Intronisé sur le banc de l’US Orléans le 6 novembre dernier, l’entraîneur lyonnais Karim Mokeddem se lance dans un nouveau défi après son passage au Stade Briochin. Il tentera d’amener sa patte offensive à Orléans, mais surtout ses inspirations sud-américaines, entre autres. Avec l’ambition de franchir le cap d’un championnat professionnel… Tout en proposant un football séduisant, bien sûr.
Nouvelle fonction ou pas, il est hors de question que Karim Mokeddem loupe un match de son si cher Olympique Lyonnais. “C’est rare que je rate un match de Lyon”, confirme l’intéressé, nouvel entraîneur de l’US Orléans. Ce jour-là, justement, le sourire est de sortie : l’OL vient de remporter son premier match de la saison contre le Stade Rennais. Seulement, son ami Bruno Genesio, à la tête du club breton, est en posture délicate et Mokeddem compatit. Mais pas de temps à perdre, le voilà déjà sur la route, vers des horizons orléanais. Car oui, l’ancien entraîneur du Stade Briochin, expert du championnat de National, s’est engagé dans un nouveau défi à l’US Orléans, le 6 novembre dernier.
Donner un second souffle à l’USO

Après ses passages à Lyon-La Duchère (2013-2019), Bourg-en-Bresse (2019-2021), Châteauroux (adjoint de Mathieu Chabert, 2021-2022) et enfin au Stade Briochin (2023), Karim Mokeddem s’offre un nouveau challenge, toujours en National. “J’avais rencontré Orléans cet été et ça s’était bien passé. Cela fait maintenant un certain nombre d’années qu’on se côtoie avec le président (Philippe) Boutron”, précise-t-il.
À la recherche d’un nouveau projet après l’opération maintien sur les côtes bretonnes de Saint-Brieuc, échouée de peu – à deux points du premier non relégable -, le Lyonnais de 49 ans a jeté son dévolu sur Orléans. Là où le groupe a été perturbé depuis plusieurs semaines par des problèmes extra sportifs. Le coach Bernard Casoni, accusé de racisme, a été limogé et le staff a par conséquent pris l’intérim. “Il y a eu ce mois d’intérim qui a fait retomber la tension. Quand j’arrive, c’est naturel : tout le monde se remémore le pourquoi du comment je suis là. Mais sous 48 heures, ça s’était estompé”, affirme Mokeddem.
De premières heures vite oubliées par le vrai football, sur le terrain. “Je suis un entraîneur qui entraîne. J’ai besoin d’organiser et de diriger mes séances”, d’où les premiers entraînements atteignant presque les deux heures. Idéal pour découvrir un groupe ? En fait, Karim Mokeddem connaissait déjà l’intégralité de l’effectif avant même son arrivée. Peu surprenant pour un homme parfois un peu “raide dingue” du ballon rond. Un vrai passionné, quoi.
Guardiola, Bielsa… Des sources d’inspiration

