ligue 2 avec 20 réalisations au compteur. Troisième équipe la plus fair-play du championnat, Toulouse a lié discipline et fougue offensive. Le Téfécé a procuré du plaisir à son public. L’affluence moyenne a atteint les 10 000 spectateurs par match au Stadium. Ainsi, deux ans après, Toulouse revient en Ligue 1.

LA SURPRISE : GRENOBLE, L’ANNÉE D’APRÈS

« Pourrai-je faire aussi bien, voire mieux ? » Tels étaient les mots de Philippe Hinschberger lors de son départ de Grenoble à l’été 2021. À la suite d’une quatrième place plus qu’honorable, les Bleu et Blanc devaient écrire une nouvelle page de leur histoire. En effet, 5 des 11 titulaires du match de play-off contre Toulouse ont quitté le club. Passé par Sion, Maurizio Jacobacci prend l’équipe en main.
Déterminé à persévérer avec son 4-2-3-1, malgré les lourdes défaites 4 à 0 face au PFC et 3 à 0 contre l’AJA, le technicien italien connaît des difficultés. Yoric Ravet tente de porter l’équipe, mais est trop peu épaulé devant. Grâce à son gardien Brice Maubleu, le GF38 parvient à sauver les meubles défensivement. Il est l’auteur du plus grand nombre de sauvetages sur l’ensemble du championnat. À la mi-saison, ce sont les victoires contre ceux qui sont devenus des concurrents directs (Dunkerque, Nancy, Quevilly) qui permettent à Grenoble d’être 16e, un point devant le barragiste.

Loin des attentes, Jacobacci est remercié par la direction. L’heureux élu pour repartir au combat se nomme Vincent Hognon. Renforcés par les arrivées de Jordan Tell et Abdoulie Sanyang, les Grenoblois ont pour objectif le maintien. Cependant, une vingtaine de cas positifs au coronavirus sont détectés à la fin du mois de janvier. Le capitaine Maubleu connaît alors une période sombre. Malade, puis blessé à la cheville, il est l’auteur d’une terrible bourde face à Nîmes lors de son retour. Le doute s’installe, mais il faut s’accrocher.
Grenoble finit tambours battants par trois victoires de suite et avec la manière : 7 buts en 3 rencontres. Le GF38 prend 11 points sur les six dernières journées et sauve sa saison en dents de scie. Le maintien est assuré, mais l’année d’après aura été éprouvante.

LE FLOP : DIJON, LA DÉSILLUSION

Qu’elle est loin la déclaration clinquante de Bruno Irlès, qui affirmait que « Dijon en Ligue 2, c’est le PSG en Ligue 1 ». Le recrutement des Bourguignons était en effet séduisant, entre Mickaël Le Bihan, Valentin Jacob ou encore Daniel Congré. Par ce mercato, le président Olivier Delcourt avait donné vie à ses ambitions : remonter dans les deux saisons post-relégation. Oui, mais voilà, à Dijon, rien ne s’est passé comme prévu. Les Rouges ne proposent rien d’autre que le néant. Un seul point pris contre Rodez en cinq matchs, David Linarès s’en retrouve déjà limogé.
C’est alors que Patrice Garande rejoint la capitale des ducs. Un homme de poigne qui souhaite réveiller les consciences. Dijon est à cette heure relégable et doit réagir. Même si l’électrochoc n’est pas immédiat, les résultats ne sont plus les mêmes. À l’issue de la 10e journée, le DFCO compte 10 points. Cependant, les déceptions se multiplient. Auteur de 19 buts avec Auxerre la saison précédente, Le Bihan est quasi muet et le jeune Aurélien Scheidler (12 buts) s’illustre. Bryan Soumaré et Christopher Rocchia sont successivement écartés du groupe sans explication claire.

Puis, à l’hiver, le portier Anthony Racioppi ainsi que Grégory Coupet, entraîneur des gardiens, quittent le club. Étincelant dans le derby contre Auxerre notamment, le gardien suisse est laissé sur la touche quand Baptiste Reynet revient de blessure. C’en est trop pour un jeune gardien talentueux qui part en direction des Young Boys de Berne. Yassine Benzia fait également ses bagages, lui qui donnait l’impression de choisir ses matchs.
Malgré ces déconvenues, l’objectif reste le top 5, mais ce dernier s’éloigne rapidement. Pire défense, Dijon patine. Pour couronner le tout, Patrice Garande a confirmé qu’il ne resterait pas en Côte-d’Or. Lui qui serait jugé comme trop brutal, trop dur au sein du club, n’a pas été convaincu par le projet proposé par Delcourt. Dijon y a cru, a été vaincu et a déçu. La suite reste inconnue.

LE CHIFFRE : 20

20, soit le nombre de passes décisives dont Branco Van Den Boomen a été l’auteur cette saison. Plus de la moitié de celles-ci proviennent d’un coup de pied arrêté. Le Néerlandais du Téfécé égale ainsi le record de Zinedine Ferhat, obtenu sous les couleurs du Havre lors de la saison 2017/2018.

L’INSTANT DU PUBLIC : LES NOUVELLES GÉNÉRATIONS AUXERROISES PROFITENT

Voilà 10 ans que l’AJ Auxerre n’avait pas mis un pied en Ligue 1. À plusieurs reprises, des « fan zones » ont vu le jour dans la ville pour cet évènement. En 2012, les Auxerrois avaient été relégués avec leurs voisins Dijonnais. Les très jeunes n’entendront plus parler de Ligue 1 uniquement par leurs parents, ils la vivront !

Crédits photos : Foot Mercato, Haïti Tempo, ASNL, Le 11 HDF, Le Journal Toulousain, QRM, Le Bien Public et Foot National

Nathéo Dillenseger – 5 juillet

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