En ouverture du Tour de la Mirabelle, les coureurs se sont frottés à un prologue dans les rues de Vandœuvre-lès-Nancy. Le Tour sera l’occasion pour les sociétaires du Team Macadam’s Cowboys de se frotter à des structures membres de la division Continental. Plongée dans leur journée qui a connu un dénouement heureux.
TEAM MACADAM’S COWBOYS : DAVID CONTRE GOLIATH
Dans n’importe quelle épreuve sportive, il y a toujours des outsiders ou des équipes un peu moins armées par rapport à leurs adversaires. C’est le cas de l’équipe organisatrice, le Team Macadam’s Cowboys, chère à son fondateur et au directeur du Tour de la Mirabelle, Laurent Goglione, qui l’a lui-même créée en 1998. L’équipe installée à Damelevières peut se targuer d’être la seule structure en France qui affiche deux équipes à l’échelon national (N1 chez les femmes, N2 chez les hommes). Néanmoins, face à leurs adversaires, les « cowboys » et les coureurs de la sélection du Grand-Est font logiquement figure de « petits poucets » de l’épreuve. Même si souvent, le sport offre toujours des surprises, à l’image de ce jeudi sur le prologue.
Valéry Vermion, directeur sportif, fixe clairement l’objectif avant le prologue qui ouvre le Tour de la Mirabelle : « on a un objectif à Top 20 avec Savignard ». La journée démarre avec un coureur canadien, Edward Ouellet, emblème avec son compatriote Charles Duquette de la filière canadienne que s’attellent à développer Laurent Goglione et ses collaborateurs depuis de nombreuses années. Tous les ans, des coureurs canadiens viennent découvrir le haut-niveau français avec l’aide du club pour l’installation : un hébergement leur est dédié et un staff les « chouchoute ». La filière canadienne fournit d’ailleurs des résultats probants, à l’image de Nicolas Rivard et Francis Juneau, qui ont intégré depuis cette année la Premier Tech U23, après deux saisons passées chez les Cowboys.
Le moment fort de la journée : 16 h 46, soit l’heure de départ de Maël Savignard, âgé de seulement 23 ans. Depuis la voiture derrière lui, l’ancien vététiste dégage une impression de puissance sur son vélo et effectue des relances impressionnantes de vélocité et de longueur. Il n’a rien lâché sur l’ensemble du parcours et sera récompensé du 8e temps provisoire en 3 minutes et 10 secondes. En débriefant avec son directeur sportif, il analyse de manière lucide : « je ne pouvais pas faire mieux de toute façon ». L’attente par la suite fut longue pour le coureur afin de savoir si le Top 10 allait se confirmer ou non.
Les coureurs passant, l’espoir grandit dans les rangs lorrains. Les autres Cowboys signent des performances plus ou moins satisfaisantes selon les coureurs. Charles Duquette, le Québécois, réalise un bon temps, à 3 secondes de son coéquipier, pour finir à la 32e place. Quant à lui, Martin Deschatres avoue qu’il y a « 10 secondes de trop » sur son temps final. Les occasions de rebondir seront nombreuses et cela commence dès ce vendredi avec l’arrivée en bosse à Pagny-sur-Moselle.
Le Top 10 de Savignard a tenu jusqu’au bout pour le plus grand bonheur du coureur lorrain qui s’est étonné lui-même. « Je ne m’attendais pas à faire Top 10, j’avais fait Top 30 l’année dernière. J’ai tout donné et je ne m’y attendais pas forcément. Le maillot du Grand-Est était plus accessible, donc double satisfaction avec Top 10 et maillot distinctif ». Qui dit maillot distinctif dit podium, donc moment de gloire pour le coureur de l’équipe de deuxième division nationale, acclamé par ses nombreux supporters.
Son directeur sportif n’a pas caché sa satisfaction. « Je suis très content. Rentrer dans les dix, ce n’est pas rien. On démarre bien le Tour et ça va mettre beaucoup de confiance dans l’équipe ». Les Cowboys vont tenter dès la première étape de chasser les classements annexes en prenant une échappée. Louis Sparfel est le meilleur grimpeur de cette équipe et sera forcément attendu en forme dans les cols vosgiens. Dans tous les cas, l’objectif sera d’engranger de l’expérience pour tout le monde, au contact de meilleurs coureurs que sur les courses d’élite nationale.
LE DÉBRIEF DE LA COURSE
Pour inaugurer cette 20e édition, quoi de mieux qu’un prologue de 2,6 kilomètres ! Un parcours accidenté autour du Boulevard de l’Europe ou encore deux virages en demi-tour à bien négocier pour ne pas céder de temps. En premier lieu, un rond-point à quelques mètres du Vélodrome de Montet, terre d’accueil des 24 Heures de Vandœuvre de 1906 à 1936. Le tout suivi de plus d’un kilomètre tout droit avec un léger faux plat montant, menant au deuxième virage dangereux avant de redescendre, la tête dans le guidon, en direction de la ligne d’arrivée. Le plus rapide des 142 coureurs parcourra le tout en 3 minutes et 4 secondes, à une moyenne de 51 kilomètres par heure.
Les écarts demeurent infimes entre les 10 premiers qui se tiennent en un peu plus de 5 secondes. Pas de quoi créer de gros écarts sur une si courte distance, malgré un effort solitaire propice aux rouleurs. Et c’est un pistard français, Corentin Ermenault (AVC Aix-en-Provence), qui remporte le prologue. Ancien professionnel de la Vital Concept-B&B Hotels, il est revenu chez les amateurs en 2020 pour retrouver le plaisir du cyclisme, perdu chez les professionnels. Le champion de France de la poursuite 2021, qui n’avait pas initialement prévu de participer au Tour de la Mirabelle, est venu pour accumuler les kilomètres en vue du championnat de France sur piste. Avec un maillot jaune de leader sur le dos à défendre, la suite du programme risque de changer pour le vainqueur du prologue et de son équipe. « Garder le maillot vendredi, ça peut passer, mais samedi ça risque d’être plus compliqué ! »
Le pistard l’emporte d’une demi-seconde seulement devant le britannique Robert Scott (WiV Sungod) ainsi que son compatriote Matthew Bostock, de la même formation, qui complète le podium. Equipe continentale britannique, WiV Sungod réussit même la prouesse de placer quatre de ses six coureurs dans les 10 premiers. Légère déception du côté de l’équipe nationale suisse, venue avec de grandes ambitions sur ce prologue. Bilan : elle ne place que deux coureurs dans le Top 10. La première « vraie » étape de ce Tour de la Mirabelle entre Pont-à-Mousson et Pagny sur Moselle sera propice aux bordures et promet de la bagarre et du travail pour les coéquipiers du maillot jaune.
Crédits photos : David Jaunet, Kevin Clément et Emile Pawlik