Les championnats de France se sont clôturés ce dimanche avec les ultimes épreuves. Sur les courses, les différents scénarios ont tenu en haleine tout le Stadium Municipal d’Albi, alors que le saut à la perche a été en difficulté face au vent. Un dénouement fort qui achève trois jours prometteurs pour l’athlétisme français.
À la fin, c’est toujours Azeddine Habz qui gagne
Véritable force vive en France, le 1500 m bénéficie d’une grande densité d’athlètes. Si parmi eux, Azeddine Habz possède un ascendant, la concurrence est rude derrière. C’est ce qui se ressent à Albi lors de la grande finale. Chacun cherche à exploiter sa carte et à ne pas subir, à coup de placement et de mouvement. Dès lors, la tactique joue pleinement son rôle et sourit à certains, mais pas à d’autres. Plutôt discret, Habz reste dans les premières positions, alors qu’Alexis Miellet accélère. Le dernier tour offre un final d’anthologie, avec Maël Gouyette qui fait l’intérieur et se replace idéalement.
Un sprint à trois Habz/Miellet/Gouyette anime la dernière ligne droite. Si le sociétaire d’Haute-Bretagne Athlétisme remonte deuxième, difficile d’aller chercher Azeddine Habz, intouchable et vainqueur (3’40 »20). Il conserve sa couronne glanée l’an dernier à Caen, en patron. Sur le podium, Arthur Gervais est troisième, alors qu’Alexis Miellet est disqualifié, lui qui a été dans le sprint final, mais qui a craqué et a eu un contact physique auparavant avec Julian Ranc.
Outre le vainqueur, la belle surprise se nomme Maël Gouyette. Remportant sa série la veille, il a confirmé sa dynamique en surprenant en finale avec cette intérieure salvatrice. « Je sais que je suis en très grande forme. Les consignes étaient d’attendre le dernier moment pour mettre mon accélération. Faire l’intérieur m’a surpris, je pensais faire l’extérieur pour ne pas être enfermé. Je n’ai pas paniqué, ça s’est ouvert et je suis trop heureux ! », savoure Gouyette. À seulement 24 ans, ce dernier pense logiquement à Paris 2024.
Concernant Azeddine Habz, place aux Mondiaux, le tout avec ambition. « Avec la sixième meilleure performance mondiale de cette année, je le sens bien ! Je suis sixième mondial. Pas de pression, au contraire. On a l’impression qu’on n’a pas le niveau, mais là, j’ai suffisamment le niveau pour aller chercher une belle place », explique-t-il. Un athlète à surveiller à Budapest qui pourrait bien ramener une médaille au clan tricolore.
En patronne, Samba-Mayela s’adjuge le 100 m haies
La finale du 100 m haies féminin a répondu aux attentes. Un suspense haletant en finale provoqué par des athlètes en constante progression. Sur le papier et dans les faits, deux hurdleuses jouaient le titre : Laëticia Bapté et Cyréna Samba-Mayela. Déjà proches au sortir des séries, à quelques centièmes (12 »78 vs 12 »72), rien n’était certain à l’approche de cette affiche. Au départ, statu quo et grosse bagarre entre les favorites qui se dégagent rapidement. Il faut attendre les dernières haies pour voir la pensionnaire du Lille Métropole Athlétisme prendre un très léger ascendant. Si Bapté résiste, le jeté d’épaules a raison d’elle, pour un centième. Un coup double pour Samba-Mayela, qui décroche à la fois ce titre de championne de France et bat également son record personnel (12 »68). De bon augure avant les Mondiaux à Budapest, où elle aura en face d’elle une forte concurrence.
Ce qui ressort de ce 100 m haies, c’est aussi l’apparition d’un nouveau duel dans cette discipline entre Laëticia Bapté et Cyréna Samba-Mayela. « Je savais que Laëticia avait gagné en niveau et moi, j’aime beaucoup la concurrence. Là où j’ai battu mes records, c’est surtout quand j’avais de la concurrence. J’étais super contente de courir avec elle et enfin de passer la barre sous les 12 »70 (12 »69), ça faisait un moment quand même », se réjouit la championne de France. Si les Mondiaux sont un objectif pour elle, l’hurdleuse du LMA pense davantage au long terme et à l’échéance olympique. « Je suis plutôt à long terme, focus sur Paris 2024. J’ai envie de vraiment bien me placer pour être confortable l’année prochaine », explique-t-elle. Ambitieuse, son potentiel a encore de quoi être développé pour créer pourquoi pas la surprise à l’international. Comme les hommes, les femmes ont de l’avenir sur les haies.
Thibaut Collet vainqueur d’un « drôle » de concours de perche
Le vent changeant et indécis du Tarn aura eu raison de la perche masculine. En effet, difficile de bien sauter et d’avoir un concours disputé tant le vent en a décidé autrement. Aussi bien les jeunes perchistes que les plus expérimentés en ont fait les frais. De quoi provoquer des surprises, à commencer par la disette des frères Lavillenie. Si la plupart des sauteurs ont fait le choix d’entrer à 5,31 m, d’autres non. Dès lors, Renaud et Valentin Lavillenie débutent à 5,51 m, et ce, malgré des conditions très difficiles. Sur leurs trois essais, les deux frères semblent loin de leurs standards et surtout impuissants, ce qui entraîne leur élimination précoce.
Le concours s’ouvre et avec une potentielle surprise sur le podium. Néanmoins, le vent ne laisse pas de répit et accorde la barre à 5,51 m à seulement deux sauteurs : Thibaut Collet et Baptiste Thiery. Un duel s’annonçait, mais a été de courte durée. Échouant à 5,61 m, puis 5,71 m après impasse, le Martiniquais n’a pas pu tenir tête au champion de France en titre. De son côté, lui a enchaîné et s’est offert un troisième essai fructueux à 5,71 m. Assuré du titre, il tente les minima pour Paris 2024 (5,82 m), en vain.
« Frustré un petit peu de la tournure du concours, on a vraiment galéré avec le vent, ça s’est vu sur le résultat global », regrette Thibaut Collet. De plus, s’ajoute à cela la déception de ne pas avoir pu réaliser les minima olympiques, lui qui en était proche sur son ultime essai. « Il y a de la frustration de rater les minima olympiques. Ça fait un moment que je cours après une perf’ », confie-t-il. Prochaine étape : Budapest.
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