Nous sommes maintenant à quelques jours de la reprise des grands championnats européens et tous les fans de football n’attendent plus qu’une chose, revoir des matchs à enjeux. Tandis qu’en terre ibérique la date est fixée au 16 août 2019 avec une opposition entre l’Athletic Bilbao et le FC Barcelone, état des lieux des 20 futurs acteurs : entre ambition et réalité, qui va briller et qui va décevoir ?
Un trio de tête pour jouer le titre
Aucun doute sur le fait que les seules équipes en mesure de jouer la victoire finale sont le FC Barcelone, l’Atlético Madrid et le Real Madrid tant l’écart avec les autres est grand. Les champions en titre sont favoris à leur propre succession, ils s’inscrivent dans la continuité avec Valverde, certes avec des points noirs comme la pauvreté du jeu proposé par les Blaugranas et le manque de temps de jeu accordé aux jeunes de la masia, mais avec un groupe qui n’est pas chamboulé par le mercato et des recrues aux postes à pourvoir. Firpo du Bétis a été recruté pour suppléer Alba qui n’avait pas de remplaçant, l’avenir au milieu est assuré avec De Jong et l’idée d’une entente Griezmann-Messi sonne comme la promesse d’un avenir radieux pour l’attaque barcelonaise. A contrario, les Colchoneros et la Casa Blanca sont partis pour une année de transition au vu des nombreux changements dans leurs effectifs respectifs. L’Atletico de Madrid semble néanmoins partir avec un peu plus d’avance que son compère, bien que le club doive presque totalement reconstruire une défense et retrouver une animation offensive, Diego Simeone a peut-être déjà trouvé la solution à ses casse-têtes. En l’absence de Giménez en vacances après la Copa America, Felipe et Hermoso ont montré de belles choses en préparation tout comme l’enfant prodige João Félix. Considéré en Liga comme candidat plus sérieux au titre que le Real depuis l’année dernière, ils peuvent profiter d’un Barça qui aura sans doute la tête à la Ligue des Champions l’année prochaine.
La maison blanche en revanche inquiète. Même si une pré-saison ne dit pas grand-chose sur celle à venir, la préparation désastreuse du club n’annonce tout de même rien de bon et l’année qui arrive pourrait même être une saison blanche, mots qu’un socios madrilène ne supporte pas. Pourtant Zinedine Zidane a eu, avec le poids de ses 3 Ligues des Champions remportées et son retour en sauveur, la promesse de Florentino Pérez d’accéder à toutes ses volontés durant la période estivale des transferts à la condition que si les résultats ne sont pas là, l’indulgence et la patience des dirigeants madrilènes seraient courtes. D’autant plus qu’en interne certains choix interrogent comme pour Ferland Mendy que Zidane est allé chercher pour presque 50 millions d’euros alors qu’il y avait le canterano Sergio Reguilón de disponible et au niveau, rappelons-nous seulement qu’il avait mit Marcelo sur le banc. Ainsi, si l’on ajoute à cela les sommes déjà dépensées et les résultats qui peinent, des personnes comme le directeur général José Ángel Sánchez grincent des dents et n’hésitent pas à le faire savoir. Une équipe qui va avoir besoin de temps pour se mettre au niveau et se trouver, c’est ce à quoi on s’attend pour le Real. On voit donc le Barça aller chercher une troisième Liga de suite et être suivis de l’Atletico et du Real.
Une (grosse) bataille pour l’Europe
De l’autre côté des Pyrénées, nombreuses sont les équipes à pouvoir prétendre aux places européennes puisque beaucoup ont affiché de l’ambition et la bataille s’annonce âpre. Valence qui reste sur une quatrième place obtenue lors des deux derniers exercices peut compter sur sa jeunesse flamboyante qui a brillé cet été lors des compétitions internationales. Soler vient de remporter l’Euro dans sa catégorie avec la sélection espagnole U21, le crack annoncé Kang-In Lee a été élu meilleur joueur du mondial U20 qu’à également disputé Ferran Torres. Le mercato a été intelligent en laissant partir Neto et en récupérant le gardien international néerlandais Cillessen et la venue de Maxi Gómez en provenance du Celta est aussi un grand renfort. Le club Che va pouvoir compter sur une alliance entre jeunesse et expérience et se verrait bien embêter les trois cadors du championnat espagnol. Séville ensuite, a injecté environ 100 millions d’euros pour renforcer son effectif, a notamment fait une partie de ses achats en ligue 1 (comme à son habitude) et pourra compter sur Jules Koundé, Diego Carlos et Lucas Ocampos arrivés respectivement en provenance de Bordeaux, Nantes et Marseille. Les Sévillans ont aussi réalisé quelques coups en faisant venir le prometteur Reguilón en prêt et le meilleur buteur du dernier exercice du championnat des Pays-Bas qu’est Luuk de Jong mais ont aussi subi de grosses pertes avec les départs de Sarabia et Promes. Avec l’arrivée de Lopetegui, cela ressemble au début d’une nouvelle ère au Ramón Sánchez Pizjuán avec des objectifs importants en Liga. Du côté du Benito Villamarín et après une année timorée entre beau jeu et une décevante 10ème place, le Real Betis semble reparti pour nous en mettre plein les yeux. Avec l’arrivée de Rubi qui a fait ses classes au côté du regretté Tito au Barça et qui est un adorateur de Pep Guardiola, c’est l’assurance d’un jeu de position tourné vers l’attaque et vertical ce qui s’inscrit dans la continuité du projet de jeu déjà mis en place par son prédécesseur Quique Setién. Riche d’un effectif talentueux avec des pépites comme Diego Lainez, les supporters rennais doivent s’en souvenir encore. Le club doit encore trouver un numéro neuf performant, seule pièce manquante après les arrivées de Pedraza pour remplacer Firpo à gauche, Nabil Fékir pour prendre la place de Lo Celso (en partance) ou encore Juanmi et un groupe déjà d’une grande qualité (Aissa Mandi, Carvalho, Canales…). Le club se doit donc de gratter au moins une place en Ligue Europa.