Si son grand ami Bruno Genesio est évidemment une source d’inspiration, Karim Mokeddem n’hésite pas à franchir les frontières pour découvrir diverses cultures du football. “En France, je dirais la filière nantaise avec notamment Jean-Claude Suaudeau et Raynald Denoueix. À l’étranger, je me penche plus vers l’Amérique du Sud, avec des entraîneurs moins connus comme Ricardo La Volpe. Sinon, il y a aussi Bielsa. Sans oublier Pep Guardiola, qui a fait ses classes au Mexique avec Juan Manuel Lillo”.
Son style de jeu, très offensif, évolue rarement, quel que soit le groupe sous ses ordres. L’utilisation du ballon et la recherche de verticalité, tout en se basant sur des relances courtes, par le biais notamment de ses trois défenseurs centraux, seront certainement les clés du jeu de l’USO dans les semaines et mois à venir. Du moins, avec le ballon.
Défensivement, il faudra scruter minutieusement ce que ses hommes seront capables de réaliser. Il ne serait pas étonnant – et c’est là que la patte Karim Mokeddem prendrait tout son sens – d’observer une équipe orléanaise ambitieuse et favorisant le contre-pressing. À l’instar d’un certain Red Star, dirigé par le bien connu Habib Beye : “On a beaucoup de points communs sur la manière de voir le football. Jusqu’au système, d’ailleurs”.
“Si demain j’arrive à faire la carrière de Pascal (Gastien), je serais content”
Karim Mokeddem, entraîneur de l’US Orléans
Karim Mokeddem n’a jamais connu le football professionnel en tant que joueur, ce qui fait de lui un entraîneur au profil particulièrement atypique. Il est donc important de puiser un peu d’inspiration, à droite et à gauche, avec notamment des immersions dans certains clubs. Au Clermont Foot de Pascal Gastien, par exemple. “Je connais un peu Pascal. Ça, ce sont des gens qui n’oublient pas d’où ils viennent. Il y a trois ans, j’étais sans club et j’ai reçu un message très sympathique de sa part, en m’invitant à passer quelques jours avec lui à Clermont, se remémore le coach orléanais. C’est un homme qui a des principes. Et notamment dans le jeu. Si demain j’arrive à faire la carrière de Pascal (Gastien), je serais content.”
Comme pour son homologue clermontois, indulgence et rigueur sont deux mots d’ordre. Et ce n’est pas un hasard si Gastien et Mokeddem renvoient très souvent une image d’hommes humains et proches de leurs joueurs. “Mes joueurs, ce sont mes enfants”, approuve le Lyonnais.
Un groupe “aguerri au niveau du National”
Avec des joueurs comme Kévin Fortuné (ex RC Lens), le gardien Vincent Viot ou encore le capitaine Nicolas Saint-Ruf, il dispose d’un effectif de qualité. C’est incontestable. “50 % de ce groupe est aguerri au niveau du National”, estime le coach, pour qui un joueur atteint le statut “aguerri au championnat” après 100 matchs. Karim Mokeddem, lui, est à bien plus (173 matchs !).
Pourtant, à l’heure actuelle, l’USO est plus proche de la zone de relégation que du haut de tableau. Mais ce championnat peut réserver de belles surprises, au vu de son homogénéité. Il faudra donc du temps, “la chose la plus importante dans le football pour les techniciens, mais ce que les suiveurs des clubs ont, entre guillemets, le moins”.
Après une première loupée face à Dijon (1-2), Karim Mokeddem a déjà tiré de premiers enseignements. D’autant qu’il avait déjà revu le match le soir-même, puis une deuxième fois pendant le week-end. Une manière de relever les axes de progression de son équipe, notamment à la relance : “Les erreurs, ça arrive. Par contre, j’avais un président qui disait souvent : une fois, c’est une erreur, deux fois, c’est une faute”. Par ailleurs, le technicien a connu sa première victoire sur le banc de l’US Orléans, au 7e tour de Coupe de France, face à Lavernose ce samedi (0-4).
Un avenir qui reste encore à écrire

Grand amoureux de la ferveur populaire et de l’ambiance familiale, Karim Mokeddem n’a pas atterri à Orléans pour rien. Il tentera notamment de prendre exemple sur les récentes aventures de Rodez ou Concarneau. Ces anciens clubs de National évoluent désormais en Ligue 2. “J’aimerai bien accéder à un championnat professionnel en France, de préférence avec mon équipe. Cette année, on va essayer de redresser la barre avec l’USO et de valider ce maintien le plus vite possible. Pour peaufiner l’année prochaine et se mêler à la lutte (à la montée)”.
Ce nouveau challenge à Orléans, toujours au troisième échelon français, est-il un pas en arrière ? Il faut croire que non. Déjà, lui ne s’en lasse pas. Et puis, s’il avait voulu s’envoler vers un championnat étranger, Karim Mokeddem aurait pu le faire : “J’ai eu quelques touches à l’étranger, mais j’ai préféré ne pas sauter le pas”. Cependant, il n’exclut pas l’idée de s’y lancer un jour.
Et après avoir pris un grand bol d’air durant deux mois avec sa famille, l’expert du National est désormais de retour aux affaires. “Mon réservoir d’ondes positives est gonflé à bloc”, se réjouit-il. Mais cette période ne s’est pas faite sans sa petite dose habituelle de football, un indispensable à sa vie : “Quand on part en vacances, on prend toujours son ordinateur avec soi. Ce qui m’a permis de me replonger sur mon projet de jeu et de faire un gros travail sur ça”. Sans oublier ses interventions sur la chaîne de l’Olympique Lyonnais (OL Play).
En bref, Karim Mokeddem est tout simplement un mordu de football. Un fan de Zinédine Zidane, aussi : “Pour Zizou, je peux aller à la bagarre !” Mais là n’est pas le sujet. Le coach orléanais a déjà marqué son empreinte dans ce championnat de National et tentera de le faire encore un peu plus avec l’US Orléans. Quoi qu’il en soit, pour lui, entraîner est une histoire sans fin : “J’aime trop entraîner”. Un point commun avec Zizou.