Accueil » Wolfpack : une marque, une équipe, une fratrie

Au destin si glorieux, à l’âme tant chauleuse que particulière, la Team Deceuninck-Quickstep est de celle qui ne renie jamais ses fondements. Des fondements faisant naître une véritable fraternité et un surprenant esprit collectif dans un cyclisme moderne prônant l’égocentrisme, l’individualisme et l’allégeance. Aujourd’hui, cette formation ne cesse d’impressionner de par son homogénéité, son abnégation, sa sérénité et son désir de toujours accentuer sa gloire. Ainsi, une équipe est née à l’égard de celles qui brillaient déjà afin de faire prévaloir un cyclisme à l’ancienne où famille, collectif, union, force, honneur et courage sont les mots d’ordre. Récit historique et analytique d’un brin décalé, mélancolique et non-exhaustif, d’une équipe qui ne cesse de gagner.

Wolfpack, raconte nous ton histoire

FRANCE CYCLING PARIS-ROUBAIX

« On est le Wolfpack, oui ou non ? », furent les mots d’un certain soigneur de chez Deceuninck-QuickStep qui s’était chargé d’une tâche en rapport avec le design se soldant par un fort remerciement de la part d’Alessandro Tegner, le directeur marketing et communication de l’équipe belge. Ainsi est né le Wolfpack. « Wolpack », ce n’est pas seulement un simple mot anglophone mais un mot symbolisant un esprit, une progression, une meute. « Meute de loup » en français et à en croire ceci, les loups de chez Deceuninck sont affamés, impavides et collectifs. Au-delà d’un simple apport marketing, Wolfpack résume tout l’état d’esprit d’une collectivité grandissante, égalitaire et chaleureuse. Puisqu’en dépit des têtes d’affiches qui font ou faisaient parties de la troupe, les équipiers deviennent les leaders et réciproquement. À proprement parlé, elle se distingue de celles favorisant la hiérarchie dès le début de course.
Anciennement nommée Etixx QuickStep ou bien QuickStep Floors, la Deceuninck-QuickStep a connu un véritable essor durant la dernière décennie. Mais c’est à partir de 2018 que l’équipe belge, dirigée par un excellent Patrick Lefevere depuis 2003, est au sommet de son art. En engrangeant les victoires à profusion, les loups de chez QuickStep sont redoutés dans le peloton. De plus, cela fait de nombreuses années que le Wolfpack domine le classement UCI des équipes. Finalement, cette équipe partie de presque rien est devenue redoutable, robuste, éblouissante et impérieuse en l’espace de quelques années. Mais au fond, n’est-ce pas l’originalité et la créativité qui attise les regards passionnés du public ? C’est une équipe, certes, mais au-delà de ça elle reste unie, fraternelle et insolvable.

En détenant un budget beaucoup moins conséquent que celui du géant britannique INEOS, la Team Deceuninck-QuickStep s’est forgé une âme bien différente et spécifique, le moment où l’esprit familial entre en jeu. Contrairement à d’autres, l’argent ne fait pas le bonheur de la gloire. Elle l’a surenchéri certes mais ne l’a pas transformée en un fait exceptionnel et inattendu car oui, la gloire de QuickStep était inattendue. La beauté du cyclisme pur peut être troublée par une avalanche de billets aussi bénéfiques qu’encombrants. Finalement, l’exemple Wolfpack démontre tout à fait que l’on peut passer outre le bénéfice et tenter le coup de poker en prenant bien évidemment des risques. Ne pas prendre des stars mais les construire, telle est la doctrine du patron Lefevere.
Concrètement, quels sont ceux qui avaient la connaissance certaine et implacable de Dan Martin, Elia Viviani et Tony Martin avant leur passage chez la Team du fameux plat pays de Jacques Brel ? Probablement une extrême minorité de personnes. Sans oublier les passages mémorables et marquants de Tom Boonen (retraite) et de Philippe Gilbert (récemment parti dans son ancienne équipe de la Lotto Soudal). Ce premier a allumé la première mèche et ce dernier l’a alimentée et rendu encore plus conséquente. L’histoire entre Tom Boonen et le Wolfpack est un véritable conte d’amour. La légende du monument Paris-Roubaix a forgé et a construit sa carrière dans les bras du père Lefevere. C’est une légende oui, et le Wolfpack en aura d’autres. Au palmarès plus que garni, Tom Boonen pourrait bien reprendre et continuer la tâche aussi bien agréable que rude de Lefevere dans les années à venir

En synthétisant, l’ancien coureur pavé belge devrait ainsi apporter son talent et son expérience à la tête d’une équipe à l’âme tant apaisante que particulière, puisqu’il y a vécu et c’est ainsi que cela fonctionne. L’élève dépasse le maitre, le précurseur devient directeur et la roue tourne encore et encore. Une monarchie sportive finalement, une succession de père en fils. Lorsque la flamme Lefevere s’éteindra, le fils Tom Boonen sera présent pour rallumer le flambeau… C’est une véritable famille, une équipe au potentiel non négligeable avec comme mot d’ordre « Wolfpack », telle une marque déposée. Ainsi va l’esprit d’une équipe, d’une fratrie, d’une famille à la destinée hors du commun et non dessinée.