Après Valence et les deux Séville, direction le Pays basque et le San Mamés théâtre de la première confrontation du championnat espagnol le 16 août prochain, le jour de ses 90 ans. Connu pour sa politique identitaire peu commune, l’Athletic est contraint de limiter ses mouvements lors du mercato et on se demande si la saison qui arrive sera dans la continuité de la dynamique enclenchée par l’arrivée de Gaizka Garitano l’année passée – qui s’est soldée sur une 8ème place aux portes de l’Europe – ou si la concurrence sera trop forte et fatale à Bilbao. L’éternel rival quant à lui enregistre les arrivées de joueurs intéressants comme le jeune Alexander Isak de 19 ans ou le danois qui a tant fait parler de lui, Martin Odegaard qui est auteur d’une belle saison au Vitesse (12 buts, 12 passes décisives), sans oublier Portu qui a marqué 14 buts avec Girona l’année dernière. La Real Sociedad complète donc son groupe peu à peu et espère approcher les places européennes. Pour Villarreal qui a vécu une saison particulière avec le licenciement de Calleja puis son retour comme pour Jardim à Monaco, l’exercice à venir doit être réussi. Après une triste 14ème place pour le sous-marin jaune qui a pourtant le statut de club qui compte en Espagne, les hommes de Calleja ne joueront donc aucune compétition européenne, ce qui doit leur permettre de se concentrer sur le championnat et les places qualificatives pour la Ligue Europa, objectif atteignable au vu de l’effectif et du mercato réalisé. L’arrivée de Zambo Anguissa va densifier le milieu de terrain, Raύl Albiol va apporter toute son expérience en défense centrale et Alberto Moreno doit remplacer Pedraza. Les joueurs déjà présents offensivement avec la pépite Nigériane Chukwueze, l’ex-angevin Karl Toko-Ekambi et le merveilleux Santi Cazorla devront permettre au club de retrouver l’Europe.
Des surprises ?
Certains clubs peuvent réellement espérer jouer un rôle malgré l’écart sur le papier avec les habitués de la première moitié du classement, ces outsiders sont des équipes moins connues du grand public mais pouvant créer la surprise en battant des grands noms et en produisant du beau football voire même en parvenant à décrocher des places européennes comme l’a montré Getafe lors de la saison passée. Ne vous y trompez pas, le club de la banlieue de Madrid ne se considère pas comme favori pour terminer dans le haut du classement, bien qu’il ait une carte à jouer puisque l’objectif à leur montée en 2017 était de pérenniser le club au plus haut niveau du football espagnol, ce qui semble réussi au vu de la 8ème place obtenue lors de leur première saison de retour en Liga et de la 5ème obtenu récemment. Mais c’est sur la durée que le club veut s’installer et la prochaine étape est de voir comment le club va conjuguer championnat, Ligue Europa et Copa. En tout cas il pourra compter sur un trio d’attaquant Jaime Mata, Enric Gallego et Jorge Molina ainsi que sur des renforts comme le polyvalent Cucurella qui vient de réaliser une saison pleine et satisfaisante du côté d’Eibar, ou Fajr de retour après un an du côté de Caen auxquels vient s’ajouter le bonheur d’avoir pu conserver le solide défenseur togolais Djené. Sans nul doute, Getafe va encore compter cette année. Du côté de l’Espanyol, la saison est déjà commencée puisqu’ils ont déjà joué le deuxième tour de qualification pour la Ligue Europa avec succès, mais leur mercato n’est pas terminé et pourrait avoir un goût amer. Le départ des cadres du groupe pourrait avoir un gros impact sur la saison à venir des Pericos, Hermoso est déjà parti pour l’Atletico de Madrid et des joueurs comme Marc Roca et Iglesias sont pistés. Alors que les arrivées sont peu nombreuses ou douteuses comme pour Iturraspe arrivé libre de l’Athletic mais avec seulement 15 matchs joués l’exercice précédent, on voit mal comment le joueur de 30 ans pourrait remplacer Roca au milieu… David Gallego aura donc fort à faire si son groupe subit la perte de ses éléments les plus importants.
