Accueil » Une reprise réussie à l’occasion de l’Open SNAB

Envoyé spécial au Touquet, le 19 juillet

La reprise du circuit professionnel se fait toujours attendre et semble mal embarquée en Amérique du Nord, mais qu’en est-il sur le sol français ? La Fédération Française de Tennis a encouragé à l’organisation de CNGT (circuit national des grands tournois) dans des clubs en France notamment au Touquet Tennis Club, notamment connu pour l’organisation de la Borotra Cup qui accueille les équipes nationales de 16 ans et moins. Malgré l’épidémie de Covid-19, le public et le spectacle furent au rendez-vous, focus.

« Jo » Tatlot ou au bon souvenir du Touquet

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Le plateau masculin de cette édition 2020 du CNGT fut assez riche en « gros noms » comme Arthur Rinderknech, Manuel Guinard ou encore Gleb Sakharov, ce dernier le mieux classé de tous. Il n’en fut rien puisque la plupart de ces joueurs sont tombés d’entrée ou peu après pour laisser place à des surprises ou des joueurs plus frais physiquement et mentalement. C’est le cas des deux finalistes masculins que sont Jo Tatlot (n°29) et Titouan Droguet (n°100), de jeunes joueurs qui ont déjà fait leurs preuves. Ils se connaissent bien puisqu’en une dizaine de jours, ils se seront affrontés 3 fois en comptant le duel au Touquet !
Tout laisse à penser que la logique sera respectée à nouveau pour la finale de l’Open SNAB, Tatlot n’a pas concédé un seul set avant d’aborder cette rencontre alors que Droguet a lâché deux manches en 1/8 et 1/4 de finale et s’est extirpé d’une situation défavorable contre Albano Olivetti (n°53), 7-6 au 3e set. Mais le tennis est-il réellement un sport de logique ? Pas vraiment, du moins le 1er set nous le montre puisque le jeune essonnien inflige une correction à son adversaire en théorie favori sur le papier, 6 jeux à 1. Le public se régale malgré les apparences, les amorties fusent et Titouan Droguet s’en délecte, « j’aime jouer comme ça et c’est devenu une force de mon jeu » nous affirme celui-ci.

Mais la tendance va s’inverser et c’est un autre aspect du tennis qui va rentrer en ligne de compte : le mental. « Je savais que ça allait basculer si je continuais sur cette voie-là » assure Jo Tatlot, et il est vrai que l’inversion de tendance fut violente. Très vite, Titouan Droguet se retrouve distancer et commence à s’énerver et notamment à jeter sa raquette sur le côté du terrain, il doit concéder la 2e manche 6 jeux à 3 malgré une résistante impressionnante. La roue a tourné et rien ne semble pouvoir bouleverser cet équilibre, Tatlot l’emporte 1-6/6-3/6-2 et remporte le trophée, 8 ans après un succès fondateur sur ce même central en Borotra Cup. « J’ai su garder cette intensité mentale et élever mon niveau de jeu, très content d’avoir gagné en 3 sets », sa puissance de coup droit était flagrante. Jo Tatlot s’était imposé sur Alexander Zverev en 2012 et en garde un énorme souvenir, il affirme avoir « une relation particulière avec le club » où il se sent un peu comme chez lui, le n°29 français s’est rendu à Villeneuve-Loubet pour le Challenge Élite FFT. Quant au finaliste, il ne retient que du positif et « l’enchaînement de matchs » effectué, ces deux joueurs seront à surveiller à l’avenir.

Passage de témoin entre générations

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32 ans contre 17 ans, le choc générationnel s’annonçait passionnant en finale féminine de ce CNGT du Touquet qui opposait Manon Garcia (n°37) à Salma Djoubri (n°60). Cette première n’est autre que la tenante du titre 2019, elle a pour particularité de ne pas disputer le circuit international, elle qui est salariée chez Decathlon et ambassadrice Artengo. La seconde est rouennaise et incarne l’avenir du tennis français, elle compte déjà plusieurs performances à son actif et est déjà dans le top 700 mondial.
Une opposition de style s’annonce puisque l’une joue dans les zones et avec finesse et l’autre peut jouir d’un puissant service et d’une puissance de frappe reconnaissable. Les adversaires antérieurs de Garcia le disent, « elle peut faire dérailler n’importe qui », ce qui n’est pas faux. Le premier set confirme cette affirmation, Salma Djoubri résiste bien mais ne parvient pas à s’adapter à ce jeu, elle perd la première manche 6-4 et à ce moment-là, on s’interroge sur sa capacité à renverser la tactique de son adversaire. Mais c’était sans compter sur la hargne de la jeune joueuse de 17 ans qui a tenu tête à la tenante du titre et qui lui a posé des problèmes jusqu’à 5-5, Djoubri sauve des balles de matchs et pense à une seule chose : « rester calme et penser que la roue va tourner ». C’est à cet instant précis que tout bascule, Manon Garcia accuse le coup et se fait remonter, le public pousse Djoubri qui décroche le 2nd set 7 jeux à 5.