Secteur de prédominance ? Tous !

3 (Capo Velo)

Des classiques ardennaises ou flandriennes aux courses de trois semaines en effectuant un large détour au niveau du sprint, la Team Deceunick-QuickStep a cette spécificité tant étrange que remarquable d’être tout terrain. À l’instar du coureur archétype qu’est Wout Van Aert, figure grandissante en Belgique de la meute de loups qui performe de manière indomptable sur tous les secteurs possibles du cyclisme sur route. Une recette exclusive ? Simpliste et logique puisqu’elle ne repose guère sur des tactiques extravagantes et impossible à déceler mais sur un effectif plus que complet capable de mener à bien une mission de gloire. Bref, la Deceuninck-QuickStep puise ses victoires et ses déceptions dans différents coureurs prévus pour une ou plusieurs courses. En exemple la saison dernière, Elia Viviani réglait les sprints massifs tandis que Julian Alaphilippe et Philippe Gilbert brillaient respectivement sur les classiques ardennaises et flandriennes. Bien évidement sans oublier le paroxysme d’une victoire collective qu’est le Tour de France 2019. Cela pourrait paraître stupéfiant mais la formation Deceuninck donne une chance de victoire à chacun des coureurs qu’elle aligne. Le nom du coureur qui parachève l’exploit collectif n’est guère essentiel du moment que le Wolfpack lui colle à la peau, tout va bien. Tout ceci afin de démontrer de quelle manière la Team Deceuninck-QuickStep de Lefevere opère depuis ces dernières années, un travail de groupe certes mais un travail constructif, ample, collaboratif, fastidieux et original.
Finalement de par son recrutement intelligent et suffisant durant chaque période mercatique, l’équipe belge s’avère être de plus en plus compétitive. Elle en devient même menaçante et ceci pourrait bien compromettre les plans ingénieux et ambitieux des deux autres géants que sont le Team INEOS ou la Jumbo-Visma. Toutes trois européennes comme la majorité des équipes composants le peloton professionnel, elles devraient se livrer dans les années à venir à un combat d’une ampleur trilatéraliste en ne laissant ainsi que des miettes ou même des débris aux autres équipes concurrentes. Par conséquent, le combat INEOS- Jumbo présenté telle une confrontation bilatérale va rencontrer sur son chemin un véritable piège. Et ce véritable piège, difficile d’omettre sa présence, n’est autre que les loups de Deceuninck. Mais ce combat va beaucoup plus loin en vu du caractère multitâche que dresse cette équipe, elle ne peut qu’être déclarée vainqueur même si elle reste légèrement en retrait lorsque le nombre d’étapes d’une course ou l’attitude et la longueur d’un col grandissent. Toutefois à l’image de l’an dernier, elle peut créer la surprise en grand tour et s’inviter parmi les plus grands. Mais elle en fait partie. Elle est incessante, oppressante à certains égards, gagnante, bouillonnante et conquérante certes, mais au fond nous ne pouvons que l’apprécier et c’est le principal, chapeau bas !

Julian Alaphilippe, l’accomplissement de la tâche

4 (Libération)

