La 19e édition du Tour Alsace s’est ouverte mercredi soir par un exercice rarement rencontré par les coureurs, un contre-la-montre par demi-équipes dans les rues sinueuses de Sausheim. À la clé de l’étape du jour, un premier maillot jaune de leader du classement général et la possibilité de prendre un peu d’avance sur ses rivaux pour les prétendants à la victoire finale.
LE CONTRE-LA-MONTRE PAR DEMI-ÉQUIPES, UNE SPÉCIALITÉ ALSACIENNE

Les spectateurs venus assister à la première étape du Tour Alsace ont très certainement été surpris par le format de course proposé pour ce prologue inaugural, un contre-la-montre par demi-équipes. Les formations retenues lors de ce Tour Alsace sont composées de six coureurs, les équipes se sont affrontées avec deux trios répartis en deux salves et munis de leur vélo de route pour garantir une équité entre tous les coureurs. Le temps de l’étape était pris en compte sur le deuxième coureur franchissant la ligne d’arrivée. Pour un grand public, initié au contre-la-montre par équipes, sur de longues distances, celui par demi-équipes sur un parcours de quelques kilomètres est une nouveauté, quelque chose qu’on ne trouve pas ailleurs. Mais les suiveurs les plus assidus de la course alsacienne connaissent bien ce type d’épreuve, puisque ce même type de prologue est régulièrement l’épreuve d’ouverture du Tour Alsace. Face à cette épreuve originale, les équipes et les coureurs tentent de s’acclimater au mieux.

La formation belge de la Lotto-Soudal ne s’était pas préparée pour cette première étape, un simple entraînement sur le parcours avant la course et une discussion tactique suffiront. Tandis que du côté du Cross Team Legendre, l’équipe s’est dûment entraînée pour briller sur ce contre-la-montre par demi-équipes. Pour Hervé Gebel, le directeur sportif de la formation alsacienne, c’est la préparation qui importe. « L’an dernier, c’était notre première participation, donc on l’a un peu subi, car on ne l’avait pas préparé. Cette année, on savait qu’on avait une chance de bien briller dessus, on l’a préparé avec trois stages ». Les différentes stratégies adoptées par les équipes pour choisir la composition de leurs trios ont, elles aussi, jouées un rôle primordial. Du côté du Cross Team Legendre, le choix est fait. « On a décidé de mettre les trois rouleurs les plus costauds ensemble », confie son directeur sportif. Les équipes devaient composer entre l’envie d’aligner les meilleurs rouleurs pour la victoire d’étape et l’objectif plus lointain de faire perdre le moins de temps possible au classement général.
LES BELGES DE LA LOTTO-SOUDAL MAÎTRES DU TEMPS, LES ÉQUIPES FRANÇAISES COMPLÈTENT LE PODIUM

C’est à côté de L’ED&N de Sausheim que le départ de ce contre-la-montre au format inhabituel est donné. Pourtant, c’est bien en dehors de la salle de concert que le spectacle se passe. Un peu plus de cinq minutes d’effort, cinq minutes et une seconde exactement pour les plus rapides du jour. Un court effort, aux allures de mise en bouche pour les coureurs qui enchaîneront ensuite avec quatre étapes en ligne jusqu’à dimanche. Pour cette entrée en matière, les coureurs ont affaire à un tracé très technique de 4,3 kilomètres dans les rues sausheimoises, ces mêmes rues qui ont vu naître Roger Hassenforder, vainqueur de huit étapes du Tour de France dans les années 1950 et porteur du maillot jaune pendant quatre jours lors de sa première participation à la Grande Boucle, en 1953.

Dans cet exercice de vélocité et d’agilité en pleine ville, c’est l’équipe belge de la Lotto-Soudal Development Team qui s’est imposée. Le premier des trois coureurs de la formation à avoir franchi la ligne est Gianluca Pollefliet. C’est lui qui portera le maillot « carré jaune » de leader de l’épreuve. Le sprinteur belge de 20 ans va tenter de sauver son maillot de leader le plus longtemps possible, même s’il admet que son prochain objectif sera d’emmener Alec Segaert ou Lennart Van Eetvelt, deuxième du Baby Giro 2022, à la tête du classement général. Cependant, la victoire s’est jouée à un souffle, puisque la formation française de la Groupama-FDJ Conti a échoué à seulement quatre dixièmes de la victoire. Romain Grégoire, qui composait le trio et qui termine second, admet « qu’on formait une bonne équipe (NDLR : avec Samuel Watson et Laurence Pithie) donc forcément, on voulait gagner ce prologue. Après, on a fait deux petites erreurs qui nous coûtent la victoire ». Mais le jeune espoir français se montre confiant puisqu’il réalise une très bonne performance en vue du classement général. Avec déjà quelques secondes de glanées sur ses principaux rivaux et ne portant pas le maillot de leader, son équipe est libérée de la responsabilité qui en incombe. « Si on peut bouger dès demain, on bougera dès demain », prévient Romain Grégoire. Derrière ces deux formations, c’est une équipe de cyclo crossmen, avec le trio du Cross Team Legendre composé de Mickael Crispin, Gilles Mottiez et Timon Rüegg, qui s’est illustré en terminant à la 3e place, à trois petites secondes des vainqueurs du jour.

La formation qui court à domicile en Alsace avait à cœur de se montrer sur ses terres et sur un exercice qu’ils ont bien préparé et qui convient à leurs qualités comme l’énonce le directeur sportif de l’équipe, Hervé Gebel. « Les qualités de pilotage qu’ont les cyclo crossmen, de prendre des virages vite sans mettre de coups de frein, ça les avantage plus que d’autres équipes ». Le Cross Team Legendre aura à cœur de réitérer la belle performance qu’ils avaient réalisé l’an dernier en allant chercher le maillot jaune, lors de la troisième étape à la Planche des Belles Filles. Avec des écarts resserrés et de nombreux prétendants au maillot « carré jaune », la suite de ce Tour Alsace s’annonce explosive.
Le profil de l’étape 2 :

Crédits photos : Maurice Kloetzlen