Relégué au troisième échelon départemental en 2016, le club nordiste de l’US Provin revit grâce au courage de son président et de son équipe fanion. Opposés au Stade Lavallois (Ligue 2) au septième tour de la Coupe de France, les Provinois (Régional 1) ont donc vécu un grand jour de fête samedi 18 novembre, malgré une lourde défaite (0-5). L’histoire retiendra néanmoins que les hommes de Mehdi Moussaoui ont marqué l’histoire du club, venant conclure six années assez folles.
De la D3 à la R1… En seulement six ans !
Le petit a bien grandi. En l’espace de six ans, l’Union Sportive Provinoise est devenue un bon, très bon club amateur du Nord. Un succès qui n’aurait pas été ainsi sans l’arrivée du président Hervé Legrand, 65 ans. Depuis 2016 et sa prise fonction à la tête du club en District 3 (D3), l’US Provin n’a connu que des montées à l’échelon supérieur, avec cinq accessions de suite (coupées par l’année Covid). “Le nouveau maire élu à Provin, Monsieur Persky, m’a appelé à la rescousse, rappelle l’actuel président. Il fallait trouver des sponsors et de l’argent. Et au bout d’un mois, j’ai donné mon accord.”
Après avoir présidé le FC Annoeullin pendant 20 ans, Hervé Legrand prend ce nouveau challenge, non pas sans risque. “Je connaissais un peu le club par l’intermédiaire de mon frère (Pascal Legrand, voir ci-dessous). Il était au club depuis des années et travaillait à la mairie de Provin. Il était super content que j’arrive”, souligne-t-il.
Ce nouveau départ pour le club marque aussi un chamboulement à l’étage inférieur. En deux années seulement, l’équipe fanion – maintenant en D1 – a considérablement évolué. Le coach, lui aussi, a changé. Désormais sous les ordres de Mehdi Moussaoui, en Régional 1, les Provinois brillent et occupent la deuxième place de leur groupe. L’objectif est évidemment le maintien, et le début de saison laisse espérer que cette équipe est capable d’y jouer les trouble-fêtes (deuxième après six journées). Alors quoi de mieux qu’un septième tour de Coupe de France pour couronner six années de bonheur à l’US Provin ?
Qui plus est face à un pensionnaire de Ligue 2, le Stade Lavallois, leader après 14 journées. À savoir que ce match n’aurait jamais dû avoir lieu puisque Provin a été placé dans le groupe B : confusion faite avec Provins… En Seine-et-Marne. Pas de quoi rechigner, néanmoins. “On est heureux pour la ville, pour le club et les dirigeants bénévoles qui travaillent”, apprécie Hervé Legrand, qui devrait dans quelques années laisser les rênes du club.
Le grand jour, enfin !
Pour un petit club de Régional 1 comme l’US Provin, il est clair que jouer dans un stade d’une capacité de 18 000 spectateurs, c’est inhabituel. Pour les joueurs, certes, mais pas seulement. Président, supporters, trésorier, bénévoles : pour tous, c’est un jour plus que particulier. Dans le grand Stadium de Villeneuve-d’Ascq, bien avant le début de la rencontre contre le Stade Lavallois, les premiers bénévoles sont déjà bien organisés, et ce, depuis maintenant de longues heures, voire de longues semaines. Mais c’est désormais le grand jour, et en tribune présidentielle, certains ont les yeux qui pétillent. Et la boule au ventre, il est vrai. “Oh, ils ont déjà l’air stressés”, glisse pourtant l’une de ces bénévoles, à l’entrée de leurs joueurs sur la pelouse pour la reconnaissance du terrain.
Une entame provinoise folklorique
“Il fallait mettre le feu”, s’exclame le capitaine provinois, Amadou Fall. Consigne appliquée à la lettre. Lui et ses coéquipiers entrent dans la partie tambours battants et font trembler la défense lavalloise. C’est d’abord Fall qui envoie un long centre dans la surface, repoussé en corner par les joueurs d’Olivier Frapolli (1’). Mal dégagé par Laval, ce ballon revient dans la surface par l’intermédiaire de Yan Hornois, qui obtient un nouveau corner. Une nouvelle fois mal repoussé, le ballon est repris acrobatiquement par le capitaine de l’équipe. Sous les yeux stupéfaits des 1 500 spectateurs présents, la tentative frôle la barre et passe au-dessus du cadre (2’). “C’est mon jeu : percuter, centrer, faire des retournés acrobatiques, des dribbles. J’aime ça”, explique Amadou Fall.
