Accueil » Une jeunesse étincelante présente en masse au Touquet

Envoyé spécial au Touquet Tennis Club, le 4 août

Sous un soleil de plomb et dans un cadre idéal, le Touquet Tennis Club s’est vu accueillir un CNGT en ce début de mois d’août alors qu’à l’accoutumée, les terres battues touquettoises sont habituées à recevoir le gratin du tennis européen de moins de 16 ans. Covid oblige, les plans ont été revus différemment et un tournoi a été organisé en remplacement, la Borotra Masters Cup. Ce n’est pas pour déplaire au public qui fut au rendez-vous de cet événement.

Mpetshi-Perricard “conserve” un titre

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Le mot interpelle et pourtant, il ne faut pas oublier que Giovanni Mpetshi-Perricard était tenant du titre de la Junior Davis Cup avec la France l’an passé, accompagné de Mehdi Sadaoui et Max Westphal. La compétition étant annulée, il s’est vu invité par la Fédération à disputer ce CNGT pour compenser et avoir des matchs dans les jambes. « Ces tournois me permettent de préparer mes jeunes et je suis très heureux que la FFT l’ait invité » affirme Tarik Benhabiles, l’entraîneur de Giovanni. Étant l’un des plus faibles sur le papier, il entre en lice dès le 1er jour et se défait d’un Samuel Brosset (-15) affaibli mais tout en restant très sérieux, sa journée du lendemain s’annoncera presque féerique.
Alors qu’il est classé -4/6, le ¼ de finaliste de l’Australian Open Junior affronte la tête de série 2 en quarts qui n’est autre que Jo Tatlot (n°29), vainqueur de l’Open SNAB ici même au Touquet deux semaines plus tôt. Le duel a lieu mais tourne court, celui qui s’apparentait à être favori n’est pas en jambes et doit s’incliner (7-6/6-4) face à la jeunesse et laisse filer Giovanni Mpetshi-Perricard dans le dernier carré. L’après-midi, la demi-finale s’annonce alléchante avec une opposition de style : l’expérience et la tactique de Jules Marie (n°48) face à la puissance et l’insouciance de Giovanni. Après un âpre combat et un mental d’acier dans le super tie-break, ce dernier décroche son ticket pour la finale, « le mental m’a bien aidé » comme il nous l’a dit de manière récurrente.

La dernière affiche du tournoi est assez spéciale puisqu’elle oppose ceux qu’on appelle « les deux chouchous », soit Giovanni face à Jurgen Briand (n°93 français), vainqueur de l’Open SNAB 2019 et orgueilleux après son élimination précoce deux semaines avant cette année. Soleil de plomb, central rempli, public gonflé à bloc, les conditions sont réunies et les gladiateurs entrent dans l’arène. Curieusement, l’affrontement tourne court d’entrée, 6 jeux à 2 pour Mpetshi-Perricard qui rentre bien dans la rencontre, à l’inverse de son adversaire.
Dans le 2e set, rebelote ou presque, mentalement le plus jeune reste à son aise et bien concentré. Jurgen Briand quant à lui n’a pas de solution pour renverser la situation, il doit s’incliner 6-2/6-1 et laisser la coupe aller dans les bras de Giovanni Mpetshi-Perricard. « Avec l’Australian cette année, ce sont mes deux plus gros et beaux tournois, j’ai réussi à m’en sortir même si c’était parfois difficile avec des conditions pas toujours favorables » reconnaît le vainqueur. Prochainement, il pourra confirmer sa forme à Roland Garros Junior, où selon son entraîneur « il a le droit d’avoir de bonnes ambitions ». Il sera très certainement l’un des favoris et risque dès l’an prochain de titiller plus souvent des joueurs plus expérimentés sur des tournois un peu plus côtés.

