Accueil » US Open 2022 : diversité

“La tête, le cœur, le courage”. Ce sont les mots que Carlos Alcaraz Garfia a employé pour qualifier son sacre à l’US Open 2022. Et il en a usé tout au long du tournoi. Ce n’est ni Jannik Sinner, ni Casper Ruud qui diront le contraire. Zoom sur les gagnants de cette édition ; que ce soient ceux qui ont soulevé le trophée, mais aussi et surtout la diversité de jeu qui a refait surface, pour le plus grand plaisir des passionnés.

PRIMÉS

Iga Swiatek s'est imposée à l'US Open 2022 en dominant Ons Jabeur en finale

L’expression tennistique se distingue par la capacité d’aller chercher les points sans compter sur la faute adverse. En fond de court, au filet, en volée, en passing ou bien encore sur des amorties bien senties. Que se passe-t-il dans l’esprit d’un athlète lorsqu’il est mené 5-6 AD sur sa propre mise en jeu ? Pour Carlos Alcaraz, le calcul est vite fait ; puisque qu’au score, j’ai la pression, je vais lui rendre la monnaie de sa pièce en l’étouffant grâce à mon jeu. C’est ainsi que la folie opère. Pour ce joueur, réussir à déposer délicatement cette volée afin de rester dans le set n’est qu’une conséquence directe d’un travail orienté sur le jeu et non les chiffres. “Après Cincinnati, il avait perdu sa joie sur le court. Quand nous sommes arrivés ici, je lui ai dit de monter au filet sur toutes les balles qui sont courtes. C’est l’une des clés de son bien-être à nouveau dans son jeu”, décrit Juan Carlos Ferrero.
Le plaisir, la passion et l’envie de s’éclater: voilà ce qui caractérise ce jeune espagnol. Le visage est expressif, le sourire est brillant de mille feux, même quand un coup droit à pleine puissance passe à quelques millimètres de la ligne… Le gamin s’amuse et prouve que même au niveau professionnel, le tennis reste un jeu. Les murs impériaux du fond du court qui n’octroient aucune ouverture dans leur forteresse laissent petit à petit la place aux audacieux, aux téméraires, à ceux qui veulent tuer le point.
Quand la fatigue s’installe, que les jambes deviennent lourdes, il reste la résilience. Mais pas celle qui vous fait accrocher un match grâce à votre capacité à ne pas commettre la faute. Il s’agit plutôt de cette faculté à décocher un coup gagnant pour définitivement garder la tête sous l’eau de l’opposant. Au score, 6-6/4-5 en finale d’un Grand Chelem, c’est à ce moment précis que la Polonaise Iga Swiatek montre qu’elle ne veut en aucun cas prolonger le plaisir. Le coup est lâché et vient mourir sur la ligne, la Tunisienne ne peut que constater les faits. “Sur les surfaces dures, il faut accepter de faire des erreurs, ce n’est pas pareil que sur terre battue ou on doit construire pour sortir de l’échange en vainqueur. J’ai joué plus risqué en faisant preuve d’intuition et ça m’a permis de me sentir libre sur le court.” Loin de vouloir en rester ici, Iga ne se fixe qu’une seule limite et pas des moindre : “le ciel”.

NOMMÉS

Nick Kyrgios a su se maîtriser pour atteindre les quarts de finale de l'US Open 2022, éliminé par Kachanov.

Donner un second élan à sa carrière à 28 ans, il fallait oser ! Et pourtant, portée par une armada offensive visant à dégainer plus vite que son ombre, la Française Caroline Garcia a illuminé l’horizon bleu jusqu’en demi-finale. “Ce n’était pas si clair dans le passé, j’ai toujours mis la pression sur l’adversaire, mais pas de cette manière. Désormais, mes victoires m’ont aidé à y voir plus clair, même si j’ai encore beaucoup de choses à améliorer”, explique l’intéressée en sortant de son quart de finale face à Coco Gauff. Le jeu vers l’avant est l’un des plus punitifs qu’il puisse y avoir ; soit vous faites exulter un stade entier acquis à votre cause en étant constamment dans la zone, soit la machine s’enraye et le score défile sans que vous ne puissiez réellement vous révolter. Un match plus tard, même si le sourire est toujours présent, la diversité a changé de camp. L’adaptation à l’adversaire, changer de tactique pour déboussoler des fondations solides, voilà comment Ons Jabeur a usé de sa palette technique. S’appuyant sur un service touchant toutes les zones pour être sûre que la balle ne reviendrait pas de l’autre côté du filet, la joueuse a appliqué les plans de son coach à la lettre. “Je savais qu’elle retournait très bien, il fallait que je varie un maximum pour la déstabiliser constamment”, confie-t-elle.
Côté messieurs, plutôt saumon fumé de Norvège ou kangourou grillé d’Australie ? La platitude face à l’exubérance, le contrôle de soi face au lâcher prise. L’un a dans sa raquette les coups les plus fantasmagoriques, l’autre est cette saison la définition même de la consistance. Sur le papier, Nick Kyrgios et Casper Ruud possèdent peu d’éléments en commun, mais sur le court, la réalité est tout autre. Les deux joueurs ont dû innover, sortir de leur zone de confort pour déployer pleinement leur potentiel. Mettre un peu plus de hauteur dans les moments « clutchs », se projeter à la volée pour remporter plus rapidement le point. Les artistes ont, à certains moments de leurs matchs, échangé les styles dans un désir insatiable de performance.

ET MAINTENANT ?

Roger Federer a pris sa retraite jeudi 15 septembre et laisse derrière lui un héritage immense.

Le tennis est stéréotypé, le tennis se meurt, le tennis est un sport démodé. Bon nombre de paroles sont utilisées pour décrire la situation actuelle de ce sport. Alors par où commencer ? Les formats de jeu ? Le rendre encore plus technologique ? Changer les mentalités ? Et si, au contraire, il suffisait de se focaliser sur le jeu en lui-même ? Si la foule s’excite quand une volée vient se poser délicatement de l’autre côté du filet après un rallye de 20 coups, cela n’est pas anodin. Ne jamais proposer deux fois la même balle, conquérir le court en avançant pour prendre du temps à l’adversaire en acceptant l’erreur. La diversité, la variation, le sentiment pour les spectateurs d’être pris dans un tourbillon sans pouvoir s’en défaire. Se tourner vers la passion du jeu tout simplement. Comme l’a si magnifiquement déclaré Roger Federer dans son annonce de retraite : “To the game of tennis, I love you and I will never leave you.

Crédits photos : France Info, TVP Sport, US Open, We Are Tennis

Florian Ignace

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