Une entame de match largement en faveur des Nordistes, entreprenants et opportunistes, mais peut-être malchanceux sur ce coup. La chance est-elle passée ? Très vite, les Provinois comprendront malheureusement que oui. Avec subtilité, l’attaquant Lavallois Sam Sanna se laisse déséquilibrer après un léger contact dans la surface avec Hornois. L’arbitre désigne le point de penalty. Et si d’un côté, les premières chances ne sont pas saisies, de l’autre, ça ne pardonne pas. Jordan Tell convertit le penalty et donne l’avantage aux pensionnaires de Ligue 2 (9’, 0-1).
Toutefois, l’ouverture du score ne fait pas retomber l’ambiance, malgré quelques gestes et paroles malvenus de la part de certains individus présents dans le kop provinois – d’ailleurs condamnés par le club dans un communiqué. Sur le terrain, en tout cas, l’US Provin tient tête à son adversaire, comme le souligne l’entraîneur Mehdi Moussaoui : “Surtout sur les vingt premières minutes, dans le jeu. On a vraiment posé des problèmes, dans la possession, dans les intervalles, avec nos excentrés qui rentraient. C’était vraiment plaisant”.
Mais après ces premières minutes convaincantes, Provin voit ses espoirs s’éloigner. Yasser Baldé se retrouve à la réception d’un corner, dévié par son attaquant, pour offrir le break aux Lavallois (20’, 0-2). S’ensuit une rude bataille tactique entre les deux équipes, qui tourne finalement une nouvelle fois en faveur de Laval. Thibaut Vargas conclut un beau mouvement mayennais d’une frappe croisée (36’, 0-3). Malgré les nombreuses percées balle au pied de Julien Kostrzewa, et même une frappe sous la barre déviée du bout des doigts par Hautbois, les Provinois n’inquiètent que trop peu leurs adversaires, qui, eux, punissent chaque erreur d’inattention. À l’image de cette frappe croisée de Jordan Tell, laissé seul par la défense provinoise et venant clore le reste du suspense (42’, 0-4).
La seconde période, bien plus pauvre en occasions que la première, a prouvé une nouvelle fois la solidité défensive des Provinois. Mais aussi son souhait de jouer son jeu. “Il y a une ou deux fois où on se met en danger sur des sorties de balle. Mais après, on ne sait pas faire autrement”, analysait Mehdi Moussaoui, fier de la prestation de ses hommes.
Finalement, les Lavallois mettaient un terme à la rencontre en inscrivant le cinquième et dernier but par Mupemba (90’, 0-5). “On les a fait douter, jusqu’au penalty. Mais c’est sûr qu’il faut concrétiser et être clinique face à des équipes comme celle-là”, regrettait l’attaquant Hassan Haddioui, 41 ans, après la rencontre. Malgré tout, les Provinois ont de quoi sortir la tête haute. “Je savais qu’il fallait jouer et prendre du plaisir. J’en ai pris aujourd’hui, mais malheureusement, il y a la déception du score”, confirmait Kostrzewa, Provinois le plus remuant du match. Si seulement ce retourné acrobatique avait pris le chemin des filets…
Pascal Legrand, l’âme provinoise
C’est un aboutissement pour deux « frangins ». Ce samedi 18 novembre, au Stadium, les frères Legrand, Hervé et Pascal, étaient aux anges. Le premier, en tant que président, le second, en tant que trésorier. Depuis l’arrivée de son frère à la présidence de l’US Provin, Pascal Legrand s’occupe de l’aspect financier du club, après être passé, lui aussi, à la tête du club.
S’il n’était pas destiné à prendre la présidence de Provin, Pascal Legrand s’y est retrouvé propulsé en 2013, après avoir été entraîneur. “Je n’avais pas le choix, sinon le club tombait. Et après, on a fait venir le frangin. Il avait plus l’habitude de gérer un club. On était un peu rivaux avec mon frère, puisqu’il était à Provin et moi, président d’Annolins”, avoue néanmoins Hervé Legrand. Désormais, les deux frères tirent dans le même sens.
Avant son passage à la présidence, Pascal Legrand a également porté la casquette de coach, pendant trois ans. “Honnêtement quand je suis arrivé, c’était le patronage. Il a fallu prendre de nouveaux joueurs, tout retravailler”, se remémore-t-il. À 67 ans, l’originaire de Seclin suit désormais les deux équipes seniors, mais il est aussi responsable des jeunes provinois (de 5 à 7 ans). “Quand on est dedans, on n’arrive plus à en sortir, assure-t-il. Avec mon frère, on est tous les jours au stade pour voir les équipes, les enfants, etc.” Alors forcément, ce 7e tour de Coupe de France représente beaucoup pour ce Nordiste, devenu Provinois au fil du temps.
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