Accueil » Tony Yoka reste sur un sans-faute

Vendredi 27 novembre à la H Arena de Nantes, Tony Yoka a eu rendez-vous avec son histoire et a répondu présent. Face à l’Allemand Christian Hammer, le boxeur français de 28 ans s’est imposé aux points sans trembler, au terme d’un combat sans grande surprise, pour son 9e succès. Il reste à ce jour toujours invaincu. Sa compagne a elle aussi triomphé. Récit d’une soirée qui a souri à la famille Yoka.

Trois combats pour lancer la soirée

Une tristesse infinie a raflé le monde du sport pendant cette dernière semaine du mois de novembre. Comme si l’année 2020 n’a pas déjà suffi. Les disparitions de Christophe Dominici, Jacques Secrétin et de la légende Diego Armando Maradona ont respectivement plongé le rugby, le tennis de table ainsi que le football dans un deuil qui dépasse largement les frontières. De son côté, la boxe, en France, a connu des jours plus heureux dans l’impatience d’atteindre la fin de la semaine. En quête de décrocher un 9e succès en poids lourd, Tony Yoka a affronté Christian Hammer dans une H Arena de Nantes à huis clos. Seuls les journalistes et les certains juges placés tout autour du ring ont amené une impression que la fête allait être animée. Il n’y en a rien été. Les encouragements des managers ont quelque peu converti ceux des supporters absents.
Comme le meilleur n’arrive jamais au début mais toujours à la fin, la soirée a plutôt bien débuté pour le clan Yoka. Non pas pour Tony à ce moment-là, mais pour sa compagne Estelle Yoka Mossely. Cette dernière a ouvert le bal de cette soirée boxe. La médaillée d’or catégorie poids légers des JO de Rio 2016 était opposée à la marseillaise Emma Gongora. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la boxeuse de 28 ans a parfaitement lancé les hostilités en ne faisant qu’une bouchée de son adversaire dans l’ensemble des huit rounds, loin d’être la favorite (78-74, 77-75, 78-74). En effet, Gongora, spécialisée dans la boxe pied-poings, a remplacé Pasa Malagic. Contrôlée positive au Covid-19, la bosniaque n’a pas eu d’autre choix que de déclarer forfait. Défaite, la française a tout de même eu le mérite de relever le défi sans s’attendre à des miracles. La logique a donc été respectée, néanmoins Estelle Yoka Mossely reste sur sa faim. « Je n’ai pas encore retrouvé toutes mes sensations. Je voulais faire des choses, mais je n’y arrivais pas. Le travail n’est pas terminé. J’étais tendue » a-t-elle déclaré à l’issue du combat.

Après les femmes, place aux hommes dans cette série de quatre combats. La deuxième représentation a mis à l’honneur Aboubeker Bechelaghem, originaire d’Albi, au turc Volkan Gokcek. Avec une arrivée sur le ring en pleine confiance, accompagnée d’une des chansons du rappeur Rohff, le français de 32 ans a livré une belle prestation et a été annoncé vainqueur dans un premier temps. Cependant, sa joie fut de courte durée. En réalité, après une erreur d’annonce lors du verdict officiel, l’arbitre a dû s’y reprendre à deux fois. C’est finalement le turc de 24 ans qui s’est imposé face à son opposant (55-59, 58-56, 58-56). Un couac qui en a étonné plus d’un dans la salle, mais qui n’a pas empiété sur la suite du spectacle.
Juste après cette scène insolite, l’autre combat de poids lourd de la soirée a pris place. Le jeune ukrainien Victor Faust s’est présenté face au polonais Kalim Sokolowski, qui a effectué sa première apparition dans la cour des grands. Celui-ci s’est tout de même, et logiquement, incliné face à l’espoir Faust, en témoigne un résultat sans appel (60-53, 60-53, 60-53). Une fois le travail effectué, Yoka Mossely, Gokcek ainsi que Faust, ont pu contempler le combat vedette de cette soirée avec le sentiment satisfaisant du devoir accompli.

