En ce début de mois de février, la saison en salle bat son plein pour les athlètes. Courses, sauts et même lancers sont à l’honneur. À Amiens, ce sont les sauts qui prennent place. Avec un plateau grandissant au fil des années, le Meeting des 3 sauts offre un spectacle palpitant pour le public et une belle compétition pour les athlètes avant les grandes échéances.
Retour gagnant pour Thomas Gogois sur ses terres
Erwan Konaté, Thomas Gogois, Fatoumata Balley… Ces trois athlètes ont un point commun : ils sont sociétaires de l’Amiens UC Athlétisme, soit le club organisateur du meeting. L’occasion pour eux de s’exprimer à domicile et de profiter du soutien des spectateurs, acquis à leur cause. C’est notamment le cas de Thomas Gogois sur le triple saut. Handicapé par de multiples blessures, l’athlète de 23 ans a effectué sa rentrée à Amiens. Il n’a pas fallu attendre longtemps pour le voir performer. En effet, dès le premier essai, l’Amiénois frappe un grand coup en s’envolant à 16,65 m. Une performance loin d’être anecdotique, puisque Gogois s’octroie le record du meeting. Il était anciennement détenu par un certain Hugues-Fabrice Zango, champion du monde 2023 (16,64 m). « J’attendais ce meeting. Je me suis accaparé le public, l’atmosphère », confie l’intéressé.
Assommant le concours, personne n’est en mesure de faire mieux que lui. Et pour preuve, son dauphin, Yoann Awhansou, est relégué à près d’un mètre (15,61 m). Une belle récompense pour Thomas Gogois, à maintenant quelques jours des championnats de France (17-18 février, Miramas). « Meilleure performance française, record personnel en salle, record du meeting, ça fait du bien au moral. Je suis un éternel insatisfait, mais le but est d’être dans le positif », concède le triple sauteur.
Seul point noir de la journée : une douleur ressentie à l’ischio lors de son quatrième essai, qui inspire la prudence. Si la saison en salle fait partie de ses objectifs, une partie de lui est déjà projetée sur la saison estivale. « L’été, c’est ce que je préfère », admet-il. Actuel meilleur performeur français de l’année, Thomas Gogois compte dans la course à Paris 2024. Le Meeting des 3 sauts pourrait bien être une étape vers une contrée encore plus prestigieuse.
À la hauteur, Nathan Ismar prend ses repères
Impacté par de nombreux forfaits, dont celui de Sébastien Micheau (record à 2,23 m), gêné à l’échauffement, le concours de hauteur s’annonçait plutôt ouvert. Si les premiers concurrents entament leur concours en dessous des 2 m, d’autres attendent des barres plus hautes, à l’image de Nathan Ismar. Le pensionnaire du CA Montreuil 93 fait son entrée à 2,06 m, réussie au bout du deuxième essai. Pour les autres, le seuil des 2,10 m est grandement fatal, avec seulement quatre rescapés. Dès lors, un combat s’engage entre trois sauteurs, trois centimètres au-dessus.
À ce jeu-là, Nathan Ismar s’en sort, avec le moins d’essais ratés, contrairement à Maxime Dubiez et Bilel Afer, qui complètent le podium. Malgré ce succès, le sauteur de 24 ans n’est pas pleinement satisfait. « Techniquement, je ne suis pas trop content. Je n’ai pas su m’adapter à la forme du moment et mettre en place ce que je sais faire », reconnaît Ismar. Les trois tentatives avortées à 2,18 m sont indirectement évoquées.
Venu au Meeting des 3 sauts dans l’optique de « se régler », l’athlète du CAM 93 a pu prendre quelques repères malgré une concurrence légèrement amoindrie. « Qu’il y ait des gens ou non, ça ne m’a pas trop impacté. Je marche un peu avec la concurrence, mais les absents, eux, ne m’ont rien enlevé à mon envie de sauter et à mon amusement pendant la compétition », raconte le sauteur. À la suite de cette première place, Nathan Ismar se projette sur le championnat national, mais pas que. « Après les France, peut-être continuer de sauter sur des meetings, avant de poursuivre et d’évoquer la recherche des minima » pour Paris 2024, qui s’élèvent à 2,33 m. Un défi qui s’annonce haletant et une course contre-la-montre dans la quête de ce précieux sésame. Le rendez-vous est donné à Miramas.
Au Meeting des 3 sauts, une croissance exponentielle
À l’origine un meeting de saut en hauteur en 2018, cet événement s’est élargi au fil des années. En 2021, le triple saut, la hauteur et la longueur cohabitent pour la première fois, en pleine année Covid. Mais alors, pourquoi avoir choisi les sauts ? Pour Erwan Mouaddib, responsable communication de l’Amiens UC Athlétisme, la réponse est naturelle. « Nos meilleurs athlètes au club étaient à ce moment-là des sauteurs, donc on a voulu proposer un meeting avec du niveau, à la maison », explique-t-il. Champion du monde junior du saut en longueur en 2022, Erwan Konaté fait partie de ces athlètes locaux qui bénéficient d’un événement de cette envergure à domicile.
Outre la compétition, c’est une histoire familiale qui ressort. En effet, Valérie Mouaddib, la mère d’Erwan Mouaddib, n’est autre que la responsable d’organisation du meeting, tout en étant juge sur les sauts. Le fils, lui, possède aussi la casquette de coach. « J’ai commencé à entraîner les jeunes en benjamins/minimes », confie Erwan, croisant la route d’un autre Erwan, Konaté, qu’il entraînera plusieurs années. Sur le meeting, il s’est occupé de Vanessa Lokuli (longueur), qu’il entraîne habituellement, mais également de Yanis David, huitième des derniers championnats d’Europe à Munich en 2022. La sauteuse de 26 ans s’entraînant aux États-Unis, Erwan a alors endossé le rôle de coach, le temps de l’événement.
En bref, la famille Mouaddib cumule les rôles, illustrant un aspect « familial » évident qui contribue à la croissance de ce meeting dans le temps.
Un prestige renforcé pour un meilleur plateau
Cette année, le meeting a franchi un cap en montant à l’échelon Challenger au niveau de World Athletics. « C’est un des premiers gros labels », confie Erwan Mouaddib. L’objectif est simple : attirer des athlètes toujours plus renommés. « Ce label rapporte plus de points et attire plus d’internationaux qui cherchent à se qualifier pour les JO et les mondiaux en salle », ajoute l’intéressé. Une renommée supplémentaire pour le Meeting des 3 sauts qui lui permet d’accueillir, entre autres, le Cubain Lester Lescay Gay (participant aux JO de Tokyo 2020) ou encore l’Indien Jeswin Aldrin (vice-champion d’Asie en salle) à la longueur. Tout un symbole pour une ville comme Amiens.