« Mon attitude m’a marquée, je ne pensais pas avoir fait de tels progrès », ce fut notable. Le troisième set se dirige vers une correction, Garcia est éreintée physiquement et tente en vain de s’accrocher mais cela ne suffit pas. 3 jeux à 0 pour Salma Djoubri avant que la pluie s’en mêle. 20 minutes d’interruption mais le scénario ne change pas, pire il s’accentue puisque la plus expérimentée peine à redémarrer et le set blanc se concrétise, 6-0 et un trophée arraché à la hargne par la cadette. « Je suis très fière de cette victoire, j’y ai toujours cru et tout cela restera gravé en moi, je n’oublierais jamais cette finale ! » Malgré de nombreuses galères, elle a réussi à renverser une situation bien mal embarquée et surtout elle a déjoué un jeu si difficile à décrypter. Manon Garcia aura à cœur de revenir l’an prochain pour glaner à nouveau cette coupe, tandis que Salma Djoubri devrait se diriger vers l’international afin de monter au classement, chapeau bas !

Lilian Marmousez, un jeune à suivre

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Vous l’aviez certainement vu ou suivi à l’occasion de la Borotra Cup 2018 où il était dans l’équipe de France qui s’était adjugée le titre au Touquet, et bien Lilian Marmousez a fait son retour sur le CNGT deux ans plus tard. Désormais classé -15 et déterminé à se lancer pleinement sur le circuit professionnel, le jeune picard doit néanmoins attendre la reprise du circuit et a voulu venir sur un tournoi de sa région pour retrouver petit à petit le rythme des matchs à enjeux. Tout débute le jeudi avec un succès à classement inférieur face à Warren Sinius (-4/6, 6-1/6-1) pour entamer la qualification pour le tableau final.
Un gros morceau se présente à lui en 1/16 de finale en la personne de Jurgen Briand (n°93), qui n’est autre que le tenant du titre 2019 de l’Open SNAB. Cela ne fait rien pour le pensionnaire du Club Tennis Clermontois qui s’est débarrassé de son adversaire numéroté en deux petites manches (6-2/6-1), Briand n’a jamais réussi à rentrer dans son match et Marmousez est toujours resté concentré. Mais la donne allait changer en 1/8 de finale avec une montagne (au sens propre comme figuré) qui se présente devant lui, le breton Manuel Guinard. Classé 27e français, ce dernier sera un adversaire de taille mais tout reste possible. Le score fut complètement fou (6-1/0-6/6-1) avec deux traitements médicaux (un chacun) et finalement l’expérience qui l’emporte mais surtout une belle aventure qui prend fin.
« J’ai très bien joué pendant ce tournoi de reprise, un petit problème physique est apparu contre Guinard mais rien de méchant », Lilian positive malgré la défaite. Surtout, il se souvient de 2018 et son sacre en Borotra Cup avec la France, « toujours un bon souvenir de revenir au Touquet » à ses yeux. Il va rentrer en lice dès vendredi sur le CNGT d’Aix les Bains pour continuer d’enchaîner les matchs, à l’avenir il risque de faire parler de lui sur le circuit international.

Un arbitrage de qualité

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À défaut d’avoir des ramasseurs de balles, l’Open SNAB du Touquet a pu bénéficier d’arbitres à partir du vendredi et des 1/16 de finale. Ils sont arrivés au nombre de 13 pour débuter, puis il n’en restait que 7 le samedi et enfin deux pour les finales le dimanche. L’un d’entre eux a pu vivre une belle expérience, le jeune Léo Hoffmann qui, à seulement 16 ans, a pu arbitrer des matchs de haut niveau au Touquet Tennis Club. « Le tournoi était vraiment bon, très bien organisé dans un complexe magnifique et avec un bel accueil comme toujours » nous confiait le jeune licencié du TC Douai.
Néanmoins, mesures exceptionnelles à situation exceptionnelle puisque la Covid-19 a fait revoir ses fiches à l’organisation du tournoi qui a dû mettre en place des mesures sanitaires pour la sécurité des joueurs. « Il fallait faire attention à bien désinfecter les bancs et les filets, les joueurs devaient se laver les mains à chaque changement de côté, un seul joueur devait s’occuper du panneau de score et chaque changement de côté devait se faire dans le sens des aiguilles d’une montre », sans oublier le masque obligatoire sur le site du tournoi. Cependant comme nous l’affirme Léo, il juge ces mesures « normales et pas trop lourdes », elles sont surtout nécessaires et inscrites dans le cahier des charges de la FFT.
Pour l’avenir, ce jeune arbitre espère progresser et arriver à plus haut niveau, lui qui a commencé à 12 ans alors qu’il jouait beaucoup au tennis à l’époque. « Ça me plaît et c’est un plaisir d’arbitrer même si ça devient sérieux », affaire à suivre.

Crédits photos : Pavel Clauzard

 

Pavel Clauzard – 22 juillet

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