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Tout sourire malgré la défaite, Jurgen Briand est certes déçu de sa finale mais a pu compter sur le soutien du public avec qui il a joué tout du long. « Ici on se sent bien, je m’entends bien avec tout le monde et c’est un plaisir de revenir à chaque fois » confie-t-il, cela s’est vérifié sur les 3 jours. Deux semaines avant, il s’était fait sèchement sortir par Lilian Marmousez. Cependant, le n°93 français a su réagir sur la Borotra Masters Cup, « les vacances m’ont fait du bien et je suis arrivé frais mentalement » comme il le disait. Il reviendra très certainement récupérer sa coupe l’an prochain pour le plus grand plaisir des touquettois à n’en pas douter.

À défaut des juniors, il faut perfer

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La Junior Davis Cup a été annulée cette année et un joueur aurait certainement pu y participer, Arthur Fils. Classé 0 et né en 2004 donc éligible à une sélection, Arthur était déjà présent à l’Open SNAB et est revenu sur invitation de la FFT sur le deuxième CNGT. Étant « l’un des plus petits sur le papier » comme disait Tarik Benhabiles, son ambition était de bien figurer et de bouleverser l’ordre établi le mieux possible. Aussitôt dit, aussitôt fait, Arthur Fils se paie le n°94 français Julien Obry en 2 manches (6-3/6-1) en produisant un jeu satisfaisant à regarder. Néanmoins, la marche sera trop haute face à Jules Marie et ce malgré un combat haletant (6-7/5-7) surtout à ce niveau. « J’ai fait un bon premier tour mais celui d’après était mitigé, mon adversaire était assez fort, j’aurais pu jouer mon ami Giovanni en demies », les deux wild-card se seraient affrontées.
Lui non plus n’a pas l’habitude de jouer des tournois adultes en France, il est plus souvent en vadrouille à l’étranger sur des ITF Junior mais il reconnaît « glaner plus d’expérience en jouant avec des adultes » sur ces tournois. Néanmoins il semblait heureux d’être au Touquet de ses performances, lui qui fait partie d’une génération 2004 impressionnante avec Luca Van Assche qui avait brillé sur l’Open SNAB en ralliant le tableau final. À défaut d’avoir porté le maillot de l’équipe de France, Arthur Fils a pris de l’expérience qui ne sera que bénéfique pour la suite.

Un nouveau directeur dans la lignée du club

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Que serait un tournoi réussi sans une bonne organisation en arrière-plan ? Organisation de l’événement, logement, logistique, restauration, protocole, tous ces aspects sont primordiaux pour veiller au bon déroulement des choses. C’est de tout cela qu’Alexandre Dutoit avait conscience, lui qui est présenté par le président du club comme le « digne héritier » d’Hugues Destombes, directeur historique de la Junior Davis Cup qui nous a quitté en septembre dernier. « Il s’agissait là en réalité de ma seconde expérience en co-direction d’un événement ici, j’ai beaucoup appris auprès d’Hugues l’an dernier avec cette victoire de la France, nous le regrettons beaucoup (NDLR : en parlant de M.Destombes) » confie-t-il à notre micro.
Cette année, un hommage appuyé lui a été rendu et Alexandre a été l’un des métronomes avec Théo Parmentier de cet engrenage. « C’est plus léger de gérer 12 joueurs que 8 équipes c’est certain, nous pouvons nous féliciter toute l’équipe qui a œuvré sur cette Borotra Masters Cup » souligne-t-il, pour ne pas citer les petites mains, l’intendance, l’arbitrage, etc. À ne pas oublier que ce tournoi reste exceptionnel et prenait les dates en lieu et place de la Junior Davis Cup, ce qui a aussi permis de mettre en avant un type de tournoi souvent peu médiatisé, les CNGT. « Ils sont omniprésents dans l’organisation fédérale et pour les joueurs français, des clubs s’engagent et œuvrent toute l’année pour les organiser et en Hauts-de-France, nous sommes plutôt bons à ce sujet. » Ne reste plus qu’à attendre un an pour retrouver la Junior Davis Cup et des équipes européennes qui vont s’affronter au Touquet, pour le plus grand bonheur de ses protagonistes cachés mais nécessaires.

Crédits photos : Pavel Clauzard et Cédric Lecocq

 

Pavel Clauzard – 11 août

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