Dans le désert qatarien, les Mondiaux de natation se sont installés du 2 au 18 février. À l’abri des chaleurs extrêmes, les nageurs se sont donné rendez-vous pour la première fois de l’année là-bas. À 6 mois des Jeux Olympiques à domicile, la délégation française de natation s’est présentée avec différents objectifs, globalement atteints.
Au Qatar, les différentes disciplines de la natation étaient rassemblées. Des diverses nages au plongeon, en passant par l’eau libre : il y en avait pour tous les goûts. Si la délégation tricolore n’avait pas tous ses meilleurs éléments sur place, cela ne l’a pas empêchée de briller et même de décrocher des places pour les JO de Paris 2024.
En eau libre, l’objectif qualification
En se présentant avec quatre nageurs, l’équipe de France d’eau libre venait avant tout pour qualifier ses athlètes aux Jeux Olympiques. Cette échéance était donc une étape cruciale pour l’équipe de Stéphane Lecat. Fin 2023, Océane Cassignol, Marc Antoine Olivier, Caroline Jouisse et Logan Fontaine avaient obtenu leur ticket pour Doha et donc une chance de se qualifier pour les JO. Pour cela, il fallait braver les vagues et terminer dans les 13 premiers du 10 km, seule épreuve olympique.
Au vieux port de Doha, les femmes ont ouvert la route. En entrant dans le Top 13 au terme d’une course maîtrisée, les deux Françaises s’offrent leur ticket pour cet été. Une première dans l’histoire de la natation française. Océane Cassignol, septième et Caroline Jouisse, dixième, plongeront dans la Seine le 8 août prochain. Une qualification d’autant plus savoureuse que leur parcours a été semé d’embûches.
Blessée à l’épaule, Océane Cassignol a vu sa préparation perturbée. « Franchement, je n’en reviens pas. J’ai galéré trois semaines à Livigno, j’ai eu des maux d’épaule, j’en ai chié. J’ai fait de la course à pied », confie-t-elle au micro de la FFN. Malgré ces mésaventures, elle participera cet été à ses premiers Jeux Olympiques.
Pour sa compatriote, tout n’a pas été simple non plus. Spécialiste du 25 km, Caroline Jouisse a dû se réinventer après la suppression de cette distance en 2022. Une période difficile, comme elle l’explique : « J’ai bien galéré depuis les Euro 2022, surtout mentalement, donc c’est une belle revanche. Je suis une fleur qui éclot tard. Je me suis mise à l’eau libre en 2012 et après douze ans, voilà le Graal. ». À 29 ans, la voilà elle aussi qualifiée pour sa première olympiade, à la maison.
Après les femmes, les hommes assurent
Chez les hommes, le bilan est tout aussi bon. Sur le 10 km, Logan Fontaine et Marc-Antoine Olivier terminent eux aussi dans les 13 premiers et s’assurent de nager dans la Seine cet été. En se détachant du groupe dans la dernière ligne droite, Olivier décroche en prime la médaille d’argent. « Elle est belle ! Elle a toutes les saveurs. Je vais chercher une médaille alors que le but principal était d’aller chercher une qualification aux Jeux. Je vais faire les Jeux à Paris et en plus, je ramène une médaille à la France ! » savoure-t-il.
Logan Fontaine se bat lui pour la troisième place, mais échoue finalement au pied du podium. Deux places dans le Top 5 qui viennent couronner leurs qualifications olympiques. Cumulées à celles des filles, c’est la première fois que la France aura quatre représentants aux JO sur le 10 km.
Mais leur véritable coup d’éclat intervient quelques jours plus tard sur le 5 km. Sans véritable enjeu, la course n’est pas au programme à Paris. Néanmoins, les deux Tricolores, très sérieux, imposent leur loi. Déçu de sa quatrième place sur la distance olympique, Logan Fontaine, revanchard, s’impose. « C’est génial et surtout, cela efface la frustration de dimanche avec la quatrième place sur le 10 km. Les erreurs que j’ai faites sur la première course m’ont permis d’être meilleur aujourd’hui, surtout les deux dernières bouées que j’avais mal prises. Là, je me suis dit que je serai le plus à l’intérieur de la bouée et personne ne me passera. » exalte-t-il. Derrière lui, Marc-Antoine Olivier devance les Italiens et décroche un doublé français historique. Ce résultat permet aux Bleus de glaner par la même occasion le trophée de meilleure nation mondiale en eau libre. Un titre loin d’être anodin après le zéro pointé de Fukuoka.