Yoka est allé au bout, Hammer n’a rien lâché

Dominateur du début à la fin, Tony Yoka n’a à aucun moment montré le moindre signe de faiblesse, ni à son adversaire Christian Hammer, ni à personne d’autre. Mais de l’animosité, il en a fait preuve. Les jeux sont faits. Le français n’est également pas tombé dans les pièges tendus par l’allemand. Les impacts des coups de poings ont été puissants côté Yoka. Ce dernier a d’ailleurs asséné beaucoup plus de coups qu’il en a encaissé. Preuve à l’appui, sur l’ensemble du combat, il est parvenu à totaliser 78 coups portés à Christian Hammer, contre 19 pour ce dernier. Ce n’est même pas la moitié. Le natif de Paris a réussi à toucher la tête de l’allemand de 33 ans à 69 reprises, contre un maigre 15 en face. Au niveau du corps également, Yoka fait l’unanimité avec 9 coups donnés contre seulement 4 reçus par Hammer. Ces statistiques se sont étendues sur un total de 10 rounds. Du premier au troisième, l’Allemand a rapidement été dominé. Le sang qui a coulé de son arcade sourcilière droite dès le deuxième round a confirmé cet état de fait. Il a alors cherché à gagner du temps et reprendre son souffle. Pour cela, il a envoyé à plusieurs reprises le français dans les cordes, en corps à corps.
Mais Yoka est fort en esquive et préfère en rire, avec un sourire narquois en coin. C’est à partir de la troisième manche que le combat a définitivement été lancé. Le français enchaîne les coups du droit dévastateurs. Les premiers uppercuts commencent à faire leurs apparitions. Néanmoins, Christian Hammer, dit « le marteau », ne s’est pas laissé se faire marteler. Il a bien monté sa garde et a riposté par plusieurs coups de poings. Son adversaire du soir a été bien plus actif que lui et davantage conquérant au fil du temps. À souligner un jeu de regard déstabilisateur de la part de Yoka, ainsi que des tirages de langues qui ont alors fait ressortir ce côté « manque d’humilité » du français. Qu’à cela ne lui tienne, du quatrième au sixième round, il a continué à gérer son opposant à distance. Hammer, lui, s’est jeté dans la gueule du loup en favorisant le jeu au corps pour faire parler son expérience. Aspect négatif au sixième round, ce dernier a été sanctionné d’un point de pénalité qui aurait bien pu être décisif au moment de faire les comptes. Mais après quatre derniers rounds de haute intensité, Tony Yoka est resté stoïque du haut de ses 2 m 01 et de ses 108,5 kg. Il n’a fait aucun doute au moment d’annoncer l’identité du vainqueur, Tony Yoka s’est imposé aux points au bout des 10 rounds (100-89 pour les trois juges). Une première pour lui contre un Christian Hammer, bien amoché, mais qui n’a pas courbé l’échine pendant son duel.

Un pas de plus vers le Top 10 mondial

Cette neuvième victoire de Tony Yoka dans la catégorie poids lourd rapproche un peu plus le français de son objectif principal : intégrer le top 10 mondial d’ici la fin de l’année 2021. Un challenge qu’il est plus que jamais prêt à relever. À l’issue de cette soirée, il grimpe à la douzième position avec 54,17 points. Néanmoins, sa main droite en a fait les frais. Pour quelques jours, le temps n’est plus à la boxe mais à la saveur de cette victoire importante, deux mois après avoir battu Johann Duhaupas en moins d’un round. C’est aussi et surtout le temps du repos et de la convalescence. Le boxeur a annoncé sur son compte Twitter qu’il est victime d’une fracture de la main suite à ce combat. Une victoire chez Madame, une autre chez Monsieur, la famille Yoka peut trinquer à cette soirée riche en positivité, de bon augure pour la suite.

Crédits photos : Eurosport, Boxing Time, 20 Minutes et Le Parisien

Tom Bonnard – 1 décembre

(2 commentaires)

  1. Bon rétablissement à ce jeune boxeur qui fait honneur au pays dans une catégorie riche en adversité et qui monte crechendo les marches .Il va certes atteindre son but , c est tout le mal que l on peut lui souhaiter.
    Bonne chances pour ses prochains combats
    Sportivement

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