Direction le plus petit stade de la Liga qu’est Ipurua (7 000 places), où évolue la séduisante équipe d’Eibar, club très bien géré et qui mise sur la continuité. Emmené par leur coach José Luis Mendilibar, le club basque a l’habitude de proposer un jeu léché avec beaucoup de verticalité, l’utilisation des côtés et un pressing haut à la perte du ballon et à la réputation de jouer de la même façon contre tout le monde. Le SD Eibar peut aussi compter sur des joueurs comme Pedro Léon, Dmitrovic ou Joan Jordán et le retour en grande pompe de Takashi Inui après une saison compliquée au Betis. Son ancien club a même reçu des offres plus intéressantes économiquement mais privilégiant le choix du Japonais, le coach peut avoir de l’espoir et pourrait pourquoi pas réaliser son rêve qui est d’emmener son club en Coupe d’Europe. Le Celta Vigo quant à lui n’arrive plus à grand-chose depuis quelques années et n’est vraiment pas passé loin de la descente l’année passée finissant à une miraculeuse 17ème place, le club doit absolument faire mieux. Cela tombe bien, les Célestes ont affiché l’ambition de viser l’Europe l’année prochaine et qui sait, avec la venue de l’international ghanéen Joseph Aidoo en provenance du KRC Genk et surtout l’arrivée de l’ex-barcelonais Denis Suarez en attendant pourquoi pas Nolito. Peut-être qu’ils se rapprocheront de cette partie-là du tableau surtout au vu du reste de l’effectif et les Brais Méndez, Pione Sisto et surtout Iago Aspas. Le Celta ne devrait donc pas jouer le maintien et pourquoi pas être la surprise de cette saison.
Les promus vont-ils (encore) faire l’ascenseur ?
Si la bataille pour l’Europe s’annonce âpre, il n’en est pas moins pour les clubs évoluant tout en bas du classement, d’autant plus pour les récents promus avec lesquels on observe depuis quelques années qu’ils font l’ascenseur et cela pourrait bien être le cas encore cette saison. Le Deportivo Alavés qui a montré de belles choses l’année passée, devrait se maintenir pour la quatrième année consécutive emmené par son coach Asier Garitano. Doté d’un effectif solide à l’image de Guillermo Maripán et des recrues venant renforcer l’équipe comme Aleix Vidal ou l’international béninois Olivier Verdon auteur d’une belle CAN avec sa sélection cet été, nous devrions revoir le club de l’Alava la saison prochaine. L’ancien club de Garitano justement, Leganés, devrait lui aussi se maintenir au vu de ce qu’ils ont montré en fin de saison dernière. Le club qui a signé le 1er mai dernier un accord de collaboration avec l’Ittihad Riadi de Tanger (Maroc) pour disposer des pépites du continent Africain plus facilement, peut justement compter sur son joueur marocain Youssef En-Nesyri mais aussi Braithwaite en autres pour assurer l’essentiel la saison prochaine. De plus, leur coach Mauricio Pellegrino est un très bon tacticien qui a su mettre en place un groupe cohérent et une équipe qui commence à varier son jeu, pouvant passer d’une tactique « défensive » basé sur la contre-attaque à une tactique plus « offensive » avec du rythme, du pressing et du jeu. Direction Valence maintenant avec Levante, difficile 15ème l’année passée mais qui arrive parfois à montrer des choses notamment avec leurs offensifs que sont Emmanuel Boateng et Mayoral, le club ne souhaite pas vivre les mêmes remous mais ce sera sans doute une année encore difficile pour les joueurs de Paco López.
Même constat pour le club possédé par le Ronaldo le « vrai », Valladolid devrait avoir de vraies difficultés d’autant plus avec le départ imminent de l’homme fort de leur défense Fernando Colero à l’Espanyol, l’objectif est le maintien. Reste les trois promus que sont Osasuna, Grenade et le RCD Majorque qui auront très fort à faire. Après une grande saison en Segunda où il termine champion, Osasuna semble être le candidat le plus sérieux pour rester dans l’élite puisque l’entraîneur Jagoba Arrasate a renforcé son effectif avec des joueurs passés par des clubs importants comme Adrian Lopez (ex-Porto) et Marc Cordona (ex-Barcelone). Étant donné que le maintien se joue souvent dans les 10 dernières journées, la profondeur de banc est importante pour tenir le rythme imposé par cette lutte et c’est souvent les promus qui en pâtissent !
Crédits photos : Maël Baudé, Football, Be Soccer, Mapexpress et Marca