Dans les bassins, un bilan également positif
Avec un contingent tricolore réduit, le clan bleu ne s’attendait pas à une razzia. Pourtant, les résultats obtenus par certains nageurs sont encourageants, surtout aussi tôt dans la saison. Fin 2023, David Aubry avait décroché deux médailles lors des championnats d’Europe de natation, ses premières depuis 2019. Un retour sur le devant de la scène confirmé à Doha. Sur le 1500 m, l’athlète de 27 ans se détache de la plupart de ses concurrents et termine troisième, battu au sprint pour la deuxième place par Florian Wellbrock (GER).
En 14:44.85, David Aubry est tout proche de son record personnel. Un résultat de très bon augure, d’autant plus à cette période de l’année. « Je nage quand même à 2 dixièmes de mon record, on est qu’au mois de février. J’ai pris une semaine de vacances à Noël, là je me sentais plutôt bien », reconnaît l’ancien protégé de Philippe Lucas. Longtemps embêté par une blessure à l’épaule, le Français retrouve son meilleur niveau sous la houlette de l’entraîneur italien Fabrizio Antonelli. Désormais, cap sur l’été et de belles échéances.
Mélanie Hénique argentée
La deuxième médaille rapportée par le clan tricolore est l’œuvre de Mélanie Hénique. Sur le 50 m papillon, elle s’adjuge l’argent derrière l’intouchable Sarah Sjöström. Dans une course dominée par la Suédoise, Hénique se détache du reste de la concurrence pour accrocher son troisième podium international sur la distance. Malgré quelques erreurs dans sa course, la sociétaire du Cercle des Nageurs de Marseille apprécie cette médaille auprès de la FFN : « Je suis super contente. Deuxième dans le monde. Je ne fais pas une course parfaite sur 50 pap, ça peut être vraiment mieux, mais ça reste une finale mondiale. » Aux Mondiaux, elle a également pu se tester sur le 50 m nage libre en vue de la période estivale. Sur la distance olympique, elle échoue aux portes de la finale (9e), mais établit tout de même sa meilleure performance de la saison. Il lui reste plusieurs mois pour progresser.
Bonnet et Duhamel en rodage pour Paris
Sur le 4 nages, le clan tricolore était représenté par Charlotte Bonnet et Cyrielle Duhamel. Chacune en a profité pour faire le plein de confiance. Alignée sur le 200 m 4 nages, Bonnet se qualifie en finale avec à la clé un record personnel (2:10.24). Mais le lendemain, elle ne peut faire mieux qu’une septième place, avec un chrono de 2:11.23. « C’est en deçà de ce que je voulais, je suis déçue de cela, mais j’étais en finale, c’était mon objectif », confie-t-elle auprès de la FFN. Toutefois, la capitaine des Bleus fait preuve de lucidité. Cette épreuve est encore assez nouvelle pour elle et il lui reste encore un peu de temps avant Paris 2024.
De son côté, Cyrielle Duhamel s’est démarquée sur le 400 m 4 nages, une course qu’elle a davantage travaillée à l’entraînement et sur laquelle elle se sent le plus à l’aise. Pour sa première finale internationale sur la distance, elle décroche une honorable sixième place. Un résultat pas surprenant selon elle. « Je m’y attendais. J’attendais peut-être même mieux au niveau du chrono, mais la place, c’est cool. Je savais que le podium, ça allait être difficile », analyse avec du recul la Lensoise. Je venais ici pour me rassurer et prendre des repères sur le 400 m 4 nages ». Ainsi, la nageuse de 24 ans fait le plein de confiance avant les prochaines échéances, où elle nourrit de grandes ambitions, comme d’autres Français.
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