Tom Boonen fût le précurseur et Julian Alaphilippe semble en être le successeur. Méconnu à son arrivée, Alaphilippe prend au fil des années une place d’envergure au sein de l’équipe belge. Au point aujourd’hui d’être cité tel un véritable leader même si le mot semble mal venu pour la situation. Mais finalement, que peut-on dire ? Avec une année 2019 brillante, le coureur français mérite amplement selon toute vraisemblance cette place de choix. Puncheur, grimpeur et même sprinteur dans les beaux jours, Alaph’ a sauté de nombreuses étapes afin de devenir aujourd’hui l’un des meilleurs cyclistes du peloton. Une fierté tout simplement. En rejoignant la Team Omega Pharma-QuickStep en 2014, Julian Alaphilippe découvre le circuit World Tour et durant cette année-là, il connaît ses premiers succès avec notamment une victoire d’étape sur le Tour de Catalogne ou une belle 4e place sur le Tour de l’Ain. Mais l’année 2015 le révèle au grand public et plus particulièrement sur les classiques ardennaises en montant sur la deuxième marche du podium à Huy lors de sa première participation à la Flèche Wallonne, une course qu’affectionne particulièrement Alejandro Valverde. Quelques jours plus tard, Alaph’ termine deuxième du monument Liège-Bastonne-Liège derrière ce même Valverde.
Au niveau des classiques, les années 2016 et 2017 lui forgeront un véritable mental de vainqueur puisqu’en 2018, le français remporte enfin la Flèche Wallonne et réalise une performance mémorable sur les routes du Tour de France en remportant deux étapes et en endossant sur les Champs-Elysées le maillot à pois rouges. Finalement, rien n’est pour l’heure comparable avec 2019. En bref, c’est durant cette année que sa place au sein du Team belge devient considérable et par conséquent incontestable. Durant l’exercice 2019, Julian Alaphilippe remporte son premier monument qui n’est autre que Milan-San Remo. Il enlève par la suite et pour une deuxième fois consécutive la Flèche Wallonne. Toutefois, le point d’orgue de son année riche en succès n’est autre que son raid en jaune tant inespéré que mémorable sur les routes du Tour du France. De même, la force collective a fortement résisté aux armadas quasi-solitaires que sont les Teams INEOS et Jumbo. Ainsi s’est forgé un véritable gagnant qui décrit un certain achèvement tant sur le plan individuel que sur le plan collectif. Car si Alaph’ est arrivé au sommet, c’est en grande partie grâce à la meute de loups belges. Julian est à la fois homme et loup, au fond ne sont-ils pas finalement des loups-garous ? Le loup est bien évidement l’image propre d’un cadre affectif visant seulement, et c’est l’essentiel, la victoire. Ils sont impétueux certes, mais ils sont avant tout le Wolfpack.

Remco Evenepoel, le plus loup des louveteaux

5 (Le Parisien)

Une progression fulgurante et substantielle pour un coureur hors-norme. Âgé tout juste de 20 ans, le jeune Remco Evenepoel ne cesse de griller les étapes de manière sensationnelle et ébouriffante. Finalement, il ne serait que l’incarnation humaine du projet même de Lefevere qui est d’accentuer la formation des jeunes afin de les mettre le plus rapidement possible sur le devant de la scène. Il est dans la nature de Remco d’être différent et éblouissant, voila un fort point commun avec son équipe formatrice. Souvent surnommé « le petit cannibale », en hommage et en comparaison au véritable « cannibale » Eddy Merckx, Remco Evenepoel s’avère être complet créant ainsi le trouble en interne tant ses objectifs semblent incohérents. Viser le Tour de la même manière que les classiques ? Comme Eddy !
Au fond, le « Merckxisme » pourrait transformer des rêves, des songes, en une réalité pure et intrinsèque pour la plus grande satisfaction des directeurs. Finalement, Remco pourrait être considéré comme un louveteau mais sa force déjà omniprésente prouve qu’il se place dans un entre-deux. D’un côté, les juniors, les espoirs, les néo-pros, les louveteaux et de l’autre, les professionnels, les « stars », les loups. Assurons-le même si cela va de soi, Remco Evenepoel ne tardera pas à rejoindre l’autre rive, celle qui marquera de fait sa véritable entrée dans le haut-niveau. Remco est patient et compte tenu de ses performances de fin de saison dernière avec une victoire sur la Classica San Sebastian ou un titre de champion d’Europe du contre-la montre, l’attente ne sera guère longue. Contradictoire certes, mais « l’animal » est complexe et la meute ambiguë. Que peut-on espérer de mieux pour lui ? Qu’il reste indéfiniment en Belgique ? Simplement, oui. Fondamentalement, son cadre de travail et de progression est idyllique.
Effectivement, Deceuninck a véritablement réussi son coup et la tâche semble pour le moins accomplie. Une tâche rugueuse et fastidieuse consistant en premier lieu à la formation d’une famille afin d’y développer un sentiment d’égalité prospère, en rompant ainsi avec le supérieurisme clivant et assujettissant. Et cela semble coïncider avec les résultats actuels. Il est de fait évident que la Team Deceuninck-QuickStep est particulière, étonnante et admirée tant son esprit peut s’avérer tout aussi troublant que remarquablement bien fondé. Mais n’oublions jamais de quelle manière l’oiseau a construit son nid, d’une force universellement inébranlable que l’on nomme plus communément la force d’un groupe ou l’abnégation communautaire. Ainsi se termine le récit du si glorieux, admirable et fantastique Wolfpack. Mais au fond, nous ne sommes qu’à la préface ou même à l’incipit, par un bonheur éminent l’histoire radieuse et intrigante ne fait que commencer !

Crédits photos : Deceuninck-QuickStep, Francetv sport, Capo Velo, Libération et Le Parisien

 

Antonin Fromentel – 2 avril

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